Texte intégral
Monsieur le secrétaire d'Etat, Monsieur le ministre de l'Agriculture, de l'Alimentation et de la Ruralité, Monsieur le ministre des Finances, Messieurs les ministres, Mesdames et messieurs,
Je voudrais vous dire que toutes ces personnalités qui sont passées ici, qui ont assumé les responsabilités, ont connu des parcours particulièrement prestigieux. On peut passer ici, puis ensuite devenir Garde des Sceaux, puis présider la commission des Finances de l'Assemblée nationale, ce qui est le poste le plus contraignant pour le chef du Gouvernement. Les relations sont amicales, mais c'est un poste qu'on ne connaît pas bien à l'extérieur, mais qui est un poste essentiel dans l'exercice de la République. Naturellement, on peut aussi aller à l'Académie française, mais là, il faut s'appeler J.-F. Deniau quand même. On peut aussi aller à la Mairie de Paris. On peut même engendrer une famille qui s'intéresse à la politique et faire en sorte que parmi ces productions, il y ait un Premier ministre.
Je voudrais vous dire que dans un livre récent de Guillebaud, Un principe d'humanité", il y a une phrase très juste, cher maître, qui dit que "c'est perché sur son arbre généalogique, que l'homme parle le plus juste." Aujourd'hui, je suis perché sur mon arbre généalogique, et je vais essayer de vous dire quelques mots et quelques convictions sur les sujets qui concernent l'action des ministres et des secrétaires d'Etat à l'Agriculture, avec cette voie que j'espère juste. D'abord, exprimer une profonde reconnaissance au ministre et au ministère. C'est un ministre qui a beaucoup participé, et ici, un ministère qui a beaucoup participé à notre action publique, à la force de l'Etat. Et je voudrais, au-delà des ministres, saluer les fonctionnaires qui ont souvent, dans ce ministère, exprimé une très grande qualité administrative, et qui font référence, pour un grand nombre de ministères. Je voudrais vraiment le dire parce qu'il y a ici une vraie culture qui est souhaitée au fond pour tout l'appareil de l'Etat, et qu'on ne ressent pas de la même façon dans tous les ministères. C'est à la fois le sens de l'Etat et l'attention aux agriculteurs. D'ailleurs, il faut voir combien les services de l'Etat, en matière d'agriculture, sont aimés, proches de l'agriculteur et des acteurs de l'agriculture, parce que au fond, ce sont des fonctionnaires qui sont restés dans l'exercice de leurs responsabilités toujours bilingues, parlant la langue de l'Etat et parlant la langue de l'agriculture. Je voudrais leur rendre hommage parce que c'est un travail difficile, mais ils ont fait respecter l'Etat, ils font respecter l'Etat, ils ont construit une administration de qualité, qui honore notre organisation républicaine. Je voudrais dire aussi que ici, c'est un ministère qui a attiré les talents. Je pense qu'il y a une cohérence entre le talent des ministres, les talents de l'administration, et c'est un ministère exigeant. Si toutes ces personnalités et si les secrétaires d'Etat, mais aussi évidemment les ministres, si dans ce ministère, on a connu un certain nombre de personnalités qui sont allées jusqu'au Palais de l'Elysée, c'est parce qu'il y a toujours eu cette grande exigence ici, et ce ministère est au fond une formidable école de la responsabilité publique très exigeante, et je voudrais donc saluer les responsables des différentes étapes de la vie de ce ministère. C'est évidemment un ministère pour des marathoniens, c'est un ministère dur, il faut sillonner les pays, il faut faire face systématiquement aux crises, et il faut dépasser ce qu'E. Faure disait : "Etre ministre de l'Agriculture, c'est facile : il suffit d'être nommé l'année d'une bonne récolte." Ce n'est plus tout à fait vrai, et aujourd'hui, il faudrait essayer de pouvoir être nommé entre deux crises, mais les crises sont trop nombreuses pour espérer.
