Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-cambodgiennes et sur le sort de la journaliste Florence Aubenas disparue en Irak, Paris le 10 janvier 2005.

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Circonstance : Visite en France de M. Hor Namhong, vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères du Cambodge, à Paris le 10 janvier 2005

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, je vous dirai quelques mots après avoir eu le grand plaisir de recevoir le vice-Premier ministre du Cambodge M. Hor Namhong. Nous ne nous connaissions pas, Monsieur le Ministre, Cher Collègue, c'est sans doute une erreur de ma part, vis-à-vis de quelqu'un qui connaît si bien notre pays, qui parle si bien notre langue. C'était donc un premier contact extrêmement chaleureux et amical qui prolonge la rencontre que vous avez eue vous-même, à Phnom Penh, avec le ministre délégué Xavier Darcos il y a quelques jours.
C'était l'occasion de confirmer les liens historiques et très anciens, très solides, qui existent entre nos deux pays, l'amitié entre la France et la Cambodge et un partenariat culturel, un partenariat économique aussi qui se traduit par des chiffres importants : 25 millions d'euros représentent et traduisent cette coopération.
J'ai eu l'occasion d'évoquer, avec le vice-Premier ministre, le dossier douloureux et sensible des adoptions et j'ai tenu, Monsieur le Ministre, à saluer le rôle très positif que vous avez personnellement joué pour le règlement des dossiers de 11 familles françaises adoptantes. C'est aujourd'hui un dossier réglé et je voulais franchement et sincèrement vous en remercier.
Je vous ai également dit que la France était disponible pour coopérer avec le Cambodge, autant que vous le souhaiterez, pour vous doter des outils nécessaires, qu'il s'agisse de la loi interne, de la ratification des conventions internationales.
Comme celles de La Haye, la mise en place d'un état civil pour tous, à la demande de ce pays qui doit dire ce dont il a besoin ; nous sommes prêts à coopérer. En tout cas, vous savez à quel point notre gouvernement est engagé sur cette question de l'adoption internationale et nous avons d'ailleurs fait un certain nombre de réformes pour améliorer les choses, à la fois en respectant les pays comme le vôtre, qui doivent être respectés, et en même temps en facilitant la démarche personnelle des familles qui souhaitent adopter.
Au cours de cet entretien avec le vice-Premier ministre Hor Namhong, nous avons également évoqué les sujets concernant la région.
Comment ne pas dire un mot de la tragédie qui, depuis 15 jours, touche le monde entier et, en particulier, plusieurs pays d'Asie avec ce tremblement de terre et ce raz-de-marée. Nous avons confirmé notre solidarité à l'égard de cette région, de votre région et notre souci, dans la durée, est, sérieusement, de participer à la reconstruction de tout ce qui peut être reconstruit.
S'agissant plus particulièrement du Cambodge, nous avons évoqué plusieurs sujets comme celui qui concerne à la justice internationale avec le procès des Khmers rouges, la coopération en matière de sécurité en Asie du Sud-Est, votre adhésion récente à l'ASEM qui marque un renforcement des liens entre le Cambodge et l'Union européenne. Je voulais saluer ce renforcement et dire que, à l'occasion de votre visite qui est importante et qui en appelle d'autres, peut-être celles que nous ferons nous-mêmes dans votre pays, c'est l'occasion de renforcer les liens, le dialogue stratégique, la coopération, quand il y a des problèmes ou des tragédies comme c'est le cas aujourd'hui, mais aussi pour la sécurité, pour la paix, pour les échanges entre l'Union européenne, où vous vous trouvez, et votre grande région.
C'est aussi l'occasion pour moi de dire qu'une visite comme la vôtre permet au ministre français, au ministre européen que je suis, de saluer le rôle de votre gouvernement et de votre pays dans cette coopération entre nos deux régions, entre nos deux pôles entiers.
Q - Je m'en excuse auprès du vice-Premier ministre, mais j'aimerais poser une question à M. Barnier ayant trait à la disparition de notre consoeur en Irak pour savoir si vous avez de récentes informations et, d'autre part, vous demander si cela ne risque pas de jeter un peu d'ombre sur la visite du président irakien dans quelques jours, au vu de la complexité des mouvances irakiennes.
R - Si vous le permettez, Monsieur le Ministre, je répondrai à une question qui concerne l'actualité internationale. Je voudrais dire deux choses : d'abord, la visite du président irakien avait été prévue, vous vous en souvenez, il y a quelques semaines, et, d'un commun accord, reportée. Elle a lieu cette semaine, le président irakien rencontrera le président de la République, je le recevrai moi-même ici vendredi. Ce sont des relations normales entre deux pays qui ont des relations diplomatiques et nous avons des choses à nous dire, notamment pour évoquer, en pensant aux souffrances et aux problèmes du peuple irakien, les moyens pour notre pays de participer à la reconstruction politique, économique, à un progrès durable pour l'Irak, dès l'instant où on sera sorti de la situation très difficile que l'on vit aujourd'hui dans ce pays, que l'on en sera sorti par la démocratie, par un processus politique. Cette visite a lieu et je pense qu'elle sera utile pour le peuple irakien.
Nous n'avons pas de certitudes à propos de Florence Aubenas et de son accompagnateur interprète, Hussein Hanoun, qui ont disparu il y a plusieurs jours à Bagdad. Nous partageons donc l'inquiétude, la réelle inquiétude de leurs familles, de leurs confrères mais, au moment où je vous parle, nous n'avons pas de certitudes sur les raisons de cette disparition. Nous procédons donc à toutes les vérifications, à toutes les recherches possibles et je veux simplement ajouter que notre équipe ici, le ministère des Affaires étrangères, en liaison avec d'autres administrations, est, depuis le premier moment où nous avons appris cette disparition, mobilisé pour trouver des réponses aux questions que nous nous posons.
Nous sommes mobilisés, comme nous l'avons été, dès la première minute également, lorsque Georges Malbrunot et Christian Chesnot ont disparu.
Q - Concernant l'adoption au Cambodge, on ne sait donc pas quand elle va rouvrir ?
R - Nous travaillons en coopération avec le gouvernement cambodgien, à partir de ce nouvel état d'esprit aujourd'hui.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 janvier 2005)