Déclaration à la presse de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur la situation au Kosovo et sur les missions de vérification et de surveillance de l'OSCE et de l'OTAN, Paris le 19 octobre 1998.

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Circonstance : Entretien de M. Védrine avec M. Javier Solana, secrétaire général de l'OTAN à Paris le 19 octobre 1998

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, nous n'allons pas reprendre chacun des points dont nous avons parlé, le Secrétaire général de l'OTAN et moi-même parce que ce rendez-vous vient conclure sa visite à Paris. Ce sont des sujets qui ont été examinés à chacun des rendez-vous. Nous venons de travailler, naturellement, sur la situation au Kossovo mais aussi sur les perspectives du sommet de Washington.

Le mieux, par conséquent, je crois, c'est que vous nous posiez, si vous le souhaitez des questions.

Q - Au sujet de la violence au Kossovo, est-ce qu'il y a un risque de déstabilisation ?

R - Tous les incidents sur le terrain ne déstabilisent en rien l'accord qui a été conclu, dont nous sommes en train d'organiser l'application, sur tous les plans. En revanche, cela nous incite à maintenir la pression et à maintenir le rythme de la mise en oeuvre de l'ensemble des dispositifs. J'ajoute que nous savions tous que cet ensemble de mesures et d'engagements n'allait pas se mettre en place en quelques heures, comme par miracle. Nous avons devant nous, un travail compliqué et c'est pour cela que nous restons très mobilisés.

Q - Quels sont les moyens de pression sur les Kossovars ?
R - La résolution 1199, les déclarations politiques de tous les pays concernés, les déclarations du Groupe de contact se sont toujours adressées aux uns et aux autres ; la suite du processus dépend du respect des principes mis en avant pour ramener la sécurité au Kossovo et pour entrer dans un processus de solutions, le respect de ces principes par toutes les parties. C'est clair, et nous aurons à le rappeler dans les jours qui viennent, à tous.

Q - Y a-t-il des risques que l'opposition de l'UCK conduise à renvoyer le processus à la case départ ?

R - Il y a toujours des risques à tout, c'est une situation compliquée. Pour nous, nous les pays européens, le Conseil de sécurité, les pays du Groupe de contact, les pays de l'OTAN, la question est pour nous de savoir comment on avance, de façon concrète, dans ce contexte, avec les risques que l'on connaît et qu'il comporte de toute façon. Il faut remettre votre question dans un ensemble plus général : nous voulons créer, par une palette d'instruments qui vont de la persuasion politique et du travail diplomatique à la menace d'emploi de la force, une obligation d'avancer vers une solution pour l'ensemble des parties en présence. Ensuite, la nature exacte des contacts ou des pressions ne sont pas les mêmes selon les cas. Mais cela s'inscrit dans la même stratégie. Nous agirons donc, dans les jours qui viennent sur ce plan. Et le fait de créer une perspective de négociations pouvant conduire à une solution politique, comme nous le souhaitons, le fait de renforcer la position de M. Rugova dans ce dispositif, est une partie de la réponse à votre question.

Q - A propos de la force de protection, a-t-on des éclaircissements sur qui, combien, de quels pays ?

R - Nous sommes en plein travail à ce sujet. Il y a plusieurs éléments dans l'accord. Il y a la responsabilité du contrôle aérien qui revient à l'OTAN. C'est ce sur quoi le Secrétaire général de l'OTAN a passé un accord avec les autorités yougoslave.

Il y a d'autre part, la mission de vérification au sol qui est confiée à l'OSCE. Celle-ci est en voie d'organisation. Je viens d'avoir, il y a quelques instants, M. Geremek au téléphone, nous nous parlons tous les jours, comme il parle au Secrétaire général de l'OTAN et aux autres responsables dans cette affaire parce que nous sommes au travail, heure après heure en réalité. Il y a d'autre part, une question qui a été posée par un certain nombre de pays qui vont contribuer à la force de vérification de l'OSCE. Ils ont déjà annoncé le principe de leur participation. Ils ont souvent d'ailleurs avancé un ordre de grandeur de participation et sont tous en train de se soucier des conditions de sécurité d'exercice de cette mission. Ceci pour des raisons évidentes et parce que nous voulons qu'elle se déroule efficacement.

Une fois que j'ai dit cela, on ne peut répondre complètement à aucune des questions parce que nous sommes en train d'y travailler. Nous sommes sur ce point et nous vérifions, avec chacun de nos partenaires, la façon dont il faut organiser la combinaison entre ces éléments. Mais, vous aurez des réponses à toutes ces questions très vite parce que ce sont des affaires qui sont traitées maintenant, sans discontinuer.

Q - Est-il envisagé d'utiliser des effectifs de la SFOR ?
R - Nous sommes en train de travailler, les différents pays concernés, que ce soit les Etats-Unis, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Italie, d'autre pays, sans oublier la Russie ; nous passons en revue toutes les hypothèses et la combinaison de toutes les hypothèses possibles. Nous examinons leur mode de fonctionnement et leur mode de coordination, de direction et de décisions sur tous les plans. Parmi les hypothèses qui ont cours, certaines peuvent, évidemment éveiller des questions. Mais, ce sont les mêmes pays qui ont également à coeur que les choses se consolident en Bosnie. Croyez que les responsables ont tous ces éléments en tête.

En tout cas, nous voulons maintenir la pression et ne pas perdre de temps.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 11 octobre 2001)