Je voudrais donc, au nom du Gouvernement, dire ici combien je salue les fonctionnaires pour la qualité administrative de ce ministère, et leur donner un objectif, un objectif prioritaire pour les années qui viennent. Cet objectif, il est essentiel ; il consiste à simplifier la vie des agriculteurs. C'est vraiment le sujet qui encombre l'avenir de l'agriculture. Nous surmonterons les autres sujets. Ils sont difficiles mais nous les surmonterons. Mais aujourd'hui, avec les logiques de partenariat, avec tout ce qui est demandé comme engagement à l'agriculteur, avec les contreparties, mais le tout organisé dans une relation contractuelle dont la complexité est grandissante et éloigne l'agriculteur, et de son métier et de sa passion, je crois qu'il y a là une vraie ambition pour votre administration, pour l'ensemble de l'appareil de l'Etat ; simplifions la vie des agriculteurs, le risque est grand d'un découragement profond de l'agriculture, si nous ne sommes pas à la hauteur de cette ambition, qui est de simplifier l'organisation professionnelle des agriculteurs.
Deuxièmement, je voudrais vous dire combien nous devons aujourd'hui être à côté de nos agriculteurs, dans la situation difficile qui est la leur. Je vois très souvent l'agriculture attaquée, je vois souvent l'agriculture contestée, en France, en Europe et dans le monde. Mais je vois aussi l'agriculture française enviée partout, citée partout en exemple, dans ses efforts réalisés ces dernières années pour sa compétitivité, pour sa productivité, pour sa modernisation. Sachons défendre notre agriculture pour ses résultats. C'est une force économique essentielle au pays. Nous avons besoin de l'agriculteur français, évidemment pour nos exportations, mais aussi pour l'innovation, mais aussi pour la recherche, mais aussi pour l'ensemble de ce qu'est aujourd'hui l'échange international. Nous avons besoin d'une agriculture française forte ; ne baissons pas les bras, ne faisons pas en sorte que l'avenir de l'agriculture soit une démobilisation agricole. L'avenir de l'agriculture est une performance de l'agriculture. L'avenir de l'agriculture reste l'avenir d'un secteur économique qui doit intégrer un certain nombre de problématiques nouvelles évidemment, mais qui doit rester au cur de la mobilisation économique de l'agriculture. L'avenir de l'agriculture n'est pas d'être un secteur social assisté ; l'avenir de l'agriculture est d'être une des fiertés de la France dans ses performances. Je crois qu'il nous faut affirmer avec force cette ambition économique que nous avons pour l'agriculture.
Ambition aussi territoriale : nous sommes aujourd'hui, dans un territoire pour lequel la mobilité des Françaises et des Français est en train de changer notre géographie ; l'agriculture est une colonne vertébrale, est une charpente, très importantes à notre tissu national, et il va de soi qu'on ne peut pas penser l'aménagement du territoire sans une agriculture forte et répartie sur l'ensemble de notre territoire, y compris dans les zones difficiles, les zones de montagne, un certain nombre de territoires qui ont besoin de l'agriculture et de la solidarité nationale pour l'agriculture, pour assurer cet équilibre de nos territoires.
Je voudrais insister sur ce métier d'agriculteur qui est si riche dans l'histoire des métiers de France, et qui est si important pour notre équilibre national, culturel et économique. Je voudrais penser au métier d'éleveur : aujourd'hui, où nous débattons du temps de travail, des conditions de travail, où, dans notre pays, nous nous intéressons beaucoup à la manière de travailler, pensons à ces métiers de passion. Pensons aux éleveurs qui se donnent avec des contraintes exceptionnelles à leur cheptel, qui doivent faire face à des contraintes très importantes mais qui en tirent aussi un profil personnel, humain très important. Cette passion dans le métier d'éleveur, de père en fils, est une passion très très forte. Ces métiers doivent être considérés. Evidemment, les conditions sociales doivent être aménagées. Mais nous devons avoir vis-à-vis des éleveurs, cette attention nationale, parce que nous avons aujourd'hui une vraie richesse dans l'élevage français ; on ne fait pas des appellations d'origine, on ne fait pas l'amélioration des races, comme cela, en cinq, dix ans. C'est une sédimentation, c'est l'action de tous ces hommes qui ont construit toute cette capacité aujourd'hui d'avoir des productions de haut niveau. Sachons défendre tout ce qui est appellation d'origine, tout ce qui est races, tout ce qui est le travail de générations qui, par l'amélioration progressive a fait que cette passion débouche sur des résultats qu'il nous faut valoriser.
