Déclaration de M. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, sur l'augmentation du volume et le renforcement qualitatif de l'aide au développement, à Paris le 1er mars 2005.

Prononcé le 1er mars 2005

Intervenant(s) : 

Circonstance : Diner offert à l'occasion du Deuxième forum sur l'harmonisation et le renforcement de l'efficacité de l'aide, à Paris le 1er mars 2005

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de vous accueillir ce soir, au Palais des Affaires étrangères.
La France est à l'initiative de ce Forum à Haut niveau consacré à l'efficacité de l'aide et je veux remercier les 130 délégations venues du monde entier qui ont répondu à l'invitation de mon pays. La sincérité de votre engagement, le sérieux des travaux qui sont conduits depuis hier sont à la mesure des objectifs d'intérêt commun qu'il nous faut atteindre ensemble.
Ma conviction est qu'à six mois d'une échéance majeure pour le suivi des Objectifs du Millénaire, le Forum de Paris peut être le lieu d'un nouvel engagement concret dans la lutte contre l'extrême pauvreté. Celle-ci est un défi global, qui appelle de la part de la communauté internationale des réponses solidaires et collectives.
Pour la France, l'aide au développement soulève deux grandes questions, tout à fait complémentaires.
D'une part, l'augmentation du volume de cette aide, pour laquelle nous devons identifier, collectivement, de nouvelles ressources de financement. D'autre part, le renforcement qualitatif de cette même aide, de son efficacité, et dans ce domaine, nous attendons beaucoup, Mesdames et Messieurs, des conclusions qui seront portées par la Déclaration de Paris.
En premier lieu, l'efficacité de l'aide doit s'accompagner d'une augmentation des ressources pour le développement
En effet, seule la communauté internationale peut donner sens à une croissance des richesses et des échanges qui, en l'absence d'un réel effort de solidarité, menace d'aggraver la fracture entre les peuples et les sociétés.
Voilà pourquoi, hier à Monterrey et à Johannesburg, aujourd'hui à Paris, la France s'attache à défendre une logique de l'intérêt général mondial, qui encourage les pays du Sud sur le chemin de la bonne gouvernance, tout en leur apportant les ressources nécessaires à leur développement.
Nous le savons bien : sans une croissance majeure de l'aide, les pays du Sud - en particulier les pays africains, pénalisés par une pauvreté de masse - ne pourront pas enclencher le cercle vertueux du développement économique et de la bonne gouvernance.
Et sans une amélioration visible de l'efficacité de l'aide, il restera difficile, pour nous ministres du Nord, de mobiliser nos contribuables sur le développement.
La France elle-même veut se montrer exemplaire face à ces enjeux. Nous nous sommes engagés à augmenter massivement le niveau de notre aide publique au développement, en la portant à 0,5 % du produit intérieur brut à partir de 2007. Avec un chiffre attendu de 0,42 % en 2004 contre 0,32 % en 2001, nous sommes en bonne voie. Nous mettrons tout en uvre pour atteindre le ratio de 0,7 % du PIB en 2012, qui est celui préconisé par l'ONU.
Mais au-delà de nos engagements budgétaires, nous devons, en second lieu, identifier des sources stables de financement pour augmenter l'efficacité de l'aide.
La question qui se pose aujourd'hui est de savoir quelles nouvelles ressources, quels nouveaux mécanismes pourront répondre aux besoins en financement des pays en développement.
La France, par la voix du Président de la République, a proposé le recours à des taxes internationales et en a présenté de premières approches, d'abord en septembre dernier à New York, puis plus récemment, lors du Forum de Davos.
Une telle taxe internationale est, comme le souligne le rapport Landau, économiquement rationnelle, techniquement faisable et socialement juste. Surtout, ces financements apportent une ressource stable, dont les travaux sur l'efficacité de l'aide montrent à quel point elle est indispensable, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Et ce n'est pas malheureusement pas avec nos budgets d'aide, votés annuellement, que nous pouvons facilement prendre d'importants engagements pluriannuels.
Il revient aujourd'hui à la communauté internationale de prendre ses responsabilités et de décider du choix d'une ressource nouvelle pour l'aide au développement. Grâce à cette volonté collective, ce sont plusieurs milliards d'euros qui pourraient être réunis en faveur des pays les plus pauvres, tout en servant des objectifs utiles pour le développement durable et équitable de notre planète.
Pour conclure, je voudrais réaffirmer à quel point le renforcement de l'efficacité de l'aide doit maintenant entrer pleinement dans sa phase opérationnelle.
L'aide doit davantage contribuer, sur le terrain, à soutenir le développement des populations du Sud.
Dans ce domaine, le diagnostic est connu.
Nous savons que, pour un pays donné, le manque d'harmonisation des pratiques des pays donateurs, le défaut de réflexion stratégique d'ensemble, se traduit par un gaspillage des ressources qui est nuisible à l'efficacité de l'aide. La Déclaration de Rome avait marqué, dans ce domaine et sur le principe, une prise de conscience décisive.
Nous savons aussi que sans l'appropriation par les populations de leur propre développement, aucun effort, aucune aide ne sauraient être efficaces et durables sur le long terme.
Il nous faut aujourd'hui approfondir ces questions de manière concrète et pratique.
A ce titre, Mesdames et Messieurs, nous attendons beaucoup des réflexions et des travaux que nous aurons demain. Je souhaite naturellement qu'ils soient l'amorce de nouvelles avancées dans la lutte contre la pauvreté et la coopération internationale.
Je vous remercie de votre attention.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 mars 2005)