Texte intégral
Il y a un an, jour pour jour, nous étions tous réunis pour la conférence de presse de lancement des états généraux du sport.
Cette année durant, beaucoup de travail a été accompli. D'autres projets sont en perspectives, des actions et des stratégies visant à tirer toutes les conséquences des états généraux sont à engager maintenant.
Nous sortons tout d'abord d'un travail législatif important.
Comme vous le savez, il était impératif que les dispositions de la loi sur le sport, relatives aux statuts des fédérations, au sport professionnel et à la formation des éducateurs sportifs tiennent compte des évolutions en cours, sans quoi le risque était grand de voir se fissurer l'unité du sport ou de disposer d'un arsenal légal en décalage avec la réalité.
La loi du 1er août 2003 propose désormais un cadre où les évolutions sont maîtrisées et les solutions équilibrées. Elles permettront aux fédérations sportives et à son socle associatif, aux éducateurs sportifs, mais aussi aux clubs professionnels et aux différents acteurs économiques de ce secteur en plein développement de bénéficier d'un cadre leur permettant d'exprimer au mieux leurs talents, cela dans le respect de l'intérêt général.
Les décrets d'application de la loi sont préparés dans ce même esprit et seront présentés, pour l'essentiel, d'ici à la fin de l'année. Je souhaite que les services de l'administration centrale compétents vous y associent le plus possible.
Nous avons également récemment vécu un événement sportif international de premier plan avec les championnats du monde d'athlétisme.
La magie qui a opéré à cette occasion est riche d'enseignements pour nous. Une sorte d'alchimie s'est faite entre les athlètes et un large public, pas uniquement constitué de connaisseurs, entre la victoire et l'esprit de la victoire. Au-delà de l'exploit sportif, ce sont les valeurs du sport qui ont transcendé la compétition et mobilisé beaucoup de Français. J'ai la conviction que c'est au travers de grands projets que nous pouvons, que nous devons, donner un sens à notre action en faveur du développement du sport.
C'est ce même esprit et ces mêmes valeurs qui doivent nous inspirer pour aborder les projets que nous allons engager ensemble.
Bien sûr il nous faut maintenir les standards élevés pour le sport de haut-niveau et tout son réseau de préparation au travers des filières.
C'est dans cette perspective que s'inscrit la modernisation du réseau des établissements du ministère et que je poursuis ma réflexion sur un plan de rénovation pour l'INSEP, à quelques mois des Jeux Olympiques d'Athènes.
o La préservation de la santé des sportifs et la lutte anti-dopage constituent également l'un des axes forts de l'intervention des services du ministère.
Les actions conduites au niveau régional s'agissant de la prévention et du suivi médical sont particulièrement structurantes. Un important travail a également été engagé avec les fédérations sportives.
Mais, les mois qui viennent seront déterminants car pour renforcer l'efficacité de la lutte anti-dopage, il est évident qu'il faut élever son action à un niveau international.
La France est un acteur majeur de cette question dans le concert des nations sportives. Je puis vous assurer qu'elle s'est fortement impliquée dans le dossier de l'AMA et que la préparation de la future convention internationale dont la signature doit intervenir en 2006 sera l'un des axes forts de son action.
Mais au-delà de ces principales lignes d'action rapidement évoquées et qu'il me paraissait important de rappeler, je souhaitais vous rencontrer aujourd'hui pour vous parler de la priorité qui va nous mobiliser tout au long de l'année 2004 : je veux parler de la fonction éducative et sociale du sport.
Nous avons travaillé ensemble, sur ce sujet, durant les états généraux du sport. Nous avons lancé des actions comme la création des centres de ressource et d'information pour les bénévoles par exemple. Des programmes, en matière de lutte contre les incivilités ou de la reconnaissance du rôle de l'arbitrage, en matière de handicap ou à destination des familles des seniors ont été définies. Ainsi des projets expérimentaux avec des associations et des fédérations ont été mis au point.
