Texte intégral
L'importance des enjeux linguistiques pour l'approfondissement de la coopération entre l'Allemagne et la France, n'est pas à démontrer. C'est pourquoi je suis particulièrement heureuse de pouvoir remettre avec mon ami Martin Bury le Prix de Gaulle-Adenauer aux équipes et aux promoteurs des "Deutsch-Mobile" et des France-Mobiles. Comme le chancelier fédéral et le président de la République l'ont souligné hier, ces initiatives linguistiques sont un grand succès et sont pour nous plus précieuses que jamais.
Européens convaincus, nous sommes tous ici conscients de la nécessité de parler désormais plusieurs langues européennes. Il faut abolir les barrières linguistiques en favorisant l'apprentissage précoce de ces langues.
La très grande majorité des responsables éducatifs français sont conscients de l'importance majeure de l'allemand pour la construction européenne et ils maintiennent dans les collèges une offre significative d'enseignement de l'allemand.
Malgré ces efforts, le nombre d'élèves choisissant l'allemand en 1ère, 2ème ou 3ème langue continue hélas de diminuer. C'est pourquoi je salue la toute récente initiative du ministre fédéral des Affaires étrangères, de l'ambassade d'Allemagne en France et des grandes entreprises allemandes de mener dans notre pays une vaste campagne de promotion sur l'Allemagne et l'allemand. L'enjeu est de taille : les parents et les jeunes élèves doivent être convaincus de l'intérêt d'apprendre la langue de notre premier partenaire dans tous les domaines. Il faut aider ainsi les responsables éducatifs et politiques dans les régions et dans les établissements scolaires, à maintenir un enseignement de l'allemand en 1ère et en seconde langue. Et ainsi de pouvoir goûter dans le texte les merveilles de la littérature allemande. Comme la musique que nous venons d'entendre, la littérature allemande est un véritable plaisir non seulement intellectuel mais également musical.
Dans ce contexte, l'initiative prise en 2001 par la Fondation Robert Bosch et les Maisons franco-allemandes de lancer des "Deutsch-Mobile" a été tout à fait exemplaire. Aller à la rencontre des élèves et des parents dans les écoles et apporter ainsi un soutien visible aux professeurs d'allemand a pu sembler au départ une idée audacieuse, mais la réussite est totale. Notre ambassadeur en Allemagne et notre ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche ne s'y sont pas trompés, puisqu'ils ont accordé leur haut patronage à ce projet "privé". Pour marquer tout l'intérêt que nous portons à ce bel exemple de l'engagement de la société civile au service de l'amitié et de la coopération franco-allemandes.
Le succès a été immédiatement au rendez-vous, à la surprise de tous ceux qui, depuis des années, se battaient pour sauver l'allemand avec des arguments rationnels. C'est là, je crois, que réside la leçon essentielle que nous pouvons tirer de ce remarquable succès. A 9 ans, à l'école primaire, puis à 12 ans, au collège, les enfants ne sont guère en principe réceptifs aux arguments utilitaires concernant leur avenir mais ils ont compris qu'au-delà de l'anglais qu'ils choisissent souvent naturellement, l'allemand pouvait leur apporter beaucoup.
Cette expérience, nos collègues chargés de la promotion du français en Allemagne l'avaient déjà vécue au travers de l'action "Fête des petits Princes et Princesses" qu'ils avaient menée dans des centaines d'écoles primaires avec l'appui de la Fondation Robert Bosch : les enfants venaient les voir, leur demander s'ils étaient vraiment français, comment était la France, comment étaient les écoles, les maisons, la vie de tous les jours.
C'est pourquoi, à partir de 2002, l'ambassade de France a décidé, avec la Fondation Robert Bosch, de lancer sur les routes d'Allemagne dix France-Mobiles mis à disposition côté français par Renault et le Conseil général de la Moselle, que je remercie ici très chaleureusement pour leur soutien.
En Allemagne, il y a chaque année toujours plus d'enfants qui choisissent le français en primaire et au collège - et il y en aurait davantage encore, si tous les élèves allemands devaient, comme la plupart des très jeunes Européens, apprendre au moins deux langues vivantes étrangères.
Si nous constatons cependant depuis quelques années une désaffection à l'égard du français dans le second cycle des lycées, et une diminution des effectifs d'étudiants allemands en français, nous ne voulons pas baisser les bras. Car il faut tout faire pour que les jeunes conservent tout au long de leur vie les connaissances des langues qu'ils ont apprises et je salue ici chaleureusement l'initiative du ministre de l'Education du Land de Brandebourg qui a rendu la seconde langue vivante obligatoire jusqu'au baccalauréat.
