Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Ambassadeurs,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Le Sénat est heureux de vous accueillir aujourd'hui dans le cadre d'un colloque économique sur Chypre qui - événement plutôt exceptionnel - sera aussi marqué, en fin de matinée, par la réactivation de la Chambre de commerce franco-chypriote.
Je tiens à saluer la présence parmi nous du ministre du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme de la République de Chypre, M. Yiorgos LILLIKAS, venu exprès de son pays pour participer à cet évènement.
Nous comptions aussi sur la participation, à ses côtés, de son homologue français, M. François LOOS, mais je viens d'apprendre qu'il a été retenu au dernier moment pour participer à un séminaire gouvernemental auquel sa présence était indispensable. Je remercie cependant ses collaborateurs, dont plusieurs sont ici présents, pour l'appui actif qu'ils nous ont apporté dans la préparation de ce colloque.
Avant d'aborder le thème de notre matinée, je voudrais décerner une mention particulière à notre ami André ROUVIÈRE, Sénateur du Gard et Président actif du groupe d'amitié France-Chypre du Sénat.
Je sais combien il s'est impliqué depuis deux ans dans la préparation de cette rencontre. André ROUVIÈRE a d'ailleurs profité de sa présence à Chypre à la tête d'une délégation de son groupe, en juin 2004, pour convaincre tous ses interlocuteurs et les associer à son projet.
Voici, une fois de plus, la démonstration du potentiel d'action des groupes interparlementaires du Sénat, y compris sur des terrains comme l'économie, où ils peuvent être des intermédiaires précieux.
En fait, ces groupes ne se limitent pas à faire de la " diplomatie parlementaire " au sens désormais classique du terme : plus généralement, ils sont des acteurs efficaces de la présence et de l'influence françaises dans le monde, auxquelles le Sénat en général -et son Président en particulier- attachent la plus grande importance.
Mes remerciements vont enfin à tous ceux qui ont apporté leur concours à cette manifestation, en particulier la Chambre de Commerce et d'Industrie de Chypre, l'Assemblée des Chambres françaises de Commerce et d'Industrie, sans oublier nos amis d'UBIFRANCE : cette fois, ils n'intervenaient pas comme " maître d'uvre " mais ils nous ont accompagnés avec leur efficacité habituelle.
A lui seul, l'intitulé de la rencontre, " Chypre, enjeux et perspectives ", souligne bien les potentialités des échanges économiques avec un pays auquel, visiblement, les entreprises françaises n'ont pas encore accordé l'attention qu'il mérite.
En effet, alors que nos relations politiques et diplomatiques bilatérales sont excellentes, nos relations commerciales et financières restent très modestes et cantonnées à quelques secteurs qui gagneraient à être diversifiés, tant à l'importation qu'à l'export ou dans le domaine des investissements.
Selon les statistiques publiées par le Quai d'Orsay, Chypre se situerait aujourd'hui comme notre 69ème client dans le monde, avec un volume d'importations très limité. La part de la France dans les importations chypriotes n'est pas tellement meilleure, même si, en pourcentage, nous occupons à Chypre une position économique un peu plus favorable.
Quoi qu'il en soit, la situation actuelle n'est pas satisfaisante, surtout depuis que nos amis chypriotes ont rejoint l'Union européenne et sont devenus de ce fait, non plus de simples clients, mais des partenaires à part entière.
L'enjeu est de taille ! Dois-je rappeler qu'avec un PIB annuel supérieur à 15 000 par habitant et un taux de croissance nettement supérieur à la moyenne européenne, la République de Chypre est aussi le nouvel État membre le plus prospère parmi les dix pays qui ont adhéré à l'Union en mai 2004.
Quant aux perspectives, elles sont favorables, car l'entrée de Chypre dans l'Union européenne permet de tirer parti de tous les avantages de la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux.
J'ajoute que le Gouvernement chypriote a institué en priorité la diversification de son économie, avec la libéralisation de son marché, l'émergence d'un pôle de services à haute valeur ajoutée et un développement régional équilibré passant, notamment, par un programme d'équipements d'infrastructures. Dans tous ces domaines, les entreprises françaises ont une carte à jouer.
Pour les y inciter, vous avez voulu jeter un éclairage plus précis sur certaines activités où notre coopération trouverait un terrain propice : l'eau et l'assainissement, la santé, la gestion des risques majeurs ou encore la communication et la culture.
Ces choix sont judicieux, car dans ces secteurs, la demande chypriote de savoir-faire est forte, et beaucoup d'entreprises françaises sont en mesure d'y répondre, y compris les PMI-PME.
Encore faudrait-il qu'elles prennent mieux conscience des potentialités réelles que Chypre leur offre...
