Texte intégral
Q - Sous quelles conditions la France rétablira-t-elle ses relations diplomatiques avec la RFY ?
R La responsabilité de la rupture des relations diplomatiques avec la France, plusieurs autres pays européens et les Etats-Unis incombe au régime de Belgrade, qui l'a décidée. Pour notre part, la reprise de relations normales avec Belgrade passe nécessairement par un changement démocratique en RFY.
Compte tenu de l'absence de relations diplomatiques, nous sommes représentés à Belgrade par une section d'intérêts au sein de l'Ambassade de Suisse. Nous soutenons les efforts de démocratisation de la société civile, nous voulons l'ouvrir vers l'extérieur, et faciliter la venue en France de tous ceux qui feront la Serbie démocratique et européenne de demain.
Q - La France distinguera-t-elle entre les Yougoslaves et le régime de Monsieur. Milosevic ?
R - Nous avons toujours établi une distinction très claire entre le régime de Monsieur. Milosevic et la population, qui est la principale victime de la politique de M. Milosevic. C'est cette préoccupation qui guide notre politique en matière de sanctions. La France souhaite le maintien voire le renforcement des sanctions qui visent directement le régime mais s'est prononcée, dès le mois d'octobre, en faveur de la levée des sanctions qui pèsent sur la population, à savoir l'embargo aérien et l'embargo pétrolier.
Nous estimons en effet que la levée des ces sanctions profiterait non au régime mais à une société qui a besoin d'ouverture sur l'extérieur et d'un signal fort de soutien de la part des Européens. Le programme "Energie pour la démocratie" de l'Union Européenne, qui va être étendu à plusieurs villes d'opposition, en dépit de la volonté du régime de faire obstacle et de ralentir sa mise en oeuvre, a constitué un premier pas en avant. Il reste insuffisant : il faut aller plus loin, et tout de suite, comme nous le demande l'opposition, et dans le cadre de notre dialogue avec elle, afin de faciliter l'indispensable changement à Belgrade. Nous avons bon espoir d'obtenir à brève échéance la levée ou la suspension des embargos aérien et pétrolier.
Q - Par quels moyens la France aidera-t-elle au processus de démocratisation en Yougoslavie ?
R - Nous continuerons à aider, avec détermination, les différentes composantes de l'opposition démocratique serbe à produire un vrai changement en RFY. Mais cette responsabilité incombe aux Serbes.
Nous souhaitons l'unification de l'opposition. La déclaration commune du 10 janvier des 16 partis d'opposition marque une avancée importante. Elle confirme la volonté de l'opposition de mettre fin à la politique d'isolement de la RFY de M. Milosevic, elle esquisse les lignes d'un programme commun de l'opposition, et engage une dynamique d'unification. Nous espérons que ce processus se consolidera.
Nous allons poursuivre notre dialogue avec l'opposition, notamment dans le cadre de l'Union Européenne. J'ai reçu à Paris plusieurs responsables de l'opposition,
M. Djindjic, M. Dinkic, et M. Draskovic. Plusieurs rencontres ont déjà été organisées autour de l'opposition démocratique serbe : le 22 novembre en marge du Sommet d'Istambul, le 17 décembre à Berlin, ainsi qu'à Budva les 2 décembre et 19 janvier. Nous avons commencé à discuter avec elle du soutien que nous souhaitons apporter à une RFY démocratique.
Tous nos efforts visent un même objectif : une RFY démocratique et pacifique, ayant renoncé au nationalisme intolérant qui a produit tant de conséquences tragiques, et ayant retrouvé la place qui est la sienne en Europe. Nous souhaitons que le peuple serbe rejoigne la famille européenne : c'était le sens du message adressé au peuple serbe par l'Union Européenne lors de la réunion de lancement du pacte de stabilité, à Sarajevo, le 30 juillet. Le maintien du régime de Milosevic rend impossible cette évolution. Le peuple serbe en est aujourd'hui conscient. C'est à lui d'avoir ce sursaut démocratique que nous attendons. Les Croates ont montré, en votant massivement pour l'opposition, c'est à dire pour le changement et la démocratie, que ce sursaut était possible, malgré la pression du régime. Il est possible également en RFY.
