Interviews de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, à RTL le 2 juillet 2004, et à Europe 1 le 26, sur le dopage dans les épreuves cyclistes, le Tour de France et les candidatures à la présidence de l'UMP.

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Média : Emission L'Invité de RTL - Europe 1 - RTL

Texte intégral

RTL le 02/07/2004
Q - Le Tour de France démarre demain à Liège, dans un mauvais climat, avec un livre écrit par deux journalistes très au fait des affaires du cyclisme, D. Walsh et J.-P. Ballester posent cette question terrible à propos de L. Armstrong, déjà vainqueur de cinq Tour de France : est-il un champion honnête, ou bien triche-t-il en se dopant ? Avez-vous lu ce livre ?
R - "Non, je ne l'ai pas lu"
Q - Pas le temps ?
R - "Vous parlez de ce livre, mais on peut également évoquer l'affaire Cofidis qui s'est passée également, tant en Italie qu'en Espagne. C'est vrai que le Tour démarre dans des conditions assez difficiles. Regardons plutôt ce qui est constructif et je vais dire, malheureusement "positif", même si ce n'est pas le terme à employer ! Ce sont des prises de positions qui sont bonnes de la part des organisateurs du Tour, c'est-à-dire écarter tous ceux qui sont mis en examen. Je l'ai fait d'ailleurs. Pour tous ceux qui pourraient participer aux Jeux, j'ai souhaité que les mis en examen ne soient pas membres de la délégation officielle aux Jeux Olympiques d'Athènes. Je l'avais dit : je ne pourrai pas leur retirer la médaille, si ceux-ci montaient sur le podium et qu'ensuite ils étaient accusés de trafic de produits dopants. Je crois qu'il nous faut aussi être constructifs, par exemple sur la détection d'un certain nombre de nouveaux produits. Je pense à l'hémoglobine de synthèse que notre laboratoire de Châtenay-Malabry, avec la faculté de pharmacie de Montpellier, peut maintenant détecter. J'en ai parlé avec le président de l'UCI. Je pense que nous allons, dès le Tour de France, commencer à détecter ce produit."
Q - On peut essayer d'être constructif et de balayer les problèmes. Il n'empêche que par exemple, autour d'un champion aussi emblématique que L. Armstrong, il existe aujourd'hui un doute terrible. Alors, quand vous, vous allez le voir, vous allez le regarder, quand vous allez le voir pédaler, qu'est-ce que vous allez vous dire ?
R - "Déjà je pense que cette année, j'irai sur le Tour, mais pas de la même façon que les années précédentes, c'est-à-dire dans une voiture suiveuse du Tour pour effectivement accompagner le peloton et les voir sur le podium. Je pense que j'irai les voir à l'issue d'une étape, pour vivre avec eux cette période qui est assez importante, qui est celle de la fin d'une étape, donc un des moments assez importants de repos, de reconstruction et de récupération, avec eux dans leur hôtel. J'ai demandé à R. Legeay, le patron de l'équipe Crédit Agricole, de m'accueillir à un moment du Tour qui ne les perturbe pas trop - donc après une étape pas trop difficile -, pour vivre avec eux ce moment avec les fameux kinésithérapeutes, ce qu'on appelait avant les "soigneurs", voir comment ils vivent une étape, comment ils préparent l'autre, et discuter avec eux ouvertement des problèmes qu'ils rencontrent et de la sensation qu'ils ont pendant ce Tour de France."
Q - C'est pour vous, en n'allant pas sur la course même, une façon de marquer la distance du pouvoir politique par rapport à la compétition ?
R - "Non, c'est pour mettre l'accent sur leur vécu. Ce que je trouve terrible dans ce sport, c'est cette incapacité, rapidement, de façon profonde, à faire évoluer cette culture d'un sport qui est quand même assez refermé sur lui-même. J'aime ce sport. Gamin, j'allais avec mon grand-père voir des courses. Je n'habitais pas loin de La Cipale, j'allais voir des arrivées de course. Ce que je veux leur expliquer, c'est qu'on est avec eux, à condition qu'ils s'ouvrent sur leur environnement, qu'ils soient le plus transparents possible dans leur préparation. C'est ce que j'ai fait. Quand on parlait des histoires de soigneurs et de kinésithérapeutes, j'ai simplement demandé qu'on respecte la légalité, que l'organigramme médical et paramédical d'un groupement sportif soit transparent. Ca l'est maintenant d'ailleurs pour les groupements sportifs français. Encore une fois, de ma part, c'est cette volonté d'aller vers eux, de parler avec eux, de les accompagner et de continuer à dialoguer, pour qu'il y ait vraiment un changement de culture."
