Conférence de presse de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, sur le lancement de l'année du Brésil en France et la présentation du programme, Paris le 18 janvier 2005.

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Circonstance : Conférence de presse pour le lancement de l'année du Brésil en France à Paris le 18 janvier 2005

Texte intégral

Messieurs les Ministres, Cher Michel, Cher Gilberto,
Messieurs les Ambassadeurs,
Messieurs les Présidents et Commissaires généraux,
Mesdames et Messieurs,
Cette saison marquera une nouvelle étape dans l'histoire de nos deux peuples, si riche en séductions mutuelles. Vous le savez, Cher Gilberto, depuis cinq siècles, aucun Français n'est resté insensible au Brésil. Pour ne citer que Paul Claudel, le Brésil est " de ces pays mordants qui imprègnent l'âme et lui laissent je ne sais quel ton, quel tour et quel sel dont elle ne parviendra plus à se défaire ".
L'un de nos plus éminents maîtres, Claude Lévi-Strauss, qui fut longtemps professeur à l'université de Sao Paulo, n'a-t-il pas donné à l'un de ses plus récents ouvrages ce beau titre : Saudades do Brasil ? Oui, c'est une véritable histoire d'amour, qui s'est nouée, au long des siècles, entre la France et le Brésil. Une histoire aux couleurs incandescentes de ce bois de braise qui donne à votre pays son nom. Ils sont si nombreux, nos plus brillants esprits qui ont nourri leur oeuvre du génie de votre pays, depuis Montaigne jusqu'à Manet, puis Georges Bernanos, Darius Milhaud, Blaise Cendrars, Roger Caillois, à Alain Touraine, en passant par Fernand Braudel, Georges Dumas, Michel Foucault. Et comme le déclara le Président Jacques Chirac devant votre congrès, " c'est peu de dire que nous, Français, avons réservé un accueil chaleureux à votre forte et puissante culture ", de Jorge Amado, à Paulo Coelho, qui ont conquis des millions et des millions de lecteurs en France et dans toute l'Europe, à tous ceux, dont vous êtes, cher Gilberto, avec Chico Buarque, qui nous ont fait aimer passionnément la musique et la culture populaire brésiliennes, en passant par des cinéastes comme Walter Salles et tant d'autres artistes.
Cette saison culturelle fait vivre aujourd'hui la prophétie que le Général de Gaulle était venu porter il y a quarante ans, devant votre " pays qui monte ", votre " grand peuple réparti sur un immense territoire, disposant de ressources naturelles pour ainsi dire illimitées " - et d'ajouter dans votre langue : " O Brasil é uma terra que em se platando tudo dà ". [Le Brésil est une terre où pousse tout ce que l'on plante]. Oui, il s'agit aujourd'hui de faire vivre cette vision dans l'ordre de la culture " au sens le plus élevé du terme ".
Dans la mondialisation d'aujourd'hui, votre grand pays de 180 millions d'âmes, avec son dynamisme démographique et culturel, est appelé à construire, à nos côtés, une réponse non seulement sociale et humaine, mais aussi culturelle, aux défis du monde.
Nos affinités, notre histoire partagée, nos racines communes, notre attachement à notre identité et à un monde multipolaire, font aujourd'hui de la grande voix du Brésil, jointe à celle de la France, une ambition, une espérance, une promesse, pour réenchanter le monde et dire avec le chanteur Lenine dans sa chanson Sob o mesmo ceù (Sous le même ciel) " nous venons de l'avenir découvrir notre passé ".
Comme ce que l'on appelle dans votre pays " le " samba, ou comme la bossa nova, la saison Brésil/Brésils se jouera sur un rythme à trois temps.
Le premier sera celui des " Racines du Brésil ". Il nous donnera un aperçu, dès le printemps, du patrimoine mondial de l'humanité dont vous êtes les dépositaires avec l'exposition " Brésil Indien : Les Arts des Amérindiens " dans les Galeries nationales du Grand Palais.
Vous trouverez l'ensemble des manifestations dans le dossier de presse. Je signale notamment l'exposition " Franz Post, du Brésil à la cour de Louis XIV " au Musée du Louvre, ainsi que l'exceptionnelle présentation de la peinture du baroque brésilien avec " Trois siècles d'art brésilien : la collection Camargo " au Musée des Beaux-Arts de Rouen.
Pendant ce temps, la Cité de la musique nous enchantera des sons et des images de la musique populaire brésilienne.
Deuxième temps : l'été, celui de la " Vérité tropicale " qui offrira de nombreux concerts de tous les mouvements de la musique brésilienne.
L'été 2005 verra aussi défiler sur la côte d'Azur les " Trios elètricos ", qui, au-delà des trois musiciens (deux guitaristes et un bassiste électriques) rassemblent instrumentistes, chanteuses et danseuses, dans un déploiement de couleurs, chatoyant et bariolé.
Enfin viendra le troisième temps, celui des " Galaxies ". Il présentera la création contemporaine brésilienne dans les domaines de la danse, du théâtre, du cinéma, des arts plastiques et de l'architecture. Mais aussi, des sciences, de la recherche, de l'enseignement, du sport ou du tourisme.
Quelque 400 manifestations participeront de cette démonstration du rayonnement de votre culture, relayée par tous les médias partenaires, presse, radio, chaînes de télévisions publiques.
Chacun de ces trois temps fera écho, dans la diversité et la modernité, aux valeurs que nous partageons. Les valeurs du dialogue des cultures, que nous aurons l'occasion historique de promouvoir ensemble, cette année, dans le cadre de la convention sur la diversité culturelle qui sera, je l'espère, adoptée à l'automne, à l'UNESCO.
Je tiens à rendre hommage, à mon tour, au travail des Présidents et Commissaires généraux français et brésiliens de cette Saison, Jean Gautier, Jean-François Chougnet et André Midani, qui ont tissé cette programmation exigeante et subtile, et relevé le défi de présenter les facettes multiples et métissées de votre culture, aux dimensions d'un continent, dans sa richesse et sa diversité.
Cette saison engage aussi toute la société civile. Et je tiens à remercier l'ensemble des représentants des entreprises françaises et brésiliennes qui se sont engagées dans cette magnifique aventure et tout particulièrement celles qui sont représentées ici : Suez, Accor, la Caisse nationale de prévoyance, Arcelor et Areva.
C'est grâce à vous tous que nous ferons de cette saison un magnifique succès.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 19 janvier 2005)