Ce que je dis pour les éleveurs, et notamment dans cette relation de passion et de mobilisation de toute la famille, auprès des animaux, je dois le dire aussi pour les viticulteurs, auxquels nous sommes aujourd'hui particulièrement attentifs face aux défis qu'ils ont à affronter. Il est évident que les viticulteurs connaissent des compétitions internationales brutales. C'est vrai que nous avons, là aussi, fait des efforts considérables de qualité. Nous avons fait des efforts considérables pour irriguer le monde de notre savoir-faire. Aujourd'hui, partout dans le monde, naissent des concurrences, particulièrement difficiles, Nous allons accompagner les agriculteurs, les viticulteurs, dans, à la fois, le développement de la qualité, à la fois dans le développement des exportations, à la fois dans ce qu'est leur propre organisation professionnelle. Nous avons une viticulture de qualité qui doit être reconnue en France comme telle. Les viticulteurs font aussi partie de ces métiers, qui sont des métiers de connaissance. Connaître la vigne, le vin, c'est un savoir, c'est une culture. Alors, ne mésestimons pas les cultures, n'ayons pas à l'intérieur de notre propre culture cet ethnocentrisme qui nous ferait mépriser des cultures qui ne seraient pas de même niveau les unes et les autres. La culture de la viticulture est une culture très importante qu'il nous faut valoriser, pour qu'elle ait toute sa place dans notre mobilisation nationale pour nos terroirs, pour notre territoire et pour notre pays.
Enfin, je voudrais saluer dans ce ministère, la capacité d'innovation. Je voudrais dire combien il est important que les agriculteurs affichent leur ambition d'être toujours innovant. C'est le secteur français qui, dans les trente dernières années, a fait le plus d'efforts pour sa modernisation. Les Français doivent le savoir : l'adaptation de l'agriculture a été constante. C'est un effort considérable que des femmes et des hommes ont mené pour mettre l'agriculture française en tête des agricultures du monde entier. Ce secteur, champion national de la modernisation, est un secteur qui sait travailler avec la recherche, qui sait travailler avec l'innovation. C'est un secteur qui, avant d'autres, ont compris l'Europe, avec toutes les difficultés, mais qui a compris la dimension européenne, et qui a compris la dimension de l'innovation. C'est un secteur dans lequel on n'a pas peur du progrès. Ce ne veut pas dire qu'on n'y pratique pas le principe de précaution, mais c'est un secteur qui fait confiance à la science, c'est un secteur qui a le goût de l'avenir, c'est un secteur qui sait penser ce que sera l'avenir de notre agriculture et de nos productions. C'est très important d'avoir ce goût d'avenir.
Je salue l'INRA, je salue toutes ces organisations qui font aussi l'honneur de l'agriculture française, parce que nous avons, dans bien des domaines, de l'avance. Et cette importance de l'innovation, de la recherche, fait partie de l'agriculture. Ceux qui ont de notre agriculture, l'image d'une agriculture ou d'une activité nostalgique, d'une activité passéiste, sont très en retard. Aujourd'hui, nous avons une agriculture qui est une agriculture d'avenir, tournée vers les capacités scientifiques et de recherche. Je crois que tout cela se fait dans un esprit de responsabilité, à la fois du point de vue des chercheurs mais aussi de l'administration et des agriculteurs.
