Texte intégral
Q- Les principaux pays créanciers au monde, réunis informellement au sein du Club de Paris, doivent donc examiner aujourd'hui un gel des remboursements des dettes, entre autres, du Sri Lanka et de l'Indonésie. Ces deux pays ne sont les seuls à être touchés, mais les pays victimes ne souhaitent pas être logés à la même enseigne. Le principe d'un moratoire sur la dette des pays d'Asie touchés par le tsunami est désormais acquis. Il devra donc être validé tout à l'heure par les pays créanciers ?
R- Oui. En tout cas, c'est ce que nous souhaitons. Un travail préparatoire évidemment très intense a été fait à l'initiative de la France, dans le cadre du Club de Paris. Et c'est vrai que, de ce point de vue, la solidarité a joué à plein, puisque les 19 créanciers publics, qui sont membres du Club de Paris, mobilisés sur la question, vont se retrouver aujourd'hui pour discuter effectivement, comme vous l'avez dit, de la possibilité d'accorder un certain nombre de dispositions financières, d'aides, aux pays touchés par ce drame, et notamment à travers un moratoire.
Q- Un pays comme l'Indonésie par exemple, le service de la dette pour l'année 2005 c'est environ 3 milliards de dollars, ce qui n'est pas rien. Selon quelles modalités cela pourrait-il se faire, combien de temps cela pourrait-il durer ?. Cela concernera-t-il les pays principaux, également les intérêts ? Y a-t-il des conditions également ? Le FMI doit-il poser éventuellement ses conditions auparavant ?
R- D'abord, il faut bien voir l'esprit dans lequel nous travaillons. C'est une proposition de moratoire qui est faite aux pays victimes de cette tragédie, et bien entendu, ces mesures vont bénéficier aux pays qui le souhaitent. Il ne s'agit évidemment pas, ni de leur forcer la main, ni de leur donner le sentiment qu'il s'agit là d'une obligation qui pourrait ensuite donner lieu à autre chose. Non, non...
Q- La preuve : l'Inde et la Thaïlande, pour l'instant, refusent toute idée de moratoire ou d'annulation de la dette, parce que cela pourrait rendre plus difficile ou plus coûteux, par exemple, leur accès aux marchés de capitaux.
R- C'est la raison pour laquelle j'ai bien précisé que c'était pour les pays qui le souhaitaient. Chacun, bien entendu, dans sa souveraineté peut décider des choses. C'est vrai, vous avez raison de le dire, a priori, selon ce que nous en savons, c'est un nombre limité de pays débiteurs touchés par la catastrophe - je pense à l'Indonésie, au Sri Lanka et aux Seychelles - qui devraient accepter ce moratoire. En tout cas, la proposition est faite à tous, et naturellement, il leur appartiendra de choisir s'ils le souhaitent ou pas.
Q- Quel sera spécifiquement l'effort de la France concernant le moratoire de la dette de ces deux pays ?
R- D'abord, pour ce qui concerne la France, je veux rappeler que c'est un effort global qui est consenti, avec d'abord 50 millions d'euros d'aide d'urgence qui ont été accordés ; c'est la première étape, avec un premier versement que j'ai opéré en tant que ministre du Budget, dès le lendemain de la catastrophe. Donc, c'étaient 15 millions d'euros, plus 3 millions d'euros d'action humanitaire française bilatérale. S'ajoutent à cela 23 millions d'euros qui ont été mobilisés pour la reconstruction des zones dévastées, dont 3 millions par les Agences françaises de l'eau. Donc, c'est vrai que tout cela fait beaucoup. Auxquels, naturellement s'ajoutent les 300 millions d'euros de facilités que H. Gaymard a annoncés pour faciliter la reconstruction.
Q- Et cet argent, où le prend-on ?
