Conférence de presse de M. Jean-Pierre Raffarin, Premier Ministre, sur la coopération économique avec le Mexique et le Québec, Mexico le 18 novembre 2004.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage officiel au Mexique dans le cadre d'une rencontre d'affaires entre le Québec, le Mexique et la France, le 28 novembre 2004

Texte intégral

Nous sommes très heureux de nous retrouver ensemble ici, J. Charest et moi-même, avec nos amis mexicains, pour un projet innovant, une approche commerciale triangulaire. C'est une organisation nouvelle qui nous donne des satisfactions et pour laquelle nous sommes prêts à répondre à toutes vos questions.
Question : On a beaucoup parlé ici d'entente cordiale, d'amitié entre la France et le Québec, mais il n'y a pas d'amis. Il y a sûrement ici des entreprises québécoises et des entreprises françaises qui cherchent les mêmes partenaires. La concurrence, ça ne sert à rien. Qui devrait l'emporter avec les Mexicains ? Quel est le marché qui devrait l'avoir ? Qui devrait signer [inaud.] qu'on est meilleur que les autres ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : "Le Premier ministre québécois a été tellement excellent que je ne peux rien rajouter. Simplement, nous développons ici une méthode qui s'appelle l'alliance. En matière de commerce international ; il y a X méthodes. Il y a l'investissement, il y a la licence, il y a la vente, il y a toute une série de mode d'intervention pour le commerce international. Là, nous favorisons l'alliance, c'est-à-dire des entreprises qui définissent des besoins, et nous faisons rencontrer des entreprises qui, ayant défini des besoins, rencontrent des partenaires qui ont des besoins ou des réponses adaptées à ceux de l'entreprise. Donc, c'est une rencontre qualifiée. Ce n'est pas un hasard. Quand l'entreprise A rencontre l'entreprise B, c'est que par un matching numérique, on a pu étudier les besoins de l'entreprise A, les besoins de l'entreprise B, et les inciter à se rencontrer. Et notamment, dans le concept d'alliance, nous l'avons vu avec les jeunes tout à l'heure, on a vu des jeunes qui avaient fait des alliances pour répondre à des appels d'offres mexicaines. Les petites et moyennes entreprises ne sont pas suffisamment puissantes pour répondre à des appels d'offres internationale, vont chercher des alliés, et dans des manifestations comme celles-ci, dans des réseaux comme ceux que nous avons montés entre le Québec et la France, elles trouvent des alliés. Donc, l'idée de base, bien sûr qu'il y aura des concurrences, ben sûr qu'il y aura des compétitions, mais là, nous sommes dans une logique qui est le logique de l'alliance, notamment pour les petites et moyennes entreprises. Ce que nous voulons, c'est que les petites et moyennes entreprises participent à la croissance mondiale.
Nous sommes ici dans un pays qui retrouve la croissance de manière significative. Il y a beaucoup de zones dans le monde qui sont des zones à forte croissance. Un pays comme la France doit faire des efforts pour que ses petites et moyennes entreprises soient plus présentes dans les zones de plus forte croissance. Quand on compare un certain nombre de pays, on voit qu'il y a des pays qui sont mieux implantés que d'autres dans des pays où la croissance est à 8, 9 ou 10 %. Donc, nous avons comme souci de construire des alliances pour aller sur des marchés en croissance, et faire cela dans le long terme. C'est pour cela que depuis l'an 2000, nous sommes engagés ; avec les amis québécois, et il y a des alliances d'entreprise qui, depuis ce temps-là, existent et prolongent leur partenariat, les uns sur le continent américain, les autres sur le continent européen."
Question : Monsieur Raffarin, nous souhaitons que l'expérience soit renouvelée avec le Québec, que quelque part, dans deux ans, mais comme peut-être, vous ne serez pas là, comment ferez-vous pour partager la même amitié, la même détermination ?
Jean-Pierre RAFFARIN (Réponse) : "Je pense qu'il y a une façon de résoudre le problème, c'est que J. Charest soit successeur. Comme il a toutes les qualités, et qu'on s'organise bien, à ce moment-là, on fera une stabilité. Je parle québécois couramment. Donc, on pourra se débrouiller et assurer comme cela un avenir à cette coopération. Blague à part.... Je vais vous dire un secret : cette action est partie en 2000 à Sherbrooke, et je n'étais pas Premier ministre. Donc, c'est une affaire qui dépasse même seulement les gouvernements, puisqu'elle associe les réseaux d'entreprises, des partenaires nombreux et multiples, et nous continuerons cette action, et cette action continuera, parce que les PME sont l'avenir du commerce international, et que depuis si longtemps, depuis plus de trente ans, j'entends "le Québec est la porte d'entrée sur l'Amérique" pour la France et "la France, la porte d'entrée de l'Amérique sur l'Europe". Eh bien, nous, nous la pratiquons. Nous l'avons fait en 2000, nous l'avons fait en 2002, nous le faisons en 2004 et nous le ferons en Europe, en 2006, dans un pays que nous choisirons ensemble."
"Nous faisons cela pour l'emploi, nous faisons pour apporter des réponses à la globalisation et à la mondialisation. 1 milliard d'euros d'exportations, c'est 15 000 emplois. Donc, si nous réussissons, comme nous le pensons, pour l'année 2005 pour un pays comme la France, à augmenter le nombre d'entreprise PME exportatrices, nous en avons 100 000, nous espérions en avoir 150 000. Mais même si nous nous fixons un seul objectif plus prudent, à 120 000, une augmentation de 20 % du nombre d'entreprises, tout cela pour obtenir une augmentation de 10 % de nos exportations, c'est-à-dire 10 milliards d'euros supplémentaires à l'exportation égalent 150 000 emplois. Nous nous battons, en France, pour que le chômage baisse durablement et de manière significative dans notre pays en 2005. L'exportation a toute sa place, dans la croissance bien sûr, mais aussi dans l'organisation sociale. Et nos partenaires comprendront tous, les uns après les autres, que derrière ces initiatives, derrière cette mobilisation des chefs d'entreprises, des acteurs politiques, de tous ceux qui, aujourd'hui, s'engagent dans ce partenariat, derrière toute cette mobilisation, il y a un objectif : l'emploi dans nos pays."
"On peut dire que nous sommes dans la même recherche avec le Mexique. Le Mexique est une économie très active, la dixième économie mondiale, une capacité très importante pour le commerce international. 250 entreprises françaises sont présentes aujourd'hui dans l'économie mexicaine, c'est donc un pays émergent, dans une zone très active. Donc, nous pourrions avoir un raisonnement voisin : trouver un pays émergent dans une zone active comme celle de l'Union européenne."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 29 novembre 2004)