Interviews de M. Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance maladie à LCI le 4 janvier 2005, Europe 1 le 12, France 2 le 14, et RMC le 17, sur la mise en place de la réforme de l'assurance maladie, notamment le médecin traitant de référence et la responsabilité médicale.

Prononcé le

Média : Emission Forum RMC FR3 - Europe 1 - France 2 - La Chaîne Info - RMC - Télévision

Texte intégral

Europe 1 le 12 janvier 2005
Q- C. Delay : J'ai dix questions pratiques en cinq minutes. On va donc essayer d'aller vite et de faire des réponses courtes. On va parler du médecin traitant. On a tous ou presque maintenant reçu le formulaire de la Sécu ; il y a un petit livret à côté qu'il faut lire. Il faut donc choisir le médecin qui va nous accompagner pour de longues années, qui est le passeport aussi indispensable vers les spécialistes. D'abord, il n'y a pas d'urgence, on a le temps...
R- X. Bertrand : On a effectivement jusqu'au mois de juillet pour choisir ce médecin traitant. Ce médecin traitant qui, souvent, sera déjà celui qui est votre médecin de famille.
Q- Faut-il une consultation spéciale pour aller faire remplir le formulaire ?
R- Non, vous n'avez pas besoin d'aller voir exprès votre médecin pour faire remplir ce formulaire. Vous profiterez d'une première visite pour laquelle vous avez vraiment besoin d'aller voir votre médecin.
Q- Mais faut-il quand même un entretien en tête à tête ou peut-on laisser cela sur le bureau de la secrétaire du généraliste ?
R- Si vous profitez de toute façon d'une visite médicalement justifiée, vous en parlerez avec votre médecin. Mais c'est avant tout l'officialisation du statut du médecin de famille.
Q- Sur le choix de ce médecin justement : d'abord, est-il forcément un généraliste ?
R- Non, ce n'est pas forcément un généraliste, cela peut être un spécialiste également, vous pouvez prendre un libéral, vous pouvez prendre quelqu'un qui exerce à l'hôpital. Mais nous savons bien que dans la très grande majorité des cas, ce sera un généraliste. Mais le libre choix est avant tout au service du patient ; c'est lui qui décide, c'est lui qui choisit.
Q- Et le libre choix est absolu...
R- Absolu.
Q- Vous parlez justement des familles qui ont un médecin régulier. Il y a aussi beaucoup de gens qui n'ont pas de médecin régulier ; ils ont la chance d'être en bonne santé. Comment choisissent-ils ? Par exemple, le médecin du travail peut-il être le médecin traitant ?
R- Non, le médecin du travail ne peut pas être un médecin traitant. C'est un médecin qui accompagne dans la vie en entreprise, mais il ne peut pas avoir le statut de médecin traitant. Je voudrais aussi vous dire que, aujourd'hui, neuf Français sur dix ont un médecin traitant, même s'ils n'ont pas de problèmes de santé réguliers. Neuf Français sur dix ont cette habitude d'avoir ce médecin de famille.
Q- Ce qui se passe, c'est que, dans une famille, les enfants et les adultes n'ont pas forcément le même médecin...
R- Il faut savoir que les enfants ne sont pas concernés par le statut du médecin traitant. Donc pour les enfants, soit on les emmènera voir celui qui sera le médecin traitant des parents, soit un autre. Et puis on pourra continuer à aller voir un pédiatre en accès direct.
Q- Le pédiatre n'est pas considéré comme un spécialiste, il n'y a pas de surfacturation si on va voir directement le pédiatre...
R- Non, parce que pour les enfants, je vous le rappelle, il n'y a pas de statut de médecin traitant, donc on continuera à avoir les habitudes que l'on avait pour les enfants.
Q- A quel âge commence l'obligation du médecin traitant ?
R- C'est à partir de 16 ans.
Q- Et là, ne pensez-vous pas qu'il peut y avoir - je ne veux pas employer le mot de "conflit" -, mais à 16 ans, on peut avoir envie de voir un autre médecin que ses parents ; je pense notamment aux jeunes filles...
R- Il faut savoir qu'en matière médicale, il y a en quelque sorte le statut de "majorité médicale" à partir de 16 ans, et donc la réforme ne remet pas en cause les principes qui existent aujourd'hui.
Q- Cela veut dire que celui qui a 16 ans devra désigner lui-même son médecin traitant ? Il sera autonome sur ce plan-là ?
R- Il choisira, mais il y a d'autres domaines que le médecin traitant pour lesquels, en matière médicale, à partir de 16 ans, on peut faire des choix seul.
Q- Pour ceux qui vivent six mois dans une ville, six mois dans une autre ?
R- Ils choisiront là bien souvent où ils ont leur résidence principale, ou là où ils ont le médecin qu'ils voient le plus souvent, en qui ils ont le plus confiance, ils choisiront ce médecin traitant-là. Et s'ils sont bien évidemment en déplacement, en villégiature, en résidence secondaire, en cas d'urgence, ils n'auront bien évidemment pas besoin de revenir là où ils ont le médecin traitant ; ils consulteront sur place sans changement de remboursement.