Enfin, je voudrais vous dire que c'est un ministère où il y a beaucoup d'innovations politiques. Vous avez les uns et les autres, messieurs les ministres, apporté à chaque étape de votre responsabilité, un certain nombre d'innovations. Je cite évidement l'innovation de 1954, le lait à l'école, non pas parce que c'est mon père qui a mené cette action à côté de Pierre Mendès-France, mais parce que je suis un produit de cette éducation-là, et vous voyez que cela fait de beaux bébés, et donc, c'était une belle initiative. C'était une initiative qui était à la fois bonne pour l'agriculture et bonne pour la santé des jeunes Français. Cette innovation, je suis très attaché à ce que les ministres puissent la développer, et sous l'impulsion d'H. Gaymard, il y a quelques mois - et je vais terminer par là - et maintenant, avec D. Bussereau et avec N. Forissier, nous engageons une innovation qui est celle du bond quantitatif et qualitatif, pour la France, dans le domaine des biocarburants. C'est un sujet très important, c'est un sujet sur lequel on a beaucoup travaillé, c'est un sujet sur lequel nous sommes prêts.
Je viens de faire les arbitrages, l'appel d'offres va être proposé dès demain à Bruxelles. Nous avons retenu 800 000 tonnes de productions de biocarburants d'ici 2007. Nous ferons 320 000 tonnes d'agréments de biocarburants dans la filière éthanol, et 480 000 tonnes dans la filière de diester, de manière à promouvoir les biocarburants. C'est pour nous à la fois le moyen de soutenir notre agriculture, de montrer que notre agriculture est capable d'innovation, mais c'est aussi montrer que nous sommes capables de tenir les engagements de Kyoto, et donc d'être capables d'avoir une maîtrise de l'énergie. C'est pour nous l'occasion de pouvoir rapprocher agriculture et environnement, et de montrer que sur des sujets comme des biocarburants, les deux vocations travaillent dans la même direction. C'est, je crois, très important. Au fond, regarder ensemble dans la même direction, c'est ce que font les secrétaires d'Etat et leurs ministres au service de l'agriculture de notre pays.
Je vous remercie."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 février 2005)
Je voudrais vous dire que toutes ces personnalités qui sont passées ici, qui ont assumé les responsabilités, ont connu des parcours particulièrement prestigieux. On peut passer ici, puis ensuite devenir Garde des Sceaux, puis présider la commission des Finances de l'Assemblée nationale, ce qui est le poste le plus contraignant pour le chef du Gouvernement. Les relations sont amicales, mais c'est un poste qu'on ne connaît pas bien à l'extérieur, mais qui est un poste essentiel dans l'exercice de la République. Naturellement, on peut aussi aller à l'Académie française, mais là, il faut s'appeler J.-F. Deniau quand même. On peut aussi aller à la Mairie de Paris. On peut même engendrer une famille qui s'intéresse à la politique et faire en sorte que parmi ces productions, il y ait un Premier ministre.