Or, il faut bien admettre que des progrès restent à accomplir dans cette voie, si j'en juge par le faible nombre des patrons et des cadres français au courant des opportunités d'affaires sur le marché chypriote.
Le problème ne tient pas à l'insuffisance de l'information économique, car dans ce domaine, beaucoup a déjà été fait. On constate, par exemple, que l'ambassade de France à Chypre et l'ambassade de Chypre en France ont déjà déployé des efforts significatifs, avec d'ailleurs quelques belles réussites à la clé.
En réalité, la méconnaissance du marché chypriote tient moins à des résistances de principe qu'à la relative rareté des occasions concrètes de dialogue et de rencontre entre les chefs d'entreprise et les décideurs économiques des deux pays.
C'est pourquoi la réactivation de la Chambre de Commerce franco-chypriote va dans le bon sens, car cette instance contribuera à renforcer les contacts déjà pris et à favoriser le lancement de nouveaux projets, dont nos deux économies sauront tirer profit.
Je souhaite pleine réussite aux futurs responsables de cette chambre qui, d'ores et déjà, est assurée du soutien du Sénat, notamment par le canal de son groupe d'amitié France-Chypre.
Avant de céder la parole au ministre chypriote puis aux spécialistes qui vont se succéder à cette tribune toute la matinée, je voudrais enfin rassurer tous ceux que la partition de Chypre continue d'inquiéter.
La France, vous le savez, a officiellement regretté que les référendums d'avril 2004 sur la réunification de l'île n'aient pas permis l'entrée dans l'Union européenne d'une Chypre réunifiée, à laquelle nous avons toujours été favorables.
Cela étant, le maintien pour le moment des deux communautés ne doit pas servir d'alibi économique pour rester à l'écart d'un pays où la présence des entreprises françaises peut se révéler non seulement rentable financièrement, mais aussi constructive politiquement.
En effet, le développement harmonieux de Chypre -au nord comme au sud- sera aussi, à terme, un élément de nature à favoriser le rapprochement de tous ses habitants et à faciliter la réunification que nous appelons de nos vux.
Sur cette note d'optimisme, permettez-moi de souhaiter à tous de bons et fructueux travaux, en espérant que vous garderez un excellent souvenir de votre passage au Sénat et que vous y reviendrez.
(Source http://www.senat.fr, le 9 décembre 2004)
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Ambassadeurs,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Le Sénat est heureux de vous accueillir aujourd'hui dans le cadre d'un colloque économique sur Chypre qui - événement plutôt exceptionnel - sera aussi marqué, en fin de matinée, par la réactivation de la Chambre de commerce franco-chypriote.
Je tiens à saluer la présence parmi nous du ministre du Commerce, de l'Industrie et du Tourisme de la République de Chypre, M. Yiorgos LILLIKAS, venu exprès de son pays pour participer à cet évènement.
Nous comptions aussi sur la participation, à ses côtés, de son homologue français, M. François LOOS, mais je viens d'apprendre qu'il a été retenu au dernier moment pour participer à un séminaire gouvernemental auquel sa présence était indispensable. Je remercie cependant ses collaborateurs, dont plusieurs sont ici présents, pour l'appui actif qu'ils nous ont apporté dans la préparation de ce colloque.
Avant d'aborder le thème de notre matinée, je voudrais décerner une mention particulière à notre ami André ROUVIÈRE, Sénateur du Gard et Président actif du groupe d'amitié France-Chypre du Sénat.
Je sais combien il s'est impliqué depuis deux ans dans la préparation de cette rencontre. André ROUVIÈRE a d'ailleurs profité de sa présence à Chypre à la tête d'une délégation de son groupe, en juin 2004, pour convaincre tous ses interlocuteurs et les associer à son projet.
Voici, une fois de plus, la démonstration du potentiel d'action des groupes interparlementaires du Sénat, y compris sur des terrains comme l'économie, où ils peuvent être des intermédiaires précieux.
En fait, ces groupes ne se limitent pas à faire de la " diplomatie parlementaire " au sens désormais classique du terme : plus généralement, ils sont des acteurs efficaces de la présence et de l'influence françaises dans le monde, auxquelles le Sénat en général -et son Président en particulier- attachent la plus grande importance.
Mes remerciements vont enfin à tous ceux qui ont apporté leur concours à cette manifestation, en particulier la Chambre de Commerce et d'Industrie de Chypre, l'Assemblée des Chambres françaises de Commerce et d'Industrie, sans oublier nos amis d'UBIFRANCE : cette fois, ils n'intervenaient pas comme " maître d'uvre " mais ils nous ont accompagnés avec leur efficacité habituelle.