Q- On en vient justement à ce que l'on appelle les "cas d'urgence". Il y a d'abord l'urgence vitale, le Samu, le Centre 15 ; j'imagine qu'il n'y a effectivement aucun problème...
R- SOS-Médecins non plus ; un médecin de garde, aucun problème.
Q- Mais si le médecin est débordé ? En ce moment, épidémie de gastro-entérite, les cabinets médicaux débordent. Si le médecin est débordé, il faut que je consulte...
R- Ce qu'il faut savoir, c'est que si vous avez un médecin qui est dans un cabinet de groupe, vous pourrez voir un autre de ses confrères dans le même cabinet. Et puis si vraiment, vous êtes dans une situation d'urgence et que votre médecin ne peut pas vous prendre, vous ferez appel à un autre médecin, vous ferez appel à SOS-Médecins. Ou si vraiment vous avez une urgence qui nécessite d'aller aux urgences de l'hôpital, vous irez, et vous serez pris en charge exactement de la même façon. Il n'est pas question, avec la réforme, d'ennuyer les Français dans des situations extrêmes comme celle-ci. Nous avons voulu à chaque fois choisir la solution la plus logique et la plus simple pour les Français.
Q- Mais l'ensemble du cabinet peut être considéré comme le médecin traitant d'une certaine manière ?
R- Il n'y a qu'un médecin traitant dans le cabinet, mais si ce médecin est débordé, s'il est en vacances, ou même s'il est malade - cela peut arriver -, dans ces cas-là, vous irez voir un autre de ses confrères dans le cabinet. Mais si vous n'avez pas suffisamment confiance dans cet autre confrère, vous irez en voir un autre. Je vous le répète : beaucoup de sens pratique, beaucoup de bon sens pour ces choix.
Q- Peut-on changer de médecin traitant ?
R- Bien sûr, sans difficulté, sans problème.
Q- Il suffit d'avertir la Sécu...
R- Il suffit d'avertir la Sécurité sociale, c'est vous qui décidez.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 14 janvier 2005)
France 2 le 14 janvier 2005
Q- Nous allons parler de la réforme de l'assurance maladie qui nous intéresse tous, avec des évolutions qui vont changer notre vie quotidienne, à commencer par la mise en place du médecin traitant. Il faut le choisir rapidement, et puis, cela veut dire que l'on doit tout le temps passer par lui ? Ce n'est pas si simple...
R- Tout d'abord, le mot est le bon : évolution ; on n'est pas dans un système révolutionnaire, on est dans une évolution du système, parce que le médecin traitant, c'est avant tout le médecin de famille, celui que neuf Français sur dix ont. Donc, on a le réflexe, bien souvent d'aller voir son médecin traitant, son médecin généraliste avant d'aller voir un spécialiste, eh bien il faut encourager ces bons réflexes. Mais on aura toujours la liberté de choisir. On choisira son médecin traitant, on pourra en changer mais on pourra aussi, si on le souhaite, aller voir directement un spécialiste, ce ne sera pas interdit. Mais dans ces cas-là, il y aura un dépassement d'honoraires limité et un moindre remboursement par l'assurance maladie. Clairement, on veut inciter à aller voir un généraliste, parce que c'est celui qui vous connaît le mieux et qui sait le mieux ce dont vous avez besoin.
Q- Question pratique : j'ai un médecin de famille, mais par ailleurs, j'ai les yeux et les oreilles qui ne vont pas bien... j'ai une palette de spécialistes que je consulte régulièrement. A chaque fois, il faut que je retourne voir mon médecin généraliste ou mon médecin traitant pour continuer à aller voir mon ophtalmo, mon ORL... A chaque fois, il faut que je repasse pas la case médecin traitant ou pas ?
R- A chaque fois qu'il y a des situations comme celles-ci qui peuvent se présenter, nous avons choisi, avec P. Douste-Blazy, le plus simple et le plus logique. Dans ces cas-là, si vous avez régulièrement l'habitude d'aller voir l'ORL ou d'aller voir l'ophtalmo - qui plus est, est en accès direct, on n'a pas besoin d'avoir voir son généraliste avant d'aller voir l'ophtalmo - eh bien à chaque fois, ou si vous êtes très malade, si vous être pris, comme on dit, à 100 %, en maladie chronique, vous irez voir le spécialiste directement sans repasser à chaque fois par le médecin traitant, le médecin de famille. C'est une question de bon sens. Il ne s'agit pas d'alourdir, il ne s'agit pas d'allonger, il s'agit aussi de simplifier à chaque fois que c'est possible.
Q- Je prends ma retraite - cas d'école - et je passe la moitié de mon temps à Paris, l'autre moitié dans le Sud-Ouest ; comment fais-je ?
R- Deux choses : premièrement, liberté de choix ; vous choisissez votre médecin traitant soit à Paris, soit dans le Sud-ouest, là où vous connaissez le mieux votre médecin, celui à qui vous faites le plus confiance, et quand vous êtes en villégiature, on ne va pas vous demander de revenir là où vous avec votre médecin traitant. Vous consulterez sur place et vous serez prise en charge exactement de la même façon par l'assurance maladie.
