Texte intégral
Le oui glacial de Bayrou
Pour François Bayrou, patron de l'UDF, le referendum du 24 septembre sur la seule réduction du mandat présidentiel ne va pas assez loin. Résultat : il ne fait pas campagne et s'en prend à Chirac et Jospin.
Président de l'UDF, François Bayrou va voter oui du bout des lèvres. Sa vraie priorité : la présidentielle de 2002. Il compte, en effet, se porter candidat au nom du renouveau.
Pourquoi cette frilosité de l'UDF ?
C'est vrai, je ne me sens pas en phase avec la manière et l'esprit dans lesquels ce referendum a été organisé. Aborder les institutions, uniquement, sous l'angle de la durée du mandat, c'est trop court. Le quinquennat était une formidable occasion pour réformer le pays. On ne l'a pas voulu et on s'est trompé. Les électeurs le sentent bien. Pour autant, je ne m'abstiendrai pas. Ce n'est pas civique. Je voterai donc oui. Le quinquennat est dans le programme de l'UDF.
A qui la faute ?
Responsabilité partagée : le Président de la République et le Premier ministre sont tombés d'accord pour empêcher le débat. Les Français ne sont pas dupes. Ils savent très bien quand on les prend au sérieux ou quand on les balade. La véritable question derrière tout ça, c'est la cohabitation. Le quinquennat était une tentative pour sortir de ce système, mais on n'a pas voulu aller jusqu'au bout ! Pour 2002, il aurait fallu organiser la présidentielle avant les législatives. Ou encore, et surtout, renforcer les pouvoirs du Parlement. Or l'Elysée et Matignon ont refusé de prendre des décisions logiques. Résultat : les électeurs menacent de faire grève.
Autrement dit votre oui est un peu glacial ?
Depuis le début, nous avons tout fait pour alerter et avertir que le quinquennat sec, sans rien d'autre, apparaîtrait vide de sens.
Aujourd'hui les communistes manifestent pour réclamer une baisse du prix des carburants. Etes-vous d'accord avec eux ?
Je suis profondément choqué qu'une parie de la fiscalité sur les carburants fasse que l'Etat se remplit les poches quand le prix du baril monte. Il est urgent de trouver les mécanismes d'amortissement nécessaires. Car c'est aujourd'hui le sujet n°1 de préoccupation des Français. Mais la crise du pétrole montre autre chose. Si l'Europe ne se construit pas, nous serons toujours privés de tout moyen de nous faire entendre. Qui peut parler aux pays de l'Opep pour que le robinet s'ouvre ? Qui peut imposer que les achats de pétrole de l'Europe se fassent en euros plutôt qu'en dollars. Seule la voix de l'Europe, lorsqu'elle en aura une, aura l'autorité nécessaire pour se faire respecter.
L'affaiblissement de Lionel Jospin et de sa majorité plurielle est-il durable ?
Oui, je le crois. Cet affaiblissement est durable, il porte sur des questions essentielles. Jospin a voulu ruser sur les impôts et sur la Corse. Les Français n'acceptent pas de tels comportements sur des sujets aussi importants.
Sarkozy, Juppé et Balladur viennent de plaider en faveur d'une opposition plus unitaire. Que leur répondez-vous ?
C'est toujours la même idée : elle est cousue de fil blanc. On veut constituer un parti unique de l'opposition autour de Jacques Chirac Pour empêcher toute autre candidature en 2002. Moi, je pense qu'il faut du renouvellement. Je ne suis pas d'accord avec cette loi éternelle de la droite française qui consiste à dire : "On prend les mêmes et on recommence". A quoi sert l'alternance, si c'est pour reprendre les mêmes visages, les mêmes équipes, les mêmes recettes ? je crois que les Français n'attendent pas ce perpétuel remake. Mais attention ! Il faudra qu'on les intéresse sur le fond. L'abstention est, à cet égard, un avertissement qu'il faut entendre.
