Texte intégral
Je tiens à vous remercier vivement d'avoir répondu à mon invitation à cette rencontre que j'ai baptisée " Vocations pluri-elles " parce que vous démontrez, toutes ensemble, la magnifique richesse de la diversité. Vous réunir est pour moi une grande joie et me permet de rendre hommage aux multiples talents dont vous faites preuve.
Je veux remercier Son excellence Hassan ABOUYOUB, Ambassadeur du Maroc en France qui nous fait l'honneur de sa présence.
Je salue Blandine KRIEGEL, Présidente du Haut Conseil à l'Intégration (HCI). Le séminaire à Rabat auquel elle a eu la gentillesse de me convier et qu'elle a présidé avec talent, a été particulièrement riche d'enseignements. J'y ai rencontré des femmes formidables d'énergie pour faire triompher la réforme du Code de la famille, voulue par Sa majesté le Roi Mohammed VI mais qui se heurte à la résistance des mentalités.
Je souhaite aussi saluer Monsieur Rachid MOKRANE et Madame Lila BOUKORTT qui ont su attirer mon attention sur nombre de vos parcours, grâce à l'association des femmes euro-méditerranéennes (AFEM) qu'ils dirigent.
Chacune d'entre vous a réalisé un parcours de réussite professionnelle, personnelle ou sociale. Et à chacune d'entre vous je souhaite exprimer ma reconnaissance pour l'exemplarité que vous représentez.
A partir des témoignages adressés, j'ai mesuré le chemin de vie que vous avez tracé. Vous avez, toutes, décidé d'être actrices de votre propre vie, de dessiner votre destin, de choisir votre futur.
Pour cela, vous avez surmonté des difficultés multiples en découvrant votre combativité et la joie de vaincre. Si vous vous êtes heurtées au choc de cultures différentes, vous avez su trouver en vous les ressources nécessaires pour dépasser les ruptures du déracinement ou de ses conséquences.
Cette volonté d'avancer, que certaines vont même jusqu'à qualifier de " rage ", a exigé un travail sur la mémoire, sur les représentations familiales et sociales des femmes de l'immigration, sur les barrières concrètes mais aussi virtuelles qui se sont dressées.
C'est pour moi beaucoup de bonheur de voir réunis, aujourd'hui, autant de talents si divers.
Je reste convaincue que le XXIe siècle sera construit par l'ensemble des femmes. Le Président de la République montre la voie en déclarant : le degré d'avancement d'une civilisation s'apprécie à la place faite aux femmes. Cette place, vous contribuez toutes à en élargir les contours.
Comme je l'ai rappelé ce matin au Conseil des ministres, la République doit offrir à l'ensemble des femmes les mêmes valeurs, au premier rang desquelles, l'égalité. C'est en promouvant sans distinction de sexe ni d'origine, l'égalité des droits, l'égalité dans la société et l'égalité républicaine que la France forge une citoyenneté moderne fondée sur la volonté du vivre-ensemble, dans la diversité et la cohésion.
C'est la différence qui enrichit et non la différence qui exclut.
La réussite de l'intégration compte aujourd'hui en effet parmi les défis d'une République forte de ses différences et porteuse, pour elle-même et l'Europe, de valeurs de justice, d'égalité et de respect. C'est aussi l'enjeu d'une nouvelle dynamique de croissance ; c'est encore la lutte contre toute pratique discriminatoire au profit d'un décloisonnement social et d'une nouvelle éthique.
Les femmes de l'immigration de la première génération et des suivantes sont souvent les oubliées de l'histoire et des statistiques, alors qu'elles représentent un potentiel de créativité dont l'émergence est l'une de mes priorités.
C'est pourquoi, j'ai entrepris de multiples actions pour apporter plus de visibilité sur ce sujet et pour que soient valorisés vos parcours de réussite.
La charte de l'égalité remise au Premier Ministre le 8 mars dernier, prenait déjà en compte la problématique de l'immigration en préconisant diverses mesures dont plusieurs sont en voie de concrétisation.
Par exemple, l'Observatoire des statistiques de l'immigration et de l'intégration, installé le 2 juillet 2004 sous la direction de Jacqueline COSTA-LASCOUX, ou la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, sous la responsabilité de Jacques TOUBON. Nous gageons que ces nouvelles institutions apporteront, bien que tardivement, la reconnaissance méritée aux femmes de l'immigration.
Par ailleurs, j'ai installé, avec Dominique PERBEN, Ministre de la justice, un groupe de travail sur " les femmes de l'immigration " auquel certaines d'entre vous participent avec chaleur et pertinence.
Ce travail finalisera des mesures concrètes de nature à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes dans toutes ses composantes : en termes de respect des droits fondamentaux tels le droit à l'intégrité physique ou le droit à la dignité, mais aussi en termes de parcours et d'insertion professionnelle.
