Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux d'être parmi vous cet après-midi. Durant toute cette journée, j'ai pu apprécier sur le terrain l'efficacité et le dévouement des personnels enseignants qui encadrent les enfants du 1 er degré et qui, pour certains d'entre eux, accompagnent les élèves les plus en difficultés.
Il m'a semblé important à cette occasion de rencontrer tout l'encadrement du premier degré de l'Académie de Lyon, et plus particulièrement les Inspecteurs chargés de circonscription.
Je vous remercie donc d'avoir répondu favorablement à mon invitation. J'adresse également mes remerciements au Recteur Morvan et à ses équipes, pour l'organisation de cette journée et de cette réunion que j'ai voulu pour trois raisons essentielles :
o la première est que je crois aux vertus du dialogue et de la nécessité d'être en prise directe avec celles et ceux qui font vivre avec passion et dévouement l'Education Nationale.
o La deuxième, c'est que je sens que notre système éducatif a besoin d'être soutenu tant il est devenu le réceptacle de toutes les demandes et exigences que notre société ne se sent plus à même d'assumer
o J'ai enfin voulu vous témoigner de la confiance que j'ai en vous. A l'interface entre les personnels pédagogiques et les exigences académiques, vous avez un rôle difficile à la fois de soutien et d'accompagnement des enseignants mais aussi de coordination dans la mise en oeuvre de la politique éducative. C'est dire combien, avec vos Conseiller pédagogiques, vous êtes un maillon essentiel pour l'impulsion et l'organisation de toute la vie scolaire du premier degré.
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs,
Lorsque le Président de la République et le Premier ministre m'ont confié le Ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, c'est avec une conscience aiguë des enjeux, et une certaine gravité que j'en ai accepté la charge.
Gravité car l'Ecole de la République doit être selon moi au coeur de la rénovation de notre société. Après plus de deux décennies d'une crise économique et sociale doublée d'une crise morale, la société française est bousculée dans ses repères fondamentaux.
Plus que jamais, l'institution scolaire reste la colonne vertébrale de l'avenir. Il est indispensable de réaffirmer la profondeur du lien qui unit l'école à la République. Cette ambition recouvre des implications concrètes.
La première d'entre elles est la réaffirmation du principe de laïcité comme socle de l'organisation générale du système éducatif public. L'Ecole garantit la neutralité de la transmission du savoir et l'intégration de tous au sein de la communauté nationale.
Autrefois un combat, la laïcité est aujourd'hui, pour tous, une garantie de liberté de conscience Mais à condition que chacun joue le jeu. Car sans cela, il ne peut y avoir ni intégration ni promotion par le savoir. C'est pourquoi en luttant contre le prosélytisme et l'intolérance, la République est à jour de ses grands idéaux.
La circulaire qui accompagne la loi du 15 mars 2004 est sans ambiguïté : c'est la fermeté républicaine sur l'essentiel, c'est à dire l'interdiction des signes religieux les plus évidemment ostensibles. Cette fermeté va de pair avec une part de pragmatisme et de responsabilité laissés aux directeurs d'écoles , aux inspecteurs et aux chefs d'établissement notamment pour faire respecter la règle commune et évaluer et sanctionner ses éventuels contournements Enfin, le dialogue avec l'élève est retenu. Dialogue et non négociation car il ne peut y avoir de petits arrangements avec les principes républicains !
Lorsqu'il s'agira de réaffirmer et d'arbitrer en faveur de ces principes, je serai présent, à vos côtés et aux côtés de la communauté éducative. J'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises : les mots de respect, d'autorité ou de laïcité ont pour moi un sens que j'entends voir respecter. Il en est de même pour l'égalité des chances.
L'égalité des chances est une exigence républicaine que j'entends rehausser.
L'objectif est exigeant. Il oblige à un traitement ciblé des élèves en fonction de leurs handicaps de départ En d'autres termes, il s'agit de donner mieux à ceux qui ont moins !
