Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Recevoir le Premier Ministre du Maroc est assurément un plaisir particulier. Il y a en effet entre nos deux pays tant de sentiments partagés et d'estime réciproque que cet exercice est naturellement agréable et heureux.
Mais aujourd'hui il s'agit d'un moment plus rare encore car jamais nos relations n'ont été plus intenses et, permettez-moi cette note personnelle, le plaisir est d'autant plus grand que c'est vous, Abderrahmane Youssoufi, que nous recevons ce soir, vous que je connais et estime depuis plus de vingt ans.
J'ai pu constater par moi-même à Rabat en décembre dernier combien nos deux pays étaient proches et combien ils partageaient l'ambition d'aller de concert plus loin encore.
Depuis le voyage du Président de la République française au Maroc en 1995, puis la visite d'Etat effectuée l'année suivante par Sa Majesté le Roi du Maroc à Paris, plus de 30 ministres français sont venus à Rabat et un nombre plus important encore de ministres marocains se sont rendus en France. Toutes ces rencontres ont porté leurs fruits et parmi ceux-ci, on doit souligner l'institution de cette Commission Mixte présidée par les deux Premiers Ministres qui devient un grand rendez-vous annuel pour inscrire nos dossiers bilatéraux dans la durée et en assurer le suivi régulier. Portons notamment au crédit de ces rencontres, l'accent mis sur le développement des provinces du nord, le traitement imaginatif de la dette marocaine et l'augmentation en valeur de nos échanges économiques.
Le dialogue politique continu noué entre nous nous permet d'échanger nos vues et d'affiner nos analyses sur les grands sujets diplomatiques. Sur la plupart d'entre eux, nous constatons de larges convergences : qu'il s'agisse du dialogue euroméditerranéen ou de la situation au Proche-Orient. Nos pays sont au Sud et au Nord les intercesseurs naturels du dialogue indispensable entre les deux rives de la Méditerranée. L'esprit de responsabilité et la juste mesure inspirent nos attitudes mais nous ne devons jamais renoncer à nous engager quand la paix ou la sécurité sont en jeu. C'est ainsi que je souhaite rendre hommage au rôle joué en Bosnie par le bataillon marocain, aux côtés des éléments francais, au sein du contingent de la Sfor. Tous s'accordent sur la qualité de la contribution des centaines d'hommes et officiers marocains, qui, comme auparavant en Afrique centrale ou en Somalie, participent de manière exemplaire au maintien de la paix.
Monsieur le Premier Ministre, nous relevons également avec satisfaction qu'il n'existe dans nos relations ni contentieux ni revendication. Tout au plus, devons-nous examiner un sujet de préoccupation, celui des échanges humains. Compte tenu de la proximité de nos deux peuples, et de l'intensité de nos échanges, il n'est ni normal ni satisfaisant que soit exagérement entravée la circulation des personnes. Vous savez que les autorités françaises ont pris la mesure de vos attentes comme des effets négatifs, pour notre pays lui-même, d'une trop sévère restriction des visas. Une nouvelle politique a été engagée, elle portera peu à peu ses fruits et saura, je peux vous en assurer, respecter la dignité des personnes. Elle devrait se concrétiser par une véritable politique de codéveloppement que nous allons élaborer et mettre en oeuvre ensemble.
Nous savons tous, Monsieur le Premier Ministre, que ce qui donne un éclat supplémentaire à votre visite est la novation politique que connaît depuis quelques mois votre pays sous la haute autorité du souverain chérifien. Nous sommes conscients que la désignation du gouvernement d'alternance est l'aboutissement d'un processus entamé de longue date, par lequel le Maroc tout entier a manifesté son profond désir de s'adapter au monde moderne et de jouer pleinement le jeu de l'ouverture.
Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un événement considérable dont les échos et le retentissement ne sont pas seulement médiatiques mais peuvent être exemplaires et contribuer directement à l'évolution des esprits dans d'autres pays. Votre désignation a parachevé l'évolution politique sage mais déterminée qu'a connu votre pays. Inutile de vous dire combien notre appui vous est acquis et combien nous sommes convaincus de votre réussite. Quand la démocratie se perfectionne, quand les droits de l'homme s'ancrent dans la société, quand il y a adhésion populaire, il n'y a pas de raison d'être inquiet.
Certes, le monde est changeant et souvent dangereux, certes les contraintes économiques restreignent les ambitions que nous portons, mais vos atouts sont nombreux.
