Texte intégral
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux de participer aujourd'hui à cette journée de promotion organisée par la République du Cap Vert en collaboration avec la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris.
Archipel encore méconnu, le Cap Vert connaît ces dernières années un décollage touristique prometteur, principalement axé sur une offre balnéaire qui inclut plongée, pêche au gros et planche à voile.
Des plages immenses, des montagnes imposantes où l'on peut pratiquer le trekking, une population multiculturelle qui possède un grand sens de la fête.
C'est une destination qui mérite le détour.
Conscient de ses atouts naturels et de sa richesse culturelle et humaine, le Cap Vert souhaite donc faire du tourisme un axe de développement privilégié.
Pour y parvenir, il doit à la fois élargir ses clientèles traditionnelles - principalement italiennes et portugaises - mais aussi à diversifier son offre pour répondre aux attentes des touristes, en quête de destination authentiques.
Il est vrai que le tourisme international a connu depuis un demi-siècle une croissance exponentielle, qui le place aujourd'hui comme la première industrie mondiale.
Les flux internationaux de vacanciers ont doublé dans les deux dernières décennies et devraient doubler dans les deux prochaines.
Malgré des crises récurrentes depuis 2001, crises sanitaires, terrorisme ou catastrophes naturelles comme les tsunamis qui ont ravagé le golfe du Bengale, le tourisme a démontré une grande capacité d'absorption des chocs et turbulences liées à ce contexte.
Mais le développement touristique ne peut plus être envisagé aujourd'hui sans une grande vigilance.
Un flux touristique trop intense, comme toute concentration de population sur un espace restreint, a des conséquences dommageables sur l'environnement.
L'implantation d'équipements touristiques modifie l'équilibre du milieu naturel : l'érosion du littoral pose, par exemple, problème dans de nombreux pays. Ainsi, selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), les3/4 des dunes de sable du bassin méditerranéen ont disparu en raison de l'urbanisation touristique.
Une autre problématique majeur concerne l'eau : douches, bains, piscines et arrosage des pelouses des hôtels ponctionnent les réserves d'eau locales, alors que les habitants en manquent pour leur usage personnel ou pour l'irrigation.
Une étude réalisée par le WWF en Espagne révèle que la consommation d'eau d'un touriste étranger s'élève à 880 litres par jour contre 250 litres en moyenne pour les Espagnols.
La question de la régulation du tourisme doit donc être au centre de nos réflexions, tant l'acceptation de cette activité comme vecteur de développement que sa compatibilité avec les équilibres écologiques, humains et économiques sont devenues stratégiques.
Pour le Cap Vert, le tourisme peut constituer à l'évidence l'une des voies de réduction de la pauvreté : le passage prévu en 2008 du statut de Pays les Moins avancés à celui de Pays à revenu intermédiaire, n'y est bien sûr pas étranger.
Selon les indicateurs de la Banque Mondiale de 2000, le tourisme apportait aux pays en développement pauvres et émergents, trois fois plus que l'Aide Publique au Développement, fournie par les pays de l'OCDE.
Mais cette vision macroéconomique du tourisme dans les pays en voie de développement ne doit pas faire oublier que ce secteur peut générer également de nombreuses difficultés, s'il est pensé dans une logique purement marchande où la recherche de rentabilité maximale reste l'objectif principal.
Cette logique, qui correspond à ce qu'il est convenu d'appeler le tourisme de masse, produit des effets pervers qui sont aujourd'hui mieux appréhendés :
- revenus de l'activité qui ne profitent pas suffisamment aux populations locales ;
- concentration géographique de l'activité qui limite la diffusion des richesses et accentuent les inégalités régionales ;
- conflits d'usage des ressources locales entre acteurs économiques du tourisme et populations locales.
Ces effets pervers proviennent souvent de la mise en place d'une mono-activité qui fragilise le développement des territoires concernés, en les exposant à des effets de mode qui ne tiennent pas dans la durée.
A la lumière de l'expérience acquise par les destinations les plus anciennes depuis plus d'un demi-siècle, nous pouvons aujourd'hui tirer les enseignements des échecs passés et proposer des modèles de développement durables pour le tourisme.
Dans ce domaine, la France, premier pays réceptif au monde, possède une expertise toute particulière.
Je reviens aujourd'hui de Thaïlande où j'ai assisté, à la demande du Premier ministre, à la Conférence pour la mise en place d'un système de prévention contre les raz de marée dans l'Océan indien.
J'ai également participé au Comité exécutif extraordinaire de l'Organisation mondiale du Tourisme à Phuket consacrée à la reconstruction des installations touristiques et à la relance des destinations.
Cette reconstruction, à laquelle la France apportera sa contribution devra largement prendre en compte les impératifs de durabilité et notamment le respect des impératifs environnementaux.