Q - Donc on ne vous verra pas sur la course
R - "Je serai au Tour"
Q - Il faut soutenir quand même le Tour de France ?
R - "Mais bien évidemment, comme n'importe quelle autre compétition sportive. Ce n'est pas la course en elle-même ou l'épreuve sportive qui doit être mise en cause ; c'est, encore une fois, le comportement d'un certain nombre de gens qui veulent tricher. Paradoxalement, c'est ce qui est terrible : ils ne se préparent pas, ou ils ne consacrent pas tout leur temps à la préparation à la compétition, ils consacrent tout leur temps à tricher ! On le voit dans des déclarations : toute leur énergie est concentrée sur la triche, se procurer les produits interdits, d'ailleurs, là aussi, avec des vrais problèmes de trafic entre différents pays européens et partout dans le monde Là aussi je me suis attaqué, en mettant en place des commissions régionales et un groupe technique national, pour faire en sorte de remonter les informations sur ces trafics, et d'être mieux en capacité d'aller chercher les tricheurs là où ils sont."
Q - Le football français non plus ne va pas très bien. Les Français ont été éliminés un peu tôt ?
R - "Après 2000, on attendait un sursaut de l'équipe de France. Malheureusement, il n'est pas arrivé"
Q - Une équipe un peu fatiguée, peut-être ? Un peu vieillie, un peu usée ?
R - "C'est comme toutes ces grandes équipes - mais on le voit dans d'autres sports. Je l'ai même vécu d'ailleurs au niveau de l'escrime -, toutes ces grandes équipes - rappelons quand même 98 et 2000, deux titres consécutifs - qui ont toujours du mal à évoluer. Mais c'est dans la nature des hommes et de ceux qui les encadrent, que d'avoir du mal à évoluer, d'avoir du mal là aussi à avoir un renouvellement, et surtout une nouvelle stratégie. Je crois que le nouveau sélectionneur, quel qu'il soit, devra être hyper compétent - et tout de suite compétent - et capable aussi de choisir, de faire des choix et des arbitrages qui ne seront peut-être pas simples, parce que 2006 c'est tout de suite, c'est dans quelques mois"
Q - Et le ministre des Sports justement, n'a pas un profil type pour succéder à J. Santini ? On ne s'en mêle pas ?
R - "Parlons clair. Entre L. Blanc et J. Tigana, je crois que ce sont deux grands champions. Deux caractères. Le président de la Fédération choisira le meilleur, j'en suis persuadé"
Q - Et alors, vous, est-ce que vous choisirez le meilleur pour l'UMP ? Sarkozy ?
R - "Ce sont les militants qui vont choisir !"
Q - Mais vous êtes militant, vous !
R - "Bien évidemment... "
Q - Alors ?
R - "On verra les candidatures. On verra les candidatures quand elles seront toutes officielles."
Q - Il y a J. Tigana et L. Blanc d'un côté. Et puis là, il y a Sarkozy, et puis on ne voit pas qui en face...
R - "Pour l'instant, attendons. On verra après les vacances et on verra en fonction des procédures de vote et de la préparation du congrès"
Q - C'est grâce à J. Chirac que vous faites de la politique
R - "C'est grâce à Jacques Chirac, tout à fait."
Q - Vous étiez son conseiller à la mairie de Paris, puis à l'Elysée, et puis maintenant vous êtes au Gouvernement. Entre Sarkozy et Chirac, décidément, le courant ne passe pas ?
R - "Ce sont deux personnalités fortes, bien évidemment. Je ne dis pas que "le courant ne passe pas", mais encore une fois, ce sont deux ambitions, deux personnalités, deux hommes d'Etat aussi. Pardonnez-moi, mais plutôt que de parler effectivement de ces confrontations, qui sont quelquefois un peu tendues, parlons de ce qui se fait sur le terrain : la réforme de l'assurance maladie, c'est en route ! L'ouverture du capital d'EDF également"
Q - Imaginez-vous Sarkozy hors du gouvernement, s'il est élu à la présidence de l'UMP ? C'est la règle ?
R - "Il semble que le président de la République ait établi une règle. Il faudra s'y conforter."
(source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 23 juillet 2004)
Europe 1 - 26 juillet 2004
M. Tronchot - Le Tour de France 2004 s'est achevé hier. Vous l'avez suivi et même parfois accompagné. Quelles impressions vous laisse cette édition ? Celle d'un cyclisme qui se porte bien, mieux, qui récuse les tricheurs, qui sait encore mieux qu'avant les cacher ?
