Texte intégral
QUESTION : Pourquoi une visite en Haute-Marne cette semaine ? Parler monde rural et service public sur le terrain dans un tel département vous paraît-il judicieux, en prise avec l'actualité et répondez-vous ainsi à "la bronca" des élus lors du récent congrès national des maires à Paris ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je viens en Haute-Marne pour une visite consacrée aux élus locaux et organisée autour de deux thèmes : l'emploi et le maintien des services publics en milieu rural. La Haute-Marne est l'illustration même de la démarche à développer dans l'ensemble du pays pour les services publics : une évolution indispensable pour un meilleur service à l'usager, mais une évolution conduite dans la transparence, avec un souci constant de concertation avec les élus et la population, et également en étant imaginatifs. Les maires ont des idées, il faut les écouter et les entendre. Expérience commune entre le Trésor Public et la Poste à Juzennecourt, ouverture décalée du bureau de poste en fin de journée à Bayard, amélioration de l'accessibilité aux handicapés, commerce multiservices à Rouvroy, je pourrais multiplier les exemples. Ils sont la preuve que l'adaptation des services publics n'est pas le retrait, ce n'est pas l'abandon, mais bien la recherche d'un meilleur service à l'usager. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les difficultés de la France urbaine masquent les réalités de la France rurale.
QUESTION : Votre visite à Saint-Dizier montre combien le Grand projet de ville sur orbite là-bas recouvre une importance vitale pour ce secteur du département. Quel votre sentiment sur cette action ? Et sur la politique urbaine en général ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Le projet de rénovation urbaine de Saint-Dizier est très audacieux. Il vise à redonner à la ville son unité en mettant fin à un urbanisme d'exclusion. Concrètement, l'effacement de l'ex-route nationale 4 va permettre de réunifier physiquement et sociologiquement le quartier du Vert-Bois (fort de ses 15 000 habitants) et le reste de la ville ancienne. La convention qui va être signée avec l'Agence National de Rénovation Urbaine (ANRU) est particulièrement ambitieuse puisqu'elle mobilise plus de 112M sur cinq ans. Dans ce quartier, 534 démolitions de logements seront réalisées, 398 reconstructions sur le site et hors du site, 414 réhabilitations, près de 1400 logements bénéficieront d'un réaménagement de leurs espaces extérieurs. Un équipement scolaire, une médiathèque, une structure d'accueil pour la petite enfance, une maison de retraite, un collège, un centre commercial seront construits, réhabilités ou restructurés. Tout ce qu'il faut pour reconstituer un quartier où il fait bon vivre. François CORNUT-GENTILLE fait un excellent travail.
Ce projet illustre parfaitement l'effort sans précédent que nous avons lancé avec le programme national de rénovation urbaine. Le travail accompli depuis un an est impressionnant. L'ANRU a déjà validé des projets dans 83 quartiers pour un financement global de 6,7 milliards d'euros. Sur huit ans, ce sont 250 000 logements qui seront démolis en France, 250 000 logements reconstruits et 400 000 logements réhabilités..... au total, près de 35 milliards d'euros de travaux seront engagés pour transformer ces quartiers du mal vivre.
QUESTION : On vous prêt l'intention de rééquilibrer le gouvernement après le départ probable de Nicolas SARKOZY. Comment voyez-vous justement l'après-SARKOZY ? Est-ce pour vous l'occasion de former une nouvelle équipe avec une autre orientation de vos actions ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : N. SARKOZY a été un très bon ministre de l'intérieur et de l'économie. C'était un ministre créatif et volontariste qui a très bien réussi. Notre famille politique va maintenant profiter de son talent à l'extérieur du gouvernement, à la tête de l'UMP. J'ai confiance en ce talent pour qu'il y réussisse pleinement. Le gouvernement est riche de personnalités qui sont toutes en mesure de réussir dans leur domaine de compétence. Notre succès sera collectif. Je demande à mes ministres, avec énergie et bonne humeur, d'exprimer une dynamique collégiale de réforme au service de la réussite de la France, suivant le cap défini par le Président de la République. J'aurai l'occasion en décembre de détailler la feuille de route du gouvernement avec l'annonce du contrat France 2005.