Plusieurs axes de réflexion se dessinent. L'importance de la barrière de la langue et la complexité des conflits de lois, alors que souvent la loi du pays d'origine est plus défavorable pour les femmes que la loi française, mettent au jour l'impérieuse nécessité de faciliter l'accès aux droits par l'élaboration de guides spécifiques ou par la mise en réseau des acteurs associatifs et institutionnels concernés.
Il s'agira aussi de combattre les violences des mariages forcés, des mutilations sexuelles ou des répudiations. La réflexion se poursuit sur les évolutions législatives nécessaires et le besoin de sensibiliser l'ensemble des professionnels et celui d'informer le grand public sur le caractère prohibé et punissable de ces pratiques.
Partout, dans toutes les politiques publiques, nous devons intégrer la notion d'égalité, à l'école tout d'abord en améliorant l'apprentissage de la citoyenneté ; dans le monde du travail, ensuite, en accompagnant les créations d'entreprises et les projets professionnels des femmes dans les zones urbaines sensibles et en amplifiant la lutte contre les discriminations par l'élargissement les dispositifs existants.
J'ai créé un " label-égalité ", en concertation avec les partenaires sociaux, signalant les entreprises qui s'engagent activement à intégrer la notion d'égalité entre les hommes et les femmes. Ce label est l'expression d'une valeur de modernité. Il est le signe de l'innovation sociale au sein de l'entreprise. Pour être " l'exemplarité gagnante " il sera nécessaire aussi de veiller à ce que la notion de diversité soit prise en compte dans l'appréciation des candidats à l'obtention du label. Ainsi pourront être véritablement promues l'égalité professionnelle et l'égalité des chances.
Suite au séminaire du Haut Conseil à l'Intégration à Rabat, un groupe d'échanges va être mis en place entre le Maroc et la France afin de faciliter l'application de cette réforme en faveur des femmes marocaines qui vivent sur notre sol.
L'ensemble de ces travaux et les débats menés dans toutes ces circonstances ont pour finalité d'enrichir un grand colloque sur la nouvelle citoyenneté républicaine que je souhaite animer le 8 mars prochain. Je crois vraiment que l'histoire qui se fait et se fera de plus en plus en se fondant sur des dynamiques nouvelles, des valeurs nouvelles. L'égalité en est une. Au-delà de l'égalité entre les hommes et les femmes, c'est l'égalité des chances, des droits. C'est aussi une vision plus universelle du respect de la personne et de sa dignité.
Cette rencontre a pour finalité de saluer vos parcours personnels. Dans l'impossibilité de vous présenter toutes, nous allons écouter plusieurs témoignages emblématiques des multiples expériences vécues. Vous êtes toutes des femmes talentueuses et courageuses.
Merci de ce que vous faites.
Merci de ce que vous êtes.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 23 novembre 2004)
Je veux remercier Son excellence Hassan ABOUYOUB, Ambassadeur du Maroc en France qui nous fait l'honneur de sa présence.
Je salue Blandine KRIEGEL, Présidente du Haut Conseil à l'Intégration (HCI). Le séminaire à Rabat auquel elle a eu la gentillesse de me convier et qu'elle a présidé avec talent, a été particulièrement riche d'enseignements. J'y ai rencontré des femmes formidables d'énergie pour faire triompher la réforme du Code de la famille, voulue par Sa majesté le Roi Mohammed VI mais qui se heurte à la résistance des mentalités.
Je souhaite aussi saluer Monsieur Rachid MOKRANE et Madame Lila BOUKORTT qui ont su attirer mon attention sur nombre de vos parcours, grâce à l'association des femmes euro-méditerranéennes (AFEM) qu'ils dirigent.
Chacune d'entre vous a réalisé un parcours de réussite professionnelle, personnelle ou sociale. Et à chacune d'entre vous je souhaite exprimer ma reconnaissance pour l'exemplarité que vous représentez.
A partir des témoignages adressés, j'ai mesuré le chemin de vie que vous avez tracé. Vous avez, toutes, décidé d'être actrices de votre propre vie, de dessiner votre destin, de choisir votre futur.
Pour cela, vous avez surmonté des difficultés multiples en découvrant votre combativité et la joie de vaincre. Si vous vous êtes heurtées au choc de cultures différentes, vous avez su trouver en vous les ressources nécessaires pour dépasser les ruptures du déracinement ou de ses conséquences.
Cette volonté d'avancer, que certaines vont même jusqu'à qualifier de " rage ", a exigé un travail sur la mémoire, sur les représentations familiales et sociales des femmes de l'immigration, sur les barrières concrètes mais aussi virtuelles qui se sont dressées.
C'est pour moi beaucoup de bonheur de voir réunis, aujourd'hui, autant de talents si divers.
Je reste convaincue que le XXIe siècle sera construit par l'ensemble des femmes. Le Président de la République montre la voie en déclarant : le degré d'avancement d'une civilisation s'apprécie à la place faite aux femmes. Cette place, vous contribuez toutes à en élargir les contours.