Il a ainsi été démontré que la destruction de la mangrove en bord de plage a été un facteur aggravant des tsunamis.
Les vagues n'ayant rencontré aucun obstacle sur leur route.
Cet exemple doit être médité.
La France est donc prête à apporter son aide et son appui au Cap Vert, pour favoriser le développement d'un éco-tourisme, comme nos gouvernements en étaient convenus lors de la visite du Premier ministre du Cap-Vert à Paris en novembre 2003.
Une mission de notre nouvelle plate-forme d'ingénierie touristique, ODIT France, est prévue dans ce cadre.
Enfin, afin de conclure je voulais souligner que l'écotourisme, qui se définit lui-même comme une forme de voyage responsable dans les espaces naturels, contribue à la protection de l'environnement et au bien-être des populations et se distingue ainsi du tourisme vert, moins protecteur.
C'est un cercle vertueux, dont les recettes sont déjà appliquées par certaines destinations haut de gamme, en plein essor comme les Seychelles où les sites protégés, parcs marins compris, représentent 47% du territoire.
L'écotourisme est incontestablement une tendance lourde de l'économie touristique appelée à se développer en opposition au modèle mono-balnéaire, en perte de vitesse, parce qu'il uniformise l'offre.
Les voyageurs, en quête d'authenticité, apprécient toujours davantage l'intégration paysagère de petites unités comme les lodges ou les bungalows, aux blocs de béton des grands "resorts".
L'écotourisme possède aussi d'autres vertus : il apporte des fonds qui peuvent aider à la conservation des sites et permettre le développement des communautés locales qui vivent et travaillent près de ces sites.
Aussi la formation de guide de nature ou d'interprètes est encouragée, valorisant ainsi les compétences naturelles des habitants et les incitant à cultiver leurs traditions locales.
Il favorise également un allongement de la saison et une fidélisation accrue des clients.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les messages que je souhaitais vous adresser aujourd'hui.
Des messages de soutien et d'encouragement.
Je forme le voeu que cette journée permette au Cap Vert de réussir son entreprise de séduction et de gagner le coeur des touristes français et européens.
Votre grande chanteuse de morna, Cesaria EVORA, a déjà gagné le coeur des mélomanes.
Alors je ne doute pas de votre réussite.
Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 14 février 2005)
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureux de participer aujourd'hui à cette journée de promotion organisée par la République du Cap Vert en collaboration avec la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris.
Archipel encore méconnu, le Cap Vert connaît ces dernières années un décollage touristique prometteur, principalement axé sur une offre balnéaire qui inclut plongée, pêche au gros et planche à voile.
Des plages immenses, des montagnes imposantes où l'on peut pratiquer le trekking, une population multiculturelle qui possède un grand sens de la fête.
C'est une destination qui mérite le détour.
Conscient de ses atouts naturels et de sa richesse culturelle et humaine, le Cap Vert souhaite donc faire du tourisme un axe de développement privilégié.
Pour y parvenir, il doit à la fois élargir ses clientèles traditionnelles - principalement italiennes et portugaises - mais aussi à diversifier son offre pour répondre aux attentes des touristes, en quête de destination authentiques.
Il est vrai que le tourisme international a connu depuis un demi-siècle une croissance exponentielle, qui le place aujourd'hui comme la première industrie mondiale.
Les flux internationaux de vacanciers ont doublé dans les deux dernières décennies et devraient doubler dans les deux prochaines.
Malgré des crises récurrentes depuis 2001, crises sanitaires, terrorisme ou catastrophes naturelles comme les tsunamis qui ont ravagé le golfe du Bengale, le tourisme a démontré une grande capacité d'absorption des chocs et turbulences liées à ce contexte.
Mais le développement touristique ne peut plus être envisagé aujourd'hui sans une grande vigilance.
Un flux touristique trop intense, comme toute concentration de population sur un espace restreint, a des conséquences dommageables sur l'environnement.
L'implantation d'équipements touristiques modifie l'équilibre du milieu naturel : l'érosion du littoral pose, par exemple, problème dans de nombreux pays. Ainsi, selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), les3/4 des dunes de sable du bassin méditerranéen ont disparu en raison de l'urbanisation touristique.
Une autre problématique majeur concerne l'eau : douches, bains, piscines et arrosage des pelouses des hôtels ponctionnent les réserves d'eau locales, alors que les habitants en manquent pour leur usage personnel ou pour l'irrigation.
Une étude réalisée par le WWF en Espagne révèle que la consommation d'eau d'un touriste étranger s'élève à 880 litres par jour contre 250 litres en moyenne pour les Espagnols.