QUESTION : L'emploi reste la clé de toute croissance. Quelles sont les recettes que vous proposez. Annoncerez-vous le 9 décembre prochain lors d'une conférence de presse attendue des mesures spécifiques ? Qu'en est-il aussi de la difficile réorganisation des services de proximité ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Vous avez raison de dire que l'emploi est la clé de toute croissance. Il n'y a pas d'emploi sans croissance ; mais il n'y a pas non plus de croissance durable sans création d'emplois. C'est pourquoi j'ai fixé à l'horizon 2005 un objectif ambitieux : une baisse de 10% du nombre de chômeurs.
Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement mobilise 3 leviers : la création d'emplois directement liée à la croissance, la création d'entreprises - nous sommes depuis 2 ans sur un rythme annuel de 200 000 créations d'entreprises - et le plan de cohésion sociale.
Ce plan rompt avec le traitement social du chômage pour remettre nos politiques de l'emploi dans le bon sens. L'apprentissage, filière d'excellence, bénéficie de nouvelles mesures très incitatives : 275 000 entrées en apprentissage sont programmées pour 2005. Parallèlement, près de 200 000 contrats d'avenir, associant travail, formation et accompagnement personnalisé, seront proposés aux bénéficiaires du RMI.
Pour lutter contre le chômage, nous avons moins besoin d'imagination que de volonté : revaloriser l'apprentissage, financer le travail plutôt que l'inactivité sont des idées de bon sens que les socialistes, obnubilés par les 35 heures, ont tout simplement perdu de vue. Dans le même esprit, chacun sait depuis longtemps que les services à la personne recèlent un gisement d'emplois très important. Nous sommes les premiers à prendre le sujet " à bras le corps ". Nous avons franchi cette semaine une première étape importante avec l'engagement des professionnels de créer de véritables enseignes nationales pour donner plus de visibilité et de crédibilité à ce secteur. Celui-ci ne se développera que si l'on aide les acteurs à mieux organiser leur offre.
QUESTION : Le gouvernement a en quelque sorte rectifié le tir sur les pensions de réversion ? Etes-vous d'accord avec cette interprétation ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : J'ai entendu les inquiétudes des Français concernant l'application de certaines dispositions administratives. Le gouvernement a souhaité clarifier et améliorer la situation des veuves et des veufs dont beaucoup peuvent rencontrer des situations financières dramatiques au décès de leur conjoint. C'est pourquoi j'ai pris quatre décisions : supprimer la condition d'âge pour bénéficier d'une pension de réversion, avec un abaissement à 52 ans au 1er juillet 2005 puis une suppression définitive fin 2010 ; ne pas prendre en compte les pensions de réversion complémentaires et les produits de l'épargne pour le calcul du droit à une pension de réversion de la sécurité sociale ; permettre un meilleur cumul emploi/pension de réversion pour ne pas décourager l'emploi des seniors ; supprimer les conditions de durée de mariage et d'absence de remariage. Grâce à cette réforme, ce sont 200.000 veuves ou veufs en plus qui pourront bénéficier d'une pension de réversion stable. D'une manière générale, je travaille sur l'amélioration du pouvoir d'achat du français. Luc CHATEL m'aide sur ce dossier notamment pour la lutte contre la vie chère.
QUESTION : La Haute-Marne n'a pas eu un seul ministre au gouvernement depuis Edgar PISANI dans les années 60. Pensez-vous que cette situation pourrait changer dans les années à venir et redonner à ce département le sentiment d'"exister politiquement" au plan national ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Edgar PISANI a été un grand ministre du Général de Gaulle, notamment à l'agriculture, où il a su initier la modernisation du monde rural en France et inspirer à Bruxelles la politique agricole commune. Aujourd'hui, il y a des responsables politiques d'avenir en Haute Marne.