Q- C'est comme si j'en avais deux ?
R- Non, vous n'avez qu'un médecin traitant, mais sur place, en déplacement, en vacances, en déplacement professionnel, pour les jeunes notamment, qui sont en fac, on ne va pas leur demander de revenir, on fait au plus simple.
Q- On a vu que les pédiatres étaient un peu inquiets, parce qu'ils se demandent comment ils vont pouvoir survivre dans ce système. Ils craignent de perdre leur spécificité ; que leur dites-vous ?
R- Ils sont surtout inquiets pour l'avenir, parce que dans les dix ans qui viennent, le nombre de pédiatres va diminuer, question de démographie, une question aussi de retraite pour un grand nombre d'entre eux. Ce que nous leu taons dit, avec P. Douste-Blazy - je les ai vus hier, encore -, c'est que l'on veut bien prendre en compte leur spécificité - c'est quelque chose d'important - mais je voudrais rappeler que les enfants de moins de 16 ans n'ont pas de médecin traitant. Donc, les parents garderont les mêmes habitudes qu'hier, médecin de famille ou pédiatre.
Q- On ne va pas avoir plusieurs médecins traitants : un pour papa, un pour maman, un pour les enfants ?
R- Pour les enfants de moins de 16 ans, il n'y a pas besoin de médecin traitant. Et pour les pédiatres, on est en train de voir avec eux comment, en mettant l'accent, notamment, sur la prévention - c'est essentiel la prévention, et pas seulement pour les enfants - comment on pourrait mettre en place un contrat de pratiques professionnelles, et surtout, comment on peut préparer l'avenir. Et puis faire en sorte qu'il y ait une permanence des soins pour les pédiatres, que l'on prenne en compte la question des astreintes et des gardes, pour que si jamais on a problème avec un enfant, au-delà des heures d'ouverture, au-delà de la semaine, on puisse même le week-end, consulter un pédiatre.
Q- Que va-t-il se passer pour ceux et celles qui ne vont pas chez le médecin et qui font de temps en temps appel à ces services d'urgence parce qu'ils ont une grosse grippe ? Que font-ils ? Ils prennent l'annuaire et ils trouvent le médecin du coin de la rue ? Ils peuvent faire appel à ces systèmes, style SOS Médecins, et changer à chaque fois ?
R- La première chose, c'est que, aujourd'hui, une très large majorité - neuf français sur dix - qui ont ce médecin famille qui va devenir le médecin traitant. Pour ceux qui n'ont pas cette habitude, il faut choisir d'ici le 1er juillet le médecin traitant. Il faut aussi rappeler que l'on n'a pas besoin d'aller exprès chez le médecin pour remplir le formulaire "médecin traitant".
Q- On peut attendre ?
R- Oui, on peut attendre. Ce ne sert à rien d'aller prendre un rendez-vous exprès pour cela. Par contre, si on a une vite médicalement justifiée, il faut faire remplir à cette occasion. Maintenant, si vous n'allez pas chez le médecin avant le mois d'août, avant le mois de septembre, avant le mois d'octobre, il n'y a pas de problème, vous en profiterez à l'occasion de cette première visite. Et pour les personnes qui sont concernées, il faut qu'elles prennent cette habitude mais on peut aussi avoir recours, si on a un problème d'urgence, mais vous savez les urgences, il faut surtout y aller quand c'est vraiment indispensable. Il y a d'autres solutions, il y a SOS Médecins, notamment le soir. Si par exemple, le cabinet médical de votre médecin traitant est fermé, vous ferez appel à SOS Médecins et vous serez pris en charge exactement de la même façon.
Q- On peut continuer à accéder aux urgences de l'hôpital, même si l'objectif c'est quand même d'inciter les gens à y aller un peu moins ?
R- L'idée, c'est qu'il n'y ait pas d'engorgement des urgences avec ce que l'on peut appeler la "bobologie". Chaque fois que l'on n'a pas besoin des urgences médicales, il y a d'autres solutions ; nous y travaillons pour mettre en place des maisons médicales de garde pour que l'on puisse développer les gardes et partout sur le territoire.
Q- Les maisons médicales, c'est l'idée qu'il y a plusieurs médecins qui seront là et qui accueillent un peu comme ça sans rendez-vous, en urgence.
R- Un cabinet médical traditionnel est fermé, vous être le soir, comment faites-vous ? Il faut aussi trouver d'autres solutions que les urgences là où on n'a pas vraiment besoin d'aller aux urgences. Et donc, on a des médecins libéraux qui tiennent des permanences jusque très tard, jusqu'à minuit parfois plus. C'est gardienné, il n'y a pas de problème de sécurité et on peut avoir un accès chez le médecin sans attendre, qui plus est.
Q- J'indique que sur toutes ces questions, vous avez mis en place un numéro qui est le 0 820 77 33 33, qui permet d'avoir toutes ces informations. Vous avez aussi innové avec quelque chose d'original, qui est le relevé de consommation annuelle, comme ça, on saura combien on coûte à la Sécurité sociale, parce que c'est vrai que tout le monde a tendance à considérer que c'est gratuit.