La question de la régulation du tourisme doit donc être au centre de nos réflexions, tant l'acceptation de cette activité comme vecteur de développement que sa compatibilité avec les équilibres écologiques, humains et économiques sont devenues stratégiques.
Pour le Cap Vert, le tourisme peut constituer à l'évidence l'une des voies de réduction de la pauvreté : le passage prévu en 2008 du statut de Pays les Moins avancés à celui de Pays à revenu intermédiaire, n'y est bien sûr pas étranger.
Selon les indicateurs de la Banque Mondiale de 2000, le tourisme apportait aux pays en développement pauvres et émergents, trois fois plus que l'Aide Publique au Développement, fournie par les pays de l'OCDE.
Mais cette vision macroéconomique du tourisme dans les pays en voie de développement ne doit pas faire oublier que ce secteur peut générer également de nombreuses difficultés, s'il est pensé dans une logique purement marchande où la recherche de rentabilité maximale reste l'objectif principal.
Cette logique, qui correspond à ce qu'il est convenu d'appeler le tourisme de masse, produit des effets pervers qui sont aujourd'hui mieux appréhendés :
- revenus de l'activité qui ne profitent pas suffisamment aux populations locales ;
- concentration géographique de l'activité qui limite la diffusion des richesses et accentuent les inégalités régionales ;
- conflits d'usage des ressources locales entre acteurs économiques du tourisme et populations locales.
Ces effets pervers proviennent souvent de la mise en place d'une mono-activité qui fragilise le développement des territoires concernés, en les exposant à des effets de mode qui ne tiennent pas dans la durée.
A la lumière de l'expérience acquise par les destinations les plus anciennes depuis plus d'un demi-siècle, nous pouvons aujourd'hui tirer les enseignements des échecs passés et proposer des modèles de développement durables pour le tourisme.
Dans ce domaine, la France, premier pays réceptif au monde, possède une expertise toute particulière.
Je reviens aujourd'hui de Thaïlande où j'ai assisté, à la demande du Premier ministre, à la Conférence pour la mise en place d'un système de prévention contre les raz de marée dans l'Océan indien.
J'ai également participé au Comité exécutif extraordinaire de l'Organisation mondiale du Tourisme à Phuket consacrée à la reconstruction des installations touristiques et à la relance des destinations.
Cette reconstruction, à laquelle la France apportera sa contribution devra largement prendre en compte les impératifs de durabilité et notamment le respect des impératifs environnementaux.
Il a ainsi été démontré que la destruction de la mangrove en bord de plage a été un facteur aggravant des tsunamis.
Les vagues n'ayant rencontré aucun obstacle sur leur route.
Cet exemple doit être médité.
La France est donc prête à apporter son aide et son appui au Cap Vert, pour favoriser le développement d'un éco-tourisme, comme nos gouvernements en étaient convenus lors de la visite du Premier ministre du Cap-Vert à Paris en novembre 2003.
Une mission de notre nouvelle plate-forme d'ingénierie touristique, ODIT France, est prévue dans ce cadre.
Enfin, afin de conclure je voulais souligner que l'écotourisme, qui se définit lui-même comme une forme de voyage responsable dans les espaces naturels, contribue à la protection de l'environnement et au bien-être des populations et se distingue ainsi du tourisme vert, moins protecteur.
C'est un cercle vertueux, dont les recettes sont déjà appliquées par certaines destinations haut de gamme, en plein essor comme les Seychelles où les sites protégés, parcs marins compris, représentent 47% du territoire.
L'écotourisme est incontestablement une tendance lourde de l'économie touristique appelée à se développer en opposition au modèle mono-balnéaire, en perte de vitesse, parce qu'il uniformise l'offre.
Les voyageurs, en quête d'authenticité, apprécient toujours davantage l'intégration paysagère de petites unités comme les lodges ou les bungalows, aux blocs de béton des grands "resorts".
L'écotourisme possède aussi d'autres vertus : il apporte des fonds qui peuvent aider à la conservation des sites et permettre le développement des communautés locales qui vivent et travaillent près de ces sites.
Aussi la formation de guide de nature ou d'interprètes est encouragée, valorisant ainsi les compétences naturelles des habitants et les incitant à cultiver leurs traditions locales.
Il favorise également un allongement de la saison et une fidélisation accrue des clients.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les messages que je souhaitais vous adresser aujourd'hui.
Des messages de soutien et d'encouragement.
Je forme le voeu que cette journée permette au Cap Vert de réussir son entreprise de séduction et de gagner le coeur des touristes français et européens.
Votre grande chanteuse de morna, Cesaria EVORA, a déjà gagné le coeur des mélomanes.
Alors je ne doute pas de votre réussite.
Je vous remercie.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 14 février 2005)