Entretien de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, avec France inter, sur les relations franco-américaines et franco-russes, à Saint Petersbourg le 20 janvier 2005.

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Circonstance : Déplacement en Russie, les 19 et 20 janvier 2005

Média : France Inter

Texte intégral

France Inter : En ligne avec nous, Michèle Alliot-Marie , ministre de la Défense. Bonjour Michèle Alliot-Marie . Merci d'être en communication avec nous parce que vous êtes loin de Paris. Vous êtes à Saint Petesbourg ; vous effectuez une visite de trois jours en Russie dont nous allons dire un mot d'ailleurs tout à l'heure. Parlons d'abord des Etats-Unis si vous le voulez bien, je crois que vous connaissez bien Condoleezza Rice ?
Michèle Alliot-Marie : Oui, tout à fait. Nous avons eu l'occasion de nous rencontrer à plusieurs reprises et d'échanger à la fois dans des périodes où les relations entre nos deux pays étaient détendues, et dans des périodes où elles l'étaient moins. Ce qui a toujours été très intéressant, c'est que nous avons pu nous parler et échanger nos analyses. Cela nous a effectivement permis d'instaurer une vraie relation.
Q. Hier madame Rice a dit : " Le temps est à la diplomatie ". Alors rappelons qu'elle est la nouvelle secrétaire d'Etat. Elle a donc dit : " Le temps est à la diplomatie ". Est-ce que vous pensez qu'effectivement le dialogue avec les Etats Unis sera plus facile maintenant ? Je parle essentiellement du dialogue entre la France et les Etats Unis.
R. Il y a bien évidemment la question des personnes et du dialogue, mais il y a également le fond. Lorsque Condoleezza Rice parle de dialogue et de diplomatie, il est évident qu'elle exprime aussi les intentions du président Bush. C'est donc un message qui est lancé et je pense que c'est un message important. Entre les Etats Unis et la France, il y a de nombreux liens historiques, mais également de nombreux défis à relever ensemble, dont celui du terrorisme. Et je crois qu'il y a effectivement un réel intérêt à agir ensemble. Nous sommes complémentaires et il est bon que notre coopération continue de se développer.
Q. Michel Barnier pour sa part demande un respect mutuel ; il demande que chacun fasse des concessions. Selon vous, ce serait quoi les concessions ?
R. Je n'ai pas à commenter les propos de Michel Barnier. Dans mon domaine, je dirai simplement que nous avons pris l'habitude de travailler ensemble. Je le vois notamment en Afghanistan où avec les militaires américains, nous faisons un travail très important dans le domaine de la lutte contre le terrorisme mais également pour aider à la constitution d'une armée afghane. Nous travaillons également dans d'autres domaines et dans d'autres secteurs géographiques. Ce qui est important, c'est de se connaître et surtout d'agir ensemble.
Q. Condoleezza Rice parlait hier encore des postes avancés de la tyrannie, en citant certains pays, la Corée du Nord par exemple, l'Iran. Quelle est la différence finalement avec l'axe du mal dont parlait George Bush en 2001 ? Est-ce que ce n'est pas qu'une histoire de mots ?
R. Il faudrait poser la question à Condoleezza Rice plutôt qu'à moi pour savoir ce qu'elle veut dire et quelle différence elle fait entre l'axe du mal et l'énumération de ces différents pays. Il est vrai qu'il y a des pays dont le caractère démocratique est loin d'être démontré. Lorsque vous parlez de la Corée du Nord, vous connaissez nos inquiétudes, non seulement sur le régime lui-même, mais également sur la prolifération et le fait que ces pays puissent détenir des armes de destruction massive.
Q. Une dernière question sur les Etats-Unis et les menaces à peine voilées des Etats-Unis à l'encontre de l'Iran. Qu'est-ce que vous en pensez ?
R. Des avancées importantes ont été menées, notamment par la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, par des pays européens donc, pour convaincre l'Iran de renoncer à la création d'armes nucléaires. Il est important que les engagements pris soient effectivement tenus. C'est à la communauté internationale toute entière, mais bien entendu en premier lieu aux pays qui se sont investis dans cette mission, qui revient la mission de faire pression sur l'Iran et de surtout faire comprendre que c'est notre intérêt commun.
Q. Michèle Alliot-Marie, un mot quand même de l'Irak. Aujourd'hui, la situation est toujours aussi tendue. Tendue le mot est faible, la situation est violente. Quel avenir pour l'Irak maintenant avec George Bush mandat numéro deux ?
R. En Irak, le problème aujourd'hui est de permettre aux Irakiens d'avoir réellement le sentiment de retrouver leur souveraineté. Il est évident que les élections constituent une phase importante, mais il n'y a pas que cela. L'Irak est un pays qui a besoin de retrouver un climat de sûreté pour lui permettre de se redresser économiquement ; il est également important que les Irakiens puissent retrouver une vie normale. Le challenge est important et il y a encore beaucoup à faire.
Q. Un mot sur la Russie, est-ce que vous êtes là-bas pour recoller un peu les morceaux après les tensions et l'affaire électorale ukrainienne ?
R. Les relations entre la France et la Russie sont extrêmement anciennes. Les relations que nous avons nouées depuis deux ans avec mon collègue Sergueï Ivanov sont des relations de confiance ; elles nous permettent de faire avancer les dossiers et surtout d'éliminer un certain nombre de tensions que l'on a parfois pu percevoir. Nous avons déjà eu plusieurs réunions, un dîner et une réunion de travail hier soir, une autre réunion ce matin ; elles se sont passées dans un excellent climat : un climat très positif sur le plan de notre coopération à la fois s'agissant des aspects militaires, mais également concernant les perspectives de coopération en matière d'armement. Je pense que c'est important afin de faire face aux défis qui nous sont communs, notamment en matière de lutte contre le terrorisme et d'actions en faveur de la paix dans un certain nombre de régions qui connaissent des situations de crise. C'est également important sur le plan des technologies et de la recherche, c'est-à-dire pour nos entreprises, et par conséquent pour les emplois.
Merci Michèle Alliot-Marie , ministre de la Défense en direct de Saint Petersbourg.
(Source http://www.défense.gouv.fr, le 25 janvier 2005)