R- C'est plutôt pour se rendre compte que notre santé n'a pas de prix, c'est évident, mais qu'elle a un coût. C'est bon aussi, de temps en temps, que l'on sache exactement ce qui a été dépensé pour notre santé et que les efforts que l'on fait servent vraiment à quelque chose. Quand vous allez chez le pharmacien par exemple, même si vous ne payez pas les médicaments, avec le tiers payant, c'est important de savoir exactement pour combien vous avez eu de médicaments. Donc, il y aura une facturette très claire, qui précisera le montant remboursé par l'assurance maladie, par votre assurance complémentaire mais au moins, vous saurez combien cela coûte. Et c'est la même chose : sans rien demander, vers le mois d'avril, vous recevrez un relevé de toutes les dépenses qui ont été faites dans l'année précédente vous concernant, par l'assurance maladie. C'est important sur l'évolution des comportements : il faut qu'il y ait la sensibilisation.
Q- Autre chose sur laquelle on peut faire des économies, c'est le médicament. L'agence des médicaments dit qu'il y aura à peu près trois milliards d'euros d'économies d'ici 2007. Et puis, vous, vous avez un autre compas, si je puis dire, personnel sur tous ces médicaments que l'on achète et qu'on ne consomme pas. Les chiffres que vous avez sont assez impressionnants.
R- Les médicaments, c'est la preuve qu'on peut changer de comportement. Regardez les génériques : voilà quelques années, on disait que les génériques ne marcherait jamais ; ce n'est pas vrai ; aujourd'hui, plus de la moitié des médicaments qui peuvent être vendus en générique sont des génériques. Les antibiotiques : on disait que les antibiotiques, les Français sont habitués à consommer les
antibiotiques ; année après année, cela recule, 17 % de moins de consommation d'antibiotique. C'est bon pour notre santé et c'est bon également pour la Sécurité sociale : 100 millions d'euros d'économie. Et puis, il y a d'autres chiffres : trois quarts des boîtes de médicaments qui sont ouvertes ne sont pas terminées. Cela pose deux questions, première, c'est : est-ce que l'on respecte bien les préconisation du médecin ? - on peut faire des progrès - et la deuxième, est-ce que les tailles des boîtes de médicaments sont bien adaptées au besoin ? La réponse est non,
aujourd'hui.
Q- Cela veut dire qu'il faut acheter les médicaments en vrac ?
R- Non, il faut tout simplement des grosses boîtes et des petites boîtes. Quand vous avez une maladie chronique de longue durée, il faut des boîtes de trois mois, cela évite de passer chez le médecin et c'est aussi une économie. Et puis il faut aussi des petites boîtes, pour des plus petits traitements, notamment les traitements pour les enfants, pour les petits malades. Cela évite qu'il en reste et cela évite aussi parfois que l'on se débrouille tout seul dans l'armoire à pharmacie, il faut aller voir le médecin, il faut lui faire confiance.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 janvier 2005)
RMC Info le 17 janvier 2005
Ndlr : Sélection de questions des auditeurs de l'émission "X. Bertrand
remplace J.-J. Bourdin"
Q- Christian : La consultation qui va nous permettre de choisir un médecin traitant sera-t-elle payante, et si oui, sera-t-elle remboursée ?
R- Tout d'abord, si vous allez voir le médecin pour qu'il vous remplisse le formulaire de médecin traitant, n'y aller pas exprès pour cela. Profitez d'une consultation que vous avez besoin de faire chez lui. Allez-y parce que c'est médicalement justifié. C'est vrai qu'il faut choisir le médecin traitant avant le 1er juillet. Mais si vous n'êtes pas malade avant le 1 juillet, et si vous n'allez voir le médecin qu'au 1er septembre ou au 1er octobre, ce n'est pas grave. N'allez exprès chez le médecin pour faire remplir ce formulaire. Et bien évidemment, cette consultation sera remboursée.
Q- Pierre : J'habite quinze jours dans le Cantal et quinze jours dans le Var ; peut-on avoir deux médecins traitants ?
R- Vous allez choisir un seul médecin traitant. [...] Vous allez choisir votre médecin traitant là où vous avez le médecin à qui vous faites le plus confiance, soit dans le Var soit dans le Cantal. Bien évidemment, si vous êtes dans le Cantal, alors que vous avez choisi votre médecin traitant dans le Var, vous irez consulter si vous êtes malade quelqu'un sur place et vous serez pris en charge exactement de la même façon. La seule chose pour vous, c'est de choisir dans lequel de ces deux endroits vous allez choisir. Mais ensuite, vous savez, avec P. Douste-Blazy, nous avons voulu choisir à chaque fois la solution la plus logique et la plus simple pour vous, il n'est pas question de vous ennuyer : vous irez consulter sur place si vous avez besoin.
Q- Huguette : Comment cela se passera-t-il lorsque le médecin partira en vacances ?