Sans aller jusque là - ce serait un rêve! - je remercie les seize ministres de l'Education des Länder allemands qui ont accordé leur haut patronage aux France-Mobiles et, pour la plupart, participé à des interventions de "leur" propre France-Mobile dans des classes du primaire et du secondaire, voire dans un "Kindergarten".
Nos jeunes intervenants des France-Mobiles proposent des animations en français, du jardin d'enfants jusqu'au baccalauréat. Avec les plus grands, ils travaillent avec des revues pour jeunes Français, des sites internet et des forums de discussion. C'est un métier passionnant, et vous l'exercez avec un engagement extraordinaire, pour lesquels je tiens à vous exprimer toute ma gratitude.
Grâce à vous, les France-Mobiles sont connus et appréciés dans toute l'Allemagne et les listes d'attente sont déjà très longues (380 établissements en Bade-Würtemberg, 340 en Rhénanie du Nord-Westphalie!). Il nous faudrait donc encore davantage de France-Mobiles. Le problème est le même en France, où les six "Deutsch-Mobile" ne suffisent plus pour répondre à toutes les demandes, mais n'est ce pas la rançon du succès?
Et, comme mon collègue Hans Martin Bury, je voudrais aussi saluer l'uvre de l'OFAJ et adresser à mon tour un message d'accueil au nouveau Secrétaire général et à la nouvelle Secrétaire générale adjointe de l'OFAJ. Eux aussi contribuent à la compréhension réciproque entre nos peuples notamment les jeunes. Quelle chance de se comprendre !
Cela ne fait aucun doute pour moi: cette aventure est de nature à nous aider à atteindre l'objectif que nous nous sommes fixé à Poitiers, lors des Rencontres entre présidents des Régions et ministres-présidents des Länder. Un objectif précis, puisqu'il s'agit d'augmenter en 10 ans de 50 % le nombre des citoyens de nos deux pays qui apprennent la langue du partenaire. Cet objectif nécessite une mobilisation générale de la part de l'ensemble du corps enseignants, des pouvoirs publics et des parents. Nous y sommes prêts car il y va de notre avenir commun en Europe. Un avenir qui se construit sur la base d'initiatives telles que celle-ci, ancrées sur la réalité et la proximité de la pratique pédagogique. Les "Deutsch-Mobile" et les France-Mobiles nous ouvrent la voie. Ils méritent notre gratitude pour leur efficacité et leur engagement.
Deshalb ist es mir und meinem Freund Martin Bury ein besonderes Vergnügen, beiden heute den de Gaulle-Adenauer-Preis zu verleihen (C'est donc pour mon ami, Hans Martin Bury, et moi-même un grand plaisir de remettre aujourd'hui le prix de Gaulle-Adenauer).
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2004)
Européens convaincus, nous sommes tous ici conscients de la nécessité de parler désormais plusieurs langues européennes. Il faut abolir les barrières linguistiques en favorisant l'apprentissage précoce de ces langues.
La très grande majorité des responsables éducatifs français sont conscients de l'importance majeure de l'allemand pour la construction européenne et ils maintiennent dans les collèges une offre significative d'enseignement de l'allemand.
Malgré ces efforts, le nombre d'élèves choisissant l'allemand en 1ère, 2ème ou 3ème langue continue hélas de diminuer. C'est pourquoi je salue la toute récente initiative du ministre fédéral des Affaires étrangères, de l'ambassade d'Allemagne en France et des grandes entreprises allemandes de mener dans notre pays une vaste campagne de promotion sur l'Allemagne et l'allemand. L'enjeu est de taille : les parents et les jeunes élèves doivent être convaincus de l'intérêt d'apprendre la langue de notre premier partenaire dans tous les domaines. Il faut aider ainsi les responsables éducatifs et politiques dans les régions et dans les établissements scolaires, à maintenir un enseignement de l'allemand en 1ère et en seconde langue. Et ainsi de pouvoir goûter dans le texte les merveilles de la littérature allemande. Comme la musique que nous venons d'entendre, la littérature allemande est un véritable plaisir non seulement intellectuel mais également musical.
Dans ce contexte, l'initiative prise en 2001 par la Fondation Robert Bosch et les Maisons franco-allemandes de lancer des "Deutsch-Mobile" a été tout à fait exemplaire. Aller à la rencontre des élèves et des parents dans les écoles et apporter ainsi un soutien visible aux professeurs d'allemand a pu sembler au départ une idée audacieuse, mais la réussite est totale. Notre ambassadeur en Allemagne et notre ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche ne s'y sont pas trompés, puisqu'ils ont accordé leur haut patronage à ce projet "privé". Pour marquer tout l'intérêt que nous portons à ce bel exemple de l'engagement de la société civile au service de l'amitié et de la coopération franco-allemandes.