Mais, au-delà de ces projets, je voudrais m'arrêter sur les raisons qui, à mes yeux, rendent la fonction éducative et sociale du sport aussi essentielle.
Le sport ne se réduit certainement pas à la pratique d'une activité, quand bien même celle-ci serait codifiée.
Le sport, c'est avant tout le rêve et plus tard de la détermination à progresser qui brille dans les yeux des enfants. Ce sont les éducateurs et les dirigeants, ceux des premiers pas et des premières émotions, qui aident à cheminer.
C'est aussi une succession d'histoires humaines et ce sentiment incomparable, d'aider à la réussite d'un parcours individuel réussi qui s'en dégage.
Au fond, c'est ce qui donne tout son sens à l'intervention de l'Etat dans le domaine du sport. Et c'est la raison pour laquelle il est fondamental que l'Etat y conserve un rôle majeur.
Plus d'un an d'observations, de consultations et d'actions sur le thème de la fonction éducative et sociale du sport ont mis en évidence une triple nécessité :
- celle d'amorcer une autre vision des politiques publiques en matière sportive ;
- la nécessité de mettre en place une stratégie d'ensemble visant à améliorer les contenus éducatifs ou les dimensions sociales des projets ;
- et enfin, celle de marquer symboliquement cette volonté politique par une opération dans les établissements du ministère qui sera le point de départ d'une démarche pérenne.
S'agissant des politiques publiques en matière sportive, deux observations montrent que nous nous situons à un moment clef quant à la manière de les concevoir.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le développement de la pratique sportive la plus large possible et accessible au plus grand nombre, a constitué l'objectif essentiel des politiques appliquées au sport.
Aujourd'hui, quelques 36 millions de Français déclarent faire du sport régulièrement dont près de 15 millions dans des clubs. Des marges de progression existent encore.
Mais il nous faut aussi concevoir nos objectifs en matière de politiques sportives, en insistant davantage sur un développement plus qualitatif de la pratique. Et il appartient plus particulièrement à l'Etat, au ministère des Sports, d'impulser ce type d'orientation auprès du mouvement fédéral, de l'ensemble du mouvement fédéral.
Dans le même ordre d'idées, nous savons que le discours sur l'insertion par le sport n'est pas nouveau. En revanche, celui-ci a essentiellement été fondé sur une vision utilitaire ou occupationnelle des activités sportives. Cette conception a été trop systématiquement accolée aux dispositifs de traitement des difficultés sociales. Sans nier l'utilité d'une telle approche qui dans certaines circonstances peut s'avérer nécessaire, il paraît aujourd'hui essentiel de dépasser cette acception du sport pour développer des projets structurants.
Il nous faut avoir pour le sport, une ambition toute autre qui vise à en faire un véritable acteur du développement social.
Ceci nécessite donc qu'il sorte de sa position quelquefois trop autocentrée pour s'engager sur des enjeux majeurs de notre société. La cohésion sociale en est un exemple essentiel aujourd'hui. Le développement durable pourrait en constituer une autre illustration.
De nouveaux objectifs qualitatifs assignés aux politiques de l'Etat et un sport ouvert sur les enjeux sociétaux nécessitent également une stratégie d'ensemble mieux appropriée.
Il est un fait assez remarquable dès lors que l'on parle de fonction éducative et sociale du sport : chacun s'en fait sa propre représentation.
Il est vrai que lorsque l'activité se déroule dans un club et que sont présentes des notions de développement personnel, de progression et de respect des règles, on trouve déjà l'essentiel des fondements éducatifs et de socialisation.
Mais, il convient aussi de souligner que des projets plus ambitieux peuvent intégrer, avec une efficacité plus grande encore, les potentialités éducative et sociale du sport. Il y a entre les deux, des marges de progression importantes.
Dans une démarche d'ensemble, il paraît donc essentiel que les meilleures initiatives soient accompagnées et valorisées afin de jouer un rôle moteur et d'entraîner une dynamique.
