Texte intégral
Chers amis, chers camarades,
La Sécu nous réunit aujourd'hui.
C'est elle qui nous rassemble si nombreux ici à Rennes
La Sécu,
C'est d'abord la santé, un bien précieux que nous voulons protéger.
La Sécu,
C'est un projet pour vivre ensemble dans la sécurité et la solidarité qui repose sur un principe simple :
" Chacun paye selon ses moyens et chacun est soigné en fonction de ses besoins "
Défendons ces valeurs que nous construisons depuis plus de 60 ans.
Affirmons nos exigences pour faire vivre aujourd'hui et demain, cette belle idée de la Sécurité Sociale.
La CFDT est fière de revendiquer ici avec ses partenaires mutualistes et syndicalistes, ses valeurs et ses ambitions pour l'assurance maladie.
Sans notre combat commun,
il y a bien longtemps que la sélection, la privatisation auraient balayé ces valeurs fondatrices.
Les comparaisons internationales nous montrent la pertinence et l'efficacité de nos valeurs.
- Rejetons tous les systèmes de privatisation à la fois le plus inégalitaire et le plus coûteux de tous.
- Refusons l'organisation d'un système à deux vitesses contraire à nos valeurs.
Notre système de santé est performant.
- Il a permis de grandes avancées.
- Il a contribué largement à la spectaculaire progression de la durée de la vie.
Mais il est encore inégalitaire.
Ses réussites comme ses échecs rendent son adaptation indispensable aux besoins d'aujourd'hui et de demain.
Oui, une réforme est nécessaire
- nécessaire pour que les valeurs fondamentales de la Sécu continuent d'exister
- nécessaire pour que les progrès de la médecine soient des progrès pour tous.
La CFDT se réjouit d'unir aujourd'hui ses forces à celles de la Mutualité française et de tous ceux qui partagent les mêmes valeurs sur la santé.
Ce n'est pas simplement le rassemblement d'un jour,
C'est en permanence que nous agissons ensemble à tous les niveaux sur ces enjeux.
Contrairement à l'image que voudraient imposer certains,
- il n'y a pas d'un côté le syndicalisme d'opposition,
au refus toujours qualifié de vertueux,
- et de l'autre un syndicalisme d'accompagnement
à l'engagement forcément suspect.
Pour nous, il n'y a pas d'un côté la protestation et de l'autre la négociation.
Quand on veut arracher des résultats, il faut savoir tenir les deux bouts.
Alors oui, notre conception du syndicalisme est la plus offensive.
Chaque jour, nous agissons partout depuis l'entreprise jusqu'aux niveaux national et européen en interlocuteurs exigeants et cohérents.
La Sécurité sociale est notre terrain d'action quotidien au plan local, régional et national :
- Nous agissons pour l'équité dans l'accès aux soins et dans son financement.
- Nous agissons pour une politique de santé, globale et cohérente, impliquant tous les acteurs, de l'hôpital à la médecine libérale, du préventif au curatif.
- Nous agissons en amont pour des politiques d'environnement et de qualité de vie qui sont décisives pour la santé de tous.
Et, nous sommes fiers d'avoir pris notre part, avec d'autres et en particulier la Mutualité, dans deux avancées majeures que sont la CSG et la CMU.
Ces avancées sociales confortent nos valeurs fondamentales et font vivre la Sécu.
- C'est avec la même détermination que nous nous battons aujourd'hui.
- Ouverts au dialogue, nous sommes intransigeants sur nos principes.
-
Réformer, c'est nécessaire :
- Nous avons dit oui en 1996 à l'engagement de la réforme du financement de l'assurance maladie
- Nous avons dit oui à nouveau en 98 à un financement par la CSG qui concerne tous les revenus y compris ceux du capital et du patrimoine
- Nous avons dit oui à la CMU en 99 pour que les plus démunis accèdent eux aussi aux soins.
Ces réformes étaient justes, il fallait les faire, nous les avons soutenues.
Depuis six ans, la CFDT demande que l'on s'attaque à la réorganisation du système.
- pour aller plus loin dans l'amélioration de l'accès aux soins.
- pour garantir un financement solidaire.
Nous avons tenté de convaincre mais en vain, les gouvernements successifs.
- Nous connaissons à nouveau aujourd'hui, un déficit important,
- Plus de deux millions de personnes privées de couverture complémentaire n'ont pas pleinement accès aux soins.
- Et malgré les sommes énormes injectées dans le système, la qualité n'est pas toujours au rendez-vous, les professionnels le disent eux-mêmes.
Réformer, c'est possible,
C'est possible mais dans le dialogue, dans la confiance.
- Responsabiliser les assurés, oui, mais pas en tapant au portefeuille.
- Améliorer l'organisation des soins, oui, mais pas en rémunérant davantage les spécialistes quand ils reçoivent directement ceux qui ne s'inscrivent pas dans un parcours de soins.