R- Cet argent s'inscrit naturellement... D'abord, dans un premier temps, il s'est inscrit dans ce qui relève des crédits mis en réserve de précaution pour les situations d'urgence. Et donc, c'est vrai que de ce point de vue, c'est une occasion pour moi de rappeler que c'est bien utile, lorsque l'on gère un budget, de mettre en réserve des crédits comme nous allons le faire cette année, pour justement faire face à des situations imprévues comme celle-là. Et puis, pour ce qui concerne le reste, cela va naturellement s'inscrire dans l'aide au développement et selon des formes, bien entendu, que nous allons être amenés à bien préciser dans les semaines qui viennent. En tout état de cause, l'urgence commande la solidarité internationale. Et vous savez que dans ce domaine, la France souhaite être en pointe de l'aide au développement. C'est une nouvelle occasion pour moi de dire combien il s'agit là d'une priorité absolue du président de la République.
Q- On parle de moratoire, mais certains veulent aller au-delà : ils parlent d'allégement de la dette, d'annulation de la dette. F. Hollande, par exemple, dit : "plus qu'un moratoire, il faut annuler une partie de la dette". L'Allemagne également est prête à aller au delà du moratoire ; le Premier ministre luxembourgeois,
J.-C. Juncker. Que faut-il faire ?
R- Je crois qu'il faut franchir les étapes les uns après les autres. Vous l'avez vu, la France est en avant de la main dans toutes ces initiatives, et ce n'est pas un hasard si le Club de Paris, dans lequel la France joue un rôle majeur, naturellement, est en première ligne dans ce domaine. D'abord, il faut bien avoir à l'esprit que, dans le cas de la France, le prononcé d'un moratoire sur les échéances dues par l'Indonésie, le Sri Lanka et les Seychelles porterait à lui seul sur un total de 130 millions d'euros en 2005. Ensuite, d'autres formules, naturellement, pourront être, petit à petit, mises en marche. Aujourd'hui, la première étape est de répondre à ce moratoire sans intérêts ; c'est un premier pas qui permettra, sur la base de l'évaluation des besoins de financement que les institutions financières internationales vont effectuer, de travailler sur d'éventuelles mesures complémentaires. Mais il s'agit là d'un pas très important.
Q- Une dernière question : vous reprenez votre casquette de ministre délégué du Budget...
R- Je n'avais pas l'impression de l'avoir quittée...
Q- Bien sûr, mais vous êtes aussi porte-parole du Gouvernement, je le rappelle. Dans Les Échos, ce matin, on lit, à propos de la réforme de l'ISF que le barème, bien sûr, a été relevé pour cette année, mais apparemment, on n'irait pas plus loin" puisque le projet de loi sur le développement de l'économie et des entreprises, qui sera présenté au printemps par H. Gaymard et C. Jacob, ne comporterait rien concernant l'ISF. Est-ce vrai, est-ce faux ?
R- Ce point n'a pas été abordé à ce stade. La seule chose que je peux dire, c'est que C. Jacob travaille avec H. Gaymard et moi-même de manière très active sur l'élaboration d'un plan qui doit permettre d'aider les PME à être en première ligne pour aller chercher la croissance dont nous avons besoin cette année, en termes d'investissement et d'emploi. Il y a un certain nombre de mesures qui sont en préparation, de simplification, des mesures fiscales. Tout cela viendra à son heure, dans les semaines qui viennent. Et on aura l'occasion, naturellement, de reparler de tous ces éléments.
Q- Dans les semaines qui viennent, en tout cas, pas avant le référendum, cela serait trop sensible avant le référendum ?