La politique menée par le ministère des sports doit ici viser un double objectif :
o inciter les associations sportives et les clubs à faire progresser le contenu qualitatif de leurs projets associatifs ;
o obtenir un effet démultiplicateur des initiatives innovantes qui, dans de très nombreux cas, dépendent plus de l'engagement personnel de quelques passionnés que d'une impulsion fédérale.
Or, si l'on considère que le sport compte plus de 175 000 clubs affiliés à des fédérations, il est évident que les marges de progression se situent dans ce cadre. Les fédérations sportives ont parfaitement rempli leur rôle de développement de la pratique. Elles doivent pouvoir faire de même pour des actions qualitatives ciblées pour peu que l'on fournisse les outils et les moyens appropriés.
Le premier objectif de progression qualitative des projets associatifs est du ressort des services déconcentrés ; le niveau départemental en raison de sa proximité avec les clubs, de son expertise et de son accompagnement des projets, le niveau régional pour la politique qu'il aura à impulser en la matière avec les cadres techniques et les ligues.
Le deuxième objectif de démultiplication concernera essentiellement l'action nationale.
Depuis le début de l'année, un effort particulier a été effectué dans le cadre des conventions d'objectifs signées avec les fédérations sportives, qui intègrent désormais une ligne spécifique de soutien aux projets fédéraux se rapportant à la fonction éducative et sociale du sport.
Toutefois, ce premier exercice a mis en lumière que l'effet démultiplicateur pourrait être renforcé si un accompagnement spécifique, était effectué par un cadre technique.
C'est ainsi que depuis le 1er septembre, le ministère a lancé une action expérimentale en recrutant un cadre technique interfédéral, profilé " sport et cohésion sociale ". Sa mission sera de développer des programmes fédéraux intégrant le sport dans ses visées éducatives et sociales à l'échelle de quatre fédérations : le judo, la boxe, le karaté et la lutte. J'envisage d'étendre cette expérimentation en 2004 à d'autres familles sportives.
À terme, l'objectif que je fixe au ministère est de faire en sorte que 10% des 175 000 clubs sportifs que compte notre pays développent des contenus éducatifs ou des finalités sociales plus poussées qu'elles ne sont.
Cet objectif apparaît tout à fait réalisable si le ministère mène une action coordonnée entre les niveaux déconcentrés et nationaux, entre les expérimentations fédérales, disciplinaires et l'impulsion des actions territorialisées.
L'objectif est réaliste si des bonifications financières viennent soutenir les initiatives. Le projet de loi de Finances faisant l'objet d'une présentation en Conseil des ministres le 25 septembre.
Mais il est évident qu'il nous faudra réfléchir, notamment dans la perspective du futur CNDS, à la manière dont les financements pourront venir soutenir, avec une plus grande lisibilité les politiques prioritaires.
Enfin, le ministère doit se doter des outils nécessaires permettant la mutualisation, l'échange d'expérience et l'expertise.
C'est précisément l'objet du pôle national de ressources sur la fonction éducative et sociale du sport, installé au CREPS de Reims. Mais cela n'a de sens que dans le cadre d'un travail en réseau qui doit mobiliser tous les établissements.
Les projets d'éducation par le sport présentent souvent une triple spécificité. Ils sont conçus, la plupart du temps, de manière empirique et se trouve devant la nécessité constante de devoir justifier le bien fondé de leur action. Les expériences, y compris les plus innovantes, demeurent très souvent confidentielles. De ce fait, les porteurs de projets se sentent souvent isolés.
La mise en place du pôle ressources de Reims à pour vocation à répondre à ces difficultés.
Il est en effet essentiel de faire progresser la qualité scientifique des projets, de mettre au point des dispositifs d'évaluation pertinents. La mise en réseau des initiateurs de projets, d'universitaires, de services de l'Etat, de fédération sportives et de collectivités intéressées à la démarche doit permettre d'améliorer la qualité des initiatives, de sortir les acteurs de leur isolement et de mettre en évidence des sujets sur lesquels la réflexion ou les méthodes doivent progresser.
