Déclaration de M. François Baroin, secrétaire général de l'UMP, sur son rôle au sein de l'UMP, Le Bourget le 28 novembre 2004.

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Circonstance : Congrès de l'UMP au Bourget (Seine-Saint-Denis) le 28 novembre 2004

Texte intégral

Mes chers amis,
Puisque nous sommes tous rassemblés maintenant, que nous sommes tous ensemble, c'est pour moi l'occasion de vous parler franchement et de vous dire les choses : j'ai un problème avec cette élection.
Pas une seconde je n'avais envisagé me retrouver devant vous aujourd'hui dans cette situation si particulière.
Je veux vous faire partager mon malaise Voilà : je suis censé n'être favorisé d'aucune confidence sur l'issue du scrutin et dans quelques instants, Robert PANDRAUD doit proclamer les résultats. Je dois m'exprimer avant deux candidats malheureux - et donc un candidat heureux Pour cette ouverture en plénière, nous sommes au comble du suspens Alors que faire ?
En désespoir de cause, je vais tenter de me fier à mon intuition politique en priant, sans être une confession - vous connaissez mes engagements laïcs - pour ne pas me tromper. Hypothèse de travail : un Nicolas devient le nouveau Président de l'UMP. Et bien, dans cette hypothèse, je voudrais lui adresser toutes mes félicitations et lui souhaiter bonne chance !
J'en profite également pour saluer Christine et donc l'autre Nicolas qui continueront, avec le talent que chacun leur connaît, à faire entendre leurs voix et à se battre pour nos valeurs.
Cela étant, j'ai longtemps songé à ce que j'allais pouvoir vous dire aujourd'hui Cet exercice est difficile.
J'aurais pu développer de longues considérations sur le rôle institutionnel d'un grand parti comme le nôtre, de son devenir au regard de l'instauration du quinquennat. J'aurais pu en toute logique dresser le bilan politique de mi-mandat, ou vous asséner des évidences sur le fait que l'UMP, en ce jour, entre dans une nouvelle phase. J'aurais pu ne pas vous épargner le couplet du travail à accomplir en vue de 2007 - couplet qui pourrait en outre passer pour doctoral. Loin de moi également l'idée de me lancer dans une analyse alambiquée de la situation politique actuelle.
Je pourrais aussi vous parler de la France qui se trouve à la croisée des chemins, entre la montée du communautarisme et la difficulté - mais la nécessité - de faire vivre notre idéal républicain ; entre une croissance ressourcée et l'impératif de la solidarité nationale Je ne vais pas entonner la chanson de la voix de la France en Europe et dans le monde ni prononcer un discours à la Castro sur la Réforme de l'Etat ou la décentralisation
Finalement, tout cela manquerait beaucoup d'humanité pour un moment comme celui-ci.
D'un autre côté, puisque mes fonctions de Secrétaire général délégué prennent fin, je ne voulais pas non plus verser dans une autre extrémité en rédigeant mon testament. Je n'écris pas encore mes mémoires. Je n'ai pas encore commencé à compter mes points retraite, et par les vertus implacables de l'Etat civil, au compteur de la vie, je ne suis pas encore à l'heure où les lions vont boire
Alors si ce n'est pas un bilan, si ce n'est pas un testament, ce sera un sentiment.
Et d'abord celui d'avoir rempli la mission que m'avait confié Alain JUPPE et le Bureau politique : préserver et garantir l'unité de l'UMP.
Nous savons combien la notion de " famille politique " est galvaudée, à quel point elle apparaît comme un cliché. Depuis mon entrée en politique, je ne me suis pourtant jamais détaché de cette idée de famille. Sans y regarder de plus près, on pourrait penser qu'il s'agit là d'une formule toute faite. Lorsqu'en politique on utilise cette expression, elle apparaît souvent comme un faux-semblant, pour signifier une cohésion de façade. On dit " famille " pour dire " tout va pour le mieux ", et chacun comprend " tout va mal ". C'est Tartuffe parmi les siens. C'est réduire la famille à une utopie : celle au sein de laquelle tout irait toujours bien. Je n'ai jamais pensé cela. Je vis effectivement mon engagement politique comme au sein d'une famille. C'est-à-dire en étant conscient de ses forces, mais aussi de ses faiblesses. Il y a des moments de grande joie et des moments difficiles, des regards qui s'échangent, des portes qui claquent, des déchirements, des réconciliations Bref, ce n'est pas toujours un long fleuve tranquille.