Propos recueillis par Bruno Jeudy
(Source http://www.udf.org, le 21 septembre 2000)
Pour François Bayrou, patron de l'UDF, le referendum du 24 septembre sur la seule réduction du mandat présidentiel ne va pas assez loin. Résultat : il ne fait pas campagne et s'en prend à Chirac et Jospin.
Président de l'UDF, François Bayrou va voter oui du bout des lèvres. Sa vraie priorité : la présidentielle de 2002. Il compte, en effet, se porter candidat au nom du renouveau.
Pourquoi cette frilosité de l'UDF ?
C'est vrai, je ne me sens pas en phase avec la manière et l'esprit dans lesquels ce referendum a été organisé. Aborder les institutions, uniquement, sous l'angle de la durée du mandat, c'est trop court. Le quinquennat était une formidable occasion pour réformer le pays. On ne l'a pas voulu et on s'est trompé. Les électeurs le sentent bien. Pour autant, je ne m'abstiendrai pas. Ce n'est pas civique. Je voterai donc oui. Le quinquennat est dans le programme de l'UDF.
A qui la faute ?
Responsabilité partagée : le Président de la République et le Premier ministre sont tombés d'accord pour empêcher le débat. Les Français ne sont pas dupes. Ils savent très bien quand on les prend au sérieux ou quand on les balade. La véritable question derrière tout ça, c'est la cohabitation. Le quinquennat était une tentative pour sortir de ce système, mais on n'a pas voulu aller jusqu'au bout ! Pour 2002, il aurait fallu organiser la présidentielle avant les législatives. Ou encore, et surtout, renforcer les pouvoirs du Parlement. Or l'Elysée et Matignon ont refusé de prendre des décisions logiques. Résultat : les électeurs menacent de faire grève.
Autrement dit votre oui est un peu glacial ?
Depuis le début, nous avons tout fait pour alerter et avertir que le quinquennat sec, sans rien d'autre, apparaîtrait vide de sens.
Aujourd'hui les communistes manifestent pour réclamer une baisse du prix des carburants. Etes-vous d'accord avec eux ?
Je suis profondément choqué qu'une parie de la fiscalité sur les carburants fasse que l'Etat se remplit les poches quand le prix du baril monte. Il est urgent de trouver les mécanismes d'amortissement nécessaires. Car c'est aujourd'hui le sujet n°1 de préoccupation des Français. Mais la crise du pétrole montre autre chose. Si l'Europe ne se construit pas, nous serons toujours privés de tout moyen de nous faire entendre. Qui peut parler aux pays de l'Opep pour que le robinet s'ouvre ? Qui peut imposer que les achats de pétrole de l'Europe se fassent en euros plutôt qu'en dollars. Seule la voix de l'Europe, lorsqu'elle en aura une, aura l'autorité nécessaire pour se faire respecter.
L'affaiblissement de Lionel Jospin et de sa majorité plurielle est-il durable ?
Oui, je le crois. Cet affaiblissement est durable, il porte sur des questions essentielles. Jospin a voulu ruser sur les impôts et sur la Corse. Les Français n'acceptent pas de tels comportements sur des sujets aussi importants.
Sarkozy, Juppé et Balladur viennent de plaider en faveur d'une opposition plus unitaire. Que leur répondez-vous ?
C'est toujours la même idée : elle est cousue de fil blanc. On veut constituer un parti unique de l'opposition autour de Jacques Chirac Pour empêcher toute autre candidature en 2002. Moi, je pense qu'il faut du renouvellement. Je ne suis pas d'accord avec cette loi éternelle de la droite française qui consiste à dire : "On prend les mêmes et on recommence". A quoi sert l'alternance, si c'est pour reprendre les mêmes visages, les mêmes équipes, les mêmes recettes ? je crois que les Français n'attendent pas ce perpétuel remake. Mais attention ! Il faudra qu'on les intéresse sur le fond. L'abstention est, à cet égard, un avertissement qu'il faut entendre.
Propos recueillis par Bruno Jeudy
(Source http://www.udf.org, le 21 septembre 2000)