Au-delà de l'action éducative qui, dans les secteurs en grande difficulté, est renforcée au travers d'une politique d'éducation prioritaire, nous pérennisons les mesures qui offrent à chaque jeune des perspectives de promotion. Je pense ici aux bourses au mérite ou encore aux partenariats prestigieux qui permettent de favoriser l'accès aux grandes écoles des meilleurs élèves de lycées situés en Zone d'Education Prioritaire
Devant la difficulté des choix d'affectation des moyens, nous devons prioritairement cibler les zones difficiles. L'égalité des chances n'a pas le même prix que l'on soit scolarisé dans les beaux quartiers ou les quartiers populaires. Dans la République, la réussite scolaire est un droit qui doit être offert à tous.
La réaffirmation de la mission républicaine de l'Ecole doit s'accompagner de son adaptation aux réalités de notre temps. De notre stratégie éducative dépend la capacité de notre pays à affronter les défis qui se posent à lui.
A cet égard, le débat national sur l'avenir de l'Ecole constitue une bonne base de travail Vous y avez pris une part essentielle tant sur le fond que sur la forme, par l'organisation des modalités de consultation ; je vous en remercie. Le " miroir du débat " met en exergue les points forts et les points faibles de notre système scolaire. Il illustre aussi le caractère contradictoire des opinions et des suggestions pour l'avenir. J'en retiens pour ma part une formidable attente et la conviction que " tout n'est pas noir " !
La France dispose d'un système éducatif qui est globalement de bonne qualité. Depuis une trentaine d'années, la nation y consacre des moyens financiers et humains importants. En fonction de la conjoncture économique, on peut naturellement toujours faire plus On peut aussi faire mieux. Nous avons besoin de mieux programmer nos efforts, notamment en terme d'effectifs. C'est un des grands enjeux de la Base Elèves du premier degré que nous mettons en place.
Mais tout ne relève pas des seuls enjeux financiers.
Nous connaissons les atouts de notre système, mais aussi ses points faibles. Je pense aux difficultés de certains enfants à maîtriser la langue lorsqu'ils entrent en 6 e . Je pense aux 160.000 jeunes qui sortent du système scolaire sans réelle qualification. Je pense aussi à la violence endémique dans certains établissements. Je pense à la formation des maîtres dont on me dit qu'elle peut être en certains endroits satisfaisante et en d'autres plus moyenne. Je pense enfin à notre fonctionnement administratif qui peut conduire à une gestion pressante, parfois trop complexe.
Tout ceci, Mesdames et Messieurs les Inspecteurs, doit être examiné de façon lucide, ouverte et constructive afin de nourrir la loi d'orientation prévue pour l'année prochaine. Cette loi ne sera abordée ni avec un esprit de système ni avec une logique de rupture, mais avec la volonté de relancer l'élan de l'école et celui des enseignants, et de réajuster les méthodes et les pratiques.
L'un des objectifs essentiels, selon moi, est de faire en sorte que tous les enfants acquièrent un bagage commun. Tout enfant qui entre en 6 ème doit disposer d'une bonne maîtrise des savoirs fondamentaux. En d'autres termes, aucun élève ne doit pouvoir quitter le primaire sans savoir lire, écrire et compter.
L'école maternelle est une étape à part entière du parcours éducatif. Une étape d'autant plus importante qu'elle fournit aux enfants les bases dont dépendra la suite de leur scolarité au primaire puis au collège. C'est dire combien l'école maternelle doit préparer de manière plus efficace encore aux apprentissages fondamentaux, et je pense ici plus particulièrement à la découverte et au plaisir de la lecture.
Le plan illettrisme de 2002 s'est adressé principalement à l'école élémentaire, l'une des principales mesures concernant l'allégement des classes de CP concentrant des difficultés particulières. A la rentrée 2003, ce sont ainsi plus de 4.000 classes qui ont vu leurs conditions de travail aménagées Une évaluation de cette expérimentation est aujourd'hui en cours. Elle nous permettra de compléter voire de corriger notre stratégie.
Mais une certitude est d'ores et déjà établie : c'est sur l'ensemble du cycle II que nous devons porter notre attention. Le repérage précoce des difficultés est, en effet, la base de la prévention de l'illettrisme. Il me semble aujourd'hui important de renforcer la place de la maternelle, et en particulier de la grande section, dans la construction des apprentissages fondamentaux.
