Texte intégral
Q- J.-M. Aphatie -. Il est 7h52, dans huit minutes exactement, 623.397 jeunes Français découvriront sans doute dans l'angoisse les sujets de philosophie du baccalauréat, sur lesquels ils plancheront pendant quatre heures. Et vous, à huit minutes de ce démarrage, est-ce que vous êtes aussi un peu dans l'angoisse ?
R- "Oui, parce que c'est une énorme organisation, qui a quelque chose d'un peu démesuré, 4 millions de copies, 4.000 sujets, 130.000 examinateurs, vous venez de le dire 623.397 candidats... C'est tout le savoir-faire de l'Education nationale qui est démontré par cette organisation et par sa capacité à gérer les incidents qui pourraient se produire en temps réel. Et naturellement pour le ministre de l'Education nationale, ce sont ces incidents qui donnent quelques sueurs froides, mais enfin la mécanique est rodée."
Q- Enorme organisation, disiez-vous... C'est L. Ferry, votre prédécesseur, qui l'a mise en place. Alors, si ça marche bien, on dira "bravo L. Ferry" ?
R- "D'abord, je m'inscris tout à fait dans la continuité de ce qu'a fait Luc sur bien des sujets et nous allons ensemble cet après-midi, ce matin même, présenter le "guide républicain" dont il est largement l'artisan. Mais surtout, c'est cette institution, l'Education nationale, qui organise le bac et qui le fait, encore une fois, avec beaucoup d'efficacité. C'est une grande institution de notre pays, le baccalauréat ; c'est peut-être un des derniers rites initiatiques entre l'âge adolescent et l'âge adulte. Et, si vous me le permettez je m'adresserai à tous les jeunes qui vont le passer dans quelques instants, pour leur souhaiter bonne chance ! Et puis je m'adresserai à leurs parents, parce que les parents sont peut-être encore plus angoissés que leurs enfants, parce qu'ils savent qu'au fond de la réussite à cet examen, qui est un peu un premier rendez-vous avec soi-même, dépend beaucoup la confiance en l'avenir."
Q- Dimanche, autre institution : on va voter pour le Parlement européen. J.-M. Ayrault, le président du groupe socialiste, disait, hier, dans les couloirs de l'Assemblée nationale : "Si l'UMP fait un mauvais score, cela voudra dire que le Gouvernement est à nouveau désavoué. Il faudra, a-t-il dit, que dans ces conditions-là que J.-P. Raffarin se démette." Que lui répondez-vous ?
R- "Eh bien, je pense que si quelqu'un devrait dans cette élection être sanctionné, c'est vraiment les socialistes, parce que depuis le début de cette campagne, ils mènent un combat qui est un combat déloyal, déloyal naturellement vis-à-vis du gouvernement, mais déloyal surtout vis-à-vis de la France et de l'Europe. Ils se refusent à parler de l'Europe. Quand ils en parlent, c'est pour dénoncer en permanence le résultat de politiques qu'ils ont largement soutenues. Ils sont aujourd'hui contre l'ouverture à la concurrence du secteur de l'électricité, alors que c'est au moment où monsieur Jospin était au pouvoir que cette ouverture a été décidée. Ils sont critiques sur les conditions de l'élargissement, alors qu'ils les ont largement accompagnées. Je pense qu'ils rendent un très mauvais service à notre pays et un très mauvais service à l'Europe, parce que nous sommes dans une passe difficile de la construction européenne avec une nouvelle perspective, un nouveau projet à construire à 25 et on a besoin d'un vrai débat européen. Donc, si vraiment quelqu'un mérite d'être sanctionné dans cette élection, c'est vraiment le Parti socialiste."
Q- Et pourtant, ils ont l'air d'être un peu en phase avec l'opinion publique. Tous les sondages le disent, comme le dernier en date de SOFRES, la semaine dernière : 63 % des Français voudraient profiter de cette élection pour sanctionner le Gouvernement...
R- "On verra les élections. Les sondages j'ai appris à m'en méfier."
