Texte intégral
Chers amis,
Chers camarades,
Nous sommes réunis ici ce soir, dans une grande émotion, dans la tristesse et le respect, pour rendre un hommage légitime à la mémoire d'un homme qui, durant plus de 50 années, ne cessa d'agir pour les droits nationaux imprescriptibles de son peuple, le peuple palestinien.
Yasser Arafat incarnait la Palestine.
Jusqu'à sa façon de porter le keffieh, qui, paraît-il, en témoignait. On dit qu'avec les plis de sa célèbre coiffe il suggérait la carte de la Palestine. On sait surtout que ce keffieh est devenu, grâce à lui, dans nos villes, nos quartiers, nos manifestations, le symbole d'une jeunesse rebelle et solidaire, d'une jeunesse qui n'accepte ni les injustices, ni l'ordre établi.
Yasser Arafat n'était pas seulement l'homme politique, le chef de l'OLP, le combattant Il était tout cela. Mais il était bien plus encore.
Le peuple de Palestine, dans son histoire dramatique, se voyait, se représentait en lui. Il était son peuple malgré les contradictions et les immenses problèmes d'une société palestinienne, d'une nation palestinienne, profondément meurtrie par l'occupation, par la colonisation, par la répression.
Yasser Arafat, ne l'oublions pas, était un président élu. Le président de l'Autorité palestinienne. Il partagea le prix Nobel de la Paix avec Itzhak Rabin et Shimon Perez. Il fut le partenaire des plus grands dirigeants politiques du monde contemporain malgré ceux qui, plus récemment, voulurent l'écarter afin de mieux évacuer l'exigence, pourtant si urgente, de la réalisation des droits du peuple palestinien.
La France, qui l'a accueilli, lui a rendu les honneurs officiels qu'on doit aux chefs d'Etats. Notre pays a marqué ainsi avec une grande dignité le respect que l'on doit au représentant de tout un peuple. Je voudrais exprimer ici ma reconnaissance à mon pays, pour avoir fait cela.
Yasser Arafat symbolisait dans sa personne, et les droits, et le puissant espoir des palestiniens. Il n'y a rien de plus fort que les droits d'un peuple qui lutte pour sa liberté et pour sa souveraineté. Et l'espoir ne meurt pas. Nous savons que l'Etat palestinien indépendant existera et que le combat d'Arafat continuera.
Toutes les images, toutes les paroles, la douleur et la détermination que j'ai vue et entendue de Palestine me le confirment. L'hommage populaire rendu au Président Arafat disait : " nous continuons ton combat, notre combat ".
En 1974, Yasser Arafat lançait un appel solennel, qui fit événement, devant l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il dit alors : " Je suis venu devant vous en tenant dans une main le fusil du combattant et dans l'autre, le rameau d'olivier. Ne laissez pas tomber le rameau d'olivier ! "
Oui. Ne laissons pas tomber le rameau d'olivier !
30 ans après, cet appel devrait être celui de toutes les forces, de toutes les autorités politiques et morales dans le monde : agissons ensemble pour une paix juste et durable, conforme aux droits des palestiniens. Un droit, qui loin de se décliner contre les droits des autres peuples, est une chance pour tous les peuples, y compris le peuple israélien.
Il est plus que temps de se rassembler pour sortir de l'impasse terrible d'aujourd'hui, pour faire de la paix une exigence populaire irrépressible. Faisons reculer ensemble les logiques de guerre, la politique de force et toutes les violences. Celles-ci sont un malheur pour les peuples de Palestine et d'Israël.
Renforçons la solidarité si nécessaire avec les pacifistes et les progressistes israéliens qui, eux aussi, luttent avec courage pour que la tragédie s'arrête, pour une solution politique négociée.
Faisons tomber les murs. Les murs de béton et d'annexion. Les murs de haine et d'incompréhension. Agissons pour que s'ouvrent les solidarités, les dialogues et les négociations. Pour que les autorités françaises et les autres en Europe soient à l'initiative pour la paix, pour une solution véritable et durable. C'est en ce sens que le Parti communiste se propose de lancer une grande campagne telle que celle que nous avions lancée pour libérer Nelson Mandela pour faire tomber les murs.
