Entretiens de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, à France inter et France info le 10 et dans "Le Monde le 11 février 2005, sur le rôle de la France et de l'Union européenne au sein de l'OTAN.

Prononcé le

Circonstance : Réunion informelle des ministres de la défense de l'OTAN, à Nice le 10 février 2005

Média : Emission la politique de la France dans le monde - France Info - France Inter - Le Monde

Texte intégral

(Entretien de Michèle Alliot-Marie à France inter, le 10 février 2005)
Stéphane PAOLI - Préambule à 'Question Directe', dont le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, sera l'invité à 8 heures 20 en duplex de Nice où se tient la réunion informelle des ministres de la Défense de l'OTAN. Bonjour Madame Alliot-Marie.
Michèle ALLIOT-MARIE - Bonjour !
Q - C'est le grand retour de la France, parce que depuis 66 quand même, c'est la première fois que la France organise une telle réunion sur son sol.
R - C'est effectivement la première fois. C'est la reconnaissance du rôle important que nous jouons au sein de l'OTAN. Nous sommes le deuxième contributeur en termes d'hommes, le cinquième contributeur financier et surtout, nous dirigeons depuis maintenant plusieurs mois, les deux opérations les plus importantes de l'OTAN : la FIAS en Afghanistan et la KFOR au Kosovo.
Q - Alors on ne peut pas s'empêcher de faire le rapprochement entre l'arrivée à Paris il y a 48 heures de Condoleezza Rice, la secrétaire d'État américaine, et puis maintenant cette réunion à Nice. Est-ce qu'il y a un lien de cause à effet ? Tout cela traduit-il une sorte de 'oui', tout de même de réchauffement des relations transatlantiques ?
R - Il n'y pas de lien de cause à effet, puisque cette réunion informelle à Nice a été décidée il y a maintenant près d'un an. Cette réunion se tient dans un contexte un peu particulier et dont il faut se réjouir. Après les fortes tensions que nous avons connues entre les États-Unis et la France, et je dirais même entre les États-Unis et l'Europe ou certains pays européens à propos de l'Irak, nous voyons aujourd'hui que le président américain, Condoleezza Rice et Donald Rumsfeld également, ont une attitude de 'main tendue' à l'égard de l'Europe. Face aux menaces qui nous sont communes comme la menace terroriste mais également les multiples crises régionales, nous avons tout intérêt à être ensemble pour essayer de trouver les bonnes solutions, et des solutions pas seulement militaires aux différents conflits qui agitent malheureusement notre monde et qui semblent se développer encore.
Q - On y reviendra plus longuement tout à l'heure, parce que c'est une question centrale, en effet. Le général de Gaulle en 66 avait quitté l'Alliance parce qu'il souhaitait conserver la maîtrise de l'engagement militaire français, mais aujourd'hui ?
R - Oui, notamment la maîtrise du nucléaire !
Q - Bien sûr, mais aujourd'hui justement cette menace terroriste internationale que vous évoquez, modifie radicalement les postures de chacun ?
R - Elle ne modifie pas radicalement les postures ; tous les pays occidentaux et d'une façon, générale, tous les pays qui prônent la démocratie et la liberté sont menacés par le terrorisme. C'est une évidence ; nous l'avons vu à New York, mais également à Madrid et à Karachi. Mais nous devons à la fois faire face à des conflits de type classique et également à cette menace générale qui peut toucher n'importe lequel de nos pays et à n'importe quel moment.
Q - Alors que la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice vient à Paris pour définir la doctrine américaine du partenariat en matière de défense, quel est aujourd'hui le rôle de l'OTAN ? Quelle place, la France qui y opère un retour progressif entend t-elle y tenir et pourquoi faire ? Pour la première fois depuis son retrait du commandement militaire intégré en 1966, la France accueille à Nice la réunion informelle des ministres de la Défense de l'Otan. Invitée de Question Directe en duplex de Nice, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense, bonjour ! Partenariat, dit donc Madame Condoleezza Rice en matière de défense s'agissant de la doctrine américaine. Mais qu'est-ce que cela pose comme questions à l'OTAN, si en effet les États-Unis décident de choisir leurs partenaires ?