Je voudrais vous dire que dans un livre récent de Guillebaud, Un principe d'humanité", il y a une phrase très juste, cher maître, qui dit que "c'est perché sur son arbre généalogique, que l'homme parle le plus juste." Aujourd'hui, je suis perché sur mon arbre généalogique, et je vais essayer de vous dire quelques mots et quelques convictions sur les sujets qui concernent l'action des ministres et des secrétaires d'Etat à l'Agriculture, avec cette voie que j'espère juste. D'abord, exprimer une profonde reconnaissance au ministre et au ministère. C'est un ministre qui a beaucoup participé, et ici, un ministère qui a beaucoup participé à notre action publique, à la force de l'Etat. Et je voudrais, au-delà des ministres, saluer les fonctionnaires qui ont souvent, dans ce ministère, exprimé une très grande qualité administrative, et qui font référence, pour un grand nombre de ministères. Je voudrais vraiment le dire parce qu'il y a ici une vraie culture qui est souhaitée au fond pour tout l'appareil de l'Etat, et qu'on ne ressent pas de la même façon dans tous les ministères. C'est à la fois le sens de l'Etat et l'attention aux agriculteurs. D'ailleurs, il faut voir combien les services de l'Etat, en matière d'agriculture, sont aimés, proches de l'agriculteur et des acteurs de l'agriculture, parce que au fond, ce sont des fonctionnaires qui sont restés dans l'exercice de leurs responsabilités toujours bilingues, parlant la langue de l'Etat et parlant la langue de l'agriculture. Je voudrais leur rendre hommage parce que c'est un travail difficile, mais ils ont fait respecter l'Etat, ils font respecter l'Etat, ils ont construit une administration de qualité, qui honore notre organisation républicaine. Je voudrais dire aussi que ici, c'est un ministère qui a attiré les talents. Je pense qu'il y a une cohérence entre le talent des ministres, les talents de l'administration, et c'est un ministère exigeant. Si toutes ces personnalités et si les secrétaires d'Etat, mais aussi évidemment les ministres, si dans ce ministère, on a connu un certain nombre de personnalités qui sont allées jusqu'au Palais de l'Elysée, c'est parce qu'il y a toujours eu cette grande exigence ici, et ce ministère est au fond une formidable école de la responsabilité publique très exigeante, et je voudrais donc saluer les responsables des différentes étapes de la vie de ce ministère. C'est évidemment un ministère pour des marathoniens, c'est un ministère dur, il faut sillonner les pays, il faut faire face systématiquement aux crises, et il faut dépasser ce qu'E. Faure disait : "Etre ministre de l'Agriculture, c'est facile : il suffit d'être nommé l'année d'une bonne récolte." Ce n'est plus tout à fait vrai, et aujourd'hui, il faudrait essayer de pouvoir être nommé entre deux crises, mais les crises sont trop nombreuses pour espérer.
Je voudrais donc, au nom du Gouvernement, dire ici combien je salue les fonctionnaires pour la qualité administrative de ce ministère, et leur donner un objectif, un objectif prioritaire pour les années qui viennent. Cet objectif, il est essentiel ; il consiste à simplifier la vie des agriculteurs. C'est vraiment le sujet qui encombre l'avenir de l'agriculture. Nous surmonterons les autres sujets. Ils sont difficiles mais nous les surmonterons. Mais aujourd'hui, avec les logiques de partenariat, avec tout ce qui est demandé comme engagement à l'agriculteur, avec les contreparties, mais le tout organisé dans une relation contractuelle dont la complexité est grandissante et éloigne l'agriculteur, et de son métier et de sa passion, je crois qu'il y a là une vraie ambition pour votre administration, pour l'ensemble de l'appareil de l'Etat ; simplifions la vie des agriculteurs, le risque est grand d'un découragement profond de l'agriculture, si nous ne sommes pas à la hauteur de cette ambition, qui est de simplifier l'organisation professionnelle des agriculteurs.
Deuxièmement, je voudrais vous dire combien nous devons aujourd'hui être à côté de nos agriculteurs, dans la situation difficile qui est la leur. Je vois très souvent l'agriculture attaquée, je vois souvent l'agriculture contestée, en France, en Europe et dans le monde. Mais je vois aussi l'agriculture française enviée partout, citée partout en exemple, dans ses efforts réalisés ces dernières années pour sa compétitivité, pour sa productivité, pour sa modernisation. Sachons défendre notre agriculture pour ses résultats. C'est une force économique essentielle au pays. Nous avons besoin de l'agriculteur français, évidemment pour nos exportations, mais aussi pour l'innovation, mais aussi pour la recherche, mais aussi pour l'ensemble de ce qu'est aujourd'hui l'échange international. Nous avons besoin d'une agriculture française forte ; ne baissons pas les bras, ne faisons pas en sorte que l'avenir de l'agriculture soit une démobilisation agricole. L'avenir de l'agriculture est une performance de l'agriculture. L'avenir de l'agriculture reste l'avenir d'un secteur économique qui doit intégrer un certain nombre de problématiques nouvelles évidemment, mais qui doit rester au cur de la mobilisation économique de l'agriculture. L'avenir de l'agriculture n'est pas d'être un secteur social assisté ; l'avenir de l'agriculture est d'être une des fiertés de la France dans ses performances. Je crois qu'il nous faut affirmer avec force cette ambition économique que nous avons pour l'agriculture.