Tous ces points auront l'occasion d'être explicités dans l'atelier qui traitera du pôle ressources.
Nous le voyons, il est nécessaire d'élaborer une stratégie globale qui permette de tirer la qualité des projets vers le haut. Mais l'efficience de cette stratégie, repose en grande partie sur les interactions qui pourront naître entre les différents acteurs : fédérations, ministère, pôle ressources.
C'est pour amorcer cette dynamique que j'ai souhaité qu'une opération de lancement soit organisée à l'automne, dans les établissements du ministère, à l'occasion de deux journées qui pourront être, à l'initiative des directeurs, fin novembre.
Cette opération, organisée de manière aussi conviviale que possible, permettra de valoriser les meilleurs projets repérés à l'échelle de chaque région en relation avec les directeurs régionaux et départementaux, et d'organiser des débats sur la nécessité de redonner un sens à l'engagement associatif des jeunes. Elle permettra également aux établissements d'ouvrir leurs portes au public et de proposer des initiations sportives.
Des ateliers vous seront proposés tout à l'heure afin d'organiser au mieux cette opération.
Il est indispensable que le montage de l'opération se fasse à partir de vos contributions. Les instructions nécessaires ne seront d'ailleurs élaborées qu'à l'issue de ces ateliers.
Je tiens également à ce que les travaux s'engagent dans une double perspective :
o le montage de l'opération stricto sensu,
o et une vision prospective, destinée à jeter les bases de la politique du ministère en matière de fonction éducative et sociale du sport pour 2004.
Vous l'aurez compris, nous avons devant nous un défi, un beau défi lié à la construction d'une politique sportive globale incluant des aspects éducatifs et sociaux.
Vous pouvez compter sur moi pour mener les combats qui seront nécessaires. Je sais également pouvoir compter sur vous.
Je vous remercie.
(source http://www.drdjs-midi-pyrenees.jeunesse-sports.gouv.fr, le 26 janvier 2004)
Cette année durant, beaucoup de travail a été accompli. D'autres projets sont en perspectives, des actions et des stratégies visant à tirer toutes les conséquences des états généraux sont à engager maintenant.
Nous sortons tout d'abord d'un travail législatif important.
Comme vous le savez, il était impératif que les dispositions de la loi sur le sport, relatives aux statuts des fédérations, au sport professionnel et à la formation des éducateurs sportifs tiennent compte des évolutions en cours, sans quoi le risque était grand de voir se fissurer l'unité du sport ou de disposer d'un arsenal légal en décalage avec la réalité.
La loi du 1er août 2003 propose désormais un cadre où les évolutions sont maîtrisées et les solutions équilibrées. Elles permettront aux fédérations sportives et à son socle associatif, aux éducateurs sportifs, mais aussi aux clubs professionnels et aux différents acteurs économiques de ce secteur en plein développement de bénéficier d'un cadre leur permettant d'exprimer au mieux leurs talents, cela dans le respect de l'intérêt général.
Les décrets d'application de la loi sont préparés dans ce même esprit et seront présentés, pour l'essentiel, d'ici à la fin de l'année. Je souhaite que les services de l'administration centrale compétents vous y associent le plus possible.
Nous avons également récemment vécu un événement sportif international de premier plan avec les championnats du monde d'athlétisme.
La magie qui a opéré à cette occasion est riche d'enseignements pour nous. Une sorte d'alchimie s'est faite entre les athlètes et un large public, pas uniquement constitué de connaisseurs, entre la victoire et l'esprit de la victoire. Au-delà de l'exploit sportif, ce sont les valeurs du sport qui ont transcendé la compétition et mobilisé beaucoup de Français. J'ai la conviction que c'est au travers de grands projets que nous pouvons, que nous devons, donner un sens à notre action en faveur du développement du sport.
C'est ce même esprit et ces mêmes valeurs qui doivent nous inspirer pour aborder les projets que nous allons engager ensemble.