R- Je vais vous dire une chose : on est le 12 janvier aujourd'hui, je crois que c'est la première fois dans l'histoire récente de notre pays que l'on parle si tôt de questions budgétaires et fiscales. Et vous comprenez que pour 2006, je ne puisse pas rentrer à ce stade dans le détail. Reconnaissez quand même avec moi que c'est quand même une première et que c'est quelque chose de très important. Cela s'inscrit dans cette révolution que nous voulons mettre en oeuvre du budget, de telle manière que, le plus tôt possible, avec la loi organique, chaque euro dépensé soit mesuré et évalué dès le premier euro, et non plus, comme cela se faisait dans l'urgence, dans le dernier trimestre de l'année. Croyez-moi, j'aurai l'occasion de reparler avec vous de toutes ces questions, comme d'ailleurs de politique fiscale. Ce sont des sujets qui sont très importants et sur lesquels les décideurs économiques attendent beaucoup. Nous en reparlerons, ne vous inquiétez pas, de tous ces sujets au fil des semaines qui viennent.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 janvier 2005)
R- Oui. En tout cas, c'est ce que nous souhaitons. Un travail préparatoire évidemment très intense a été fait à l'initiative de la France, dans le cadre du Club de Paris. Et c'est vrai que, de ce point de vue, la solidarité a joué à plein, puisque les 19 créanciers publics, qui sont membres du Club de Paris, mobilisés sur la question, vont se retrouver aujourd'hui pour discuter effectivement, comme vous l'avez dit, de la possibilité d'accorder un certain nombre de dispositions financières, d'aides, aux pays touchés par ce drame, et notamment à travers un moratoire.
Q- Un pays comme l'Indonésie par exemple, le service de la dette pour l'année 2005 c'est environ 3 milliards de dollars, ce qui n'est pas rien. Selon quelles modalités cela pourrait-il se faire, combien de temps cela pourrait-il durer ?. Cela concernera-t-il les pays principaux, également les intérêts ? Y a-t-il des conditions également ? Le FMI doit-il poser éventuellement ses conditions auparavant ?
R- D'abord, il faut bien voir l'esprit dans lequel nous travaillons. C'est une proposition de moratoire qui est faite aux pays victimes de cette tragédie, et bien entendu, ces mesures vont bénéficier aux pays qui le souhaitent. Il ne s'agit évidemment pas, ni de leur forcer la main, ni de leur donner le sentiment qu'il s'agit là d'une obligation qui pourrait ensuite donner lieu à autre chose. Non, non...
Q- La preuve : l'Inde et la Thaïlande, pour l'instant, refusent toute idée de moratoire ou d'annulation de la dette, parce que cela pourrait rendre plus difficile ou plus coûteux, par exemple, leur accès aux marchés de capitaux.
R- C'est la raison pour laquelle j'ai bien précisé que c'était pour les pays qui le souhaitaient. Chacun, bien entendu, dans sa souveraineté peut décider des choses. C'est vrai, vous avez raison de le dire, a priori, selon ce que nous en savons, c'est un nombre limité de pays débiteurs touchés par la catastrophe - je pense à l'Indonésie, au Sri Lanka et aux Seychelles - qui devraient accepter ce moratoire. En tout cas, la proposition est faite à tous, et naturellement, il leur appartiendra de choisir s'ils le souhaitent ou pas.
Q- Quel sera spécifiquement l'effort de la France concernant le moratoire de la dette de ces deux pays ?
R- D'abord, pour ce qui concerne la France, je veux rappeler que c'est un effort global qui est consenti, avec d'abord 50 millions d'euros d'aide d'urgence qui ont été accordés ; c'est la première étape, avec un premier versement que j'ai opéré en tant que ministre du Budget, dès le lendemain de la catastrophe. Donc, c'étaient 15 millions d'euros, plus 3 millions d'euros d'action humanitaire française bilatérale. S'ajoutent à cela 23 millions d'euros qui ont été mobilisés pour la reconstruction des zones dévastées, dont 3 millions par les Agences françaises de l'eau. Donc, c'est vrai que tout cela fait beaucoup. Auxquels, naturellement s'ajoutent les 300 millions d'euros de facilités que H. Gaymard a annoncés pour faciliter la reconstruction.
Q- Et cet argent, où le prend-on ?
R- Cet argent s'inscrit naturellement... D'abord, dans un premier temps, il s'est inscrit dans ce qui relève des crédits mis en réserve de précaution pour les situations d'urgence. Et donc, c'est vrai que de ce point de vue, c'est une occasion pour moi de rappeler que c'est bien utile, lorsque l'on gère un budget, de mettre en réserve des crédits comme nous allons le faire cette année, pour justement faire face à des situations imprévues comme celle-là. Et puis, pour ce qui concerne le reste, cela va naturellement s'inscrire dans l'aide au développement et selon des formes, bien entendu, que nous allons être amenés à bien préciser dans les semaines qui viennent. En tout état de cause, l'urgence commande la solidarité internationale. Et vous savez que dans ce domaine, la France souhaite être en pointe de l'aide au développement. C'est une nouvelle occasion pour moi de dire combien il s'agit là d'une priorité absolue du président de la République.