Comme je l'ai rappelé ce matin au Conseil des ministres, la République doit offrir à l'ensemble des femmes les mêmes valeurs, au premier rang desquelles, l'égalité. C'est en promouvant sans distinction de sexe ni d'origine, l'égalité des droits, l'égalité dans la société et l'égalité républicaine que la France forge une citoyenneté moderne fondée sur la volonté du vivre-ensemble, dans la diversité et la cohésion.
C'est la différence qui enrichit et non la différence qui exclut.
La réussite de l'intégration compte aujourd'hui en effet parmi les défis d'une République forte de ses différences et porteuse, pour elle-même et l'Europe, de valeurs de justice, d'égalité et de respect. C'est aussi l'enjeu d'une nouvelle dynamique de croissance ; c'est encore la lutte contre toute pratique discriminatoire au profit d'un décloisonnement social et d'une nouvelle éthique.
Les femmes de l'immigration de la première génération et des suivantes sont souvent les oubliées de l'histoire et des statistiques, alors qu'elles représentent un potentiel de créativité dont l'émergence est l'une de mes priorités.
C'est pourquoi, j'ai entrepris de multiples actions pour apporter plus de visibilité sur ce sujet et pour que soient valorisés vos parcours de réussite.
La charte de l'égalité remise au Premier Ministre le 8 mars dernier, prenait déjà en compte la problématique de l'immigration en préconisant diverses mesures dont plusieurs sont en voie de concrétisation.
Par exemple, l'Observatoire des statistiques de l'immigration et de l'intégration, installé le 2 juillet 2004 sous la direction de Jacqueline COSTA-LASCOUX, ou la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, sous la responsabilité de Jacques TOUBON. Nous gageons que ces nouvelles institutions apporteront, bien que tardivement, la reconnaissance méritée aux femmes de l'immigration.
Par ailleurs, j'ai installé, avec Dominique PERBEN, Ministre de la justice, un groupe de travail sur " les femmes de l'immigration " auquel certaines d'entre vous participent avec chaleur et pertinence.
Ce travail finalisera des mesures concrètes de nature à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes dans toutes ses composantes : en termes de respect des droits fondamentaux tels le droit à l'intégrité physique ou le droit à la dignité, mais aussi en termes de parcours et d'insertion professionnelle.
Plusieurs axes de réflexion se dessinent. L'importance de la barrière de la langue et la complexité des conflits de lois, alors que souvent la loi du pays d'origine est plus défavorable pour les femmes que la loi française, mettent au jour l'impérieuse nécessité de faciliter l'accès aux droits par l'élaboration de guides spécifiques ou par la mise en réseau des acteurs associatifs et institutionnels concernés.
Il s'agira aussi de combattre les violences des mariages forcés, des mutilations sexuelles ou des répudiations. La réflexion se poursuit sur les évolutions législatives nécessaires et le besoin de sensibiliser l'ensemble des professionnels et celui d'informer le grand public sur le caractère prohibé et punissable de ces pratiques.
Partout, dans toutes les politiques publiques, nous devons intégrer la notion d'égalité, à l'école tout d'abord en améliorant l'apprentissage de la citoyenneté ; dans le monde du travail, ensuite, en accompagnant les créations d'entreprises et les projets professionnels des femmes dans les zones urbaines sensibles et en amplifiant la lutte contre les discriminations par l'élargissement les dispositifs existants.
J'ai créé un " label-égalité ", en concertation avec les partenaires sociaux, signalant les entreprises qui s'engagent activement à intégrer la notion d'égalité entre les hommes et les femmes. Ce label est l'expression d'une valeur de modernité. Il est le signe de l'innovation sociale au sein de l'entreprise. Pour être " l'exemplarité gagnante " il sera nécessaire aussi de veiller à ce que la notion de diversité soit prise en compte dans l'appréciation des candidats à l'obtention du label. Ainsi pourront être véritablement promues l'égalité professionnelle et l'égalité des chances.
Suite au séminaire du Haut Conseil à l'Intégration à Rabat, un groupe d'échanges va être mis en place entre le Maroc et la France afin de faciliter l'application de cette réforme en faveur des femmes marocaines qui vivent sur notre sol.
L'ensemble de ces travaux et les débats menés dans toutes ces circonstances ont pour finalité d'enrichir un grand colloque sur la nouvelle citoyenneté républicaine que je souhaite animer le 8 mars prochain. Je crois vraiment que l'histoire qui se fait et se fera de plus en plus en se fondant sur des dynamiques nouvelles, des valeurs nouvelles. L'égalité en est une. Au-delà de l'égalité entre les hommes et les femmes, c'est l'égalité des chances, des droits. C'est aussi une vision plus universelle du respect de la personne et de sa dignité.
Cette rencontre a pour finalité de saluer vos parcours personnels. Dans l'impossibilité de vous présenter toutes, nous allons écouter plusieurs témoignages emblématiques des multiples expériences vécues. Vous êtes toutes des femmes talentueuses et courageuses.
Merci de ce que vous faites.
Merci de ce que vous êtes.
(Source http://www.social.gouv.fr, le 23 novembre 2004)