Bien sûr il nous faut maintenir les standards élevés pour le sport de haut-niveau et tout son réseau de préparation au travers des filières.
C'est dans cette perspective que s'inscrit la modernisation du réseau des établissements du ministère et que je poursuis ma réflexion sur un plan de rénovation pour l'INSEP, à quelques mois des Jeux Olympiques d'Athènes.
o La préservation de la santé des sportifs et la lutte anti-dopage constituent également l'un des axes forts de l'intervention des services du ministère.
Les actions conduites au niveau régional s'agissant de la prévention et du suivi médical sont particulièrement structurantes. Un important travail a également été engagé avec les fédérations sportives.
Mais, les mois qui viennent seront déterminants car pour renforcer l'efficacité de la lutte anti-dopage, il est évident qu'il faut élever son action à un niveau international.
La France est un acteur majeur de cette question dans le concert des nations sportives. Je puis vous assurer qu'elle s'est fortement impliquée dans le dossier de l'AMA et que la préparation de la future convention internationale dont la signature doit intervenir en 2006 sera l'un des axes forts de son action.
Mais au-delà de ces principales lignes d'action rapidement évoquées et qu'il me paraissait important de rappeler, je souhaitais vous rencontrer aujourd'hui pour vous parler de la priorité qui va nous mobiliser tout au long de l'année 2004 : je veux parler de la fonction éducative et sociale du sport.
Nous avons travaillé ensemble, sur ce sujet, durant les états généraux du sport. Nous avons lancé des actions comme la création des centres de ressource et d'information pour les bénévoles par exemple. Des programmes, en matière de lutte contre les incivilités ou de la reconnaissance du rôle de l'arbitrage, en matière de handicap ou à destination des familles des seniors ont été définies. Ainsi des projets expérimentaux avec des associations et des fédérations ont été mis au point.
Mais, au-delà de ces projets, je voudrais m'arrêter sur les raisons qui, à mes yeux, rendent la fonction éducative et sociale du sport aussi essentielle.
Le sport ne se réduit certainement pas à la pratique d'une activité, quand bien même celle-ci serait codifiée.
Le sport, c'est avant tout le rêve et plus tard de la détermination à progresser qui brille dans les yeux des enfants. Ce sont les éducateurs et les dirigeants, ceux des premiers pas et des premières émotions, qui aident à cheminer.
C'est aussi une succession d'histoires humaines et ce sentiment incomparable, d'aider à la réussite d'un parcours individuel réussi qui s'en dégage.
Au fond, c'est ce qui donne tout son sens à l'intervention de l'Etat dans le domaine du sport. Et c'est la raison pour laquelle il est fondamental que l'Etat y conserve un rôle majeur.
Plus d'un an d'observations, de consultations et d'actions sur le thème de la fonction éducative et sociale du sport ont mis en évidence une triple nécessité :
- celle d'amorcer une autre vision des politiques publiques en matière sportive ;
- la nécessité de mettre en place une stratégie d'ensemble visant à améliorer les contenus éducatifs ou les dimensions sociales des projets ;
- et enfin, celle de marquer symboliquement cette volonté politique par une opération dans les établissements du ministère qui sera le point de départ d'une démarche pérenne.
S'agissant des politiques publiques en matière sportive, deux observations montrent que nous nous situons à un moment clef quant à la manière de les concevoir.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, le développement de la pratique sportive la plus large possible et accessible au plus grand nombre, a constitué l'objectif essentiel des politiques appliquées au sport.
Aujourd'hui, quelques 36 millions de Français déclarent faire du sport régulièrement dont près de 15 millions dans des clubs. Des marges de progression existent encore.
Mais il nous faut aussi concevoir nos objectifs en matière de politiques sportives, en insistant davantage sur un développement plus qualitatif de la pratique. Et il appartient plus particulièrement à l'Etat, au ministère des Sports, d'impulser ce type d'orientation auprès du mouvement fédéral, de l'ensemble du mouvement fédéral.