Vous bénéficiez de la qualité de votre équipe gouvernementale, dont beaucoup de membres sont ce soir parmi nous. Vous avez également, permettez-moi de vous le dire, le soutien sans faille de l'ensemble des autorités françaises. Ce soutien est politique, il continuera à se manifester de manière constante et en premier lieu dans les instances internationales, à Bruxelles comme à l'ONU.
Ce soutien est aussi économique et financier et se traduira concrètement dans des mesures nouvelles et dans des projets communs. J'ai la conviction que demain à l'heure du bilan; nous serons tous deux satisfaits des avancées obtenues.
Il est certain que l'approfondissement de nos relations économiques passera, de plus en plus, par les entreprises. Plus de 600 d'entre elles représentent la France dans votre pays et prennent une part importante à votre développement et à la création d'emplois. Je suis heureux de saluer quelques-uns de ces entrepreneurs parmi nous ce soir. En retour, certains investissements marocains en France démontrent depuis quelques années que le mouvement n'est pas à sens unique. Pour peu que l'environnement réglementaire et juridique des entreprises soit effectivement perfectionné et que soient de plus en plus recherchés des partenariats privés entre entreprises marocaines et françaises, il s'ouvrira de nombreux champs d'action pour le bien commun de nos deux économies.
Permettez-moi, Monsieur le Premier Ministre, de conclure sur un mode plus personnel. Nous sommes heureux de saluer en vous l'homme de conviction qui, au cours des années, a su incarner une fidélité à des convictions pour devenir une référence. Il est juste et il est prometteur que s'accomplisse votre destin. Nous savons qu'en accédant à cette charge, aucune vanité personnelle ne vous a effleuré. Vous avez simplement ressenti toute la responsabilité qui vous était confiée par le souverain et le peuple marocain. Vos principes et vos idées guident les premiers pas de votre Gouvernement. Nous savons la confiance dont vous bénéficiez dans l'opinion marocaine. Vous pouvez aussi être assuré de celle du Gouvernement français.
Pour moi, Monsieur le Premier Ministre, vous ne conduisez pas une " expérience ", vous forgez un maillon de la longue histoire de votre pays auquel vous ferez faire de nouveaux pas en avant. Permettez-moi de lever mon verre à nos deux pays.
Vive le Maroc
Vive la France
Vive l'amitié franco-marocaine.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 31 mai 2001)
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Recevoir le Premier Ministre du Maroc est assurément un plaisir particulier. Il y a en effet entre nos deux pays tant de sentiments partagés et d'estime réciproque que cet exercice est naturellement agréable et heureux.
Mais aujourd'hui il s'agit d'un moment plus rare encore car jamais nos relations n'ont été plus intenses et, permettez-moi cette note personnelle, le plaisir est d'autant plus grand que c'est vous, Abderrahmane Youssoufi, que nous recevons ce soir, vous que je connais et estime depuis plus de vingt ans.
J'ai pu constater par moi-même à Rabat en décembre dernier combien nos deux pays étaient proches et combien ils partageaient l'ambition d'aller de concert plus loin encore.
Depuis le voyage du Président de la République française au Maroc en 1995, puis la visite d'Etat effectuée l'année suivante par Sa Majesté le Roi du Maroc à Paris, plus de 30 ministres français sont venus à Rabat et un nombre plus important encore de ministres marocains se sont rendus en France. Toutes ces rencontres ont porté leurs fruits et parmi ceux-ci, on doit souligner l'institution de cette Commission Mixte présidée par les deux Premiers Ministres qui devient un grand rendez-vous annuel pour inscrire nos dossiers bilatéraux dans la durée et en assurer le suivi régulier. Portons notamment au crédit de ces rencontres, l'accent mis sur le développement des provinces du nord, le traitement imaginatif de la dette marocaine et l'augmentation en valeur de nos échanges économiques.
Le dialogue politique continu noué entre nous nous permet d'échanger nos vues et d'affiner nos analyses sur les grands sujets diplomatiques. Sur la plupart d'entre eux, nous constatons de larges convergences : qu'il s'agisse du dialogue euroméditerranéen ou de la situation au Proche-Orient. Nos pays sont au Sud et au Nord les intercesseurs naturels du dialogue indispensable entre les deux rives de la Méditerranée. L'esprit de responsabilité et la juste mesure inspirent nos attitudes mais nous ne devons jamais renoncer à nous engager quand la paix ou la sécurité sont en jeu. C'est ainsi que je souhaite rendre hommage au rôle joué en Bosnie par le bataillon marocain, aux côtés des éléments francais, au sein du contingent de la Sfor. Tous s'accordent sur la qualité de la contribution des centaines d'hommes et officiers marocains, qui, comme auparavant en Afrique centrale ou en Somalie, participent de manière exemplaire au maintien de la paix.