Pour enclencher des changements de comportement :
- les laboratoires pharmaceutiques doivent dépasser leur vision de court terme,
- cesser de privilégier leurs dépenses publicitaires
- et s'engager dans la recherche et le développement des génériques.
- les professions de santé doivent être convaincues de l'utilité de l'évaluation de leur pratique professionnelle.
Réformer, c'est possible.
C'est possible mais dans l'équité et la solidarité.
Nous savons que notre choix en faveur d'un haut niveau de santé doit être financé.
Alors,l'alternative est claire :
- soit chacun se débrouille individuellement, c'est la prime à l'inégalité, à l'exclusion.
- soit la prise charge est collective : c'est le choix de la solidarité.
C'est notre choix, nous sommes prêts à y contribuer, et nous exigeons que les efforts soient équitablement répartis.
Et c'est à nous d'en assumer la charge et pas à nos enfants, ni à nos petits enfants.
Alors oui, exigeons une réforme, une bonne réforme.
***
Après la phase de concertation, le débat parlementaire va maintenant s'engager.
Les parlementaires et bien évidemment le gouvernement ont maintenant une lourde responsabilité.
avec la Mutualité française,
avec l'Unsa,
avec les associations et les organisations de professionnels de santé,
avec tous ceux présents aujourd'hui ici,
la CFDT fait le pari qu'une bonne réforme est encore possible.
Continuons de nous battre ensemble pour faire progresser nos ambitions.
Alors que l'heure des choix approche et que les propositions divergent
au sein du monde syndical
comme au sein du monde politique
Je tiens à m'adresser ici aux différents responsables de notre pays ;
? J'en appelle à construire un syndicalisme qui ose prendre ses responsabilités, qui tape du poing sur la table quand il le faut, comme nous le faisons ici ce soir.
Mais un syndicalisme qui sait aussi s'engager quand c'est nécessaire.
C'est bien de défendre la sécu en arborant la carte vitale à sa boutonnière,
Cela aurait été encore mieux si la Cgt avait approuvé sa mise en place comme la Cfdt l'a fait aux côtés de la Mutualité et de l'Unsa.
- Assez d'un syndicalisme qui s'oppose à tout
- Assez d'un syndicalisme qui sans vergogne, se veut le meilleur défenseur de ce qu'il a violemment fustigé la veille.
- Oui au syndicalisme qui s'engage,
- Non au syndicalisme des mains vides.
? J'en appelle aux professionnels de santé que nous sommes heureux d'accueillir ici.
Votre présence est pour nous la preuve que le dialogue avec vous est possible.
Ce dialogue est indispensable à la réussite de la réforme.
Nous devons construire ensemble de nouvelles bases de relations contractuelles.
Même si cela se fait parfois dans la confrontation, vous savez que vous trouverez dans la CFDT un partenaire exigeant et loyal.
- Sachez que pour la CFDT, un bon système de soins, c'est celui qui permet un égal accès à tous en ville comme à l'hôpital,
quel que soit le lieu où l'on habite : que soit dans les quartiers difficiles ou dans les zones rurales isolées ,
quel que soit le moment de la journée ou de l'année.
- Sachez que pour la CFDT, un bon système de soins c'est celui où le malade est responsabilisé par des parcours mieux organisés, sans être laissé de côté parce qu'il n'a pas les moyens de se payer un accès direct et plus cher au spécialiste,
Pour la CFDT,
pas question d'une médecine à deux vitesses,
pas question de sélectionner par l'argent !
? J'en appelle à la responsabilité des entreprises et à celle du Medef qui ne cesse de regarder le match se dérouler du haut des tribunes tout en critiquant les joueurs.
C'est bien parce que la mutualité et la Cfdt sont restées à leurs postes dans les instances de la Sécu que nous avons empêché la mise en concurrence de l'assurance maladie avec les assurances privées.
Ce système ultra libéral que voulait le Medef, nous l'avons mis en échec.
Nous refusons tout système à l'américaine qui laisse de côté les plus pauvres, qui tape dans la poche des salariés pour le profit de ces entreprises privées.
La Sécu, c'est notre bien commun, elle doit le rester.
Le Medef doit assumer ses responsabilités
Les entreprises doivent continuer de payer car leur richesse c'est notre travail.
Messieurs les entrepreneurs,
si vous voulez que les comptes sociaux reviennent à l'équilibre,
cessez d'utiliser les caisses d'assurance chômage et de maladie comme variable d'ajustement de vos effectifs.
C'est d'abord par la lutte contre le chômage, par la création d'emplois que nous trouverons le chemin de la réussite.
La France ne souffre pas de trop de droits sociaux, La France est malade du chômage.
? J'en appelle aux responsables politiques de la majorité comme de l'opposition.