R- Si votre médecin est en vacances, vous irez voir celui qui va le remplacer. Par exemple, si dans un cabinet, vous avez plusieurs médecins, eh bien vous irez voir son remplaçant. Maintenant, si vous décidez d'aller voir quelqu'un d'autres dans un autre cabinet, vous aurez aussi la possibilité. Donc, encore une fois, vous voyez, le bon sens, le sens pratique ne fait pas de mal pour mettre en place des réformes. C'est vous qui choisirez, si votre médecin est en vacances, qui vous allez voir. Et je tiens à le préciser : vous serez prise en charge exactement de la même façon.
Q- Eric : Je fais appel à SOS Médecins pour mon foyer ; qu'en est-il pour mon cas ?
R- Vous pourrez toujours faire appel à SOS Médecins de la même façon qu'aujourd'hui. En règle générale, on fait appel à SOS médecins, le soir quand le cabinet médical d'un médecin est fermé, parce qu'on n'a pas forcément une solution avec le médecin de garde sur place. Donc, SOS Médecins font un travail extraordinaire sur tout le territoire, là où ils sont installés. Et donc, vous pourrez continuer à faire appel à SOS médecins et vous serez pris en charge de la même façon qu'aujourd'hui.
[...]
Q- Pierre : Je suis myope depuis l'âge de quatre ans. J'aimerai savoir comment cela va se passer, puisque tous les ans, j'ai besoin d'une visite de contrôle.
R- Il faut savoir que l'ophtalmologiste est en accès direct, c'est-à-dire que vous n'avez pas besoin de passer par un médecin traitant, par un généraliste, pour allez voir cet ophtalmo. Donc, vous continuez à la faire de la même façon que le faisiez auparavant avant la mise en place de la réforme. Là aussi, on est dans une logique de simplicité.
Q- Carole : Je consulte un psy ; dois-je, maintenant, passer par mon médecin traitant avant chaque consultation et doit-il me donner son accord pour la suite de ma psychothérapie ?
R- Il faut que vous sachiez que le "psy", comme vous l'appelez, peut être votre médecin traitant, parce que vous choisissez qui vous voulez comme médecin traitant. Maintenant, ce qu'il faut que vous sachiez, c'est qu'il y a en ce moment des discussions entre l'assurance maladie et les psychiatres, de façon à voir à voir avec eux qu'elle est la meilleure solution, car nous pensons que le psychiatre doit être en accès direct et que l'on pas besoin d'un médecin traitant avant d'aller voir ce psychiatre. Donc, la décision va être prise au mois de mars. Mais il faut savoir que si votre psychiatre est en accès direct, vous pourrez aussi choisir un autre médecin que ce psychiatre comme médecin généraliste. N'oubliez pas une chose ; en fin de compte, c'est vous qui allez décider qui vous préférer choisir comme médecin traitant.
Q- Alain : Puis-je choisir moi-même le spécialiste chez qui mon généraliste veut m'envoyer ou est-ce au médecin traitant de décider ?
R- Pour être plus précis, vous voulez savoir si par exemple, votre médecin veut vous envoyer chez un cardiologue, si c'est vous qui allez le choisir ? Bien sûr que oui. Si vous avez par exemple une douleur dans la poitrine, spontanément, plusieurs choix s'offrent à vous : peut-être un rhumatologue, un pneumologue ou un cardiologue. Le médecin traitant va savoir chez lequel de ces spécialistes il faut aller. Et c'est bien évidemment vous qui allez décider quel cardiologue vous allez rencontrer ensuite. Il a ce rôle de conseil, ce rôle de dialogue. Mais bien évidemment, en dernier ressort, c'est vous, parce que la relation de confiance est essentielle, qui allez choisir lequel des deux.
Q- Sylvie : Mon fils est handicapé, il souffre de plusieurs affections de naissance, donc à 100 % de Sécurité sociale, et il a à consulter plusieurs fois par an des spécialistes différents.
R- Dans ce cas, à chaque fois qu'il aura besoin d'aller voir un spécialiste, bien évidemment vous n'aurez par à retourner voir le spécialiste à chaque fois ; c'est ce que l'on appelle un "protocole de soins". Et encore une fois, il ne s'agit par de multiplier les examens. Donc, dans le cas précis, vous continuerez à aller voir ces spécialistes directement sans problème.
Q- Josette : Peut-on choisir un médecin homéopathe non conventionné comme médecin traitant ?
R- Oui, c'est vous qui décidez, c'est vous qui choisissez, c'est votre choix.
Q- Henry : Si un patient se retrouve infirme ou décède après avoir été suivi par un spécialiste conseillé par le médecin traitant, qui est juridiquement responsable ? Le médecin traitant, le spécialiste ou le patient ?