R - "Qui fait en sorte, comme l'ont fait les organisateurs du Tour, d'isoler les tricheurs, ceux qui veulent détruire cette image qui est un peu notre patrimoine. Je les accompagne dans cette démarche avec l'ensemble du mouvement sportif et des gouvernements qui tentent de lutter contre le dopage. Je crois que c'est un Tour, qui, par exemple, en écartant ceux qui étaient impliqués dans des affaires de trafics de produits dopants, a démontré qu'il fallait continuer, en permanence, de façon quotidienne, à lutter contre ce fléau."
M. Tronchot - Cela veut dire que le principe de précaution peut s'appliquer ?
R - "Il faut qu'il s'applique. Je ne suis pas naïf non plus. Certains me parlent de "compétition propre" - je ne parle pas que du Tour mais d'autres épreuves -, regardez ce qui s'est passé en athlétisme ces dernières semaines, aux Etats-Unis. Il faut, en permanence, être en cohérence au niveau international. Il faut faire en sorte, par exemple en appliquant le code mondial anti-dopage, de traquer les dopés et ceux qui les aident à se doper partout dans le monde. C'est seulement à ce prix que nous arriverons à être efficaces et surtout à être lisibles pour tous les passionnés de sport, et encore une fois, pour faire en sorte d'éradiquer, d'écarter tous ceux qui veulent tricher."
M. Tronchot - Quand vous voyez L. Armstrong, à qui, bien sûr, il n'est pas interdit d'être un super champion, vous avez l'impression qu'il marche au super ou à l'ordinaire ?
R - "Encore une fois, je n'ai pas d'avis à donner sur tel ou tel coureur. Il en est à son sixième tour ; je crois qu'il faut reconnaître cette performance, comme celle de Virenque avec ses sept maillots à pois rouges. Et puis aussi parler des jeunes, d'un Voeckler, par exemple, qui nous a quand même apporté une sacrée bouffée d'oxygène ; de coureurs comme Moreau que j'avais vu à Chartres, à l'arrivée d'une étape au sein de son équipe Crédit Agricole ; en voyant également les assistants techniques, les kinés, le médecin et tous ceux qui préparent une équipe au Tour de France. Je crois qu'il faut résolument être tourné vers l'avenir, mais faire en sorte, encore une fois, que cette organisation soit la plus transparente possible."
M. Tronchot - Vous aviez rencontré en début d'année J.-C. Robin, qui vous avait dit que le cyclisme était peut-être mal qu'en 1998. Vous-même, vous parlez parfois d' "un monde de consanguinité", "d'arrangement." Quels moyens reste-t-il aujourd'hui pour évacuer cette méchante impression ?
R - "L'avenir du sport, mais du cyclisme en particulier, c'est cette ouverture sur son environnement. C'est bien d'offrir la possibilité à d'anciens coureurs de trouver du travail au sein des organisations. Mais je crois aussi que le cyclisme doit pouvoir trouver ailleurs d'autres compétences, d'autres expériences, d'autres savoir-faire, pour, encore une fois, ouvrir ce monde. J'ai l'impression, encore une fois, que cette culture du cyclisme, qui veut que tout le monde se retrouve, carrière terminée... "
M. Tronchot - Les anciens coureurs deviennent des entraîneurs...
R - "C'est une très bonne chose. Je trouve que ce principe de solidarité est bon, mais je crois aussi qu'il faut aller chercher des expériences là où elles sont, le savoir-faire là où il est, la règle et la loi là où elles sont. Le 23 janvier dernier, j'avais demandé à ce que les masseurs soient des kinésithérapeutes. Pas simplement pour ennuyer les assistants techniques, c'est simplement pour respecter la loi dans notre pays."
M. Tronchot - Cela a eu du mal à passer...
R - "Mais c'est passé. J'ai rencontré un des assistants techniques du Crédit Agricole, je lui ai expliqué. Je lui ai même proposé que son métier soit reconnu. Je travaille, au niveau du ministère, à faire en sorte que cette formation soit conclue par un diplôme, qui permette, là aussi, de reconnaître un savoir-faire, une expérience, mais pas celle qui correspond à un diplôme de kinésithérapeute."
M. Tronchot - Quelqu'un comme L. Armstrong, qui se spécialise sur une course ou presque, le Tour de France, on est toujours dans l'esprit du sport ?