Q- Vous n'avez pas tout le temps été européen, F. Fillon. En 1992, vous n'étiez pas favorable à Maastricht et à la monnaie unique... Avec le recul, ce que vous redoutiez s'est produit ou ne s'est pas produit ?
R- "C'est produit pour une partie... Qu'est-ce qu'on disait à l'époque, en tout cas, qu'est-ce que je disais, moi ? Nous disions qu'avant de construire une monnaie commune, il faudrait avoir une politique économique commune, une politique industrielle commune ; et pour avoir une politique économique commune, il faut revoir les institutions européennes. Bon, on en est là. On a la monnaie, cette monnaie a mieux réussi que certains d'entre nous ne l'avaient craint, il faut le reconnaître. Elle représente un atout aujourd'hui pour l'Europe, notamment en termes de stabilité. Mais en même temps elle montre l'absence cruelle de politique économique et de politique industrielle. Je pense donc que nous n'avons pas à rougir du combat qui a été mené à ce moment-là. Bien des choses que nous avons dites, aujourd'hui, sont au coeur du débat sur l'avenir de l'Europe."
Q- Cette élection électorale est la dernière - en tout cas pour un temps - pour A. Juppé, qui va quitter la présidence de l'UMP au mois de juillet. Est-ce que vous souhaitez que ses successeurs se fassent rapidement connaître, pour qu'une campagne électorale digne de ce nom existe au sein de l'UMP ?
R- "Ce sera obligatoire, parce que nos statuts prévoient que les candidatures doivent être connues au début du mois de septembre, pour que la campagne puisse se dérouler. C'est une grosse affaire, puisque c'est un vote au suffrage universel direct de tous les militants. Et donc il faut que début septembre, les choses soient claires."
Q- Certains disent que par nature et quelle que soit l'identité du personnage, le Premier ministre a vocation à être président de l'UMP. Qu'est-ce que vous en
pensez ?
R- "Je dis que c'est une élection. Les militants du RPR d'abord et puis de l'UMP ensuite, se sont beaucoup battus pour pouvoir enfin choisir leurs dirigeants. Personne ne pourra leur retirer ce droit."
Q- Quel est le candidat de votre coeur ?
R- "Il n'y a pas de candidat "dans mon coeur." Il y a pour moi surtout une obsession : c'est que cette élection soit l'occasion d'un renouvellement du projet de l'UMP, du projet de la droite..."
Q- Cela passe par un individu ?
R- "Cela passe par la possibilité pour tous ceux qui ont des choses à dire à l'UMP, pour tous ceux qui ont un peu de talent, qui ont un peu de vision d'avenir, par leur capacité à s'exprimer, donc à se présenter à cette élection ou à participer à ce débat. Mon souhait est donc surtout qu'il y ait une vraie élection, avec plusieurs candidats, et que ce soit l'occasion de faire émerger un nouveau projet politique."
Q- On ne vous en fera pas dire plus ce matin sur le sujet, hein ?! Votre agenda officiel, qui est public, signale que mardi soir, à 19h00, vous vous trouviez au ministère de la Culture pour, je cite, "la remise de la Légion d'Honneur à Claire Chazal." C'était sympa comme réunion ?
R- "Oui, c'était sympa parce que Claire Chazal est quelqu'un que j'aime bien et qu'elle m'avait fait la gentillesse de m'inviter."
Q- Le fait que des responsables politiques décorent des journalistes vous inspire-t-il, ce matin - c'est le jour ! - une réflexion philosophique sur l'état de la démocratie française ?
R- "Oh, ce n'est pas une nouveauté. Je crois que c'est normal que la République honore des hommes et des femmes qui participent à l'exercice de la démocratie."
Q- Il y a encore des gens qui auront l'esprit chagrin pour dire : "Voyez la connivence entre les hommes politiques et les journalistes."..
R- "Si je comprends bien, monsieur Aphatie, le jour où vous aurez la Légion d'Honneur, vous ne m'inviterez pas à vous la remettre ?"