R- Je ne suis pas du genre à éviter les réponses, mais là, on est dans un problème un peu particulier, qui est le problème de la responsabilité médicale. Et s'il y a un problème précis en la matière, si, justement, une plainte, une réclamation était posée, il faut regarder exactement qui a décidé quoi, qu'est-ce qui a été proscrit par l'un ou par l'autre. Là, on est dans un champ un peu différent que celui de la réforme. C'est vraiment le médecin qui prescrit qui doit juger de l'état de santé du patient. Donc, la réforme, en la matière ne change rien. Elle ne change rien en plus pour une autre raison [...], c'est que la réforme de l'assurance maladie ne révolutionne pas le système, tout simplement parce que l'on garde le même système de sécurité sociale, et surtout, on garde le même lien de confiance entre le médecin et le patient. S'il y a un problème de responsabilité, il faut que celui qui a commis une faute puisse, justement, répondre de ses actes, mais ce n'est pas la réforme entre le médecin traitant et le spécialiste qui va changer cela. [...] Ce qu'il faut savoir, c'est qu'aujourd'hui, vous avez déjà bien souvent, dans neuf cas sur dix, deux intervenants - c'est déjà le cas aujourd'hui. Ce qui est vrai dans ce que vous posez, c'est la question de la confiance avec ces médecins. Ce que nous voulons, avec la réforme, c'est de faire en sorte que les médecins puissent davantage se former, s'évaluer - c'est ce que l'on appelle "l'évaluation des pratiques professionnelles", la formation médicale continue -, de façon à ce que dans les années qui viennent, on puisse davantage encore rassurer les patients sur la qualité des actes et des prescriptions. La question que vous posez, c'est cela qu'elle met en relief.
Q- Robert : Sincèrement, comment allez-vous nous convaincre qu'avec cette réforme nous n'allons pas entrer dans une médecine à deux vitesses, alors que vous savez très bien que ceux qui ont les moyens iront directement voir les spécialistes sans passer par le médecin traitant ?
R- Dites-moi pourquoi, selon vous, il y aurait un risque de médecine à deux vitesses ?
Q- Robert : Tout simplement parce que si je gagnais 15.000 euros par mois, par exemple, je me passerais certainement du médecin traitant et j'irai directement voir le spécialiste sans attendre, sans faire deux fois la queue, tant pis si cela me coûte un peu plus cher.
R- Je vous remercie d'être précis ; je vais l'être également : la première des choses, c'est que si nous n'avions pas fait de réforme de l'assurance maladie, avec P. Douste-Blazy, alors c'est évident, nous aurions eu une médecine à deux vitesses. Je ne veux d'un système à l'américaine où il y a une médecine pour les riches et une médecine pour les pauvres, parce que je tiens sincèrement - vous m'avez demandé sincèrement, je vous le dis très sincèrement - à ma Sécu à la française, c'est-à-dire ce système dans lequel on cotise selon ses moyens et dans lequel on est soigné selon ses besoins. Et ça, il n'est pas question que cela change. Vous m'avez posé une question précise : en fin de compte, si on a les moyens, est-ce que l'on ne va pas directement aller chez son spécialiste, pour gagner du temps ? La réponse est claire : c'est non ! Dans la loi, nous avons précisé les choses noirs sur blanc, et au-delà de la loi, nous sommes dans le concret : dans chacune des caisses de sécurité sociale, il y aura une personne que l'on appelle un conciliateur, qui va être là pour recevoir les plaintes, les réclamations, si jamais un spécialiste faisait passer plus vite quelqu'un qui viendrait le voir directement, plutôt que quelqu'un qui viendrait le voir avec un généraliste. Sur le terrain, en région, comme cela se passe-t-il aujourd'hui ? Déjà, les spécialistes ont leurs patients qui sont orientés par des généralistes dans la quasi-totalité des cas. Ils n'ont pas envie, il n'est pas question qu'ils se coupent des généralistes et il n'est pas question, non plus, que l'on fasse davantage attendre un patient. Il ne s'agit pas de l'avoir fait voter dans la loi ; nous serons particulièrement vigilants sur cette question, parce que si nous avons fait cette réforme, c'est pour qu'il n'y ait pas, justement, de médecine à deux vitesses
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 17 janvier 2005)
LCI le 4 janvier 2005
Q- La réforme de l'assurance maladie va entrer - est entrée depuis hier en fonction, on va en parler dans un instant. Mais d'abord, un mot sur ce drame humanitaire. M. Barnier est allé en Indonésie. Votre ministre, P. Douste-Blazy, est allé au Sri Lanka. S. Lepeltier annonce un voyage. A quoi servent ces voyages de ministres ? Est-ce que c'est vraiment utile pour les victimes ou est-ce que ce n'est pas plutôt des gestes destinés à l'opinion française ?
R- Utiles et indispensables pour ces pays. D'ailleurs, on voit que les autorités locales se réjouissent de la venue de ministres français, parce que cela permet de bien montrer l'implication sur le terrain et cela nous permet aussi de bien montrer que les efforts de générosité qui sont faits en France ont besoin, sur le terrain, de se traduire concrètement. En médicaments, c'est dans cet esprit que P. Douste-Blazy est allé au Sri Lanka, avec 8 tonnes de médicaments et 8 tonnes également de matériels, notamment pour assainir l'eau, parce qu'il faut éviter maintenant qu'au drame qui est celui du tsunami, s'ajoute le drame des épidémies, avec notamment la contamination due à une eau qui ne serait pas de bonne qualité. Ce sont donc des déplacements très concrets, pour justement voir tout ce dont nous avons besoin sur place. Il y a aussi un autre aspect : la coordination. La coordination entre l'action des Etats et des ONG, et puis aussi la coordination au niveau international, et notamment au niveau européen.
