Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur le concours national de la résistance et de la déportation 2004-2005, les cérémonies du soixantième anniversaire de la libération du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz et le devoir de mémoire, à Issy-les-Moulineaux le 7 février 2005.

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Circonstance : Présentation du concours national de la résistance et de la déportation 2004-2005, à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) le 7 février 2005

Texte intégral

Monsieur le Député-Maire,
Mesdames et Messieurs les parlementaires et les élus,
Mesdames et Messieurs les anciens Déportés et les anciens Résistants,
Mesdames et Messieurs les présidents et les responsables des fondations de mémoire et des associations,
Mesdames et Messieurs les directeurs, les enseignants et les historiens,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Au moment où nous nous apprêtons à traiter ensemble du thème retenu, cette année, pour le Concours national de la Résistance et de la Déportation, je pense que nous avons tous en mémoire les images fortes, impressionnantes, des cérémonies qui ont ponctué la semaine du 60ème anniversaire de la libération d'Auschwitz.
Nous avons tous en mémoire les témoignages bouleversants, les récits insupportables, qui ont été diffusés à cette occasion.
J'entends encore les mots du Président de la République, le 27 janvier dernier, quand il a inauguré la nouvelle exposition du pavillon français d'Auschwitz. Devant la photographie d'un enfant, un enfant de la maison d'Izieu, dans l'Ain, le Président s'est attardé et a dit, avec gravité et discrétion : " ce garçon, c'est mon sosie, c'aurait pu être moi ". Cet enfant, c'était le petit Georgy Halpern gazé à l'âge de 9 ans.
Chers amis collégiens et lycéens, je suis sûr que vous avez suivi, avec une grande attention, ces moments exceptionnels.
Vous savez qu'ils s'inscrivent dans un ensemble d'hommages aux déportés pour le soixantième anniversaire de la libération des camps de concentration et d'extermination créés par les nazis.
Vous savez que ces cérémonies et ces émissions s'inscrivent dans une politique globale, la politique de mémoire, qui a deux objectifs principaux.
Le premier est d'exprimer notre respect à celles et à ceux qui ont traversé la pire de toutes les épreuves. Les anciens déportés doivent savoir que nous n'oublierons jamais ce qu'ils ont vécu. Ils doivent savoir que nous sommes déterminés à empêcher qu'une telle barbarie puisse se reproduire.
Le second objectif de notre politique de mémoire est de vous transmettre, à vous les jeunes, les enseignements à tirer de cette page de notre Histoire. Enseigner, expliquer, informer : il nous semble que c'est le meilleur moyen de convaincre.
Voilà pourquoi, le concours national de la Résistance et de la Déportation est vraiment important. En effet, depuis plus de quarante ans, il conjugue les initiatives étatique, associatives et individuelles, pour passer le relais de la mémoire aux générations qui suivent. A vous, qui êtes ici, et à d'autres, qui viendront après vous.
C'est donc un outil majeur d'une politique de mémoire chaque jour plus nécessaire.
Vous comprendrez que je veuille saluer toutes celles et de tous ceux qui se mobilisent avec abnégation et fidélité pour rendre ce témoignage à la vérité.
Il me plait de souligner que, cette année, pour la première fois, les cinq grandes fondations de mémoire ont regroupé leurs forces. Je m'en réjouis comme vous tous. Je remercie très chaleureusement les présidentes, les présidents, les membres, de la Fondation de la Résistance, de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de la Fondation Charles de Gaulle, et de la Fondation de la France Libre.
J'adresse des remerciements particuliers aux grands témoins de cette période qui bravent la fatigue pour remplir ce devoir essentiel de témoignage. Une nouvelle fois, vous méritez notre admiration.
Je salue également tous les personnels de l'Education nationale, les historiens et les personnalités qui s'engagent dans l'organisation de ce concours.
Bien sûr, je remercie avec amitié André SANTINI et les participants à ce débat qui va contribuer à enrichir notre réflexion et notre volonté d'action. Votre présence atteste de l'importance que revêt, pour notre pays et pour l'Europe, pour notre avenir commun, la mémoire de la déportation, de la Shoah, et notre détermination à condamner les crimes inexpiables qui ont été commis.
Le thème de cette année est, en effet, d'une grande gravité et d'une particulière importance. Il est aussi d'une réelle actualité.
Chers amis collégiens et lycéens d'Ile-de-France, je suis sûr que vous mesurez l'opportunité, et même la chance qui vous sont données de participer à ce concours qui porte sur cette période cruciale de notre histoire.
Vous mesurez le privilège que vous avez, aujourd'hui, de rencontrer et d'entendre ces témoins, hommes et femmes éminents, aux destins singuliers.
Ils sont venus pour vous, pour vous transmettre les leçons de leur terrible expérience. Ils vont vous donner à ressentir, à comprendre, ce que la vie peut receler de dangers, de tragédies, de barbarie.
Ils vont, aussi, vous montrer qu'il ne faut jamais cesser d'espérer. Beaucoup vous diront que dans les pires moments, ils n'ont pas cessé de croire à la victoire de la liberté, à la défaite du nazisme.
Ils vous diront pourquoi et comment, au lendemain de la guerre, nos peuples ont décidé de changer le cours de l'Histoire.
Ils vous diront, pourquoi et comment, ils ont édifié un nouveau droit pour condamner ceux qui ont commis des crimes contre l'humanité.
Ils vous diront, pourquoi et comment, ils se sont mobilisés pour que la France, l'Europe, fassent définitivement le choix du droit, de la paix et de la liberté.
Sachez saisir pleinement l'occasion de ces rencontres et les transformer en une réflexion qui enrichira toute votre vie et vos actes d'adultes. Ainsi, dans les responsabilités que vous assumerez plus tard, vous n'oublierez jamais qu'il faut rester vigilant, qu'il ne faut jamais transiger sur l'essentiel, sur la liberté, sur l'égale dignité des hommes.
Chers amis, je vais maintenant vous laisser travailler ensemble. Une dernière suggestion toutefois : dans les mois qui viennent, je vous invite à suivre les événements qui vont se produire. Ce seront autant d'occasions émouvantes et riches d'enseignements pour vous.
Je pense au 24 avril, qui est la Journée nationale du souvenir de la Déportation.
Fin avril, ce seront les cérémonies dans les camps de concentration.
Le 8 mai, ce sera le 60ème anniversaire de la Victoire.
En octobre, le Président de la République inaugurera le Centre européen du Résistant Déporté. Ce centre sera installé, chez nous, en Alsace, sur le site de l'ancien camp de concentration du Struthof.
Mesdames et Messieurs, je crois que vous avez saisi l'importance que le Gouvernement, et nous tous, attachons à la politique de mémoire et au Concours de la Résistance et de la Déportation.
Je renouvelle à chacune et à chacun mes remerciements.
Enfin, je ne doute pas que, l'année prochaine, une majorité d'entre vous recevra les prix qui sont décernés aux meilleurs.
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 11 février 2005)