Interview réalisée par Bruno THEVENY
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 novembre 2004)
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Je viens en Haute-Marne pour une visite consacrée aux élus locaux et organisée autour de deux thèmes : l'emploi et le maintien des services publics en milieu rural. La Haute-Marne est l'illustration même de la démarche à développer dans l'ensemble du pays pour les services publics : une évolution indispensable pour un meilleur service à l'usager, mais une évolution conduite dans la transparence, avec un souci constant de concertation avec les élus et la population, et également en étant imaginatifs. Les maires ont des idées, il faut les écouter et les entendre. Expérience commune entre le Trésor Public et la Poste à Juzennecourt, ouverture décalée du bureau de poste en fin de journée à Bayard, amélioration de l'accessibilité aux handicapés, commerce multiservices à Rouvroy, je pourrais multiplier les exemples. Ils sont la preuve que l'adaptation des services publics n'est pas le retrait, ce n'est pas l'abandon, mais bien la recherche d'un meilleur service à l'usager. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les difficultés de la France urbaine masquent les réalités de la France rurale.
QUESTION : Votre visite à Saint-Dizier montre combien le Grand projet de ville sur orbite là-bas recouvre une importance vitale pour ce secteur du département. Quel votre sentiment sur cette action ? Et sur la politique urbaine en général ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Le projet de rénovation urbaine de Saint-Dizier est très audacieux. Il vise à redonner à la ville son unité en mettant fin à un urbanisme d'exclusion. Concrètement, l'effacement de l'ex-route nationale 4 va permettre de réunifier physiquement et sociologiquement le quartier du Vert-Bois (fort de ses 15 000 habitants) et le reste de la ville ancienne. La convention qui va être signée avec l'Agence National de Rénovation Urbaine (ANRU) est particulièrement ambitieuse puisqu'elle mobilise plus de 112M sur cinq ans. Dans ce quartier, 534 démolitions de logements seront réalisées, 398 reconstructions sur le site et hors du site, 414 réhabilitations, près de 1400 logements bénéficieront d'un réaménagement de leurs espaces extérieurs. Un équipement scolaire, une médiathèque, une structure d'accueil pour la petite enfance, une maison de retraite, un collège, un centre commercial seront construits, réhabilités ou restructurés. Tout ce qu'il faut pour reconstituer un quartier où il fait bon vivre. François CORNUT-GENTILLE fait un excellent travail.
Ce projet illustre parfaitement l'effort sans précédent que nous avons lancé avec le programme national de rénovation urbaine. Le travail accompli depuis un an est impressionnant. L'ANRU a déjà validé des projets dans 83 quartiers pour un financement global de 6,7 milliards d'euros. Sur huit ans, ce sont 250 000 logements qui seront démolis en France, 250 000 logements reconstruits et 400 000 logements réhabilités..... au total, près de 35 milliards d'euros de travaux seront engagés pour transformer ces quartiers du mal vivre.
QUESTION : On vous prêt l'intention de rééquilibrer le gouvernement après le départ probable de Nicolas SARKOZY. Comment voyez-vous justement l'après-SARKOZY ? Est-ce pour vous l'occasion de former une nouvelle équipe avec une autre orientation de vos actions ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : N. SARKOZY a été un très bon ministre de l'intérieur et de l'économie. C'était un ministre créatif et volontariste qui a très bien réussi. Notre famille politique va maintenant profiter de son talent à l'extérieur du gouvernement, à la tête de l'UMP. J'ai confiance en ce talent pour qu'il y réussisse pleinement. Le gouvernement est riche de personnalités qui sont toutes en mesure de réussir dans leur domaine de compétence. Notre succès sera collectif. Je demande à mes ministres, avec énergie et bonne humeur, d'exprimer une dynamique collégiale de réforme au service de la réussite de la France, suivant le cap défini par le Président de la République. J'aurai l'occasion en décembre de détailler la feuille de route du gouvernement avec l'annonce du contrat France 2005.