Le constat est connu et ne souffre pas d'équivoque : 15% des enfants qui entrent en 6 e ont des difficultés à suivre une scolarité normale, faute de savoir lire et écrire correctement. Ce résultat n'a pas sa place dans ma conception républicaine de l'égalité des chances Notre langue est l'expression du génie français ; elle ne saurait être celle de l'inégalité. Nous avons des marges de progrès : concentrons nos efforts sur ce qui doit être une priorité de la Nation. Cette ambition, je vous demande de la partager avec moi !
Pour ce faire, de nouveaux outils d'évaluations seront mis à votre disposition et à la disposition des maîtres. Dès l'année 2004-2005, une nouvelle évaluation sera ainsi proposé, à titre expérimental, en cours de CE1. Son objectif s'inscrira dans la continuité des actions déjà entreprises pour prendre en charge les troubles du langage. Il ne faut pas attendre la fin du cycle II pour mettre en place des réponses adaptées aux difficultés rencontrées par les élèves
Par ailleurs, je compte sur votre savoir-faire pour aider à l'évolution des pratiques pédagogiques des maîtres. Il ne s'agit pas, bien évidemment, de s'immiscer dans leurs initiatives pédagogiques mais de veiller à ce que la lecture, l'écriture et le calcul y trouvent leur place et toute leur place.
Quand les réponses pédagogiques mises en place dans les classes ne sont pas suffisantes pour prendre en charge efficacement certains besoins éducatifs particuliers, des dispositifs spécifiques doivent être mobilisés afin d'éviter toute rupture du parcours scolaire de l'enfant.
Des dispositifs particuliers s'adressent autant aux enfants victimes d'un handicap, dysphasiques ou dyslexiques qu'aux enfants du voyage ou nouvellement arrivés en France, ou encore aux enfants intellectuellement précoces. Mais quel que soit le cas de figure, leur situation doit faire l'objet d'un examen attentif de l'équipe éducative, l'objectif étant que les réponses apportées soient organisées dans un projet individualisé qui en garantisse la cohérence.
L'Ecole doit enfin être ouverte sur les enjeux de notre temps et de notre monde contemporain Puisque nous vivons désormais à l'heure de l'Europe, nous devons mettre l'accent sur la connaissance des langues étrangères.
Au coeur de cette ambition, il y a l'apprentissage d'une langue vivante étrangère. Parler deux langues est aujourd'hui atout capital dans notre monde ; leur enseignement doit commencer dès le primaire. Je sais tous les efforts qui vous ont été demandés depuis plusieurs années dans ce domaine. L'extension quantitative de cet enseignement est une réussite, le cycle III devrait être pratiquement couvert, dès cette rentrée. Il nous faut maintenant porter l'accent sur le qualitatif. Pour ce faire, il nous faudra évaluer les pratiques et veiller à une meilleure continuité avec le collège
Dans ce même esprit, l'utilisation des nouvelles technologies à l'école relève aujourd'hui d'une priorité. Des progrès significatifs ont été enregistrés, notamment par l'effort conjugué de l'Etat et des Collectivités territoriales. Il faut développer le B2i et veiller à ce que les enfants qui abordent le collège maîtrisent les apprentissages de base de cet outil. Ils témoignent tous de la même curiosité et de la même agilité face à l'informatique et à l'Internet en particulier. Mais encore faut-il qu'ils en usent à bon escient
Une bonne articulation entre le primaire et le collège est pour moi indispensable. Et je souhaite que l'année 2004-2005 permettent de développer davantage encore les relations entre ces deux étapes décisive pour le devenir de l'enfant. Celui-ci doit aborder le collège dans les meilleures conditions possibles et avec toutes les clefs nécessaires à sa réussite.