Q- Pourquoi est-ce qu'au plan de la coordination, chaque ministre propose, invente de nouvelles structures, alors qu'il existe une structure européenne destinée à l'aide humanitaire, et qu'il existe une structure internationale au niveau des Nations unies ?
R- Il y a des structures, mais je crois que face à un défi d'une telle ampleur, il faut dynamiser ces structures européennes - le président de la République l'a dit, l'a souhaité...
Q- Faut-il "dynamiser ces structures" ou en inventer des nouvelles ?
R- Il faut les dynamiser, seulement, on s'aperçoit aujourd'hui que face à un drame d'une telle ampleur, il nous faut mettre en place une sorte de Samu international. Il y a un savoir-faire français en la matière. Ce savoir-faire nous est aussi demandé par un certain nombre de pays, notamment d'autorités locales qui ont été touchées par le drame. Et je pense que c'est important aussi, en matière européenne, que chacun puisse prendre la mesure et qu'ensemble, nous travaillions aussi sur le terrain. C'est dans cet esprit qu'il y aura, dès cette semaine, un sommet européen de la santé. Toutes les actions des ministres sont coordonnées. C'est le Premier ministre qui a organisé un certain nombre de déplacements et hier, au Conseil des ministres, c'était effectivement l'un des sujets importants de ce début d'année...
Q- - C'est le Premier ministre qui coordonne tout cela, en même tant que
les discours ?
R- Pas seulement les discours, dans les actes également...
Q- J'entends bien, les actions en même que les discours, parce qu'il y a des propositions diverses...
R- Les déplacements... Quand nos ministres se déplacent là-bas, c'est dans le cadre d'un plan coordonné et c'est à chaque fois pour une dimension très concrète, que ce soit M. Barnier la semaine dernière, que ce soit P. Douste-Blazy qui rentrera aujourd'hui, que ce soit S. Lepeltier, c'est une dimension très pratique et très concrète.
Q- Parlons de l'assurance maladie, dont les premières réformes sont entrées en application depuis hier. Est-ce qu'en regardant les Français les yeux dans les yeux, vos pouvez dire qu'en 2007, l'assurance maladie sera à l'équilibre sans qu'il y ait de nouvelles augmentations, soit de l'euro prévu par consultation, soit de la CSG
d'ici là ?
R- Les yeux dans les yeux, cela dépend de vous, comme de tous les Français. Mais je suis profondément confiant...
Q- Donc vous n'êtes pas certain ?
R- Mais attendez, cela dépend clairement de vous : est-ce que vous allez choisir votre médecin...
Q- Aujourd'hui, je paie un euro. Peut-être que demain, je devrais en payer deux, si cela ne marche pas...
R- Non, ce n'est pas cela. Le "un euro", ce n'est pas le plus important. Les prélèvements, cette fois-ci, ce n'est pas ce qui a guidé notre action. D'habitude, un plan de la Sécurité, une réforme, c'était "prélèvements massifs et déremboursements massifs". Avec P. Douste-Blazy, nous avons tourné le dos à ces recettes du passé, parce que cela ne marche pas. Nous avons décidé, cette fois-ci, de faire confiance aux Français, en pensant qu'ils étaient capables de faire évoluer leur comportement. Nous savons que notre santé n'a pas de prix, mais qu'elle a un coût. Et ce que nous voulons, c'est avant tout que vous preniez conscience de cela et qu'ensuite, vous soyez prêt à faire évoluer votre comportement.
Q- Vous commencez par les prélèvements, tout de suite, avec dès hier la CSG et le "un euro". En revanche, le dossier médical, la Carte Vitale avec une photo, ainsi que le médecin traitant, c'est pour plus tard...
R- Non, c'est pour tout de suite. Vous allez recevoir votre courrier maintenant, entre le 15 janvier et le début du mois de mars, selon votre mois de naissance, en vous invitant dès maintenant à choisir ce médecin traitant. Ce qu'il faut savoir très clairement, c'est que nous avons mis en place - c'est vrai - des prélèvements, nous demandons un effort aux Français qui, cette fois-ci, est mesuré. Sur un plan de 15 milliards d'euros en 2007, les prélèvements ne représentent que 4 milliards d'euros. Le véritable enjeu, c'est une meilleure organisation du système de soins et c'est aussi de lutter contre les gaspillages et les abus qui, dans notre système aujourd'hui, sont trop nombreux.
Q- Vous me permettre quelques questions précises. D'abord, en 2007, l'équilibre, ce qui ne signifie pas l'apurement de la dette de l'assurance maladie. Cet apurement est remis à plus tard, aux calendes grecques, sur les générations à venir... En 2023, fin de l'apurement de la dette ?
R- Non, pas aux calendes grecques ni sur les générations futures. Il faut savoir que normalement, la dette, qui était de 35 milliards d'euros cumulés à la fin 2004, devait être initialement remboursée en 2015. Elle le sera en 2023 : huit ans, ce n'est pas vraiment une génération, ce ne sont pas non plus les "calendes grecques". 2023, nous savons précisément quel est ce terme.
