Déclaration de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, sur l'identité et la culture des peuples amérindiens et des peuples premiers à l'Assemblée nationale le 21 juin 2004.

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Circonstance : Deuxièmes rencontres internationales des Amérindiens à l'Assemblée nationale le 21 juin 2004

Texte intégral

Monsieur le Président,
Madame, Chère Zoilà Hernandez (Présidente des Groupes d'Etudes amérindiens " OKA ",
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
C'est une grande joie - je vous le dis du fond de mon coeur - et un grand honneur d'ouvrir, aux côtés de mes collègues du Gouvernement, ces deuxièmes Rencontres internationales des Amérindiens à Paris, en ce lieu hautement symbolique qu'est l'Assemblée nationale.
Lorsque Léon Bertrand est venu me rencontrer au ministère de la culture pour me proposer d'être des vôtres ce matin, c'est très spontanément et avec beaucoup d'enthousiasme et d'émotion que j'ai répondu à son invitation.
Je tiens à saluer ton initiative, Mon Cher Léon, de réunir à nouveau, à Paris, après le premier rassemblement passionnant que tu as organisé en 1996, sous l'égide de l'UNESCO, les représentants des Amérindiens de l'ensemble du continent américain.
Ces deuxièmes Rencontres revêtent une importance de tout premier plan car elles vont mettre en lumière un pan entier de la culture universelle des peuples. C'est un événement de portée mondiale.
En tant que ministre de la culture d'un pays qui, sous l'impulsion du Président de la République, s'est résolument engagé dans le grand combat pour le respect des cultures, je suis particulièrement sensible à l'apport essentiel des civilisations Amérindiennes.
J'ajoute que notre pays accueille dans plusieurs de ses territoires d'importantes communautés issues de peuples premiers.
La France, par son histoire et sa géographie, par ses hommes, par la Guyane, la Martinique et la Guadeloupe, est présente en Amérique. Et notre culture, nos rêves, notre imaginaire, se nourrissent des découvertes et des échanges poursuivies, depuis plus de quatre siècles, avec les Amérindiens.
Cette histoire imprègne notre mémoire. Elle imprègne aussi notre présent et c'est de cela que je suis venu vous parler.
Par sa législation et son action publique, la République française entend se montrer exemplaire et conduire au nom des valeurs qu'elle a fait siennes, une politique d'intégration active, respectueuse de toutes les cultures, et en particulier celles qui appartiennent aux premières civilisations. Premières dans l'histoire des hommes. Premières dans notre coeur. Premières aujourd'hui, grâce à vous, dans notre esprit.
Je veux souligner, dans les responsabilités qui sont les miennes, l'importance de cet apport dans les domaines de l'art et dans notre appréciation de tout ce qui touche au beau.
Aujourd'hui, je crois que chacun mesure le rôle de vos sociétés dans l'histoire de l'art et des civilisations. Ce rôle prend une nouvelle dimension grâce à l'action que vous menez en faveur de la préservation de tout votre héritage et de votre patrimoine. Un patrimoine commun de l'humanité.
Au nom de la France, soyez remerciés de toutes les initiatives que vous prenez pour faire vivre vos traditions et vos langues, pour les enrichir et permettre ce dialogue indispensable avec les peuples. Un dialogue essentiel pour la démocratie et pour l'affirmation des droits universels de l'homme.
Cette affirmation est fondée sur le respect réciproque. Mais aussi sur les actions que nous mènerons ensemble car vos traditions, vos cultures si elles ne nous appartiennent pas en propre, deviennent petit à petit, de plus en plus les nôtres. Grâce, notamment à ces Rencontres.
Je suis intimement convaincu que toutes les actions engagées en faveur de la diffusion de votre culture vous feront mieux connaître. Et que cette meilleure connaissance entraînera une meilleure reconnaissance, en particulier de tous vos droits.
C'est dans cet esprit que je tiens à évoquer, à deux ans de son ouverture, l'initiative prise par le Président de la République, Jacques Chirac, d'installer à Paris le Musée du Quai Branly dédié aux Arts extra-européens.
Cet établissement sera, et je pèse mes mots, exceptionnel. Il reflétera la diversité des cultures et de l'histoire des peuples premiers . La beauté et l'innovation de son architecture, ses modalités de fonctionnement et d'accueil seront à la mesure de la richesse foisonnante de ses collections. Cette opération de grande envergure dotera notre pays d'un musée extraordinaire, un magnifique écrin pour l'une des plus belles collections du monde. Aujourd'hui, la plupart des musées qui sont construits dans le monde sont avant tout consacrés aux cultures et aux traditions nationales. Ce grand musée qui est en train de naître, sera pour tous les Européens et pour vous tous un lieu de rencontre des cultures des autres. Un lieu d'échanges entre notre histoire politique et artistique et le champ passionnant des histoires, des traditions et des civilisations du monde. Lieu de préservation du patrimoine, centre de recherche et d'enseignement, vecteur de coopération internationale, ce musée sera aussi un véritable forum permanent des cultures vivantes, un forum ouvert, tolérant, attentif.
L'ouverture du musée " vivant " du quai Branly, en 2006, nous fournira une nouvelle occasion de poursuivre le dialogue que nous engageons ce matin.
D'ores et déjà, je vous donne solennellement rendez-vous pour l'ouverture de ce nouveau lieu de dialogue et de tolérance qui contribuera, j'en suis convaincu, à renouer les fils d'une tradition qu'une modernité mal comprise ou mal assimilée avait cru briser.
Je me réjouis que, par un joli clin d'oeil du calendrier, ces rencontres internationales débutent le jour de la Fête de la musique. Partout en France, orchestres, chanteurs, fanfares et trompettes rythmeront cette journée. J'ai souhaité, avec Léon Bertrand, donner toute sa résonance aux sons et aux danses amérindiennes. Dès 17 heures 00, dans les jardins du Palais- Royal, le ministère de la culture ouvrira ses portes à la culture améridienne.
Des groupes de musiciens, de chanteurs et de danseurs seront à l'honneur pour porter vos couleurs et montrer que votre culture n'est pas figée, qu'elle vit et anime nos quotidiens. Preuve supplémentaire, s'il en est, de la vitalité de vos cultures.
Je souhaite un grand succès à vos travaux tout au long de ces trois jours et je vous redis toute ma joie d'être avec vous aujourd'hui.
Pour ouvrir cette journée, je veux partager avec vous cette parole de sagesse que j'emprunte à la poésie amérindienne. Une parole qui évoque la nature. Mais aussi la culture. Car vous savez que l'une et l'autre sont intimement liées, depuis des temps immémoriaux. Cette parole la voici :
" la sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs des hommes ".
Puisse la sève de vos rencontres d'aujourd'hui irriguer nos esprits et donner à tous une belle leçon d'humanité, d'espoir et de tolérance, pour bâtir notre avenir commun.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 23 juin 2004)