Ambition aussi territoriale : nous sommes aujourd'hui, dans un territoire pour lequel la mobilité des Françaises et des Français est en train de changer notre géographie ; l'agriculture est une colonne vertébrale, est une charpente, très importantes à notre tissu national, et il va de soi qu'on ne peut pas penser l'aménagement du territoire sans une agriculture forte et répartie sur l'ensemble de notre territoire, y compris dans les zones difficiles, les zones de montagne, un certain nombre de territoires qui ont besoin de l'agriculture et de la solidarité nationale pour l'agriculture, pour assurer cet équilibre de nos territoires.
Je voudrais insister sur ce métier d'agriculteur qui est si riche dans l'histoire des métiers de France, et qui est si important pour notre équilibre national, culturel et économique. Je voudrais penser au métier d'éleveur : aujourd'hui, où nous débattons du temps de travail, des conditions de travail, où, dans notre pays, nous nous intéressons beaucoup à la manière de travailler, pensons à ces métiers de passion. Pensons aux éleveurs qui se donnent avec des contraintes exceptionnelles à leur cheptel, qui doivent faire face à des contraintes très importantes mais qui en tirent aussi un profil personnel, humain très important. Cette passion dans le métier d'éleveur, de père en fils, est une passion très très forte. Ces métiers doivent être considérés. Evidemment, les conditions sociales doivent être aménagées. Mais nous devons avoir vis-à-vis des éleveurs, cette attention nationale, parce que nous avons aujourd'hui une vraie richesse dans l'élevage français ; on ne fait pas des appellations d'origine, on ne fait pas l'amélioration des races, comme cela, en cinq, dix ans. C'est une sédimentation, c'est l'action de tous ces hommes qui ont construit toute cette capacité aujourd'hui d'avoir des productions de haut niveau. Sachons défendre tout ce qui est appellation d'origine, tout ce qui est races, tout ce qui est le travail de générations qui, par l'amélioration progressive a fait que cette passion débouche sur des résultats qu'il nous faut valoriser.
Ce que je dis pour les éleveurs, et notamment dans cette relation de passion et de mobilisation de toute la famille, auprès des animaux, je dois le dire aussi pour les viticulteurs, auxquels nous sommes aujourd'hui particulièrement attentifs face aux défis qu'ils ont à affronter. Il est évident que les viticulteurs connaissent des compétitions internationales brutales. C'est vrai que nous avons, là aussi, fait des efforts considérables de qualité. Nous avons fait des efforts considérables pour irriguer le monde de notre savoir-faire. Aujourd'hui, partout dans le monde, naissent des concurrences, particulièrement difficiles, Nous allons accompagner les agriculteurs, les viticulteurs, dans, à la fois, le développement de la qualité, à la fois dans le développement des exportations, à la fois dans ce qu'est leur propre organisation professionnelle. Nous avons une viticulture de qualité qui doit être reconnue en France comme telle. Les viticulteurs font aussi partie de ces métiers, qui sont des métiers de connaissance. Connaître la vigne, le vin, c'est un savoir, c'est une culture. Alors, ne mésestimons pas les cultures, n'ayons pas à l'intérieur de notre propre culture cet ethnocentrisme qui nous ferait mépriser des cultures qui ne seraient pas de même niveau les unes et les autres. La culture de la viticulture est une culture très importante qu'il nous faut valoriser, pour qu'elle ait toute sa place dans notre mobilisation nationale pour nos terroirs, pour notre territoire et pour notre pays.