A quand un vrai débat contradictoire sur la Sécu et la santé.
Nous aimerions savoir ce que vous pensez de l'avenir de notre système de santé.
A trois ans des élections présidentielles, ce n'est pas des ambitions personnelles à droite ou à gauche dont nous voulons débattre.
Vous aurez bien le temps de vous opposer pour savoir
- qui de Jacques ou de Nicolas sera le bon candidat à droite,
- qui de Laurent, de Dominique, de Martine ou d'autres sera le meilleur challenger à gauche.
Parlez-nous de ce qui nous intéresse.
Parlez-nous de nos emplois, de notre santé, de notre système de protection sociale.
Parlez-nous de vos projets pour notre pays, de vos projets pour l'Europe
En deux mots, faites vivre le débat démocratique.
? J'en appelle au gouvernement
Le projet que vous nous présentez est trop éloigné de nos ambitions. Il ne suffira pas à guérir notre système de santé.
- C'est bien de créer le dossier de soins partagé et de favoriser des parcours de santé avec le médecin traitant.
Mais s'il n'y a pas des professionnels partout sur le territoire,
Mais si vous laissez les honoraires libres pour certains,
Vous renforcerez alors les inégalités que justement nous voulons combattre.
- C'est bien d'aider un plus grand nombre de personnes à avoir une mutuelle, en particulier, une partie de ceux qui ne peuvent se la payer.
Mais outre le fait que cette aide est insuffisante, beaucoup trop d'assurés n'auront aucune aide parce qu'ils n'ont pas de contrat collectif.
Ce sont les salariés des petites entreprises, c'est encore eux les laissés pour compte, les fonctionnaires aussi qu'on oublie sur ce sujet et tous les retraités.
Le Président de la République avait promis à tous, au congrès de la Mutualité une aide à cette couverture complémentaire,
Messieurs les gouvernants, vous devez tenir cette promesse.
- C'est bien de clarifier le rôle de l'Etat et celui des caisses d'assurance maladie.
Mais en refusant d'associer clairement la mutualité aux négociations conventionnelles, à la demande de certains syndicats qui eux ne s'engagent jamais,
nous vous soupçonnons de vouloir garder la main sur des transferts de dépenses de la Sécu vers les assurances complémentaires.
C'est ce que vous avez toujours privilégié,
C'est ce que vous continuez à faire en augmentant le forfait hospitalier.
Nous sommes contre ces transferts.
En associant la mutualité à la gestion des dépenses, nous voulons maintenir à son niveau la part de la sécurité sociale.
C'est en écartant cette démarche que l'on prend le risque d'augmenter la place des assuranes privées.
C'est quand même étonnant que FO refuse de le comprendre.
? J'en appelle au parlement pour qu'il améliore le projet du gouvernement et qu'il en revoie le volet financier.
- Nous refusons que ce financement repose en majorité sur les familles et les usagers.
- Nous refusons qu'une fois encore on prenne dans les portes monnaies sans regarder à qui ils appartiennent, lorsque 10% des contribuables ont bénéficié de 70% des baisses d'impôt.
Vous avez voulu nous faire croire que c'était pour relancer la consommation.
Le résultat c'est que les plus riches vont avoir une augmentation de leur pouvoir d'achat pendant que celui des plus modestes va baisser !
C'est enfin un appel solennel que je veux faire ici en votre nom.
La Cfdt ne veut pas être complice de décision injuste.
Le report de la dette jusqu'en 2024 est intolérable.
Alors que notre société est incapable de fournir un emploi à chaque jeune, nous allons en plus, leur transmettre la dette parce que nous sommes incapables de prendre les bonnes décisions aujourd'hui.
Nous ne voulons pas être la génération égoïste.
Les dépenses d'aujourd'hui doivent être payées aujourd'hui,
Cette dette doit être réglée dans le cadre de la dette de l'Etat par une vraie réforme fiscale.
Messieurs les gouvernants,
En baissant les impôts, vous vous êtes privés de moyens,
A vous maintenant de rectifier vos erreurs.
***
Chers amis, chers camarades,
Du chemin reste à parcourir pour que cette réforme atteigne nos objectifs.
Je voudrais dire
à nos amis de la Mutualité,
aux autres syndicats qui composent la majorité de gestion à la Cnam, l'Unsa à nos côtés aujourd'hui,
mais aussi la CFTC et la CGC,
aux associations et organisations présentes ici : Aides, la Fnath, l' Uniopss, l'Unaf , la CSMF, MG France et la CMH
vous pouvez compter sur la CFDT pour faire pression sur le débat parlementaire.
Portés par nos ambitions de justice sociale et de solidarité, nous nous battons et nous continuerons à le faire, fiers de nos luttes et de nos réussites.
(Source http://www.cfdt.fr, le 23 juin 2004)