Q- C'est un butoir qui pourrait être encore repoussé ?
R- Il n'a pas vocation à être remboursé (sic), repoussé. Remboursé, oui, ça n'est pas un lapsus en ce qui me concerne ce matin, mais c'est tout simplement que la dette, c'est une chose, mais ce qui nous intéresse au premier plan et tout de suite, c'est justement de revenir à l'équilibre. Il faut savoir qu'avant la réforme, c'était 23.000 euros de déficit par minute. C'est inacceptable et on ne pouvait plus continuer comme cela.
Q- Le médecin traitant : je vais choisir mon médecin traitant...
R- C'est votre médecin de famille, le médecin traitant...
Q- Si j'ai un médecin de famille...
R- 85 % des Français en ont un...
Q- Si un médecin a trop de sollicitations, que se passe-t-il ?
R- Mais le médecin traitant, ce n'est pas révolutionnaire par rapport à la situation d'aujourd'hui !
Q- Mais que se passe-t-il concrètement si un médecin dont je veux faire mon médecin traitant, me dit qu'il a trop de demandes ?
R- Un médecin traitant, c'est aujourd'hui le médecin généraliste qui vous soigne. Il ne va pas refuser de vous soigner, il ne va pas refuser de vous prendre en charge, donc il n'y a strictement aucun problème. J'ai bien vu les inquiétudes qui sont émises par certaines associations de consommateurs, que je vais d'ailleurs recevoir pour pouvoir m'en expliquer avec elles, mais il n'y a aucun problème. Un médecin est là avant tout pour soigner. Le médecin traitant, ce n'est pas une filière administrative. C'est avant tout l'acteur de soins qui vous connaît le mieux et qui va continuer à mieux vous prendre en charge et aussi à mieux vous orienter dans le parcours de soins.
Q- Il y a deux types de parcours de soins : le parcours coordonné - je passe par mon médecin traitant pour, le cas échéant, être envoyé chez un spécialiste - ; ou je vais m'adresser directement au spécialiste et je paie plus cher. On parle de médecine à deux vitesses. Que pouvez-vous faire pour empêcher les médecins spécialistes de favoriser ceux qui viendront directement chez eux et donc qui paieront davantage ?
R- Il ne sera absolument pas possible, pour un médecin, de favoriser un accès par rapport à un autre...
Q- Comment pouvez-vous l'empêcher ?
R- Encore plus clairement, cela a été mis noir sur blanc dans la loi : il y aurait des sanctions pour un médecin qui fait passer plus rapidement un patient qui vient en accès direct, par rapport à un patient qui viendrait par son médecin généraliste. Ce n'est pas tout de l'avoir inscrit dans la loi : il y aura, dans chacune des caisses locales, des conciliateurs qui seront là pour recevoir les plaintes qui pourraient exister. Je ne crois pas qu'il pourrait y avoir ce système à deux vitesses, parce que je crois aussi qu'un médecin est profondément responsable et conscient qu'il est là pour soigner dans les mêmes délais. Toujours est-il qu'il y aura à la fois ces garanties sur le terrain, pour qu'il n'y ait pas cette médecine à deux vitesses.
Q- Les pédiatres se sont mobilisés hier, pour près de 80 %, voire 90 %. P. Douste-Blazy leur a proposé deux euros de plus. Ils en réclament quatre. Comment allez-vous vous en sortir, vous qui faites les comptes de l'assurance maladie ?
R- Ce n'est pas tout à fait cela. Il faut savoir qu'il y a une convention, qui est passée entre l'assurance maladie et les professionnels de santé : ce n'est pas, ce n'est plus entre le ministère et les professionnels de santé...
Q- Vous jouez à la Pilate, là !
R- Non, pas du tout. Mais il faut savoir qu'il y a de nouvelles règles du jeu pour l'assurance maladie : l'Etat est garant, l'assurance maladie est le gérant. Nous ne nous désintéressons pas de ce qui passe pour les pédiatres...
Q- Les quatre euros demandés, c'est trop ?
R- Le vrai problème est qu'il y a déjà eu un effort important qui a été obtenu, voilà quelques années, pour les pédiatres. Il y a aujourd'hui deux euros de plus. Le vrai problème des pédiatres, c'est qu'ils veulent savoir si leur profession a un avenir dans notre pays. La réponse est "oui", parce que nous ne voulons pas d'une pénurie de pédiatres, nous ne voulons pas d'une pénurie de spécialistes ou de chirurgiens. Très concrètement, c'est à l'assurance maladie de le dire, P. Douste-Blazy l'a indiqué. Concernant les gardes, leurs revendications nous semblent légitimes en néonatologie. Il faut savoir que je vais les recevoir dans le courant du mois de janvier, nous nous y sommes engagés. Ce qui est important, c'est d'avoir aussi un plan pour la pédiatrie, pour leur montrer qu'il y a un avenir pour la pédiatrie dans notre pays.
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 5 janvier 2005)