Permettez-moi quelques mots, pour terminer, sur le collège Je refuse d'entrer dans les débats un peu théorique sur le collège unique ou multiple, mon sentiment étant que le collège doit être pour tous ! C'est à dire un collège qui donne les moyens à chacun d'acquérir et de parfaire des savoirs fondamentaux et qui offre en parallèle une ouverture sur des filières professionnelles. Celles-ci doivent être motivantes et valorisantes. Pour cela, il faut cesser de hiérarchiser et d'opposer les filières. Parce que l'excellence peut être plurielle, Il faut de la diversité, il faut des passerelles. C'est dans cet esprit que nous finalisons le projet d'adaptation de la 3 ème , qui devrait notamment intégrer un nouvel enseignement de " découverte professionnelle ". Cette adaptation de la 3 ème se mettra en place l'année prochaine dans les collèges qui y sont prêts, puis sera généralisée de façon progressive.
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs,
Tels sont les quelques mots que je souhaitais vous délivrer avant notre échange. Vous y évoquerez certainement les questions relatives à votre travail ou encore aux spécificités de vos fonctions.
J'ai besoin de vos réflexions pour construire les miennes. Je pense notamment à celles relatives aux directeurs d'école ou aux réseaux d'école
En termes de gestion quotidienne, l'idée que je me fais de la responsabilité des cadres de l'Education nationale me conduit à penser que l'efficacité exige plus de clarté.
A cet égard, j'ai donné des instructions précises aux directeurs de centrale, aux recteurs et aux inspecteurs d'académie pour mettre un coup d'arrêt aux sollicitations diverses qui peuvent être adressées aux chefs d'établissement et aux directeurs d'école. J'en ai fait de même en ce qui vous concerne. S'il est nécessaire que les circonscriptions rendent compte et renseignent l'institution, le perfectionnisme statistique ne saurait pour autant justifier une sorte de harcèlement administratif
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs,
La mission éducative est par nature une mission difficile : de l'éducation et la formation de nos enfants et de nos adolescents dépendent la capacité de notre pays à relever les défis qui s'annoncent à lui.
Mais précisément parce que la tâche est délicate, nous avons besoin de femmes et d'hommes qui forment l'armature du système et qui, par leur capacité d'initiative et d'organisation, impulse une dynamique
Vous êtes de ceux-là !
(Source http://www.education.gouv.fr, le 23 juin 2003)
Je suis heureux d'être parmi vous cet après-midi. Durant toute cette journée, j'ai pu apprécier sur le terrain l'efficacité et le dévouement des personnels enseignants qui encadrent les enfants du 1 er degré et qui, pour certains d'entre eux, accompagnent les élèves les plus en difficultés.
Il m'a semblé important à cette occasion de rencontrer tout l'encadrement du premier degré de l'Académie de Lyon, et plus particulièrement les Inspecteurs chargés de circonscription.
Je vous remercie donc d'avoir répondu favorablement à mon invitation. J'adresse également mes remerciements au Recteur Morvan et à ses équipes, pour l'organisation de cette journée et de cette réunion que j'ai voulu pour trois raisons essentielles :
o la première est que je crois aux vertus du dialogue et de la nécessité d'être en prise directe avec celles et ceux qui font vivre avec passion et dévouement l'Education Nationale.
o La deuxième, c'est que je sens que notre système éducatif a besoin d'être soutenu tant il est devenu le réceptacle de toutes les demandes et exigences que notre société ne se sent plus à même d'assumer
o J'ai enfin voulu vous témoigner de la confiance que j'ai en vous. A l'interface entre les personnels pédagogiques et les exigences académiques, vous avez un rôle difficile à la fois de soutien et d'accompagnement des enseignants mais aussi de coordination dans la mise en oeuvre de la politique éducative. C'est dire combien, avec vos Conseiller pédagogiques, vous êtes un maillon essentiel pour l'impulsion et l'organisation de toute la vie scolaire du premier degré.
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs,
Lorsque le Président de la République et le Premier ministre m'ont confié le Ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, c'est avec une conscience aiguë des enjeux, et une certaine gravité que j'en ai accepté la charge.
Gravité car l'Ecole de la République doit être selon moi au coeur de la rénovation de notre société. Après plus de deux décennies d'une crise économique et sociale doublée d'une crise morale, la société française est bousculée dans ses repères fondamentaux.