R-Ah, je ne sais pas ! On fera peut-être la cérémonie à RTL, mais la date n'est pas fixée. F. Fillon, philosophe du jour, était l'invité de RTL...
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 juin 2004)
R- "Oui, parce que c'est une énorme organisation, qui a quelque chose d'un peu démesuré, 4 millions de copies, 4.000 sujets, 130.000 examinateurs, vous venez de le dire 623.397 candidats... C'est tout le savoir-faire de l'Education nationale qui est démontré par cette organisation et par sa capacité à gérer les incidents qui pourraient se produire en temps réel. Et naturellement pour le ministre de l'Education nationale, ce sont ces incidents qui donnent quelques sueurs froides, mais enfin la mécanique est rodée."
Q- Enorme organisation, disiez-vous... C'est L. Ferry, votre prédécesseur, qui l'a mise en place. Alors, si ça marche bien, on dira "bravo L. Ferry" ?
R- "D'abord, je m'inscris tout à fait dans la continuité de ce qu'a fait Luc sur bien des sujets et nous allons ensemble cet après-midi, ce matin même, présenter le "guide républicain" dont il est largement l'artisan. Mais surtout, c'est cette institution, l'Education nationale, qui organise le bac et qui le fait, encore une fois, avec beaucoup d'efficacité. C'est une grande institution de notre pays, le baccalauréat ; c'est peut-être un des derniers rites initiatiques entre l'âge adolescent et l'âge adulte. Et, si vous me le permettez je m'adresserai à tous les jeunes qui vont le passer dans quelques instants, pour leur souhaiter bonne chance ! Et puis je m'adresserai à leurs parents, parce que les parents sont peut-être encore plus angoissés que leurs enfants, parce qu'ils savent qu'au fond de la réussite à cet examen, qui est un peu un premier rendez-vous avec soi-même, dépend beaucoup la confiance en l'avenir."
Q- Dimanche, autre institution : on va voter pour le Parlement européen. J.-M. Ayrault, le président du groupe socialiste, disait, hier, dans les couloirs de l'Assemblée nationale : "Si l'UMP fait un mauvais score, cela voudra dire que le Gouvernement est à nouveau désavoué. Il faudra, a-t-il dit, que dans ces conditions-là que J.-P. Raffarin se démette." Que lui répondez-vous ?
R- "Eh bien, je pense que si quelqu'un devrait dans cette élection être sanctionné, c'est vraiment les socialistes, parce que depuis le début de cette campagne, ils mènent un combat qui est un combat déloyal, déloyal naturellement vis-à-vis du gouvernement, mais déloyal surtout vis-à-vis de la France et de l'Europe. Ils se refusent à parler de l'Europe. Quand ils en parlent, c'est pour dénoncer en permanence le résultat de politiques qu'ils ont largement soutenues. Ils sont aujourd'hui contre l'ouverture à la concurrence du secteur de l'électricité, alors que c'est au moment où monsieur Jospin était au pouvoir que cette ouverture a été décidée. Ils sont critiques sur les conditions de l'élargissement, alors qu'ils les ont largement accompagnées. Je pense qu'ils rendent un très mauvais service à notre pays et un très mauvais service à l'Europe, parce que nous sommes dans une passe difficile de la construction européenne avec une nouvelle perspective, un nouveau projet à construire à 25 et on a besoin d'un vrai débat européen. Donc, si vraiment quelqu'un mérite d'être sanctionné dans cette élection, c'est vraiment le Parti socialiste."
Q- Et pourtant, ils ont l'air d'être un peu en phase avec l'opinion publique. Tous les sondages le disent, comme le dernier en date de SOFRES, la semaine dernière : 63 % des Français voudraient profiter de cette élection pour sanctionner le Gouvernement...
R- "On verra les élections. Les sondages j'ai appris à m'en méfier."
Q- Vous n'avez pas tout le temps été européen, F. Fillon. En 1992, vous n'étiez pas favorable à Maastricht et à la monnaie unique... Avec le recul, ce que vous redoutiez s'est produit ou ne s'est pas produit ?
