Déclaration de Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le rôle de la Fédération des stations vertes de vacances, sur l'action menée par le gouvernement en coopération avec tous les acteurs du tourisme pour le développement durable du tourisme en espace rural, Eguzon, le 22 septembre 2000.

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Circonstance : Forum des stations vertes à Eguzon, le 22 septembre 2000

Texte intégral

Monsieur le Ministre,
Cher Michel,
Monsieur le maire,
Monsieur le député,
Monsieur le président des stations vertes de vacances,
Mesdames, messieurs les élus,
Chers amis,
Permettez-moi, tout d'abord, de vous dire combien je suis heureuse d'être parmi vous pour la tenue de ce Forum des stations vertes de vacances.
Je le suis d'autant que cette assemblée se tient au coeur de cette région du Centre, riche à la fois par son patrimoine prestigieux des bords de Loire, et par ses régions rurales si authentiques et toutes aussi attrayantes que cette commune d'ÉGUZON où nous sommes réunis aujourd'hui.
On le sait, avec plus de 2.500 monuments classés, des édifices classés au patrimoine mondial comme le château de Chambord ou les cathédrales de Chartres et de Bourges ; avec ses 3 parcs naturels régionaux, la région Centre bénéficie depuis de nombreuses années d'une renommée internationale.
Carrefour de la France bien desservi par un dense réseau routier et autoroutier, mais aussi ferré avec le TGV sur Tours, le Centre sait être aussi une région d'accueil de proximité pour Paris et le Nord de la France.
De tous ces atouts, la Région Centre tire de nombreux avantages dont, notamment, un développement touristique déjà très conséquent même s'il reste concentré, pour l'instant, sur quelques territoires aux atouts prestigieux comme le Val de Loire.
Ainsi, le tourisme, en employant plus de 28.000 personnes, représente ici plus de 6,8 millions de séjours et place le Centre parmi les dix premières régions touristiques françaises.
Mais au-delà des chiffres, le Centre est aussi une région réputée pour la qualité de l'accueil que ses habitants réservent à leurs visiteurs, soucieux de faire partager leur patrimoine architectural et naturel.
Je sais qu'en m'adressant en ces termes à votre fédération, Monsieur le président, je suis entendue et comprise. Car, on peut le dire, dans ce domaine vous avez fait oeuvre de pionniers.
Qui, en effet, pouvait penser au moment où votre fédération a vu le jour en 1964, que le concept de station rurale que vous avez alors lancé, serait précurseur du développement du tourisme en espace rural ? Peu de monde, je crois !
Aujourd'hui, votre réseau, présent sur tout notre territoire avec ses 845 communes adhérentes représentant 555 stations vertes, constitue un des acteurs essentiels de ces nouvelles formes de tourisme, plus authentiques, plus proches des hommes, des cultures et de la nature, auxquelles aspirent de plus en plus de nos compatriotes et de nos voisins européens.
En mêlant l'exigence de qualité et le souci de développement économique, vous êtes depuis longtemps partie prenante vous aussi de ce qui fait l'image de la France : la qualité de son accueil.
Votre fédération a d'ailleurs bien compris que dans ce domaine, le dynamisme est, si je puis dire, presque imposé. Il ne s'agit pour personne de s'endormir sur de quelconques lauriers et il faut en permanence non seulement répondre mais aussi devancer les demandes et les attentes des touristes.
C'est je crois cette appréhension nette des évolutions de ces demandes et de ces attentes qui vous ont conduit, il y a quelques années à remettre, comme on dit, l'ouvrage sur le métier.
Vous vous êtes ainsi lancé dans une démarche ambitieuse d'amélioration de vos critères qualitatifs pour la labellisation de vos adhérents et de promotion de votre fédération. C'est en tout cas l'objectif que vous poursuivez à travers le schéma directeur que vous avez mis en place, il y a trois ans, avec l'aide des services de mon ministère et de l'AFIT.
Très sincèrement, Monsieur le président, Mesdames et messieurs, je ne peux que vous en féliciter et vous encourager à poursuivre toujours plus loin dans cette voie.
C'est elle qui, j'en suis convaincue, permettra à vos communes adhérentes d'accueillir une population touristique, pour la plupart citadine, toujours plus attentive et exigeante sur la qualité de l'accueil, de l'environnement et des produits offerts.
Vous le savez, cette quête incessante de la qualité du tourisme rural est une question à laquelle je suis très attachée.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il s'agit, pour le tourisme en général, d'une question d'avenir.
En effet, à un moment où l'on s'attend à un doublement des flux touristiques en Europe d'ici 20 ans, peut-on continuer à envisager d'accueillir 80 % des touristes qui fréquentent la France, sur seulement 20 % de notre territoire ?
Peut-on risquer de provoquer des sur fréquentations sur certains sites réputés, entraînant ici et là des effets repoussoirs tant pour la population locale que pour les touristes eux-mêmes ?
Si, dans les évolutions à venir, notre pays veut continuer à maintenir sa place de première destination touristique au monde la réponse est évidemment non.
Or, nous en sommes tous conscients, la valorisation de l'espace rural par le tourisme, ou plus simplement, le tourisme rural représente bien aujourd'hui un véritable enjeu des développements à venir.
Il est aussi un moyen d'apporter une réponse aux difficultés économiques et sociales auxquelles certaines régions en reconversion d'activités économiques se trouvent confrontées.
Car c'est maintenant une réalité incontestable, le tourisme, lorsqu'il est l'objet d'une politique concertée et harmonisée, est porteur de création d'emplois.
C'est pourquoi je me consacre, depuis trois ans à la tête de ce ministère, à promouvoir et à faire vivre cette notion, maintenant connue, de tourisme durable.
Un tourisme durable qui associe :
le respect des hommes et de leurs cultures, la préservation de l'environnement et du patrimoine,