Plus que jamais, l'institution scolaire reste la colonne vertébrale de l'avenir. Il est indispensable de réaffirmer la profondeur du lien qui unit l'école à la République. Cette ambition recouvre des implications concrètes.
La première d'entre elles est la réaffirmation du principe de laïcité comme socle de l'organisation générale du système éducatif public. L'Ecole garantit la neutralité de la transmission du savoir et l'intégration de tous au sein de la communauté nationale.
Autrefois un combat, la laïcité est aujourd'hui, pour tous, une garantie de liberté de conscience Mais à condition que chacun joue le jeu. Car sans cela, il ne peut y avoir ni intégration ni promotion par le savoir. C'est pourquoi en luttant contre le prosélytisme et l'intolérance, la République est à jour de ses grands idéaux.
La circulaire qui accompagne la loi du 15 mars 2004 est sans ambiguïté : c'est la fermeté républicaine sur l'essentiel, c'est à dire l'interdiction des signes religieux les plus évidemment ostensibles. Cette fermeté va de pair avec une part de pragmatisme et de responsabilité laissés aux directeurs d'écoles , aux inspecteurs et aux chefs d'établissement notamment pour faire respecter la règle commune et évaluer et sanctionner ses éventuels contournements Enfin, le dialogue avec l'élève est retenu. Dialogue et non négociation car il ne peut y avoir de petits arrangements avec les principes républicains !
Lorsqu'il s'agira de réaffirmer et d'arbitrer en faveur de ces principes, je serai présent, à vos côtés et aux côtés de la communauté éducative. J'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises : les mots de respect, d'autorité ou de laïcité ont pour moi un sens que j'entends voir respecter. Il en est de même pour l'égalité des chances.
L'égalité des chances est une exigence républicaine que j'entends rehausser.
L'objectif est exigeant. Il oblige à un traitement ciblé des élèves en fonction de leurs handicaps de départ En d'autres termes, il s'agit de donner mieux à ceux qui ont moins !
Au-delà de l'action éducative qui, dans les secteurs en grande difficulté, est renforcée au travers d'une politique d'éducation prioritaire, nous pérennisons les mesures qui offrent à chaque jeune des perspectives de promotion. Je pense ici aux bourses au mérite ou encore aux partenariats prestigieux qui permettent de favoriser l'accès aux grandes écoles des meilleurs élèves de lycées situés en Zone d'Education Prioritaire
Devant la difficulté des choix d'affectation des moyens, nous devons prioritairement cibler les zones difficiles. L'égalité des chances n'a pas le même prix que l'on soit scolarisé dans les beaux quartiers ou les quartiers populaires. Dans la République, la réussite scolaire est un droit qui doit être offert à tous.
La réaffirmation de la mission républicaine de l'Ecole doit s'accompagner de son adaptation aux réalités de notre temps. De notre stratégie éducative dépend la capacité de notre pays à affronter les défis qui se posent à lui.
A cet égard, le débat national sur l'avenir de l'Ecole constitue une bonne base de travail Vous y avez pris une part essentielle tant sur le fond que sur la forme, par l'organisation des modalités de consultation ; je vous en remercie. Le " miroir du débat " met en exergue les points forts et les points faibles de notre système scolaire. Il illustre aussi le caractère contradictoire des opinions et des suggestions pour l'avenir. J'en retiens pour ma part une formidable attente et la conviction que " tout n'est pas noir " !
La France dispose d'un système éducatif qui est globalement de bonne qualité. Depuis une trentaine d'années, la nation y consacre des moyens financiers et humains importants. En fonction de la conjoncture économique, on peut naturellement toujours faire plus On peut aussi faire mieux. Nous avons besoin de mieux programmer nos efforts, notamment en terme d'effectifs. C'est un des grands enjeux de la Base Elèves du premier degré que nous mettons en place.
Mais tout ne relève pas des seuls enjeux financiers.
Nous connaissons les atouts de notre système, mais aussi ses points faibles. Je pense aux difficultés de certains enfants à maîtriser la langue lorsqu'ils entrent en 6 e . Je pense aux 160.000 jeunes qui sortent du système scolaire sans réelle qualification. Je pense aussi à la violence endémique dans certains établissements. Je pense à la formation des maîtres dont on me dit qu'elle peut être en certains endroits satisfaisante et en d'autres plus moyenne. Je pense enfin à notre fonctionnement administratif qui peut conduire à une gestion pressante, parfois trop complexe.