S'il y a, dans le monde d'aujourd'hui, une responsabilité collective à assumer au plus vite, c'est celle là.
Les semaines et les quelques mois qui viennent seront décisifs. Tout doit être fait pour que les élections prévues puissent se dérouler librement, dans un contexte qui ne soit plus celui de l'occupation, pour donner droit à la légitimité de l'Autorité palestinienne. Annoncer dès maintenant ces élections : quelle leçon de courage et de démocratie ! Et quelle force cela peut être pour la paix !
Tout doit être entrepris pour qu'un processus de paix puisse donner un dynamique nouvelle à la perspective d'un règlement négocié. La " Feuille de route " peut en fournir la base de départ. Mais si on veut avancer, il faudra franchir un seuil dans la volonté politique. Il ne suffira pas d'une feuille de route demeurant dans une lointaine perspective, il ne suffira pas d'un retrait de Gaza désarticulé des grandes questions posées, il ne suffira pas de l'engagement de la communauté internationale tel qu'il est, il ne suffira pas de l'intervention des Etats-Unis. Je pense profondément que l'Union Européenne pourrait être un acteur clef afin de déboucher enfin sur la paix. Et dans cette Europe, la voix de la France peut être déterminante. Il faudra également toute la vigilance du mouvement de solidarité pour que l'aboutissement de ce processus soit l'édification d'un Etat palestinien et la coexistence de deux Etats souverains dans une sécurité partagée.
Il faut que l'émotion d'aujourd'hui devienne l'énergie dont tous les acteurs de la paix et de la justice, en France et ailleurs, auront encore plus besoin à partir de maintenant.
Prendre l'engagement de continuer et d'amplifier le combat en faveur d'une paix dans la justice, le droit et la sécurité pour tous. Voilà le plus bel hommage qu'il nous faut rendre à Yasser Arafat, qui ne désespéra jamais et qui, malgré les humiliations et les souffrances endurées, exprima avec courage la dignité et l'espérance de tout son peuple.
Je vous remercie.
(Source http://www.pcf.fr, le 1er décembre 2004)
Chers camarades,
Nous sommes réunis ici ce soir, dans une grande émotion, dans la tristesse et le respect, pour rendre un hommage légitime à la mémoire d'un homme qui, durant plus de 50 années, ne cessa d'agir pour les droits nationaux imprescriptibles de son peuple, le peuple palestinien.
Yasser Arafat incarnait la Palestine.
Jusqu'à sa façon de porter le keffieh, qui, paraît-il, en témoignait. On dit qu'avec les plis de sa célèbre coiffe il suggérait la carte de la Palestine. On sait surtout que ce keffieh est devenu, grâce à lui, dans nos villes, nos quartiers, nos manifestations, le symbole d'une jeunesse rebelle et solidaire, d'une jeunesse qui n'accepte ni les injustices, ni l'ordre établi.
Yasser Arafat n'était pas seulement l'homme politique, le chef de l'OLP, le combattant Il était tout cela. Mais il était bien plus encore.
Le peuple de Palestine, dans son histoire dramatique, se voyait, se représentait en lui. Il était son peuple malgré les contradictions et les immenses problèmes d'une société palestinienne, d'une nation palestinienne, profondément meurtrie par l'occupation, par la colonisation, par la répression.
Yasser Arafat, ne l'oublions pas, était un président élu. Le président de l'Autorité palestinienne. Il partagea le prix Nobel de la Paix avec Itzhak Rabin et Shimon Perez. Il fut le partenaire des plus grands dirigeants politiques du monde contemporain malgré ceux qui, plus récemment, voulurent l'écarter afin de mieux évacuer l'exigence, pourtant si urgente, de la réalisation des droits du peuple palestinien.
La France, qui l'a accueilli, lui a rendu les honneurs officiels qu'on doit aux chefs d'Etats. Notre pays a marqué ainsi avec une grande dignité le respect que l'on doit au représentant de tout un peuple. Je voudrais exprimer ici ma reconnaissance à mon pays, pour avoir fait cela.