Q - Comment la France voit-elle l'avenir du Kosovo ?
R - La résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies fonde notre action au Kosovo. Le cap fixé est ambitieux : assurer la sécurité pour tous, jeter les bases d'une vraie coexistence entre les communautés, organiser des élections, mettre en place des institutions provisoires permettant une administration autonome et démocratique, dans l'attente d'un règlement politique. Les obstacles à surmonter sont sérieux. Les résistances sont fortes. Mais la MINUK et la KFOR ont déjà accompli, en un peu plus de six mois, un travail remarquable : l'UCK a été démilitarisée, des structures intérimaires pour la co-administration du Kosovo se mettent en place, les structures parallèles sont en voie d'être démantelées, des élections locales sont prévues pour la fin de l'été ou le début de l'automne.
La situation des Serbes du Kosovo demeure une préoccupation. Des moyens considérables sont déployés pour assurer leur sécurité. Le Représentant spécial du Secrétaire général s'emploie à mettre en oeuvre son "agenda pour la coexistence" qui comprend un ensemble de mesures destinées à protéger plus efficacement les Serbes et les autres communautés et à leur assurer un accès aux services publics de base. Tout doit être fait pour permettre aux Serbes qui ont été déplacés en Serbie de revenir au Kosovo. Nous observons déjà des premiers mouvements de retours, à Pecs, dans le secteur de Gnjilane. C'est un signe encourageant. Le RSSGNU s'efforce de convaincre les responsables serbes de participer aux structures intérimaires de co-administration. Les Serbes n'ont aucun intérêt à pratiquer la politique de la chaise vide. Leur intérêt est de coopérer avec la MINUK, comme ils le font, d'ailleurs, dans plusieurs municipalités. Les Serbes du Kosovo doivent prendre leurs responsabilités.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 février 2000)
R La responsabilité de la rupture des relations diplomatiques avec la France, plusieurs autres pays européens et les Etats-Unis incombe au régime de Belgrade, qui l'a décidée. Pour notre part, la reprise de relations normales avec Belgrade passe nécessairement par un changement démocratique en RFY.
Compte tenu de l'absence de relations diplomatiques, nous sommes représentés à Belgrade par une section d'intérêts au sein de l'Ambassade de Suisse. Nous soutenons les efforts de démocratisation de la société civile, nous voulons l'ouvrir vers l'extérieur, et faciliter la venue en France de tous ceux qui feront la Serbie démocratique et européenne de demain.
Q - La France distinguera-t-elle entre les Yougoslaves et le régime de Monsieur. Milosevic ?
R - Nous avons toujours établi une distinction très claire entre le régime de Monsieur. Milosevic et la population, qui est la principale victime de la politique de M. Milosevic. C'est cette préoccupation qui guide notre politique en matière de sanctions. La France souhaite le maintien voire le renforcement des sanctions qui visent directement le régime mais s'est prononcée, dès le mois d'octobre, en faveur de la levée des sanctions qui pèsent sur la population, à savoir l'embargo aérien et l'embargo pétrolier.
Nous estimons en effet que la levée des ces sanctions profiterait non au régime mais à une société qui a besoin d'ouverture sur l'extérieur et d'un signal fort de soutien de la part des Européens. Le programme "Energie pour la démocratie" de l'Union Européenne, qui va être étendu à plusieurs villes d'opposition, en dépit de la volonté du régime de faire obstacle et de ralentir sa mise en oeuvre, a constitué un premier pas en avant. Il reste insuffisant : il faut aller plus loin, et tout de suite, comme nous le demande l'opposition, et dans le cadre de notre dialogue avec elle, afin de faciliter l'indispensable changement à Belgrade. Nous avons bon espoir d'obtenir à brève échéance la levée ou la suspension des embargos aérien et pétrolier.