R- "C'est produit pour une partie... Qu'est-ce qu'on disait à l'époque, en tout cas, qu'est-ce que je disais, moi ? Nous disions qu'avant de construire une monnaie commune, il faudrait avoir une politique économique commune, une politique industrielle commune ; et pour avoir une politique économique commune, il faut revoir les institutions européennes. Bon, on en est là. On a la monnaie, cette monnaie a mieux réussi que certains d'entre nous ne l'avaient craint, il faut le reconnaître. Elle représente un atout aujourd'hui pour l'Europe, notamment en termes de stabilité. Mais en même temps elle montre l'absence cruelle de politique économique et de politique industrielle. Je pense donc que nous n'avons pas à rougir du combat qui a été mené à ce moment-là. Bien des choses que nous avons dites, aujourd'hui, sont au coeur du débat sur l'avenir de l'Europe."
Q- Cette élection électorale est la dernière - en tout cas pour un temps - pour A. Juppé, qui va quitter la présidence de l'UMP au mois de juillet. Est-ce que vous souhaitez que ses successeurs se fassent rapidement connaître, pour qu'une campagne électorale digne de ce nom existe au sein de l'UMP ?
R- "Ce sera obligatoire, parce que nos statuts prévoient que les candidatures doivent être connues au début du mois de septembre, pour que la campagne puisse se dérouler. C'est une grosse affaire, puisque c'est un vote au suffrage universel direct de tous les militants. Et donc il faut que début septembre, les choses soient claires."
Q- Certains disent que par nature et quelle que soit l'identité du personnage, le Premier ministre a vocation à être président de l'UMP. Qu'est-ce que vous en
pensez ?
R- "Je dis que c'est une élection. Les militants du RPR d'abord et puis de l'UMP ensuite, se sont beaucoup battus pour pouvoir enfin choisir leurs dirigeants. Personne ne pourra leur retirer ce droit."
Q- Quel est le candidat de votre coeur ?
R- "Il n'y a pas de candidat "dans mon coeur." Il y a pour moi surtout une obsession : c'est que cette élection soit l'occasion d'un renouvellement du projet de l'UMP, du projet de la droite..."
Q- Cela passe par un individu ?
R- "Cela passe par la possibilité pour tous ceux qui ont des choses à dire à l'UMP, pour tous ceux qui ont un peu de talent, qui ont un peu de vision d'avenir, par leur capacité à s'exprimer, donc à se présenter à cette élection ou à participer à ce débat. Mon souhait est donc surtout qu'il y ait une vraie élection, avec plusieurs candidats, et que ce soit l'occasion de faire émerger un nouveau projet politique."
Q- On ne vous en fera pas dire plus ce matin sur le sujet, hein ?! Votre agenda officiel, qui est public, signale que mardi soir, à 19h00, vous vous trouviez au ministère de la Culture pour, je cite, "la remise de la Légion d'Honneur à Claire Chazal." C'était sympa comme réunion ?
R- "Oui, c'était sympa parce que Claire Chazal est quelqu'un que j'aime bien et qu'elle m'avait fait la gentillesse de m'inviter."
Q- Le fait que des responsables politiques décorent des journalistes vous inspire-t-il, ce matin - c'est le jour ! - une réflexion philosophique sur l'état de la démocratie française ?
R- "Oh, ce n'est pas une nouveauté. Je crois que c'est normal que la République honore des hommes et des femmes qui participent à l'exercice de la démocratie."
Q- Il y a encore des gens qui auront l'esprit chagrin pour dire : "Voyez la connivence entre les hommes politiques et les journalistes."..
R- "Si je comprends bien, monsieur Aphatie, le jour où vous aurez la Légion d'Honneur, vous ne m'inviterez pas à vous la remettre ?"
R-Ah, je ne sais pas ! On fera peut-être la cérémonie à RTL, mais la date n'est pas fixée. F. Fillon, philosophe du jour, était l'invité de RTL...
(Source :premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 juin 2004)