Dans le même ordre d'idées, nous savons que le discours sur l'insertion par le sport n'est pas nouveau. En revanche, celui-ci a essentiellement été fondé sur une vision utilitaire ou occupationnelle des activités sportives. Cette conception a été trop systématiquement accolée aux dispositifs de traitement des difficultés sociales. Sans nier l'utilité d'une telle approche qui dans certaines circonstances peut s'avérer nécessaire, il paraît aujourd'hui essentiel de dépasser cette acception du sport pour développer des projets structurants.
Il nous faut avoir pour le sport, une ambition toute autre qui vise à en faire un véritable acteur du développement social.
Ceci nécessite donc qu'il sorte de sa position quelquefois trop autocentrée pour s'engager sur des enjeux majeurs de notre société. La cohésion sociale en est un exemple essentiel aujourd'hui. Le développement durable pourrait en constituer une autre illustration.
De nouveaux objectifs qualitatifs assignés aux politiques de l'Etat et un sport ouvert sur les enjeux sociétaux nécessitent également une stratégie d'ensemble mieux appropriée.
Il est un fait assez remarquable dès lors que l'on parle de fonction éducative et sociale du sport : chacun s'en fait sa propre représentation.
Il est vrai que lorsque l'activité se déroule dans un club et que sont présentes des notions de développement personnel, de progression et de respect des règles, on trouve déjà l'essentiel des fondements éducatifs et de socialisation.
Mais, il convient aussi de souligner que des projets plus ambitieux peuvent intégrer, avec une efficacité plus grande encore, les potentialités éducative et sociale du sport. Il y a entre les deux, des marges de progression importantes.
Dans une démarche d'ensemble, il paraît donc essentiel que les meilleures initiatives soient accompagnées et valorisées afin de jouer un rôle moteur et d'entraîner une dynamique.
La politique menée par le ministère des sports doit ici viser un double objectif :
o inciter les associations sportives et les clubs à faire progresser le contenu qualitatif de leurs projets associatifs ;
o obtenir un effet démultiplicateur des initiatives innovantes qui, dans de très nombreux cas, dépendent plus de l'engagement personnel de quelques passionnés que d'une impulsion fédérale.
Or, si l'on considère que le sport compte plus de 175 000 clubs affiliés à des fédérations, il est évident que les marges de progression se situent dans ce cadre. Les fédérations sportives ont parfaitement rempli leur rôle de développement de la pratique. Elles doivent pouvoir faire de même pour des actions qualitatives ciblées pour peu que l'on fournisse les outils et les moyens appropriés.
Le premier objectif de progression qualitative des projets associatifs est du ressort des services déconcentrés ; le niveau départemental en raison de sa proximité avec les clubs, de son expertise et de son accompagnement des projets, le niveau régional pour la politique qu'il aura à impulser en la matière avec les cadres techniques et les ligues.
Le deuxième objectif de démultiplication concernera essentiellement l'action nationale.
Depuis le début de l'année, un effort particulier a été effectué dans le cadre des conventions d'objectifs signées avec les fédérations sportives, qui intègrent désormais une ligne spécifique de soutien aux projets fédéraux se rapportant à la fonction éducative et sociale du sport.
Toutefois, ce premier exercice a mis en lumière que l'effet démultiplicateur pourrait être renforcé si un accompagnement spécifique, était effectué par un cadre technique.
C'est ainsi que depuis le 1er septembre, le ministère a lancé une action expérimentale en recrutant un cadre technique interfédéral, profilé " sport et cohésion sociale ". Sa mission sera de développer des programmes fédéraux intégrant le sport dans ses visées éducatives et sociales à l'échelle de quatre fédérations : le judo, la boxe, le karaté et la lutte. J'envisage d'étendre cette expérimentation en 2004 à d'autres familles sportives.
