Déclaration de M. Georges Sarre, président délégué du Mouvement des citoyens, sur le bilan de l'action du MDC et sur les objectifs pour la prochaine session parlementaire, Paris le 26 septembre 2000.

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Circonstance : Journée parlementaire du Mouvement des citoyens (MDC) à l'Assemblée nationale le 26 septembre 2000

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Qui mieux que les Verts et le MDC peuvent témoigner que la gauche est plurielle? Nourrir un débat argumenté en évitant les diabolisations inutiles, tel est notre objectif. A côté du puissant groupe parlementaire socialiste et du groupe communiste en mutation, le groupe RCV parvient à faire vivre en son sein la diversité.
La liberté de parole et de vote, l'absence de mandat impératif - règle de base du parlementarisme si souvent oubliée- permettent à chacune de nos formations de s'exprimer à l'Assemblée Nationale. Nous gérons nos désaccords grâce à un règlement en béton armé, matériau qui vous le voyez peut avoir du bon.
Nous sommes souvent en désaccord, sur la politique énergétique par exemple, sur l'immigration, sur le rôle de la loi, sur notre conception exigeante de la République qui à notre sens ne peut produire des droits que si sont reconnus aussi des devoirs. Nous pensons que la sécurité intérieure n'est pas une valeur de droite mais bien une valeur de gauche dès lors que ce sont les milieux populaires qui payent les pots cassés d'une société privée de repères.
Ils nous arrivent d'être en accord, en particulier sur l'idée que le groupe socialiste et le gouvernement doivent mieux prendre en compte à l'Assemblée Nationale l'existence et les propositions des députés pluriels. Nous nous montrons disponibles chaque fois que des actions peuvent être entreprises en commun au plan parlementaire.
Avec Yves COCHET, nous travaillons sans relâche pour faire admettre par Bercy d'abord par Bruxelles ensuite, l'urgente nécessité de l'instauration d'une taxe sur les mouvements de capitaux qui corrigerait un peu les effets désastreux de l'adoption de l'acte unique européen.
Avec Marie-Hélène AUBERT, nous nous sommes retrouvés dans un appel commun contre l'intervention militaire de l'OTAN en Yougoslavie, intervention dont chacun peut aujourd'hui dresser le bilan et mesurer les manipulations qui l'ont entourée.
Avec André ASCHIERI, nous partageons une même conception de la citoyenneté et de la place centrale de l'éducation et de la culture dans la formation du citoyen.
Avec Jean-Michel MARCHAND, nous avons souvent constaté sur les bancs de l'Assemblée une approche commune en matière de services publics, d'aménagement du territoire ou de politique du logement social.
Nous parvenons même à être d'accord sur certains points avec Noël MAMERE, c'est dire notre ouverture d'esprit. Par exemple, sur l'idée qu'il faut conserver la redevance TV pour conforter le service public audio-visuel.
Les parlementaires MDC et Verts ont agi ensemble à l'Assemblée Nationale pour obtenir du gouvernement un débat sur l'OMC, qui a permis un début de prise de conscience des dégâts du commerce déréglementé sous contrôle américain, et la naissance d'un rapport de force qui a abouti au torpillage de la conférence de Seattle.
Nous venons de nouveau de saisir ensemble, avec nos amis radicaux, le gouvernement pour demander que la question de la politique énergétique de la France soit posée devant le Parlement. Dans un tel débat, nous ne développerons sans doute pas tout à fait la même analyse. Si nous pouvons nous retrouver sur certaines orientations du rapport COCHET, que nous jugeons peu réaliste, le MDC ne souhaite pas voir réduire le débat à un plan d'économie d'énergie aussi nécessaire soit-il. Le mode de fixation du prix du pétrole, la main mise américaine sur l'essentiel de la production mondiale, la levée d'un embargo inique pesant sur le deuxième producteur, le poids des majors pétroliers, la nécessaire poursuite d'un programme électro-nucléaire, seule alternative réelle et sérieuse au pétrole sont quelques unes des questions qu'il faut poser.
Le dossier Corse ne nous réunit pas. Jean-Pierre CHEVENEMENT a été conduit à quitter le gouvernement parce qu'il était pour nous inacceptable que ne soit pas levé le préalable de la violence, qu'un pouvoir législatif même partiel soit accordé à Ajaccio et que le Corse soit quasiment obligatoire. Les parlementaires du MDC combattront ce projet à l'Assemblée Nationale. Pour le reste, nous sommes dans la majorité, nous voterons le budget. Naturellement nous exerçons, comme les Verts le font d'ailleurs de leurs côtés, notre mandat parlementaire dans toute sa plénitude, notamment au travers du droit d'amendement. Nous restons fidèles pour ce qui nous concerne au discours de politique générale du premier ministre, contrat commun de la majorité plurielle. Ce sera notre boussole chaque fois que nous aurons à décider de notre vote sur les projets de loi gouvernementaux.
Lionel JOSPIN a rappelé fort justement, il y a quelque temps, que l'alliance des classes moyennes et des classes populaires devait rester l'objectif de la gauche. Il nous semble que pour amarrer les classes populaires à la République, pour porter les intérêts des plus défavorisés et pour qu'ils se sentent eux-mêmes défendus, entendus et soutenus, la gauche doit promouvoir, plus que jamais, l'égalité au coeur de la devise républicaine :
Egalité devant la loi qui s'impose à tous.
Egalité des chances par la transmission de valeurs et de savoirs au travers d'une école formatrice de citoyens, récompensant le mérite et l'effort loin d'un pédagogisme démagogique qui dessert les plus modestes.
Egalité sociale par la promotion du travail contre la finance, d'un service public rénové et performant contre une conception de l'État modeste dans ses moyens et dans ses ambitions et d'une mutualisation collective des risques sociaux contre une logique assurantielle individualisée.
Egalité territoriale par une authentique politique d'aménagement du territoire contre la multiplication des discriminations dites positives, et des zones dites franches.
Egalité des droits mais aussi des devoirs.
Ce combat pour l'égalité, nous souhaitons lui donner une traduction politique au travers de la constitution d'un pôle républicain au sein de la gauche et dans tout le pays. Que le débat s'engage!
(Source htp://ww.mdc-France.org, le 31 janvier 2001)