R - "Bien évidemment. Quand vous êtes un grand sportif, un champion de haut niveau, il faut savoir choisir ses objectifs, il faut s'y préparer. On ne peut pas faire, de toute façon, deux ou trois grands tours sur une saison ; c'est impossible. Qu'il ait choisi le Tour de France est une bonne chose pour le Tour. Cela lui a permis de se préparer dans les meilleures conditions, comme l'ont fait d'autres grands champions avant lui."
M. Tronchot - D. Baal, qui était, il n'y a pas si longtemps un des dirigeants du Tour, propose de mettre en place une carte d'identité biologique et physiologique qui permette d'analyser, au fil des ans, l'évolution d'un certain nombre de paramètres, afin de réussir à dépister...
R - "D. Baal évoque un dispositif qui existe déjà, qui s'appelle le suivi longitudinal dans notre pays. Il est mis en place, et d'ailleurs, pour la première fois, dans notre pays aussi, nous avons lié ces examens réguliers au cours d'une année, avec un certificat de non contre-indication. C'est-à-dire, pour la première fois, on ne rompt pas le secret médical, mais on permet à un médecin, quand le médecin estime que le sportif n'est plus apte à faire de la compétition, de l'arrêter et de le faire savoir, ce qui n'était pas le cas précédemment. C'est un peu cette carte d'identité biologique qui pourrait être mise en place ; l'UCI - l'Union cycliste internationale - le met également en place au niveau international. Je l'ai également demandé, par exemple, à la Fédération française d'athlétisme. Ce sera dans le projet de loi que je déposerai à l'automne. On va généraliser ce dispositif à l'ensemble des sports avant la fin de l'année."
M. Tronchot - L'étape très courue - dans tous les sens du terme - de L'Alpe-d'Huez, ne vous a pas fait peur à certains moments ? Le sportif en plein effort, confronté à un public débridé...
R - "Je ne vous cache pas que cette peur a été observée par un très grand nombre d'observateurs et, bien évidemment, surtout par les coureurs. Je crois que ces coureurs avançant devant un mur - il n'y a pas d'autres termes - de spectateurs a montré les limites de l'exercice. Il faudra très certainement que les organisateurs du Tour - je crois que J.-M. Leblanc, C. Prudhomme y travaillent déjà - revoient un peu cette organisation. Les coureurs sont en danger, et les spectateurs, de même."
M. Tronchot - Quel rôle pouvez-vous avoir ? Celui de recommandation ?
R - "Oui, de recommandation, parce que, vous le savez, l'organisation du Tour est une organisation privée. Il faudra que la Fédération française de cyclisme participe au tour de table qui permettra de trouver, non pas une sorte de canalisation de cet engouement populaire, mais faire en sorte qu'au moins les coureurs soient respectés lors de telle étape."
M. Tronchot - Le problème du sport aujourd'hui, est-ce que ce n'est pas la conséquence du désir de spectacle, de commercialisation du spectacle, et donc de nécessité à tout prix de la performance ?
R - "C'est un difficile équilibre, je le reconnais bien volontiers, entre cette volonté d'apparaître, d'exister, entre autres au travers des médias, et puis celui du respect des règles de la compétition. Cet équilibre, aujourd'hui, est encore respecté. Il faut que nous soyons, tous ensemble - Gouvernement, mouvement sportif - très vigilants à ce que nous ne basculions pas uniquement dans le tout-spectacle. Une des conditions pour maintenir cet équilibre fragile, c'est celui de l'unité du sport. Le jour où vous aurez d'un côté le sport-spectacle de très haut niveau, professionnel, et de l'autre, le sport amateur, et que des liens n'existeront pas entre eux, alors là, je crois qu'effectivement, le sport sera en danger. C'est tout l'enjeu, et c'est d'ailleurs tout le principe de la loi que j'ai fait voter en août 2003 sur le sport : c'est maintenir à tout prix son unité et qu'il existe des passerelles entre sport professionnel et sport amateur, que les amateurs se sentent totalement investis, se sentent totalement à l'aise dans ce monde professionnel."
M. Tronchot - Il y a aussi des sports où la performance est en train de tuer l'intérêt, comme en Formule 1, par exemple.
R - "On connaît à chaque fois le problème lié à l'hégémonie de telle ou telle écurie, de tel ou tel coureur. Il faut dire que Schumacher est quand même un pilote exceptionnel, et son écurie Ferrari, avec J. Todt à sa tête, fait des prouesses. C'est vrai que cela tue un peu le spectacle. On sait que la FIA - la fédération internationale automobile - cherche à tout prix à essayer de lisser un peu cette différence entre Ferrari et les autres équipes. Rappelons quand même que Renault est en train de remonter son retard avec beaucoup de panache et je suis persuadé que dans la deuxième partie du championnat, Renault va être présent au plus niveau et sur les podiums. Mais c'est vrai qu'il y a besoin, surtout pour les sports mécaniques, de trouver le moyen d'avoir de l'homogénéité du peloton. En tout cas, dans des différentes écuries."
