Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, lors du point de presse conjoint avec M. Svetozar Marovic, président de Serbie-et-Monténégro, sur l'appui de la France à la Fédération de Serbie-et-Monténégro dans sa démarche européenne et pour sa contribution à la stabilité dans les Balkans, Belgrade le 22 juillet 2004.

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Circonstance : Voyage de Michel Barnier en Serbie-et-Monténégro les 22 et 23 juillet 2004

Texte intégral

Monsieur le Président
Oui, sûrement et depuis longtemps la Serbie-et-Monténégro a beaucoup d'amis en France et à Paris et mes premiers mots en rencontrant le président Marovic tout à l'heure ont été de lui transmettre un message d'estime très cordial du président de la République française, Jacques Chirac qui m'a demandé de le faire. Moi-même, j'ai été très touché par la qualité et la cordialité de votre accueil. J'ai été sensible aux messages que vous m'avez fait passer avec beaucoup de sagesse et de pragmatisme sur la situation de votre pays et de cette région, et heureux de vous revoir après le premier entretien que nous avions eu avec Jacques Chirac à Istanbul il y a quelques jours.
Le nouveau ministre français des Affaires étrangères a besoin de comprendre pour agir. Voilà maintenant à peine trois mois et demi que j'ai été investi dans cette mission et j'ai tenu à venir vite pour vous rencontrer, rencontrer les autres responsables de l'Union de la Serbie-et-Monténégro et de la Serbie, comprendre les hommes, les connaître, pour pouvoir être utile à la fois au nom de la France et au sein de l'Union européenne.
Le président Marovic m'a parlé naturellement de cette Fédération de la Serbie-et-Monténégro, du dialogue entre le Monténégro et la Serbie, des problèmes rencontrés, par l'étude de faisabilité de l'harmonisation d'un certain nombre de questions concrètes et autant que cela sera nécessaire, tout en respectant le destin de vos deux États qui est entre vos mains, et seulement entre vos mains. Je suis naturellement prêt à porter une assistance ou une aide, en tout cas dans le dialogue que vous voulez avoir avec la Commission européenne et l'Union européenne.
J'ai été très heureux de constater que vous êtes déterminé pour que les réformes que vous devez réaliser ensemble au sein de cette Fédération entre Serbie et Monténégro le soient en étant compatibles avec la perspective européenne. J'ai été très heureux aussi d'entendre votre détermination pour tout ce qui touche à la coopération avec le Tribunal Pénal International. C'est une coopération essentielle pour le rapprochement entre vos pays, avec l'Union européenne et l'OTAN.
J'étais très heureux enfin de vous entendre dire la place que vous voulez tenir au nom de votre Fédération pour tout ce qui touche à la stabilité régionale, puisque la Serbie et le Monténégro sont au coeur de cette région, et que la stabilité de cette région, c'est votre affaire. Cela intéresse naturellement les Balkans et l'Union européenne aussi.
Nous sommes, la France et les autres pays de l'Union européenne, extrêmement attentifs à ce qui se passe au Kosovo actuellement où mon pays va prendre de nouvelles responsabilités, plus importantes encore, avec le commandement dès le mois de septembre de la KFOR. Nous encourageons le dialogue entre Pristina et Belgrade, nous encourageons toutes les actions qui permettront de donner la priorité à la sécurité des minorités, aux normes et à la décentralisation.
Monsieur le Président, nous avons beaucoup parlé durant notre entretien de l'Union européenne, du projet européen, qui est un projet formidable, sur le plan politique. C'est un projet de paix, de stabilité, de progrès partagé depuis 50 ans. Ce projet, nous l'avons voulu il y a 50 ans, nous les Français, avec les Allemands, 4 ou 5 ans après la "guerre civile" que nous nous étions fait entre nous, pour reprendre un mot de Victor Hugo, et ce projet ne nous a jamais déçu, il a tenu toutes ses promesses de paix et de stabilité, il ne nous a jamais interdit, à nous Français, d'être patriotes, d'avoir notre drapeau, notre langue, notre identité, notre différence, et pourtant nous sommes plus forts parce que nous sommes avec nos partenaires dans l'Union européenne. Et ce que je suis venu dire aujourd'hui aux citoyens qui m'écoutent, aux jeunes en particulier, est que ce projet est là, ouvert à ceux qui le veulent - personne n'est obligé - comme un projet de paix, de stabilité et de progrès, dès l'instant où l'on se met en route comme la Croatie vient de le faire et d'autres pays d'Europe centrale. Nous, nous souhaitons que cette perspective européenne soit accueillie par tous les pays des Balkans et en particulier le vôtre.
Merci beaucoup.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 juillet 2004)