Enfin, je voudrais saluer dans ce ministère, la capacité d'innovation. Je voudrais dire combien il est important que les agriculteurs affichent leur ambition d'être toujours innovant. C'est le secteur français qui, dans les trente dernières années, a fait le plus d'efforts pour sa modernisation. Les Français doivent le savoir : l'adaptation de l'agriculture a été constante. C'est un effort considérable que des femmes et des hommes ont mené pour mettre l'agriculture française en tête des agricultures du monde entier. Ce secteur, champion national de la modernisation, est un secteur qui sait travailler avec la recherche, qui sait travailler avec l'innovation. C'est un secteur qui, avant d'autres, ont compris l'Europe, avec toutes les difficultés, mais qui a compris la dimension européenne, et qui a compris la dimension de l'innovation. C'est un secteur dans lequel on n'a pas peur du progrès. Ce ne veut pas dire qu'on n'y pratique pas le principe de précaution, mais c'est un secteur qui fait confiance à la science, c'est un secteur qui a le goût de l'avenir, c'est un secteur qui sait penser ce que sera l'avenir de notre agriculture et de nos productions. C'est très important d'avoir ce goût d'avenir.
Je salue l'INRA, je salue toutes ces organisations qui font aussi l'honneur de l'agriculture française, parce que nous avons, dans bien des domaines, de l'avance. Et cette importance de l'innovation, de la recherche, fait partie de l'agriculture. Ceux qui ont de notre agriculture, l'image d'une agriculture ou d'une activité nostalgique, d'une activité passéiste, sont très en retard. Aujourd'hui, nous avons une agriculture qui est une agriculture d'avenir, tournée vers les capacités scientifiques et de recherche. Je crois que tout cela se fait dans un esprit de responsabilité, à la fois du point de vue des chercheurs mais aussi de l'administration et des agriculteurs.
Enfin, je voudrais vous dire que c'est un ministère où il y a beaucoup d'innovations politiques. Vous avez les uns et les autres, messieurs les ministres, apporté à chaque étape de votre responsabilité, un certain nombre d'innovations. Je cite évidement l'innovation de 1954, le lait à l'école, non pas parce que c'est mon père qui a mené cette action à côté de Pierre Mendès-France, mais parce que je suis un produit de cette éducation-là, et vous voyez que cela fait de beaux bébés, et donc, c'était une belle initiative. C'était une initiative qui était à la fois bonne pour l'agriculture et bonne pour la santé des jeunes Français. Cette innovation, je suis très attaché à ce que les ministres puissent la développer, et sous l'impulsion d'H. Gaymard, il y a quelques mois - et je vais terminer par là - et maintenant, avec D. Bussereau et avec N. Forissier, nous engageons une innovation qui est celle du bond quantitatif et qualitatif, pour la France, dans le domaine des biocarburants. C'est un sujet très important, c'est un sujet sur lequel on a beaucoup travaillé, c'est un sujet sur lequel nous sommes prêts.
Je viens de faire les arbitrages, l'appel d'offres va être proposé dès demain à Bruxelles. Nous avons retenu 800 000 tonnes de productions de biocarburants d'ici 2007. Nous ferons 320 000 tonnes d'agréments de biocarburants dans la filière éthanol, et 480 000 tonnes dans la filière de diester, de manière à promouvoir les biocarburants. C'est pour nous à la fois le moyen de soutenir notre agriculture, de montrer que notre agriculture est capable d'innovation, mais c'est aussi montrer que nous sommes capables de tenir les engagements de Kyoto, et donc d'être capables d'avoir une maîtrise de l'énergie. C'est pour nous l'occasion de pouvoir rapprocher agriculture et environnement, et de montrer que sur des sujets comme des biocarburants, les deux vocations travaillent dans la même direction. C'est, je crois, très important. Au fond, regarder ensemble dans la même direction, c'est ce que font les secrétaires d'Etat et leurs ministres au service de l'agriculture de notre pays.
Je vous remercie."
(Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 14 février 2005)