Texte intégral
Le ministre des Affaires européennes exerce une fonction classique de négociateur, au nom de la France, dans les enceintes communautaires. Au sein du gouvernement, il se trouve à l'interface entre la politique extérieure (il veille à la défense de nos intérêts dans les négociations communautaires, et il assure les nécessaires contacts notamment avec les pays membres et les pays candidats) et la politique intérieure, puisqu'il participe à la préparation, puis au suivi de la mise en œuvre des décisions européennes: cela passe par la coordination entre les différents ministères, le débat avec le Parlement, la concertation et le dialogue avec les acteurs sociaux. Enfin, il a un troisième rôle qui est, à mes yeux, au cœur de sa mission: écouter les Français, leur expliquer l'Europe et l'action européenne du gouvernement.
C'est pourquoi, depuis septembre 1997, j'ai conduit une première série d'actions décentralisées pour mieux faire comprendre l'Europe. Je suis convaincu qu'il est nécessaire de poursuivre et d'élargir cette communication sur l'Europe. Mon souci est de rester à l'écoute des préoccupations des Français. Il est aussi d'être en prise avec l'actualité européenne. L'année qui vient sera une année où les débats européens et les débats intérieurs sur l'Europe se rejoindront plus que jamais.
Avant les premières actions de communication, j'avais demandé un sondage d'opinion. Une nouvelle étude d'opinion est en cours de réalisation. Je crois que c'est une bonne méthode. De la première étude, je retiens deux éléments. D'abord, il y a un intérêt général pour les questions européennes et une perception globale plutôt positive. Ce résultat infirme l'idée communément répandue de la montée du sentiment anti-européen en France.
Mais, deuxième composante de l'opinion, l'attachement à l'Europe reste fragile et flou. Le sentiment qui domine est celui d'un processus irréversible, il n'est pas toujours synonyme d'adhésion. Entre un pronostic et un vœu, il y a une différence. C'est cela que je voudrais combler en expliquant en quoi l'Europe est un atout pour la France et comment elle répond aux attentes des Français dans de très nombreux domaines.
Pour illustrer ma démarche, je rappellerai la campagne "Vivre l'Europe", conçue de manière à mettre en œuvre une communication de proximité. Sous une forme différente, je vais poursuivre cet effort de communication. L'idée dans les mois qui viennent est de présenter l'Europe à l'étape du traité d'Amsterdam.
Pour cette campagne, comme pour la précédente, le partenariat occupera une place centrale. Partenariat, d'abord, avec les Institutions européennes. Ces actions sont mises en œuvre avec le soutien du Parlement européen et de la Commission. Elles entrent en effet dans le cadre des programmes prioritaires d'information du citoyen européen. Partenariat également avec le monde associatif. J'attache le plus grand intérêt à travailler avec les associations à vocation européenne et, plus généralement, avec tous les acteurs qui ont à cœur d'intervenir dans nos débats de société. Ils jouent un rôle important pour créer un espace public européen et contribuer à bâtir une Europe du citoyen. Partenariat, enfin, avec d'autres acteurs de proximité qui peuvent concourir à diffuser l'information sur la construction européenne.
Enfin, j'accorde une attention particulière à l'amélioration de la diffusion d'information sur l'Europe, qui constitue un complément nécessaire aux actions de communication. Nous nous sommes efforcés de faciliter l'accès de tous à l'information et à la documentation sur l'Union européenne, sur son fonctionnement et sur ses réalisations. C'est le rôle du centre "Sources d'Europe". Nous avons ainsi ouvert conjointement avec la Commission, un nouveau site Internet, sous l'égide de "Sources d'Europe". Beaucoup d'autres sites consacrés, entièrement ou partiellement, à l'Europe existent. Ils ont chacun leur spécificité. Vous en trouverez ici-même une sélection. Une des caractéristiques du site de "Sources d'Europe" est de permettre la mise en réseau de toute une série de sites, notamment de ceux qui existent en région et de ceux du mouvement associatif. A côté de ce réseau virtuel, nous avons commencé à mettre en place autour de "Sources d'Europe" des relais associatifs dans les régions et les départements. Il s'agit pour l'essentiel de promouvoir des initiatives qui existent déjà et de favoriser leurs rencontres.
Au regard des préoccupations intérieures de l'opinion, j'observe que le discours sur l'Europe oscille régulièrement entre deux extrêmes : d'un côté, l'Europe bouc-émissaire, de l'autre, l'Europe Terre promise. A mon sens, il peut et il doit y avoir place pour la réalité: celle d'une Europe qui se construit au quotidien, sous nos yeux, avec nos espoirs et nos préoccupations. C'est dans cet espace que j'entends être actif, pour rendre l'Europe plus proche, plus compréhensible, plus familière, l'Europe populaire, que j'appelle de mes vœux, une Europe qui réponde aux attentes des peuples et qui soit donc aimée d'eux.