Déclaration de M. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, sur la santé du cinéma français, le rôle d'Unifrance et du Centre national de la cinématographie dans la diffusion du cinéma français, Paris le 21 janvier 2005.

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Circonstance : Clôture du 7ème rendez-vous européen d'Unifrance à Paris le 24 janvier 2005

Texte intégral

Madame la Présidente, Chère Margaret Menegoz,
Monsieur le Président, Cher Serge Lemoine,
Madame la Déléguée Générale, Chère Véronique Bouffard,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ce soir au Musée d'Orsay, à l'heure où prend fin le septième rendez-vous du cinéma français, organisé par Unifrance.
On dit que sept ans, c'est l'âge de raison. Pour ce Rendez-vous, c'est certainement l'âge de la maturité. Lancé par le regretté Daniel Toscan du Plantier, dont je veux saluer la mémoire, il était à l'origine destiné aux seuls professionnels européens.
Aujourd'hui, sous l'impulsion de Margaret Menegoz, de Véronique Bouffard et de leurs équipes, votre Rendez-vous accueille près de 400 distributeurs étrangers, en provenance de 46 pays, notamment latino-américains, et plus de 110 journalistes. Vous êtes tous venus découvrir la production cinématographique française la plus récente, voire inédite. Ces seuls chiffres attestent que ces trois jours de rencontres et de projections sont devenus un moment essentiel pour les exportateurs français et les distributeurs étrangers, mais aussi, et je m'en réjouis, l'ensemble des professionnels français.
Au travers des conversations que j'ai eues avec certains d'entre vous en arrivant, j'ai pu mesurer à quel point ces trois jours ont été riches en contacts et intenses en négociations commerciales.
En votre nom, je souhaite remercier les équipes d'Unifrance pour la préparation efficace de cet événement. Je suis convaincu qu'il contribue de manière déterminante à renforcer la présence et le rayonnement du cinéma français à travers le monde.
Vous aimez le cinéma français. Merci pour votre enthousiasme ! Il est partagé. Je tiens à vous le dire très chaleureusement, ce soir, la France aime les cinémas du monde, dans toute leur diversité.
Vous le savez, nos pays, et la France en particulier, redoublent d'efforts pour faire adopter cette année la Convention internationale sur la diversité culturelle à l'UNESCO.
Son élaboration a été décidée à l'unanimité à l'automne dernier, grâce aux efforts conjoints notamment du Canada et de la France. Si nous parvenons à ce qu'elle soit adoptée en 2005, comme nous l'avons souhaité, il s'agira là d'une avancée très significative, dans la perspective de la poursuite des négociations commerciales qui ont lieu, entre autres, à l'Organisation Mondiale du Commerce.
Je suis pour la symétrie des échanges, pour l'ouverture à l'autre, donc pour l'ouverture de tous les marchés. De même que je me réjouis que le marché français soit l'un des plus ouverts au monde, que le public français, à Paris notamment, puisse découvrir l'une des programmations les plus diverses qui soit, je souhaite que les grands marchés s'ouvrent à la diffusion des films français. Le libre-échange est du côté des promoteurs de la diversité culturelle. Et je souhaite faire en sorte que le Centre national de la cinématographie puisse agréer des films d'expression française qui auront été financés à partir de capitaux étrangers. Cet esprit de symétrie, en effet, nous devons nous l'appliquer à nous-mêmes.
Vous le savez, le cinéma vient de connaître une année faste en France, avec près de 195 millions d'entrées en salles. La part de marché du cinéma français a également atteint des niveaux élevés, à plus de 38%. Ces chiffres sont les meilleurs depuis 20 ans. 203 films français ont été produits, qui ont bénéficié d'une mesure décidée par le gouvernement en 2004 : le crédit d'impôt. Je me réjouis de ces résultats qui montrent à la fois le dynamisme de la création cinématographique française et le goût du public pour un cinéma varié, de qualité, en provenance de tous les horizons.
Au-delà de nos frontières, les chiffres publiés par le Centre National de la Cinématographie montrent les enjeux économiques de l'exportation, puisque les recettes d'exportation des films français ont dépassé 120 millions d'euros en 2003. Ces données démontrent aussi que notre cinéma s'exporte sur tous les continents, en tête desquels on trouve l'Europe de l'Ouest. Mais les films français connaissent aussi, depuis peu, des difficultés sur des marchés " traditionnels ", comme l'Espagne, l'Italie ou encore le Québec. Je suis convaincu que ce Rendez-vous permet de renforcer les liens entre les professionnels, les exportateurs français et les distributeurs étrangers, et qu'il contribuera à améliorer cette situation.
Le cinéma est une industrie, c'est aussi un art. La culture est essentielle à la nécessaire maîtrise d'une mondialisation qu'il nous faut rendre plus humaine. La culture n'est pas une marchandise " comme les autres ". C'est pourquoi il faut lui reconnaître un statut particulier.
L'Europe a besoin de culture pour avancer, et il est temps de bâtir une Europe de la culture
2005 sera une année décisive pour l'Europe en France, avec le référendum sur le projet de Traité constitutionnel. Pour que le débat sur l'Europe de la culture - qui intéresse naturellement au premier plan le cinéma -, prenne toute sa place dans ce contexte, je compte réunir à Paris les artistes et les intellectuels de toute l'Europe pour des rencontres qui auront lieu les 2 et 3 mai prochains.
Au sein de l'Europe de la culture, l'Europe du cinéma peut et doit encore progresser de manière très concrète.
Ainsi, j'ai très récemment proposé que l'Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles (IFCIC), outil de financement unique en Europe, que connaissent bien certains d'entre vous et dont le métier est de garantir les crédits de production des établissements financiers spécialisés, puisse rapidement intervenir sur des crédits à des producteurs européens, ou à des distributeurs européens pour la distribution de films français, ou français pour la distribution de films européens. J'ai demandé au CNC et à l'IFCIC qu'un tel mécanisme puisse être mis en place dès 2005 sur la base des ressources actuelles de l'IFCIC, même si, en régime de croisière, le fonds de garantie de l'IFCIC devra naturellement être doté à cette fin par des organismes européens (je pense en particulier au programme MEDIA, mais aussi au fonds EURIMAGES, et à la Banque européenne d'investissement).
Dans le même esprit, et, par symétrie, je souhaite que, dans le cadre de la concertation qui se poursuit avec les organisations du cinéma, soient trouvés les voies et moyens d'une ouverture régulée du compte de soutien aux capitaux extra-européens. Plus globalement, je veux vous dire combien je suis soucieux que la France puisse accueillir les tournages européens et internationaux dans les meilleures conditions d'attractivité possibles.
Je veux vous redire combien je suis heureux de vous accueillir ce soir au Musée d'Orsay. Votre présence nombreuse témoigne de l'importance de créer des occasions de rencontres entre professionnels. Elle est symbolique aussi du lien qui m'est cher entre l'art et le cinéma.
Il n'est pas encore trop tard pour vous souhaiter une belle et heureuse année 2005. Je forme avec vous des vœux de prospérité pour le cinéma français, et plus généralement pour la diversité de nos cinématographies.
Je vous remercie.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 26 janvier 2005)