À terme, l'objectif que je fixe au ministère est de faire en sorte que 10% des 175 000 clubs sportifs que compte notre pays développent des contenus éducatifs ou des finalités sociales plus poussées qu'elles ne sont.
Cet objectif apparaît tout à fait réalisable si le ministère mène une action coordonnée entre les niveaux déconcentrés et nationaux, entre les expérimentations fédérales, disciplinaires et l'impulsion des actions territorialisées.
L'objectif est réaliste si des bonifications financières viennent soutenir les initiatives. Le projet de loi de Finances faisant l'objet d'une présentation en Conseil des ministres le 25 septembre.
Mais il est évident qu'il nous faudra réfléchir, notamment dans la perspective du futur CNDS, à la manière dont les financements pourront venir soutenir, avec une plus grande lisibilité les politiques prioritaires.
Enfin, le ministère doit se doter des outils nécessaires permettant la mutualisation, l'échange d'expérience et l'expertise.
C'est précisément l'objet du pôle national de ressources sur la fonction éducative et sociale du sport, installé au CREPS de Reims. Mais cela n'a de sens que dans le cadre d'un travail en réseau qui doit mobiliser tous les établissements.
Les projets d'éducation par le sport présentent souvent une triple spécificité. Ils sont conçus, la plupart du temps, de manière empirique et se trouve devant la nécessité constante de devoir justifier le bien fondé de leur action. Les expériences, y compris les plus innovantes, demeurent très souvent confidentielles. De ce fait, les porteurs de projets se sentent souvent isolés.
La mise en place du pôle ressources de Reims à pour vocation à répondre à ces difficultés.
Il est en effet essentiel de faire progresser la qualité scientifique des projets, de mettre au point des dispositifs d'évaluation pertinents. La mise en réseau des initiateurs de projets, d'universitaires, de services de l'Etat, de fédération sportives et de collectivités intéressées à la démarche doit permettre d'améliorer la qualité des initiatives, de sortir les acteurs de leur isolement et de mettre en évidence des sujets sur lesquels la réflexion ou les méthodes doivent progresser.
Tous ces points auront l'occasion d'être explicités dans l'atelier qui traitera du pôle ressources.
Nous le voyons, il est nécessaire d'élaborer une stratégie globale qui permette de tirer la qualité des projets vers le haut. Mais l'efficience de cette stratégie, repose en grande partie sur les interactions qui pourront naître entre les différents acteurs : fédérations, ministère, pôle ressources.
C'est pour amorcer cette dynamique que j'ai souhaité qu'une opération de lancement soit organisée à l'automne, dans les établissements du ministère, à l'occasion de deux journées qui pourront être, à l'initiative des directeurs, fin novembre.
Cette opération, organisée de manière aussi conviviale que possible, permettra de valoriser les meilleurs projets repérés à l'échelle de chaque région en relation avec les directeurs régionaux et départementaux, et d'organiser des débats sur la nécessité de redonner un sens à l'engagement associatif des jeunes. Elle permettra également aux établissements d'ouvrir leurs portes au public et de proposer des initiations sportives.
Des ateliers vous seront proposés tout à l'heure afin d'organiser au mieux cette opération.
Il est indispensable que le montage de l'opération se fasse à partir de vos contributions. Les instructions nécessaires ne seront d'ailleurs élaborées qu'à l'issue de ces ateliers.
Je tiens également à ce que les travaux s'engagent dans une double perspective :
o le montage de l'opération stricto sensu,
o et une vision prospective, destinée à jeter les bases de la politique du ministère en matière de fonction éducative et sociale du sport pour 2004.
Vous l'aurez compris, nous avons devant nous un défi, un beau défi lié à la construction d'une politique sportive globale incluant des aspects éducatifs et sociaux.
Vous pouvez compter sur moi pour mener les combats qui seront nécessaires. Je sais également pouvoir compter sur vous.
Je vous remercie.
(source http://www.drdjs-midi-pyrenees.jeunesse-sports.gouv.fr, le 26 janvier 2004)