Le succès a été immédiatement au rendez-vous, à la surprise de tous ceux qui, depuis des années, se battaient pour sauver l'allemand avec des arguments rationnels. C'est là, je crois, que réside la leçon essentielle que nous pouvons tirer de ce remarquable succès. A 9 ans, à l'école primaire, puis à 12 ans, au collège, les enfants ne sont guère en principe réceptifs aux arguments utilitaires concernant leur avenir mais ils ont compris qu'au-delà de l'anglais qu'ils choisissent souvent naturellement, l'allemand pouvait leur apporter beaucoup.
Cette expérience, nos collègues chargés de la promotion du français en Allemagne l'avaient déjà vécue au travers de l'action "Fête des petits Princes et Princesses" qu'ils avaient menée dans des centaines d'écoles primaires avec l'appui de la Fondation Robert Bosch : les enfants venaient les voir, leur demander s'ils étaient vraiment français, comment était la France, comment étaient les écoles, les maisons, la vie de tous les jours.
C'est pourquoi, à partir de 2002, l'ambassade de France a décidé, avec la Fondation Robert Bosch, de lancer sur les routes d'Allemagne dix France-Mobiles mis à disposition côté français par Renault et le Conseil général de la Moselle, que je remercie ici très chaleureusement pour leur soutien.
En Allemagne, il y a chaque année toujours plus d'enfants qui choisissent le français en primaire et au collège - et il y en aurait davantage encore, si tous les élèves allemands devaient, comme la plupart des très jeunes Européens, apprendre au moins deux langues vivantes étrangères.
Si nous constatons cependant depuis quelques années une désaffection à l'égard du français dans le second cycle des lycées, et une diminution des effectifs d'étudiants allemands en français, nous ne voulons pas baisser les bras. Car il faut tout faire pour que les jeunes conservent tout au long de leur vie les connaissances des langues qu'ils ont apprises et je salue ici chaleureusement l'initiative du ministre de l'Education du Land de Brandebourg qui a rendu la seconde langue vivante obligatoire jusqu'au baccalauréat.
Sans aller jusque là - ce serait un rêve! - je remercie les seize ministres de l'Education des Länder allemands qui ont accordé leur haut patronage aux France-Mobiles et, pour la plupart, participé à des interventions de "leur" propre France-Mobile dans des classes du primaire et du secondaire, voire dans un "Kindergarten".
Nos jeunes intervenants des France-Mobiles proposent des animations en français, du jardin d'enfants jusqu'au baccalauréat. Avec les plus grands, ils travaillent avec des revues pour jeunes Français, des sites internet et des forums de discussion. C'est un métier passionnant, et vous l'exercez avec un engagement extraordinaire, pour lesquels je tiens à vous exprimer toute ma gratitude.
Grâce à vous, les France-Mobiles sont connus et appréciés dans toute l'Allemagne et les listes d'attente sont déjà très longues (380 établissements en Bade-Würtemberg, 340 en Rhénanie du Nord-Westphalie!). Il nous faudrait donc encore davantage de France-Mobiles. Le problème est le même en France, où les six "Deutsch-Mobile" ne suffisent plus pour répondre à toutes les demandes, mais n'est ce pas la rançon du succès?
Et, comme mon collègue Hans Martin Bury, je voudrais aussi saluer l'uvre de l'OFAJ et adresser à mon tour un message d'accueil au nouveau Secrétaire général et à la nouvelle Secrétaire générale adjointe de l'OFAJ. Eux aussi contribuent à la compréhension réciproque entre nos peuples notamment les jeunes. Quelle chance de se comprendre !
Cela ne fait aucun doute pour moi: cette aventure est de nature à nous aider à atteindre l'objectif que nous nous sommes fixé à Poitiers, lors des Rencontres entre présidents des Régions et ministres-présidents des Länder. Un objectif précis, puisqu'il s'agit d'augmenter en 10 ans de 50 % le nombre des citoyens de nos deux pays qui apprennent la langue du partenaire. Cet objectif nécessite une mobilisation générale de la part de l'ensemble du corps enseignants, des pouvoirs publics et des parents. Nous y sommes prêts car il y va de notre avenir commun en Europe. Un avenir qui se construit sur la base d'initiatives telles que celle-ci, ancrées sur la réalité et la proximité de la pratique pédagogique. Les "Deutsch-Mobile" et les France-Mobiles nous ouvrent la voie. Ils méritent notre gratitude pour leur efficacité et leur engagement.
Deshalb ist es mir und meinem Freund Martin Bury ein besonderes Vergnügen, beiden heute den de Gaulle-Adenauer-Preis zu verleihen (C'est donc pour mon ami, Hans Martin Bury, et moi-même un grand plaisir de remettre aujourd'hui le prix de Gaulle-Adenauer).
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2004)