le développement économique maîtrisé du territoire,

la cohésion, la justice sociale et la qualité de vie des populations locales, grâce à une meilleure répartition des richesses et à la création d'emplois.

Tout cela passant, bien sûr, par l'association de tous les acteurs du développement aux prises de décisions.
Certes, une telle politique ne se conduit pas sans ressources.
Ainsi, j'ai fait en sorte, en partenariat avec les régions, de renforcer les moyens disponibles à partir des Contrats de plan afin de favoriser le développement touristique des territoires ruraux.
Avec des ressources multipliées par trois par rapport aux précédents, ces nouveaux contrats de plan favoriseront essentiellement des actions territoriales et de qualification professionnelle des acteurs du tourisme local.
Je sais que les travaux des ateliers que vous avez mené ce matin sur les thèmes majeurs du développement touristique des collectivités locales, ont été à l'occasion de nombreux échanges d'expériences, permettant à tous de capitaliser les savoirs et les savoir-faire des uns et des autres.
C'est là aussi une démarche à laquelle je suis personnellement très attachée.
S'organiser et travailler ensemble, est aujourd'hui une nécessité.
C'est dans cet esprit de renforcement des partenariats, à tous les niveaux, qu'il est apparu nécessaire de créer un nouvel espace de concertation et d'échange, une structure de réflexion propre au tourisme rural.
Avec mes collègues Jean GLAVANY, ministre de l'Agriculture et de la Pêche et Dominique VOYNET, ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, nous avons donc pris l'initiative de la création d'une Conférence permanente du tourisme en espace rural et nous venons de la mettre en place.
Bien entendu, Monsieur le Président, votre fédération y a toute sa place.
Je ne doute pas, d'ailleurs, qu'elle y soit un membre actif si j'en juge par les nombreux partenariats que votre fédération a entrepris avec, entre autre :
l'Observatoire National du Tourisme pour améliorer la connaissance des retombées économiques du tourisme,

les Comités Départementaux du Tourisme et la FNOTSI pour participer à des projets de développement locaux et promouvoir votre label auprès de nouvelles stations,

l'Office Français de la Fondation pour l'Éducation à l'Environnement en Europe pour faire bénéficier vos adhérents du label Pavillon Bleu.