R - Il faut d'abord voir ce qu'est l'OTAN, peu de personnes le savent. L'OTAN est une Alliance créée après la deuxième Guerre mondiale, entre un certain nombre de pays européens et deux pays d'Amérique du Nord, les États-Unis et le Canada pour faire face à une menace qui était, à l'époque, celle de l'ancienne Union soviétique. Depuis, il y a eu des évolutions ; la première, c'est que l'Union soviétique a implosé et que la Russie dialogue aujourd'hui avec l'OTAN. Elle siège à la table de l'OTAN, comme elle le fera cet après-midi. D'autre part, de nouveaux pays ont rejoint l'Alliance : au cours de l'année dernière en effet, un certain nombre de pays autrefois dans la mouvance de l'Union soviétique sont maintenant membres de l'Union européenne. Comment fonctionne l'Alliance ? L'Alliance fonctionne sur la base du consensus.
Q - J'entends Madame que vous dites 'Alliance'. C'est un mot important 'Alliance'. C'est fort. Et cependant Condoleezza Rice dit 'partenariat'. Et c'est bien la raison pour laquelle, on ne va pas rentrer dans un débat sémantique, je vous demande : À quoi sert l'OTAN aujourd'hui tel que les États-Unis définissent finalement leur doctrine personnelle ?
R - L'OTAN sert essentiellement à continuer à nous protéger, à nous protéger d'une menace qui est différente et plus lointaine. Nous constatons aujourd'hui que des crises, même lointaines comme celle de l'Afghanistan par exemple, sont susceptibles d'aider le terrorisme international qui peut venir nous frapper jusque chez nous. N'oublions pas que si aujourd'hui, l'OTAN est présente en Afghanistan, c'est à la suite des attentats du 11 septembre. Le vrai problème est donc celui-ci : l'OTAN a élargi son champ d'action et un certain nombre de pays disent aujourd'hui : " Nous voulons, ou nous pouvons, aller sur telle opération ou non, nous ne pouvons pas ou ne voulons pas ". C'est donc le principe du consensus qui doit continuer à régner. Mais ce consensus n'empêche pas que des pays qui sont d'accord pour une intervention, peuvent ne pas y participer pour autant. Il y a donc deux niveaux : à la fois le niveau politique, qui repose sur le consensus et d'autre part, l'application technique - chaque pays étant toujours 'propriétaire' de ses propres troupes et de ses propres moyens - participe ou ne participe pas aux opérations. C'est la signification de l'Alliance. On pourrait répondre à Madame Rice, qu'il peut y avoir un partenariat, opération par opération. Mais le principe général de fonctionnement de l'OTAN, c'est bien celui du consensus.
Q - Au fond c'est une réponse assez claire que vous faites à Condoleezza Rice. Si les États-Unis choisissent leurs partenaires, au fond, la France peut choisir d'adhérer ou pas à une action quelque part et notamment par exemple en Irak où la France dit : " non, on n'y va pas ! ".
R - Oui, c'est ce que nous avons fait. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls. La France n'est donc pas isolée dans cette position. C'est effectivement une règle de bon fonctionnement. Avec les États-Unis, nous avons beaucoup de choses en commun, et notamment notre attachement à la liberté, notre attachement à la démocratie et bien entendu, notre histoire commune. Mais il est vrai aussi que parfois, nous n'avons pas la même analyse des situations. En conséquence, nous ne pouvons pas être intégrés contre notre volonté aux opérations. En ce qui concerne l'Irak, nous avons dit que nous ne voulions pas envoyer de militaires français sur le territoire irakien. Cela ne nous empêchera pas de participer à la reconstruction de cet État, parce qu'il est important pour l'Europe d'avoir un Irak stabilisé. Nous avons dit, depuis le début, qu'à la demande des autorités irakiennes légitimes, nous serions prêts à participer à cette reconstruction, notamment s'agissant de la formation des forces de sécurité. En Irak, la sécurité est le problème numéro un aujourd'hui. Nous avons marqué notre disponibilité à former, par exemple, des gendarmes ou des policiers, mais bien entendu, à l'extérieur de l'Irak. Je crois d'ailleurs qu'aujourd'hui, le Secrétaire général de l'OTAN, prenant conscience de la grande difficulté à assurer cette formation sur le terrain en Irak et compte tenu de la situation générale, serait aussi plutôt favorable à cette idée de former les forces de sécurité à l'extérieur du territoire irakien.