Yasser Arafat symbolisait dans sa personne, et les droits, et le puissant espoir des palestiniens. Il n'y a rien de plus fort que les droits d'un peuple qui lutte pour sa liberté et pour sa souveraineté. Et l'espoir ne meurt pas. Nous savons que l'Etat palestinien indépendant existera et que le combat d'Arafat continuera.
Toutes les images, toutes les paroles, la douleur et la détermination que j'ai vue et entendue de Palestine me le confirment. L'hommage populaire rendu au Président Arafat disait : " nous continuons ton combat, notre combat ".
En 1974, Yasser Arafat lançait un appel solennel, qui fit événement, devant l'Assemblée générale des Nations-Unies. Il dit alors : " Je suis venu devant vous en tenant dans une main le fusil du combattant et dans l'autre, le rameau d'olivier. Ne laissez pas tomber le rameau d'olivier ! "
Oui. Ne laissons pas tomber le rameau d'olivier !
30 ans après, cet appel devrait être celui de toutes les forces, de toutes les autorités politiques et morales dans le monde : agissons ensemble pour une paix juste et durable, conforme aux droits des palestiniens. Un droit, qui loin de se décliner contre les droits des autres peuples, est une chance pour tous les peuples, y compris le peuple israélien.
Il est plus que temps de se rassembler pour sortir de l'impasse terrible d'aujourd'hui, pour faire de la paix une exigence populaire irrépressible. Faisons reculer ensemble les logiques de guerre, la politique de force et toutes les violences. Celles-ci sont un malheur pour les peuples de Palestine et d'Israël.
Renforçons la solidarité si nécessaire avec les pacifistes et les progressistes israéliens qui, eux aussi, luttent avec courage pour que la tragédie s'arrête, pour une solution politique négociée.
Faisons tomber les murs. Les murs de béton et d'annexion. Les murs de haine et d'incompréhension. Agissons pour que s'ouvrent les solidarités, les dialogues et les négociations. Pour que les autorités françaises et les autres en Europe soient à l'initiative pour la paix, pour une solution véritable et durable. C'est en ce sens que le Parti communiste se propose de lancer une grande campagne telle que celle que nous avions lancée pour libérer Nelson Mandela pour faire tomber les murs.
S'il y a, dans le monde d'aujourd'hui, une responsabilité collective à assumer au plus vite, c'est celle là.
Les semaines et les quelques mois qui viennent seront décisifs. Tout doit être fait pour que les élections prévues puissent se dérouler librement, dans un contexte qui ne soit plus celui de l'occupation, pour donner droit à la légitimité de l'Autorité palestinienne. Annoncer dès maintenant ces élections : quelle leçon de courage et de démocratie ! Et quelle force cela peut être pour la paix !
Tout doit être entrepris pour qu'un processus de paix puisse donner un dynamique nouvelle à la perspective d'un règlement négocié. La " Feuille de route " peut en fournir la base de départ. Mais si on veut avancer, il faudra franchir un seuil dans la volonté politique. Il ne suffira pas d'une feuille de route demeurant dans une lointaine perspective, il ne suffira pas d'un retrait de Gaza désarticulé des grandes questions posées, il ne suffira pas de l'engagement de la communauté internationale tel qu'il est, il ne suffira pas de l'intervention des Etats-Unis. Je pense profondément que l'Union Européenne pourrait être un acteur clef afin de déboucher enfin sur la paix. Et dans cette Europe, la voix de la France peut être déterminante. Il faudra également toute la vigilance du mouvement de solidarité pour que l'aboutissement de ce processus soit l'édification d'un Etat palestinien et la coexistence de deux Etats souverains dans une sécurité partagée.
Il faut que l'émotion d'aujourd'hui devienne l'énergie dont tous les acteurs de la paix et de la justice, en France et ailleurs, auront encore plus besoin à partir de maintenant.
Prendre l'engagement de continuer et d'amplifier le combat en faveur d'une paix dans la justice, le droit et la sécurité pour tous. Voilà le plus bel hommage qu'il nous faut rendre à Yasser Arafat, qui ne désespéra jamais et qui, malgré les humiliations et les souffrances endurées, exprima avec courage la dignité et l'espérance de tout son peuple.
Je vous remercie.
(Source http://www.pcf.fr, le 1er décembre 2004)