QUESTION : L'emploi reste la clé de toute croissance. Quelles sont les recettes que vous proposez. Annoncerez-vous le 9 décembre prochain lors d'une conférence de presse attendue des mesures spécifiques ? Qu'en est-il aussi de la difficile réorganisation des services de proximité ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Vous avez raison de dire que l'emploi est la clé de toute croissance. Il n'y a pas d'emploi sans croissance ; mais il n'y a pas non plus de croissance durable sans création d'emplois. C'est pourquoi j'ai fixé à l'horizon 2005 un objectif ambitieux : une baisse de 10% du nombre de chômeurs.
Pour atteindre cet objectif, le Gouvernement mobilise 3 leviers : la création d'emplois directement liée à la croissance, la création d'entreprises - nous sommes depuis 2 ans sur un rythme annuel de 200 000 créations d'entreprises - et le plan de cohésion sociale.
Ce plan rompt avec le traitement social du chômage pour remettre nos politiques de l'emploi dans le bon sens. L'apprentissage, filière d'excellence, bénéficie de nouvelles mesures très incitatives : 275 000 entrées en apprentissage sont programmées pour 2005. Parallèlement, près de 200 000 contrats d'avenir, associant travail, formation et accompagnement personnalisé, seront proposés aux bénéficiaires du RMI.
Pour lutter contre le chômage, nous avons moins besoin d'imagination que de volonté : revaloriser l'apprentissage, financer le travail plutôt que l'inactivité sont des idées de bon sens que les socialistes, obnubilés par les 35 heures, ont tout simplement perdu de vue. Dans le même esprit, chacun sait depuis longtemps que les services à la personne recèlent un gisement d'emplois très important. Nous sommes les premiers à prendre le sujet " à bras le corps ". Nous avons franchi cette semaine une première étape importante avec l'engagement des professionnels de créer de véritables enseignes nationales pour donner plus de visibilité et de crédibilité à ce secteur. Celui-ci ne se développera que si l'on aide les acteurs à mieux organiser leur offre.
QUESTION : Le gouvernement a en quelque sorte rectifié le tir sur les pensions de réversion ? Etes-vous d'accord avec cette interprétation ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : J'ai entendu les inquiétudes des Français concernant l'application de certaines dispositions administratives. Le gouvernement a souhaité clarifier et améliorer la situation des veuves et des veufs dont beaucoup peuvent rencontrer des situations financières dramatiques au décès de leur conjoint. C'est pourquoi j'ai pris quatre décisions : supprimer la condition d'âge pour bénéficier d'une pension de réversion, avec un abaissement à 52 ans au 1er juillet 2005 puis une suppression définitive fin 2010 ; ne pas prendre en compte les pensions de réversion complémentaires et les produits de l'épargne pour le calcul du droit à une pension de réversion de la sécurité sociale ; permettre un meilleur cumul emploi/pension de réversion pour ne pas décourager l'emploi des seniors ; supprimer les conditions de durée de mariage et d'absence de remariage. Grâce à cette réforme, ce sont 200.000 veuves ou veufs en plus qui pourront bénéficier d'une pension de réversion stable. D'une manière générale, je travaille sur l'amélioration du pouvoir d'achat du français. Luc CHATEL m'aide sur ce dossier notamment pour la lutte contre la vie chère.
QUESTION : La Haute-Marne n'a pas eu un seul ministre au gouvernement depuis Edgar PISANI dans les années 60. Pensez-vous que cette situation pourrait changer dans les années à venir et redonner à ce département le sentiment d'"exister politiquement" au plan national ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : Edgar PISANI a été un grand ministre du Général de Gaulle, notamment à l'agriculture, où il a su initier la modernisation du monde rural en France et inspirer à Bruxelles la politique agricole commune. Aujourd'hui, il y a des responsables politiques d'avenir en Haute Marne.
Interview réalisée par Bruno THEVENY
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 novembre 2004)