Q - Alors là, on vient de voir ce qui relève des alliances ou des partenariats, selon et dans une définition quand même à géométrie variable. Maintenant la question de la défense, parce que, quand de Gaulle quitte l'Alliance, enfin le commandement de l'Alliance en 66, c'est parce qu'il veut conserver pour la France la maîtrise de son feu nucléaire. Mais les menaces aujourd'hui, vous le disiez tout à l'heure, elles sont d'une nature très différente du temps de la guerre froide. La menace, elle est d'abord celle du terrorisme international, donc les missiles, voir les chars, les blindés. Que peuvent-ils contre le terrorisme international, qu'est-ce que la Défense aujourd'hui ?
R - La menace est aujourd'hui beaucoup plus diversifiée ; c'est surtout ce qu'il faut retenir. Il n'y a pas 'une' menace, mais 'des' menaces, pouvant prendre des formes multiples. Il y a la menace terroriste, bien sûr ; nous la connaissions déjà sur notre territoire avec les attentats de 1986 et de 1995. Mais avec les attentats de septembre 2001, l'ensemble de nos partenaires a pris acte de cette menace. Il y a également les crises régionales, dans les Balkans, en Afghanistan, en Afrique, qui créent une situation de grande tension, entraînent des mouvements de population, créent des zones de non droit, et également des éléments de déstabilisation parfois favorables au développement du terrorisme. Et il y a la prolifération. Ne l'oublions pas !
Q - La Corée du Nord ce matin, cela vous fait peur ou pas ?
R - Bien entendu. C'est extrêmement préoccupant comme aussi certaines déclarations iraniennes de ces derniers jours. Un certain nombre de pays veut se doter de l'armement nucléaire ; or, la stabilité de ces pays, voire le caractère démocratique de ces pays, est plus que sujet à caution. Il y a une vraie menace. C'est bien la raison pour laquelle la dissuasion nucléaire demeure tout à fait d'actualité aujourd'hui.
Q - Alors dans ces menaces multiples, comment choisissons-nous nos alliés ? Puisque je parlais, de géométrie variable tout à l'heure, vous avez signé Madame récemment avec la Russie, Michel Barnier était lui aussi partie prenante à ces signatures, un accord important. Alors quels sont les points d'appui au fond de la France, l'Espagne, on s'est beaucoup rapproché d'elle, l'Allemagne bien sûr, mais donc la Russie aujourd'hui ?
R - Notre intérêt, c'est d'avoir le plus grand nombre de pays possible autour de nous qui soient à la fois, des pays stables et des pays avec lesquels nous ayons un vrai partenariat. Nos partenaires, qui sont-ils ? Il s'agit d'abord de l'ensemble des pays de l'Union européenne. Depuis plus de deux ans, la Défense européenne a fait des progrès considérables. Aujourd'hui, il y a une Défense européenne qui a encore besoin de se renforcer sur le plan des capacités, mais qui existe.
Q - Ce n'est pas vraiment une Défense intégrée encore quand même !
R - Ce n'est pas une Défense intégrée, mais nous avons vu, avec les opérations menées en 2003 en République démocratique du Congo, que nous étions capables de mener des opérations à plusieurs, des opérations lointaines et des opérations difficiles. Notre 'deuxième cercle' d'alliés, mais tout aussi important à nos yeux, c'est l'OTAN. Aujourd'hui, nous travaillons ensemble et la France prend une part déterminante dans l'action de l'OTAN. J'ai indiqué précédemment que nous étions le deuxième contributeur en terme de forces, le cinquième contributeur financier et surtout que nous dirigions actuellement deux des plus importantes opérations de l'OTAN, en Afghanistan et au Kosovo. En outre, nous prenons toute notre part à l'adaptation de l'OTAN aux nouvelles menaces actuelles. Et nous avons également des alliés en 'bilatéral', c'est-à-dire des alliés avec lesquels nous souhaitons établir un partenariat ; la Russie en fait partie. C'est aussi l'action que je mène avec les cinq pays du Maghreb. Lorsqu'ils se sont réunis à Paris à mon initiative, l'idée était bien d'avoir avec les cinq pays européens proches de la Méditerranée, un partenariat qui nous permette ensemble de lutter là aussi contre le terrorisme - et je pense en particulier au GSPC qui se trouve dans le Sud du Maghreb -, de lutter également contre les trafics qui se passent par la Méditerranée.
