Déclaration de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur les relations franco-tchadiennes, la démocratisation et sur l'investissement pour développer les ressources propres du pays, N'Djamena le 9 septembre 1998.

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Circonstance : Voyage de M. Josselin au Tchad le 9 septembre 1998

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur l'Ambassadeur,
Messieurs les Députés,
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie, Monsieur l'Ambassadeur, de me donner l'occasion, dès mon arrivée à Ndjamena, de cette rencontre à la résidence de France avec nos hôtes et avec nos compatriotes. Je souhaitais en effet que ma première visite au Tchad fût placée sous le signe de l'échange et de la confiance.
Nos deux pays savent, d'une longue fréquentation mutuelle, d'une estime et d'un attachement indéniablement profonds l'un pour l'autre, qu'ils ont tout à attendre du dialogue. La France, en reprenant de fond en comble son dispositif de coopération internationale, en fait aujourd'hui l'élément essentiel d'une relation qui était attendue de beaucoup de ses amis : la solidarité n'est pas l'assistance. C'est une volonté d'agir ensemble vers le développement, dans le respect mutuel et une compréhension partagée des contraintes dont le contexte actuel n'est pas avare.
Le Tchad de son côté connaît ses contraintes et veut en desserrer l'étreinte ; il souhaite aborder l'avenir avec confiance ; quelque difficulté qu'il connaisse, il n'est pas dépourvu d'atouts, et il a su montrer sa volonté et sa capacité de les mettre en valeur. C'est donc un message de confiance et de compréhension que je suis venu porter, d'abord. Car dans les échéances à venir, chacun perçoit que notre partenariat pourra être utile au Tchad dans la conduite de ses plus grandes entreprises mais qu'il ne peut l'être qu'à la condition d'être franc et sans détour.
Son engagement solidaire, la France a eu et aura encore bien des occasions d'en apporter la preuve au Tchad. Lorsqu'elle prend acte des progrès accomplis dans l'assainissement des finances publiques et l'encourage à poursuivre les réformes économiques propices à donner confiance à la communauté internationale, elle ne lui épargne pas l'effort, auquel du reste dans le système financier et commercial international nous sommes tous assujettis. Mais elle ne marchande pas de son côté sa voix pour que la communauté internationale procure au Tchad les ressources lui permettant d'assumer ses grands équilibres budgétaires et elle y apporte d'ailleurs une contribution significative.
Lorsque demain le Tchad, sous l'égide du PNUD, communiquera à ses partenaires économiques et financiers ses priorités de développement et exposera les programmes qu'il souhaite lui voir soutenir, la France, elle-même engagée par sa coopération bilatérale dans de nombreux domaines projets, saura, lui apporter également son soutien. L'exercice est toujours difficile car nous savons bien aujourd'hui combien la conviction doit être grande et combien l'efficacité prouvée, démontrée pour drainer vers les projets de développement les moyens que le seul budget national ne peut leur procurer. Il n'y a là aucune leçon à donner, aucune vérité à recevoir, ce sont les faits tels qu'ils sont et qui exigent de tous les Etats une rigueur qui est tout simplement la règle commune.
Lorsqu'enfin le Tchad se tourne vers son avenir et qu'il envisage avec espoir la possibilité du nouveau départ que lui promettent les ressources de son sous-sol, nous nous en réjouissons sincèrement. Car c'est la promesse d'une indépendance accrue et d'une richesse dont le pays attend une distribution égale pour son développement.
Déjà très avancé, ce projet rencontre assez naturellement les soutiens et les difficultés que tout grand projet de ce type suscite. Attente légitimement impatiente chez les uns, inquiétude chez ceux que l'expérience a pu instruire des conséquences parfois difficiles d'une telle entreprise. Les plus sages savent bien qu'entre l'illusion et la dramatisation, toutes deux excessives, un tel projet doit cheminer, sous la vigilance des autorités, de leur volonté de réussir, en l'entourant de toutes les garanties nécessaires justement pour qu'il réussisse. Aux uns et aux autres, la France n'a d'autre message à apporter que celui de la mesure ; seule en effet une telle attitude peut donner confiance aux investisseurs et désarmer les plus vives réserves, pour que l'opinion, le fait de pays libres et ouverts, devienne conviction partagée. Il me semble que sur ce point les accords qui progressivement se nouent sont de bonne augure.
Economie assainie, confiance des bailleurs de fonds, sage gestion des ressources futures qui ne néglige rien des richesses déjà bien gérées, je pense notamment à celles du sol, et au Tchad singulièrement, au coton. Voilà le sens de notre partenariat avec un pays dont nous croyons, je l'ai déjà dit, aux réelles possibilités de développement.
Qu'il se soit engagé avec détermination sur la voie d'un processus démocratique attendu de partenaires qui en partagent les règles ne peut que conforter la confiance qu'il attend d'eux. C'est ce processus qui offrira les meilleures chances de réussite à un projet national profitable à tous. Car la vie démocratique n'est jamais une construction évidente ; elle porte pourtant l'évidence d'une société juste et respectée parce que respectueuse de tous les hommes et toutes les femmes qui, de tout façon, la construisent et pour laquelle elle est faite. Aussi, là encore, ne souhaitons-nous ménager aucun effort aux côtés du gouvernement tchadien pour que, de la force du droit, il fasse l'une des forces les plus estimables du pays.
Mesdames et Messieurs,
J'ai parlé de dialogue et j'ai parlé de convictions partagées. Notre échéance bilatérale prochaine sera celle d'une commission mixte dont je m'entretiendrai avec les hautes autorités de ce pays. C'est un exercice dont j'attends beaucoup et qui illustrera et la confiance dans l'échange et la volonté de tracer l'avenir dans un accord de partenariat qui devrait en être la conclusion, comme une feuille de route fixant les engagements responsables de chacun et la façon de les conduire.
Je mesure nos efforts communs et d'ores et déjà je souhaite vous dire que le premier partenaire bilatéral du Tchad n'a pas le sentiment que ces efforts sont vains. Les difficultés qu'il rencontre parfois, vous les connaissez, et les vivez ensemble. Ce sont celles d'un territoire immense, fortement marqué par sa géographie et par son enclavement, qui pèsent et sur la vie économique au travers des coûts de production, et sur la vie sociale, dépendant d'une gestion avisée des ressources humaines nationales. Ce pays qui a traversé des années de troubles et de guerre, a besoin de stabilité et de paix. Il n'est pas non plus épargné par les aléas climatiques et les inondations que vient de connaître Ndjamena en sont la preuve. La France apportera sa contribution à l'urgence de la situation.
Le Tchad nous offre une hospitalité, une intelligence et une disponibilité humaines dont nos compatriotes savent le secret et qu'ils apprécient. Nous lui offrons en retour notre fidélité, la franchise de l'amitié, notre volonté de le voir réussir.
J'ai dit tous les atouts que je vois au Tchad. C'est le meilleur signe d'espoir que je puisse lui adresser, et il est grand.
Je vous remercie
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2001)