Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur la libération d'Alençon par la 2ème DB en 1944, Alençon le 12 août 2004.

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Circonstance : 60ème anniversaire de la libération d'Alençon le 12 août 2004

Texte intégral

Déclaration à Alençon le 12 août :
Monsieur le Préfet,
Madame le Maire,
Monsieur le Président de la communauté urbaine,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les élus,
Mon Général,
Monsieur le Président des Anciens de la 2ème DB,
Mesdames et Messieurs les présidents d'associations patriotiques,
Mesdames et Messieurs,
La cérémonie solennelle et populaire qui nous réunit en atteste : Alençon n'a jamais oublié le 12 août 1944.
Depuis, chaque année, avec fierté et émotion, vous vous remémorez cette journée épique inscrite pour toujours dans votre mémoire. Elus et habitants, vous conservez fidèlement le souvenir de ces heures d'allégresse et de joie qui marquèrent votre Libération.
Une page d'histoire gravée également dans la mémoire nationale, tant l'écho de la libération d'Alençon se propagea dans tout le pays. En effet, pour tous les Français, elle signifiait l'ouverture de la route de Paris. Pour tous les Français, elle confirmait le caractère désormais inéluctable de la victoire des forces de la Liberté sur celles de la barbarie et de l'oppression.
Et cette page glorieuse était écrite par des Français.
C'est pourquoi, Alençon reste comme le symbole d'une immense espérance en passe de devenir, dans l'honneur, une réalité tangible.
Quand, le 11 août 1944, après des combats meurtriers d'une extrême intensité dans le nord de la Sarthe, Leclerc arriva aux portes d'Alençon, la ville était occupée depuis 4 ans et 2 mois.
Nous ne devons pas, non plus, l'oublier, car votre ville ne fut pas épargnée par la cruauté de l'Occupation. A l'humiliation, à l'asservissement et aux privations, s'ajoutèrent les persécutions antisémites qui anéantir plusieurs familles et une répression impitoyable contre les Résistants.
Plusieurs bombardements causèrent également deuils et destructions.
Au nom du Gouvernement, je m'incline avec émotion, devant la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui furent les victimes de cette terrible période.
C'est dans la nuit du 11 au 12 août que le commandant de la 2ème DB, sur les conseils du jeune Raymond Ciroux, prend la décision audacieuse de pénétrer dans la ville.
Des plaques commémoratives et des monuments rappellent le souvenir des lieux historiques, des moments forts et des acteurs héroïques de ces heures décisives.
L'enjeu stratégique et symbolique était considérable. Dès l'aube, les hommes de la 2ème DB, et Leclerc lui-même, progressent dans la ville. La victoire est rapidement complète et les destructions évitées.
Une joie si longtemps contenue, peut enfin éclater. Rapidement, elle gagnera la France entière.
Après Ajaccio et Bastia, Alençon devient la première grande ville française libérée par l'armée française. Une étape majeure dans la renaissance de nos forces armées et pour la reconstruction du pays.
De Koufra à Berchtesgaden, via Paris et la cathédrale de Strasbourg, la route de l'Honneur et de Liberté passait donc par Alençon. C'était le 12 août 1944, voici exactement soixante ans.
Aujourd'hui, nous rendons l'hommage qu'ils méritent aux héros de cette épopée.
Je salue avec un profond respect les Anciens de la 2ème DB présents à cette cérémonie. Ils méritent notre admiration et la reconnaissance de la Nation. J'adresse un salut particulier aux membres de la famille du Maréchal Leclerc de Hautecloque, qui ont tenu à commémorer avec nous ses exploits.
Aux jeunes, souvent en quête de repères, aux jeunes qui s'interrogent sur l'histoire de notre pays, à ceux qui cherchent un modèle qui ne les décevra pas, ici à Alençon, vous savez qu'il faut leur proposer en exemple la vie du Général Philippe Leclerc de Hautecloque, Maréchal de France.
Ici, à Alençon, vous savez que votre libérateur est un héros de légende. Aux côtés du Général de Gaulle, Leclerc est de ces hommes d'exception qui n'ont connu ni faiblesses, ni médiocrité. Chez lui, tout est grand, tout est vrai, tout est à la mesure d'un chef militaire exemplaire, entièrement dévoué au service de la France.
Mesdames et Messieurs, depuis les cérémonies du 6 juin, une grande ferveur a saisi notre pays. Un vaste mouvement populaire entoure les commémorations de cet été 44 d'immortelle mémoire.
C'est le signe fort que nous ressentons, tous, le devoir de manifester notre reconnaissance à ceux qui se sont battus pour notre liberté.
Nous mesurons aussi le poids des sacrifices nécessaires pour rendre leur liberté et leur dignité à notre pays et à notre continent. Nous savons que cette marche victorieuse s'est accompagnée de très nombreuses souffrances, qui méritent compassion et respect.
C'est aussi la preuve de l'importance que nous accordons aux valeurs pour lesquelles tant d'hommes ont dû donner leur vie. Nous sommes conscients de la modernité des principes de liberté, de respect de la dignité de la personne qui étaient alors en jeu.
Chaque jour, nous constatons combien il est de notre devoir de les transmettre aux nouvelles générations.
Comme le Président de la République l'a dit, avec une grande force, au Chambon-sur-Lignon, il appartient à chacun d'entre nous de respecter ses valeurs essentielles, de les enseigner, et de les défendre.
Ces commémorations nous invitent enfin à prendre conscience de la portée historique de la réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.
Comment ne pas mesurer l'importance du chemin parcouru en soixante ans pour réunifier un continent aussi longtemps ravagé par les guerres et les divisions. Comment ne pas voir dans le projet européen le plus beau des hommages que nous puissions rendre à ceux qui ont tout donné pour notre Liberté.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 août 2004)