Q - Michèle Alliot-Marie, ministre de la Défense en duplex à Nice, malheureusement vous ne pouvez pas rester avec nous, parce que commence, sinon le sommet, la réunion informelle des ministres de la Défense de l'OTAN.
R - Voilà je vais accueillir mes partenaires dans quelques instants.
Q - Merci en tout cas d'avoir répondu à nos questions Michèle Alliot-Marie.
R - Merci à vous.

(Source http://www.defense.gouv.fr, le 11 février 2005)
(Entretien de Michèle Alliot-Marie à France info, le 10 février 2005)
Stéphane Duault - Les ministres de la Défense des pays-membres de l'OTAN sont actuellement réunis à Nice. Une réunion informelle qui est en fait la première organisée en France depuis près de 40 ans. C'est en effet en 1966 que notre pays a quitté la structure du commandement militaire intégré de l'Alliance Atlantique, organisation chapeautée par les Américains. Depuis, les divergences sur la guerre en Irak n'ont pas amélioré les relations entre Paris et Washington. La réunion de Nice est donc la bienvenue pour tenter de dissiper le malaise.
Stéphane Fort - Il y a un an, lorsque la France s'est proposée pour organiser cette réunion informelle, les tensions étaient à leur comble avec les Etats-Unis : sur l'Irak bien sûr, mais aussi sur le renforcement de la défense européenne, Washington accusant Paris de chercher à saboter l'OTAN. Dix mois, une présidentielle américaine et une irakienne plus tard, cette réunion tombe à pic. Côté américain, on insiste d'ailleurs sur l'harmonie qui règne sur quasiment tous les dossiers, et sur la réussite des missions confiées à l'OTAN, que ce soit au Kosovo ou en Afghanistan ; des missions, soit dit en passant, dirigées actuellement par des généraux français. Il est tout de même un dossier sur lequel on est loin d'un consensus, celui de la formation des forces irakiennes de sécurité. Washington souhaite que l'OTAN s'investisse dans une académie militaire à Bagdad. " Ce sera sans nous ", répond le ministre français de la Défense, Michèle Alliot-Marie.
Michèle Alliot-Marie - Il n'y aura pas d'uniformes militaires français en Irak. Ceci ne nous empêchera pas de participer à la reconstruction de l'Irak, et notamment à la formation de forces de sécurité irakiennes. C'est la raison pour laquelle lorsque le président de la République, Jacques Chirac, a reçu le président irakien à Paris, il a été rappelé que nous étions prêts à former des gendarmes et des policiers. C'est ce que nous sommes en train de mettre en place et une demande est en cours auprès du Qatar pour accueillir un centre de formation pour former les gendarmes irakiens. Nous sommes d'ailleurs aussi prêts à accueillir des officiers irakiens de gendarmerie dans nos propres écoles, sur le territoire français.
Stéphane Fort - La France réaffirme ainsi son indépendance vis à vis de l'OTAN. Elle ne veut pas faire n'importe quoi n'importe où. Mais en organisant cette réunion, elle réaffirme aussi son attachement à cette institution. Elle est en effet le cinquième contributeur financier et le deuxième en nombre de militaires avec 17 % de troupes de l'OTAN en opérations extérieures.

(Source http://www.defense.gouv.fr, le 11 février 2005)
(Entretien de Michèle Alliot-Marie dans "Le Monde", le 11 février 2005)
Le Monde : Peut-il y avoir une sorte de partage des tâches entre les Européens et l'OTAN ?