Q - Par quels moyens la France aidera-t-elle au processus de démocratisation en Yougoslavie ?
R - Nous continuerons à aider, avec détermination, les différentes composantes de l'opposition démocratique serbe à produire un vrai changement en RFY. Mais cette responsabilité incombe aux Serbes.
Nous souhaitons l'unification de l'opposition. La déclaration commune du 10 janvier des 16 partis d'opposition marque une avancée importante. Elle confirme la volonté de l'opposition de mettre fin à la politique d'isolement de la RFY de M. Milosevic, elle esquisse les lignes d'un programme commun de l'opposition, et engage une dynamique d'unification. Nous espérons que ce processus se consolidera.
Nous allons poursuivre notre dialogue avec l'opposition, notamment dans le cadre de l'Union Européenne. J'ai reçu à Paris plusieurs responsables de l'opposition,
M. Djindjic, M. Dinkic, et M. Draskovic. Plusieurs rencontres ont déjà été organisées autour de l'opposition démocratique serbe : le 22 novembre en marge du Sommet d'Istambul, le 17 décembre à Berlin, ainsi qu'à Budva les 2 décembre et 19 janvier. Nous avons commencé à discuter avec elle du soutien que nous souhaitons apporter à une RFY démocratique.
Tous nos efforts visent un même objectif : une RFY démocratique et pacifique, ayant renoncé au nationalisme intolérant qui a produit tant de conséquences tragiques, et ayant retrouvé la place qui est la sienne en Europe. Nous souhaitons que le peuple serbe rejoigne la famille européenne : c'était le sens du message adressé au peuple serbe par l'Union Européenne lors de la réunion de lancement du pacte de stabilité, à Sarajevo, le 30 juillet. Le maintien du régime de Milosevic rend impossible cette évolution. Le peuple serbe en est aujourd'hui conscient. C'est à lui d'avoir ce sursaut démocratique que nous attendons. Les Croates ont montré, en votant massivement pour l'opposition, c'est à dire pour le changement et la démocratie, que ce sursaut était possible, malgré la pression du régime. Il est possible également en RFY.
Q - Comment la France voit-elle l'avenir du Kosovo ?
R - La résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies fonde notre action au Kosovo. Le cap fixé est ambitieux : assurer la sécurité pour tous, jeter les bases d'une vraie coexistence entre les communautés, organiser des élections, mettre en place des institutions provisoires permettant une administration autonome et démocratique, dans l'attente d'un règlement politique. Les obstacles à surmonter sont sérieux. Les résistances sont fortes. Mais la MINUK et la KFOR ont déjà accompli, en un peu plus de six mois, un travail remarquable : l'UCK a été démilitarisée, des structures intérimaires pour la co-administration du Kosovo se mettent en place, les structures parallèles sont en voie d'être démantelées, des élections locales sont prévues pour la fin de l'été ou le début de l'automne.
La situation des Serbes du Kosovo demeure une préoccupation. Des moyens considérables sont déployés pour assurer leur sécurité. Le Représentant spécial du Secrétaire général s'emploie à mettre en oeuvre son "agenda pour la coexistence" qui comprend un ensemble de mesures destinées à protéger plus efficacement les Serbes et les autres communautés et à leur assurer un accès aux services publics de base. Tout doit être fait pour permettre aux Serbes qui ont été déplacés en Serbie de revenir au Kosovo. Nous observons déjà des premiers mouvements de retours, à Pecs, dans le secteur de Gnjilane. C'est un signe encourageant. Le RSSGNU s'efforce de convaincre les responsables serbes de participer aux structures intérimaires de co-administration. Les Serbes n'ont aucun intérêt à pratiquer la politique de la chaise vide. Leur intérêt est de coopérer avec la MINUK, comme ils le font, d'ailleurs, dans plusieurs municipalités. Les Serbes du Kosovo doivent prendre leurs responsabilités.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 février 2000)