A lui seul, l'intitulé de la rencontre, " Chypre, enjeux et perspectives ", souligne bien les potentialités des échanges économiques avec un pays auquel, visiblement, les entreprises françaises n'ont pas encore accordé l'attention qu'il mérite.
En effet, alors que nos relations politiques et diplomatiques bilatérales sont excellentes, nos relations commerciales et financières restent très modestes et cantonnées à quelques secteurs qui gagneraient à être diversifiés, tant à l'importation qu'à l'export ou dans le domaine des investissements.
Selon les statistiques publiées par le Quai d'Orsay, Chypre se situerait aujourd'hui comme notre 69ème client dans le monde, avec un volume d'importations très limité. La part de la France dans les importations chypriotes n'est pas tellement meilleure, même si, en pourcentage, nous occupons à Chypre une position économique un peu plus favorable.
Quoi qu'il en soit, la situation actuelle n'est pas satisfaisante, surtout depuis que nos amis chypriotes ont rejoint l'Union européenne et sont devenus de ce fait, non plus de simples clients, mais des partenaires à part entière.
L'enjeu est de taille ! Dois-je rappeler qu'avec un PIB annuel supérieur à 15 000 par habitant et un taux de croissance nettement supérieur à la moyenne européenne, la République de Chypre est aussi le nouvel État membre le plus prospère parmi les dix pays qui ont adhéré à l'Union en mai 2004.
Quant aux perspectives, elles sont favorables, car l'entrée de Chypre dans l'Union européenne permet de tirer parti de tous les avantages de la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux.
J'ajoute que le Gouvernement chypriote a institué en priorité la diversification de son économie, avec la libéralisation de son marché, l'émergence d'un pôle de services à haute valeur ajoutée et un développement régional équilibré passant, notamment, par un programme d'équipements d'infrastructures. Dans tous ces domaines, les entreprises françaises ont une carte à jouer.
Pour les y inciter, vous avez voulu jeter un éclairage plus précis sur certaines activités où notre coopération trouverait un terrain propice : l'eau et l'assainissement, la santé, la gestion des risques majeurs ou encore la communication et la culture.
Ces choix sont judicieux, car dans ces secteurs, la demande chypriote de savoir-faire est forte, et beaucoup d'entreprises françaises sont en mesure d'y répondre, y compris les PMI-PME.
Encore faudrait-il qu'elles prennent mieux conscience des potentialités réelles que Chypre leur offre...
Or, il faut bien admettre que des progrès restent à accomplir dans cette voie, si j'en juge par le faible nombre des patrons et des cadres français au courant des opportunités d'affaires sur le marché chypriote.
Le problème ne tient pas à l'insuffisance de l'information économique, car dans ce domaine, beaucoup a déjà été fait. On constate, par exemple, que l'ambassade de France à Chypre et l'ambassade de Chypre en France ont déjà déployé des efforts significatifs, avec d'ailleurs quelques belles réussites à la clé.
En réalité, la méconnaissance du marché chypriote tient moins à des résistances de principe qu'à la relative rareté des occasions concrètes de dialogue et de rencontre entre les chefs d'entreprise et les décideurs économiques des deux pays.
C'est pourquoi la réactivation de la Chambre de Commerce franco-chypriote va dans le bon sens, car cette instance contribuera à renforcer les contacts déjà pris et à favoriser le lancement de nouveaux projets, dont nos deux économies sauront tirer profit.
Je souhaite pleine réussite aux futurs responsables de cette chambre qui, d'ores et déjà, est assurée du soutien du Sénat, notamment par le canal de son groupe d'amitié France-Chypre.
Avant de céder la parole au ministre chypriote puis aux spécialistes qui vont se succéder à cette tribune toute la matinée, je voudrais enfin rassurer tous ceux que la partition de Chypre continue d'inquiéter.
La France, vous le savez, a officiellement regretté que les référendums d'avril 2004 sur la réunification de l'île n'aient pas permis l'entrée dans l'Union européenne d'une Chypre réunifiée, à laquelle nous avons toujours été favorables.
Cela étant, le maintien pour le moment des deux communautés ne doit pas servir d'alibi économique pour rester à l'écart d'un pays où la présence des entreprises françaises peut se révéler non seulement rentable financièrement, mais aussi constructive politiquement.
En effet, le développement harmonieux de Chypre -au nord comme au sud- sera aussi, à terme, un élément de nature à favoriser le rapprochement de tous ses habitants et à faciliter la réunification que nous appelons de nos vux.
Sur cette note d'optimisme, permettez-moi de souhaiter à tous de bons et fructueux travaux, en espérant que vous garderez un excellent souvenir de votre passage au Sénat et que vous y reviendrez.
(Source http://www.senat.fr, le 9 décembre 2004)