Mais l'essentiel, c'est ce qui nous unit. Ce sont nos liens. Ce sont ceux des valeurs communes que nous avons tous envie de porter et de défendre. C'est ce qui rassemble face à l'adversité. C'est faire bloc lorsqu'il y a un coup dur. C'est ne pas se tromper d'adversaire. C'est assumer, et même, bien sûr, affirmer ses différences. Mais sans perdre de vue que nous sommes tous en quelque sorte du même sang.
Alors, regardons-nous et constatons : j'ai la faiblesse d'avoir la prétention de m'affirmer gaulliste, et les gaullistes sont là ; je n'appartiens pas à la famille libérale, et les libéraux sont là ; je ne suis pas centriste, et les centristes sont là Permettez-moi de partager cette joie simple avec vous. Car, pour le militant que je suis avant tout, ce qui prime, c'est effectivement l'unité de notre famille. C'est sa force capable de transcender toutes les dissensions. Préserver cette unité, c'est préserver cette famille qui donne tout son sens à notre engagement politique.
Alain JUPPE m'a donc témoigné sa confiance en me donnant cette mission. Elle reposait sur deux idées simples : l'Unité et le Respect. Je viens de parler d'unité. Quant au respect, je voudrais simplement dire que c'est le sentiment qui m'anime lorsque je vous regarde, lorsque je pense au travail militant de tous les jours ; lorsque je pense à nos Secrétaires de circonscription, à nos Secrétaires départementaux ; lorsque je pense aux permanents du Siège qui ont préparé ce Congrès pour vous ; lorsque je pense à tous les élus qui portent nos couleurs, et lorsque je pense aujourd'hui avec vous à Alain JUPPE.
Mes chers amis,
Il me reste à conclure. Vous le savez peut-être, ces derniers temps, on m'a souvent comparé à Harry Potter, jeune héros qui grandit d'aventure en aventure dans un monde rempli de malices. C'est une comparaison flatteuse et un grand honneur étant donné son succès, sa capacité à sortir vainqueur des combats, à dénouer les trames des forces obscures, à conserver le sourire, à inspirer le respect de ses professeurs et l'estime des Moldus, c'est-à-dire des gens ordinaires sans pouvoir C'est une comparaison flatteuse, donc, mais aussi une leçon d'humilité parce que, si l'on m'a comparé à lui, c'est plus à cause des lunettes et des épis que de ses immenses pouvoirs.
Je voudrais néanmoins - juste retour des choses - citer une phrase tirée de l'une de ses aventures : " Ce sont nos choix qui montrent ce que nous sommes vraiment, beaucoup plus que nos aptitudes ". Ce qui revient à dire que la volonté, la détermination, l'action, l'engagement, nous façonnent plus sûrement que des capacités qui pourraient rester inemployées.
Et puis l'UMP, ce n'est pas sorcier. C'est d'abord se respecter. C'est parfois se mesurer. Mais c'est toujours, à la fin, se rassembler. Entre nous, ici, à l'UMP, ce que nous faisons. Se rassembler autour de ceux qui nous représentent au Gouvernement, qui accompagnent le Premier Ministre dans sa grande tâche. Se rassembler enfin autour de celui investi de la plus haute légitimité, celui qui fixe le cap, qui donne les grandes orientations, celui qui porte et qui incarne l'Idéal français en Europe et dans le monde, le Président de la République.
Il est donc temps d'en finir. Si d'aventure la Bonne Mère, comme dirait Jean-Claude GAUDIN, et vos suffrages faisaient en sorte que le Nicolas auquel tout le monde pense soit élu à la tête de notre Parti, je tiens de nouveau à le féliciter, en me réjouissant qu'un homme de sa trempe et aux innombrables qualités vienne diriger l'UMP !
Quant à moi, mes chers amis, je voulais vous dire qu'avec vous ici, à l'UMP, on se retrouvera, parce qu'on ne se quittera pas !

(Source http://www.u-m-p.org, le 8 décembre 2004)