Tout ceci, Mesdames et Messieurs les Inspecteurs, doit être examiné de façon lucide, ouverte et constructive afin de nourrir la loi d'orientation prévue pour l'année prochaine. Cette loi ne sera abordée ni avec un esprit de système ni avec une logique de rupture, mais avec la volonté de relancer l'élan de l'école et celui des enseignants, et de réajuster les méthodes et les pratiques.
L'un des objectifs essentiels, selon moi, est de faire en sorte que tous les enfants acquièrent un bagage commun. Tout enfant qui entre en 6 ème doit disposer d'une bonne maîtrise des savoirs fondamentaux. En d'autres termes, aucun élève ne doit pouvoir quitter le primaire sans savoir lire, écrire et compter.
L'école maternelle est une étape à part entière du parcours éducatif. Une étape d'autant plus importante qu'elle fournit aux enfants les bases dont dépendra la suite de leur scolarité au primaire puis au collège. C'est dire combien l'école maternelle doit préparer de manière plus efficace encore aux apprentissages fondamentaux, et je pense ici plus particulièrement à la découverte et au plaisir de la lecture.
Le plan illettrisme de 2002 s'est adressé principalement à l'école élémentaire, l'une des principales mesures concernant l'allégement des classes de CP concentrant des difficultés particulières. A la rentrée 2003, ce sont ainsi plus de 4.000 classes qui ont vu leurs conditions de travail aménagées Une évaluation de cette expérimentation est aujourd'hui en cours. Elle nous permettra de compléter voire de corriger notre stratégie.
Mais une certitude est d'ores et déjà établie : c'est sur l'ensemble du cycle II que nous devons porter notre attention. Le repérage précoce des difficultés est, en effet, la base de la prévention de l'illettrisme. Il me semble aujourd'hui important de renforcer la place de la maternelle, et en particulier de la grande section, dans la construction des apprentissages fondamentaux.
Le constat est connu et ne souffre pas d'équivoque : 15% des enfants qui entrent en 6 e ont des difficultés à suivre une scolarité normale, faute de savoir lire et écrire correctement. Ce résultat n'a pas sa place dans ma conception républicaine de l'égalité des chances Notre langue est l'expression du génie français ; elle ne saurait être celle de l'inégalité. Nous avons des marges de progrès : concentrons nos efforts sur ce qui doit être une priorité de la Nation. Cette ambition, je vous demande de la partager avec moi !
Pour ce faire, de nouveaux outils d'évaluations seront mis à votre disposition et à la disposition des maîtres. Dès l'année 2004-2005, une nouvelle évaluation sera ainsi proposé, à titre expérimental, en cours de CE1. Son objectif s'inscrira dans la continuité des actions déjà entreprises pour prendre en charge les troubles du langage. Il ne faut pas attendre la fin du cycle II pour mettre en place des réponses adaptées aux difficultés rencontrées par les élèves
Par ailleurs, je compte sur votre savoir-faire pour aider à l'évolution des pratiques pédagogiques des maîtres. Il ne s'agit pas, bien évidemment, de s'immiscer dans leurs initiatives pédagogiques mais de veiller à ce que la lecture, l'écriture et le calcul y trouvent leur place et toute leur place.
Quand les réponses pédagogiques mises en place dans les classes ne sont pas suffisantes pour prendre en charge efficacement certains besoins éducatifs particuliers, des dispositifs spécifiques doivent être mobilisés afin d'éviter toute rupture du parcours scolaire de l'enfant.
Des dispositifs particuliers s'adressent autant aux enfants victimes d'un handicap, dysphasiques ou dyslexiques qu'aux enfants du voyage ou nouvellement arrivés en France, ou encore aux enfants intellectuellement précoces. Mais quel que soit le cas de figure, leur situation doit faire l'objet d'un examen attentif de l'équipe éducative, l'objectif étant que les réponses apportées soient organisées dans un projet individualisé qui en garantisse la cohérence.