M. Tronchot - On peut prétendre, nous Français, à combien de médailles à Athènes ?
R - "Avant de parler de médailles, parlons de la position de la France dans le concert des grandes nations. Nous étions revenus de Sydney à la 6ème place ; je crois qu'il faut maintenir à tout prix cette place, c'est notre rang. Si nous pouvions accrocher la 5ème, ce serait encore mieux, mais maintenons cette 6ème place. En termes de médailles, je vous dirais de l'ordre de 30 à 35 médailles serait un bon résultat, mais il n'y a pas que cela. Ce que je demande vraiment à chaque fois que je rencontre des équipes de France sur leur lieu d'entraînement, c'est d'avoir le panache, c'est d'avoir cette détermination, cette volonté sans faille d'aller chercher des médailles. Ce n'est pas simplement la couleur du métal ou la médaille elle-même qui compte, c'est la façon dont on va les chercher. C'est tout ce que je leur dis à chaque fois que je rencontre nos grands champions qui se préparent."
M. Tronchot - Il y a des jeux du Common Wealth ; pourquoi est-ce qu'à l'heure où l'Europe se met à 25, il n'y aurait pas un jour des Jeux Olympiques européens, au-delà des coupes et des championnats ?
R - "Les JO, c'est l'universalité du sport, c'est la représentation de l'ensemble des continents. Au niveau du continent européen, il existe des championnats qui déterminent la participation sur, ou bien une implantation géographique, ou bien l'appartenance, par exemple à l'Union européenne. Cela existe déjà. Il faut maintenir cette représentation et cette identité nationale. Quand un Français vous dit qu'il a peur de la construction européenne, de quoi a-t-il peur ? Il a peur de perdre son identité. Je crois qu'au travers du sport, il retrouve cette identité, mais selon un certain nombre de règles. Ce n'est pas une identité exacerbée, c'est un identité où on est fier de son équipe, on est fier qu'elle participe à un grand championnat, qu'elle participe à des Jeux. Je crois qu'il faut maintenir, là aussi, cette capacité à s'identifier à son équipe et à ses joueurs."
M. Tronchot - Un joueur comme Drogba, qui est vendu 37 et quelques millions d'euros, qu'est-ce que cela vous fait ?
R - "Je suis dans le même état d'esprit que C. Boucher, quand il dit que cela aurait été une erreur de ne pas vendre Drogba, alors que la plus-value était très importante. On peut le regretter pour l'OM, bien évidemment. Mais là, la plus-value était vraiment importante. Cela pose un vrai problème, celui de l'attractivité des clubs français - j'y travaille avec F. Thiriez. D'ailleurs, deux députés de la majorité, dont E. Landrain, vont déposer une proposition de loi à l'automne qui va permettre de rendre les clubs plus attractifs. Voilà comment nous travaillons à faire en sorte que les meilleurs footballeurs, qui évoluent dans ce championnat, puissent y rester."
M. Tronchot - Vous êtes aussi chargé de la vie associative. Finalement, est-ce que ce n'est pas l'aspect le plus sympa du job ? Vous voulez plus d'engagement associatif, plus de bénévoles - on les connaît tous : on leur emmène nos gosses sur un stade à 7 heures du matin pour une journée -, et on a parfois l'impression que les vrais sportifs, c'est eux...
R - "Oui, bien évidemment, et pas simplement dans le domaine du sport, dans le domaine culturel, caritatif, humanitaire. [...]"
M. Tronchot - Il n'y en a pas assez ?
R - "Il n'y en a pas assez, ils ne sont pas suffisamment reconnus. Je déposerai, au mois d'octobre, un projet de loi sur le volontariat. Le volontariat, c'est la forme la plus aboutie du bénévolat. Vous aurez donc un bénévole qui consacrera de façon exclusive tout son temps à une action bénévole, à une action associative. Voilà comme je compte reconnaître cet engagement. C'est un grand pas qui permettra, entre autres, aux grands réseaux associatifs, mais également aux petites associations, de trouver les moyens de porter un projet en direction d'une population, qui peut être une population de jeunes en difficulté, une population de jeunes des quartiers, mais aussi de personnes âgées. Et reconnaître, effectivement, de façon beaucoup plus visible, cet engagement bénévole."
(Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 juillet 2004)