Texte intégral
Les partisans du oui font et refont leurs comptes : sur le papier, il y a un risque que le non l'emporte au référendum constitutionnel de juin. Les raisons de s'opposer à la ratification du traité abondent, comme l'explique Pierre Moscovici dans Le Figaro de lundi dernier (lire nos éditions du 24 janvier). Le responsable des relations internationales au PS craint le "cumul" entre les Français qui "doutent de la construction européenne", ceux qui "s'inquiètent de son caractère libéral et vont l'attribuer, à tort, au traité constitutionnel" et le souverainisme "résiduel, saisonnier ou permanent, nationaliste ou xénophobe, mais toujours présent". Sans oublier ce que Pierre Moscovici appelle les facteurs de "perturbation", comme l'opposition d'une partie de l'électorat à la réforme des 35 heures, la grogne sociale, ou tout simplement la tentation de "dire dans les urnes à Jacques Chirac que dix ans, ça suffit".
Ce pessimisme est largement partagé au PS. Samedi, lors d'un banquet républicain à Alfortville, Dominique Strauss-Kahn a consacré un long chapitre de son intervention à mettre les socialistes en garde : "La campagne pour le traité constitutionnel ne sera pas une promenade de santé comme le pronostiquent ceux qui nous disaient, sondages à la main, que Maastricht était gagné d'avance, Balladur élu avant d'avoir concouru et Lionel Jospin imbattable. Non, dans notre démocratie, rien n'est acquis d'avance. C'est devenu une démocratie punitive où le contexte d'un scrutin peut peser plus que l'enjeu même du scrutin".
Des mots que Jean-Claude Gaudin aurait pu prononcer. Le vice-président de l'UMP estime lui aussi que "la victoire est loin d'être acquise". Aux catégories de partisans potentiels du non qu'énumèrent les socialistes, il ajoute même l'"électorat catholique". "Ces derniers temps, on ne leur a envoyé que des signaux négatifs", explique-t-il, en rappelant la loi sur la laïcité, l'absence de référence aux "valeurs chrétiennes" dans le préambule du traité constitutionnel et enfin, et surtout, le problème turc.
Jean-Claude Gaudin a fait son possible pour limiter les dégâts. Grâce à ses efforts et à ceux de François Baroin, Nicolas Sarkozy a accepté de noyer la question de l'adhésion d'Ankara dans un texte général sur l'Europe, qu'il soumettra le 6 mars au conseil national de l'UMP.
Mais en défendant la candidature turque contre l'avis de sa famille politique et d'une majorité de l'électorat de droite, Jacques Chirac a pris un risque qui n'échappe à personne. Dominique Strauss-Kahn accuse déjà : "La droite dans sa confusion turque, ses leaders dans leur volonté de brusquer les échéances, le gouvernement dans sa radicalisation libérale, Jacques Chirac dans ses aveuglements, tout milite pour que le peuple gronde." François Bayrou tient à peu près le même langage quand il exprime ses craintes d'une "coagulation des mécontentements", tout en revendiquant le leadership du camp du oui.
François Hollande, lui, refuse de considérer que les jeux sont faits. Dimanche, il a exhorté les secrétaires de section du PS à la mobilisation. "Cette consultation, son sort, son résultat dépendent de nous et de nous seuls", leur a-t-il affirmé, en leur demandant de ne pas confondre les sujets et les moments : "Ce n'est pas la Turquie qui est en cause dans le traité constitutionnel. Et l'échec du référendum, si échec il devait y avoir, ne serait pas l'échec du gouvernement ou de Jacques Chirac." Un plaidoyer que le président de la République a dû apprécier à sa juste valeur.
(Source http://www.mpf.villiers.org, le 9 février 2005)
Ce pessimisme est largement partagé au PS. Samedi, lors d'un banquet républicain à Alfortville, Dominique Strauss-Kahn a consacré un long chapitre de son intervention à mettre les socialistes en garde : "La campagne pour le traité constitutionnel ne sera pas une promenade de santé comme le pronostiquent ceux qui nous disaient, sondages à la main, que Maastricht était gagné d'avance, Balladur élu avant d'avoir concouru et Lionel Jospin imbattable. Non, dans notre démocratie, rien n'est acquis d'avance. C'est devenu une démocratie punitive où le contexte d'un scrutin peut peser plus que l'enjeu même du scrutin".
Des mots que Jean-Claude Gaudin aurait pu prononcer. Le vice-président de l'UMP estime lui aussi que "la victoire est loin d'être acquise". Aux catégories de partisans potentiels du non qu'énumèrent les socialistes, il ajoute même l'"électorat catholique". "Ces derniers temps, on ne leur a envoyé que des signaux négatifs", explique-t-il, en rappelant la loi sur la laïcité, l'absence de référence aux "valeurs chrétiennes" dans le préambule du traité constitutionnel et enfin, et surtout, le problème turc.
Jean-Claude Gaudin a fait son possible pour limiter les dégâts. Grâce à ses efforts et à ceux de François Baroin, Nicolas Sarkozy a accepté de noyer la question de l'adhésion d'Ankara dans un texte général sur l'Europe, qu'il soumettra le 6 mars au conseil national de l'UMP.
Mais en défendant la candidature turque contre l'avis de sa famille politique et d'une majorité de l'électorat de droite, Jacques Chirac a pris un risque qui n'échappe à personne. Dominique Strauss-Kahn accuse déjà : "La droite dans sa confusion turque, ses leaders dans leur volonté de brusquer les échéances, le gouvernement dans sa radicalisation libérale, Jacques Chirac dans ses aveuglements, tout milite pour que le peuple gronde." François Bayrou tient à peu près le même langage quand il exprime ses craintes d'une "coagulation des mécontentements", tout en revendiquant le leadership du camp du oui.
François Hollande, lui, refuse de considérer que les jeux sont faits. Dimanche, il a exhorté les secrétaires de section du PS à la mobilisation. "Cette consultation, son sort, son résultat dépendent de nous et de nous seuls", leur a-t-il affirmé, en leur demandant de ne pas confondre les sujets et les moments : "Ce n'est pas la Turquie qui est en cause dans le traité constitutionnel. Et l'échec du référendum, si échec il devait y avoir, ne serait pas l'échec du gouvernement ou de Jacques Chirac." Un plaidoyer que le président de la République a dû apprécier à sa juste valeur.
(Source http://www.mpf.villiers.org, le 9 février 2005)