Je compte également sur vos adhérents plus concernés par le développement touristique en moyenne montagne pour être attentifs aux propositions que mes services étudient en ce moment.
Elles résultent du rapport que j'avais commandé à un groupe d'inspecteurs généraux sur l'économie touristique en moyenne montagne et seront présentées au Conseil National de la Montagne qui doit se tenir au début de l'année prochaine.
Mais, au-delà de ces actions que nous avons engagées, je tiens à réaffirmer ici que rien de durable ne se fera si tous les acteurs de terrain, comme vous le faites, ne prennent pas eux-mêmes la décision d'aller de l'avant, d'évoluer avec les besoins, les attentes du public et les nouvelles techniques de production.
C'est pourquoi la mobilisation de tous, et en particulier des grands réseaux nationaux (pays d'accueil touristiques, parcs naturels régionaux, stations vertes de vacances), est indispensable, dans le cadre des politiques interministérielles qui ont été mises en place par l'État, pour assurer la cohérence et le développement durable du tourisme en espace rural.
C'est cette dynamique que je m'efforce de mettre en avant dans notre pays.
C'est cette démarche aussi que je m'attache à faire valoir auprès de mes collègues de l'Union européenne dans le cadre de la Présidence française et dont nous débattrons lors de la réunion que j'ai souhaitée et qui se tiendra avec les ministres européens du tourisme, à LILLE, le 22 novembre prochain.
Vous l'aurez compris, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, nous sommes entrés dans une nouvelle ère du tourisme.
Le tourisme de cueillette où il suffisait d'attendre le visiteur est révolu.
Aujourd'hui la priorité, grâce à la mobilisation de tous les acteurs publics et privés, doit aller à :
une meilleure qualité de l'offre par l'amélioration des équipements d'accueil et par des prestations irréprochables pour fidéliser les clientèles touristiques,

une mise en marché plus efficace de vos produits, particulièrement ceux que l'on trouve en espace rural et qui sont souvent encore mal connus et mal structurés en raison de leur diversité.

De plus, les nouvelles technologies appliquées au tourisme par différents acteurs, regroupés notamment autour de RÉSINFRANCE, ont considérablement modifié, les règles de communications, d'informations et de réservations de l'offre touristique. Il faut s'y préparer et former des personnes capables d'optimiser ces nouvelles techniques.
Pour atteindre ses objectifs, il faut s'attacher à promouvoir :
une amélioration de la qualité des professionnels par une formation permanente et une amélioration des conditions de travail à même de favoriser la fidélisation des travailleurs qualifiés,

une intégration plus forte dans l'intercommunalité pour valoriser les complémentarités nécessaires autour de pôles d'animation touristiques que peuvent être les stations vertes de vacances en bénéficiant d'un concept rénové et modernisé.

A cet égard, vous vous êtes lancés dans un travail de remise à plat des fondements et des labels qui ont présidés au développement de votre fédération en parallèle à celui du tourisme rural.
Vous avez ainsi entrepris de moderniser vos critères, de revoir votre charte fondatrice pour tenir compte des évolutions des attentes des consommateurs.
Vous vous interrogez maintenant sur la manière d'être acteurs dans les schémas locaux de développement touristique et dans la politique définie par la loi d'orientation du 25 juin 1999 pour l'aménagement et le développement durable du territoire.
Vous vous interrogez enfin sur la manière d'assurer la promotion de votre environnement par la prise en compte d'écolabels, vous mettant ainsi en situation d'améliorer la qualité de votre environnement et donc de votre offre.
Encore une fois, je vous encourage à poursuivre.
C'est avec de telles démarches, qu'ensemble, les acteurs du tourisme feront de ce secteur un facteur de développement de notre économie et un facteur de progrès social au bénéfice des populations et des travailleurs qui en vivent.
Elles ne doivent donc pas s'arrêter.
Aussi, je vous remercie et vous dis bon courage à tous pour poursuivre et aller jusqu'au bout de ce que vous avez si bien entrepris.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 9 octobre 2000)