L'Ecole doit enfin être ouverte sur les enjeux de notre temps et de notre monde contemporain Puisque nous vivons désormais à l'heure de l'Europe, nous devons mettre l'accent sur la connaissance des langues étrangères.
Au coeur de cette ambition, il y a l'apprentissage d'une langue vivante étrangère. Parler deux langues est aujourd'hui atout capital dans notre monde ; leur enseignement doit commencer dès le primaire. Je sais tous les efforts qui vous ont été demandés depuis plusieurs années dans ce domaine. L'extension quantitative de cet enseignement est une réussite, le cycle III devrait être pratiquement couvert, dès cette rentrée. Il nous faut maintenant porter l'accent sur le qualitatif. Pour ce faire, il nous faudra évaluer les pratiques et veiller à une meilleure continuité avec le collège
Dans ce même esprit, l'utilisation des nouvelles technologies à l'école relève aujourd'hui d'une priorité. Des progrès significatifs ont été enregistrés, notamment par l'effort conjugué de l'Etat et des Collectivités territoriales. Il faut développer le B2i et veiller à ce que les enfants qui abordent le collège maîtrisent les apprentissages de base de cet outil. Ils témoignent tous de la même curiosité et de la même agilité face à l'informatique et à l'Internet en particulier. Mais encore faut-il qu'ils en usent à bon escient
Une bonne articulation entre le primaire et le collège est pour moi indispensable. Et je souhaite que l'année 2004-2005 permettent de développer davantage encore les relations entre ces deux étapes décisive pour le devenir de l'enfant. Celui-ci doit aborder le collège dans les meilleures conditions possibles et avec toutes les clefs nécessaires à sa réussite.
Permettez-moi quelques mots, pour terminer, sur le collège Je refuse d'entrer dans les débats un peu théorique sur le collège unique ou multiple, mon sentiment étant que le collège doit être pour tous ! C'est à dire un collège qui donne les moyens à chacun d'acquérir et de parfaire des savoirs fondamentaux et qui offre en parallèle une ouverture sur des filières professionnelles. Celles-ci doivent être motivantes et valorisantes. Pour cela, il faut cesser de hiérarchiser et d'opposer les filières. Parce que l'excellence peut être plurielle, Il faut de la diversité, il faut des passerelles. C'est dans cet esprit que nous finalisons le projet d'adaptation de la 3 ème , qui devrait notamment intégrer un nouvel enseignement de " découverte professionnelle ". Cette adaptation de la 3 ème se mettra en place l'année prochaine dans les collèges qui y sont prêts, puis sera généralisée de façon progressive.
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs,
Tels sont les quelques mots que je souhaitais vous délivrer avant notre échange. Vous y évoquerez certainement les questions relatives à votre travail ou encore aux spécificités de vos fonctions.
J'ai besoin de vos réflexions pour construire les miennes. Je pense notamment à celles relatives aux directeurs d'école ou aux réseaux d'école
En termes de gestion quotidienne, l'idée que je me fais de la responsabilité des cadres de l'Education nationale me conduit à penser que l'efficacité exige plus de clarté.
A cet égard, j'ai donné des instructions précises aux directeurs de centrale, aux recteurs et aux inspecteurs d'académie pour mettre un coup d'arrêt aux sollicitations diverses qui peuvent être adressées aux chefs d'établissement et aux directeurs d'école. J'en ai fait de même en ce qui vous concerne. S'il est nécessaire que les circonscriptions rendent compte et renseignent l'institution, le perfectionnisme statistique ne saurait pour autant justifier une sorte de harcèlement administratif
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs,
La mission éducative est par nature une mission difficile : de l'éducation et la formation de nos enfants et de nos adolescents dépendent la capacité de notre pays à relever les défis qui s'annoncent à lui.
Mais précisément parce que la tâche est délicate, nous avons besoin de femmes et d'hommes qui forment l'armature du système et qui, par leur capacité d'initiative et d'organisation, impulse une dynamique
Vous êtes de ceux-là !
(Source http://www.education.gouv.fr, le 23 juin 2003)