Q- On parle de moratoire, mais certains veulent aller au-delà : ils parlent d'allégement de la dette, d'annulation de la dette. F. Hollande, par exemple, dit : "plus qu'un moratoire, il faut annuler une partie de la dette". L'Allemagne également est prête à aller au delà du moratoire ; le Premier ministre luxembourgeois,
J.-C. Juncker. Que faut-il faire ?
R- Je crois qu'il faut franchir les étapes les uns après les autres. Vous l'avez vu, la France est en avant de la main dans toutes ces initiatives, et ce n'est pas un hasard si le Club de Paris, dans lequel la France joue un rôle majeur, naturellement, est en première ligne dans ce domaine. D'abord, il faut bien avoir à l'esprit que, dans le cas de la France, le prononcé d'un moratoire sur les échéances dues par l'Indonésie, le Sri Lanka et les Seychelles porterait à lui seul sur un total de 130 millions d'euros en 2005. Ensuite, d'autres formules, naturellement, pourront être, petit à petit, mises en marche. Aujourd'hui, la première étape est de répondre à ce moratoire sans intérêts ; c'est un premier pas qui permettra, sur la base de l'évaluation des besoins de financement que les institutions financières internationales vont effectuer, de travailler sur d'éventuelles mesures complémentaires. Mais il s'agit là d'un pas très important.
Q- Une dernière question : vous reprenez votre casquette de ministre délégué du Budget...
R- Je n'avais pas l'impression de l'avoir quittée...
Q- Bien sûr, mais vous êtes aussi porte-parole du Gouvernement, je le rappelle. Dans Les Échos, ce matin, on lit, à propos de la réforme de l'ISF que le barème, bien sûr, a été relevé pour cette année, mais apparemment, on n'irait pas plus loin" puisque le projet de loi sur le développement de l'économie et des entreprises, qui sera présenté au printemps par H. Gaymard et C. Jacob, ne comporterait rien concernant l'ISF. Est-ce vrai, est-ce faux ?
R- Ce point n'a pas été abordé à ce stade. La seule chose que je peux dire, c'est que C. Jacob travaille avec H. Gaymard et moi-même de manière très active sur l'élaboration d'un plan qui doit permettre d'aider les PME à être en première ligne pour aller chercher la croissance dont nous avons besoin cette année, en termes d'investissement et d'emploi. Il y a un certain nombre de mesures qui sont en préparation, de simplification, des mesures fiscales. Tout cela viendra à son heure, dans les semaines qui viennent. Et on aura l'occasion, naturellement, de reparler de tous ces éléments.
Q- Dans les semaines qui viennent, en tout cas, pas avant le référendum, cela serait trop sensible avant le référendum ?
R- Je vais vous dire une chose : on est le 12 janvier aujourd'hui, je crois que c'est la première fois dans l'histoire récente de notre pays que l'on parle si tôt de questions budgétaires et fiscales. Et vous comprenez que pour 2006, je ne puisse pas rentrer à ce stade dans le détail. Reconnaissez quand même avec moi que c'est quand même une première et que c'est quelque chose de très important. Cela s'inscrit dans cette révolution que nous voulons mettre en oeuvre du budget, de telle manière que, le plus tôt possible, avec la loi organique, chaque euro dépensé soit mesuré et évalué dès le premier euro, et non plus, comme cela se faisait dans l'urgence, dans le dernier trimestre de l'année. Croyez-moi, j'aurai l'occasion de reparler avec vous de toutes ces questions, comme d'ailleurs de politique fiscale. Ce sont des sujets qui sont très importants et sur lesquels les décideurs économiques attendent beaucoup. Nous en reparlerons, ne vous inquiétez pas, de tous ces sujets au fil des semaines qui viennent.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 janvier 2005)