Texte intégral
Monsieur le Président du Gouvernement espagnol,
Monsieur le Président de l'Assemblée nationale,
Mesdames et messieurs les Députés,
Je voudrais, en effet, au nom du Gouvernement, à l'accueil en France du chef du gouvernement d'un pays ami, qui entretient des liens très forts avec notre pays, la France. Nous le savons, notre destin commun passe par des relations bilatérales fortes et constructives, sur un grand nombre de dossiers, notamment les dossiers les plus difficiles, vous l'avez dit Monsieur le président, notamment ceux du terrorisme.
Sur ce sujet notre solidarité est une solidarité en actes, concrète et volontaire. Je me félicite de l'échange d'informations de nos services. Nos initiatives communes constituent, je crois, sur ces sujets, un réel modèle pour l'Europe toute entière.
Et ce n'est un hasard, si les mandats d'arrêt européens sont principalement utilisés par nos deux pays. Nous devons aussi faire face, ensemble, à d'autres menaces, et notamment celles que nous avons dû affronter en matière environnement.
Nos deux pays ont été frappés lourdement par les catastrophes du Prestige et de l'Erika. Depuis, nous avançons ensemble, pour renforcer le niveau de la sécurité en mer.
Mais, au-delà, c'est la coopération entre nos territoires et nos peuples qu'il faut renforcer. Aujourd'hui, les Pyrénées sont moins une barrière qu'un trait d'union. Il s'agit d'améliorer, au quotidien, le transport d'un côté à l'autre du massif et notamment le transport ferroviaire, ou encore la transmission d'énergie pour répondre à nos besoins communs.
Je me souviens des débats provoqués en France, Monsieur le président, par la question de l'adhésion de l'Espagne à la Communauté européenne, il y a près de 20 ans. Et je me permets de comparer l'Espagne d'avant l'Europe à l'Espagne d'aujourd'hui. Votre exemple est la meilleure preuve de la force de l'Europe.
L'Europe ne doit pas faire peur. Elle a renforcé l'ancrage de l'Espagne dans la démocratie après 1975. Le choix de la transition vers la démocratie, la résistance de la société espagnole au coup d'Etat de 1981, ont été la traduction de l'aspiration démocratique d'un peuple. Et l'Europe a consolidé cette aspiration. Les négociations ont commencé en 1979. Elles ont duré 7 ans, ont parfois été difficiles mais, avec le recul, nous constatons la réussite !
Grâce à l'engagement sans faille des différents chefs de gouvernement, les obstacles ont été peu à peu levés, et Felipe Gonzalez a signé, le 12 juin 1985, l'acte d'adhésion de l'Espagne aux Communautés européennes. Certains alors, en Europe, avaient peur. Peur pour l'agriculture française, peur pour l'équilibre européen. Aujourd'hui, ils sont confiants.
Confiants en la force politique de l'Espagne qui s'affirme aujourd'hui et qui apporte beaucoup à l'Europe de par le monde, notamment par son dialogue avec l'Amérique du Sud. Confiants aussi en sa force économique : la rapidité du développement de votre pays, l'émergence de grandes entreprises espagnoles ont créé, pour les acteurs économiques européens, une source de croissance et de nouveaux marchés. L'Espagne aujourd'hui est un des pays les plus dynamiques d'Europe ; elle a rattrapé son retard. Vous avez, Monsieur le président, été le premier chef de gouvernement à organiser en Espagne une grande consultation démocratique sur le traité constitutionnel. Cette expérience vous permet sans doute de nous faire profiter de votre réflexion.
Nous avons entendu l'engagement massif de votre peuple en faveur du projet européen. Sachez que nous serons très attentifs. Permettez-moi, en mon nom personnel comme en celui du Gouvernement, de me réjouir très sincèrement qu'ici, à l'Assemblée nationale, dans cet hémicycle, alors que vous aviez été dans cette Assemblée, les premiers à recevoir le roi Juan Carlos, le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif s'associent pour, dans un geste exceptionnel, vous souhaiter la bienvenue.
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 2 mars 2005)