Michèle Alliot-Marie : Je ne pense pas qu'il soit sain d'envisager une sorte de nouveau Yalta, de répartition de compétences en fonction de zones géographiques, entre l'Union européenne et l'OTAN. C'est au cas par cas, en fonction des caractéristiques de chaque crise, que l'Union européenne (UE) ou l'OTAN interviendront. Pour cela, il faut mieux analyser ce que sont les identités respectives de chaque institution.
L'UE a la possibilité d'être extrêmement réactive sur des démarrages de crises avec les "groupements tactiques 1 500 ", puisqu'il s'agit de déployer 1 500 hommes en moins de quinze jours, alors que les délais de déploiement de la force de l'OTAN, la NRF (Nato Response Force), se situent entre quinze jours et deux mois.
La défense européenne pourrait, d'autre part, être amenée à intervenir sur des crises pour lesquelles on peut arrêter une durée d'intervention. La troisième caractéristique de ces interventions européennes pourrait être la nécessité de contacts plus directs entre la force d'intervention et les populations locales. Voilà ce que pourrait constituer l'identité des opérations européennes, celles de l'OTAN étant des opérations plus lourdes et dont on peut difficilement prévoir la durée.
Q - L'Alliance a évoqué l'idée d'intervenir dans le " Grand Moyen-Orient ", ou comme force de stabilisation en cas de règlement de paix israélo-palestinien. A-t-elle vocation à le faire ?
R - S'agissant du conflit israélo-palestinien, on peut tout à fait imaginer que ce soit les forces de l'ONU qui interviennent, et non pas l'OTAN. S'agissant de l'Irak, nous avons accepté, lors du sommet d'Istanbul, que l'OTAN s'occupe de la formation de certaines forces de sécurité irakiennes, cela en parallèle des formations entreprises par un certain nombre de pays.
Q - Craigniez-vous que les Américains instrumentalisent l'OTAN pour soutenir leur politique, que ce soit en Irak ou vis-à-vis de la Russie ?
R - L'OTAN est une alliance politique au sein de laquelle la règle est celle du consensus. Par conséquent je ne crois pas qu'il y ait d'instrumentalisation possible, dans la mesure où l'on peut s'opposer à une demande américaine.
Q - L'Opération " Althéa " de l'Union européenne en Bosnie constitue-t-elle un moyen de raccommoder les relations transatlantiques et les relations franco-américaines ?
R - Il y a eu beaucoup de méfiance de la part des Etats-Unis à l'égard de la construction de la défense européenne. J'ai rappelé aux Américains que ce sont eux-mêmes qui nous demandaient depuis longtemps d'accroître notre effort de défense. Avoir une défense européenne forte, c'était la garantie d'un renforcement de l'OTAN, puisque c'est l'Union européenne qui amène les plus fortes capacités militaires dans l'OTAN. Les craintes des Américains vont s'effacer peu à peu, en voyant en quoi consiste la défense européenne, comme c'est le cas en Bosnie. L'opération " Althéa " doit contribuer à rapprocher les points de vue.
Q - La vocation de la défense européenne n'est-elle pas un jour de se passer de l'OTAN ?
R - L'Alliance représente la protection ultime. S'il y a un conflit majeur, en Europe ou en Amérique, nous aurons besoin d'être tous ensemble pour y faire face. C'est donc un filet de sécurité.
Q - En Afghanistan, la France était opposée à la " fusion " de l'ISAF [Force internationale d'assistance à la sécurité] et de l'opération américaine " Enduring freedom " [" Liberté immuable "], mais désormais on parle de " synergie "...
R - La France reste opposée à cette fusion. La synergie, c'est autre chose. Dans ce pays difficile, il peut s'avérer nécessaire pour l'ISAF d'utiliser, par exemple, des moyens de transport d'"Enduring Freedom". Qu'il y ait une meilleure coordination, c'est souhaitable. Mais une fusion, non, parce que ce sont deux missions différentes. " Enduring freedom ", c'est la lutte contre le terrorisme, contre les talibans et Al-Qaida. La vocation de l'ISAF est de permettre la remise en route des institutions afghanes et de prendre en charge de la formation de l'armée et de la police afghanes.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 11 février 2005)