Monsieur le Premier Ministre, nous relevons également avec satisfaction qu'il n'existe dans nos relations ni contentieux ni revendication. Tout au plus, devons-nous examiner un sujet de préoccupation, celui des échanges humains. Compte tenu de la proximité de nos deux peuples, et de l'intensité de nos échanges, il n'est ni normal ni satisfaisant que soit exagérement entravée la circulation des personnes. Vous savez que les autorités françaises ont pris la mesure de vos attentes comme des effets négatifs, pour notre pays lui-même, d'une trop sévère restriction des visas. Une nouvelle politique a été engagée, elle portera peu à peu ses fruits et saura, je peux vous en assurer, respecter la dignité des personnes. Elle devrait se concrétiser par une véritable politique de codéveloppement que nous allons élaborer et mettre en oeuvre ensemble.
Nous savons tous, Monsieur le Premier Ministre, que ce qui donne un éclat supplémentaire à votre visite est la novation politique que connaît depuis quelques mois votre pays sous la haute autorité du souverain chérifien. Nous sommes conscients que la désignation du gouvernement d'alternance est l'aboutissement d'un processus entamé de longue date, par lequel le Maroc tout entier a manifesté son profond désir de s'adapter au monde moderne et de jouer pleinement le jeu de l'ouverture.
Il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un événement considérable dont les échos et le retentissement ne sont pas seulement médiatiques mais peuvent être exemplaires et contribuer directement à l'évolution des esprits dans d'autres pays. Votre désignation a parachevé l'évolution politique sage mais déterminée qu'a connu votre pays. Inutile de vous dire combien notre appui vous est acquis et combien nous sommes convaincus de votre réussite. Quand la démocratie se perfectionne, quand les droits de l'homme s'ancrent dans la société, quand il y a adhésion populaire, il n'y a pas de raison d'être inquiet.
Certes, le monde est changeant et souvent dangereux, certes les contraintes économiques restreignent les ambitions que nous portons, mais vos atouts sont nombreux.
Vous bénéficiez de la qualité de votre équipe gouvernementale, dont beaucoup de membres sont ce soir parmi nous. Vous avez également, permettez-moi de vous le dire, le soutien sans faille de l'ensemble des autorités françaises. Ce soutien est politique, il continuera à se manifester de manière constante et en premier lieu dans les instances internationales, à Bruxelles comme à l'ONU.
Ce soutien est aussi économique et financier et se traduira concrètement dans des mesures nouvelles et dans des projets communs. J'ai la conviction que demain à l'heure du bilan; nous serons tous deux satisfaits des avancées obtenues.
Il est certain que l'approfondissement de nos relations économiques passera, de plus en plus, par les entreprises. Plus de 600 d'entre elles représentent la France dans votre pays et prennent une part importante à votre développement et à la création d'emplois. Je suis heureux de saluer quelques-uns de ces entrepreneurs parmi nous ce soir. En retour, certains investissements marocains en France démontrent depuis quelques années que le mouvement n'est pas à sens unique. Pour peu que l'environnement réglementaire et juridique des entreprises soit effectivement perfectionné et que soient de plus en plus recherchés des partenariats privés entre entreprises marocaines et françaises, il s'ouvrira de nombreux champs d'action pour le bien commun de nos deux économies.
Permettez-moi, Monsieur le Premier Ministre, de conclure sur un mode plus personnel. Nous sommes heureux de saluer en vous l'homme de conviction qui, au cours des années, a su incarner une fidélité à des convictions pour devenir une référence. Il est juste et il est prometteur que s'accomplisse votre destin. Nous savons qu'en accédant à cette charge, aucune vanité personnelle ne vous a effleuré. Vous avez simplement ressenti toute la responsabilité qui vous était confiée par le souverain et le peuple marocain. Vos principes et vos idées guident les premiers pas de votre Gouvernement. Nous savons la confiance dont vous bénéficiez dans l'opinion marocaine. Vous pouvez aussi être assuré de celle du Gouvernement français.
Pour moi, Monsieur le Premier Ministre, vous ne conduisez pas une " expérience ", vous forgez un maillon de la longue histoire de votre pays auquel vous ferez faire de nouveaux pas en avant. Permettez-moi de lever mon verre à nos deux pays.
Vive le Maroc
Vive la France
Vive l'amitié franco-marocaine.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 31 mai 2001)