Texte intégral
Mesdames et Messieurs, bonjour. Nous avons accueilli ici, Pierre Moscovici et moi, M. Petre Roman, à la fois comme ministre des Affaires étrangères et comme un ami de longue date et ami de la France. Après que Pierre Moscovici et Petre Roman aient dialogué avec les élèves de l'Ecole polytechnique, nous avons fait un large tour d'horizon selon l'expression consacrée.
Nous avons d'abord examiné méthodiquement l'état des relations bilatérales qui sont excellentes, dynamiques et confiantes dans le domaine politique. Nous avons également fait le point des relations économiques et regardé un certain nombre de dossiers auxquels nous devons donner des impulsions. Nous avons également travaillé sur le volet culturel, par exemple, sur les questions d'équivalence de diplômes, ou sur le futur lycée français de Bucarest. Nous avons beaucoup travaillé bien sûr sur la question européenne qui est centrale aujourd'hui on le comprend dans la politique étrangère de la Roumanie. Nous avons donc parlé des négociations, de la façon dont elles allaient se dérouler et nous avons regardé, point par point, les domaines dans lesquels la France pouvait apporter son aide, sa coopération, soit dans le cadre de jumelage, soit à travers d'autres formes de coopérations avec la Roumanie, dans tous les domaines où ceci intéresse la Roumanie. Nous partons de ce que la Roumanie peut souhaiter. Cela peut concerner soit des chapitres précis de la négociation d'adhésion, soit d'autres domaines comme le secteur social ou la question connue et difficile des orphelinats. Sur tous ces points, nous avons donc consacré notre séance pour voir ce que nous pouvions faire de plus utile pour renforcer et consolider cette marche de la Roumanie à travers les négociations qui s'ouvrent, vers l'Union européenne. Nous avons même trouvé le temps d'échanger nos vues sur les Balkans, sur la situation de la Serbie et celle de la Tchétchénie.
Tout ceci en peu de temps mais nous nous connaissons bien, nous nous comprenons, nous allons vite. Nous avons, je crois, parlé de tous les sujets, c'était une séance très utile, très concrète et très intéressante qui se prolongera par un déjeuner offert par M. Moscovici à M. Petre Roman puisque de mon côté, je reçois dans quelques minutes le ministre australien des Affaires étrangères.
Q - Avez-vous parlé de la Tchétchénie et de la négociation d'adhésion à l'Union européenne ?
R - Oui, nous l'avons évoqué. Sur ce point, c'est tout à fait convergent, nous sommes convaincus que les Russes n'arriveront jamais à régler ce problème sur une base purement militaire et qu'ils doivent, d'urgence, comme cela leur a été dit depuis des semaines, trouver une solution politique, qu'ils se fourvoient et qu'ils sont dans une voie sans issue.
Concernant les Serbes, j'ajoute simplement que la position de la France est connue. Nous pensons que les différentes sanctions aujourd'hui profitent plus au régime qu'à l'opposition, qu'elles pénalisent, comme malheureusement trop souvent, la population et nous plaidons, au sein de l'Union européenne, pour une adaptation de la politique des sanctions qui prenne mieux en compte justement les demandes de l'opposition démocratique qui le demande avec de plus en plus de netteté, pour aller dans un sens plus efficace. La politique menée jusqu'ici n'a pas entraîné le changement que nous souhaitons.
C'est pour cela que, ce qui est envisagé par les Quinze, est envisagé à la demande de l'opposition. C'est une sorte de signal montrant que nous avons pris note du fait que l'opposition avait commencé à s'unifier véritablement, sur un vrai programme de changement et c'est en réponse à cela qu'à notre avis, l'Europe devrait envoyer un signal d'encouragement. Dans ce contexte, ce signal ne pourrait pas être mal interprété et encore moins récupéré par les autorités actuelles.
Sur le régime des visas, nous soutenons la proposition de la Commission. D'ailleurs, avant que la Commission fasse cette nouvelle proposition, nous avions demandé qu'il y ait une nouvelle proposition de la Commission. Nous allons la soutenir et je pense que nous trouverons une majorité pour soutenir cette proposition.
Dans le cadre de notre présidence, - je pense que vous posez la question par rapport à la Roumanie en particulier - il est clair que Pierre Moscovici et moi-même veillerons avec beaucoup de soin et d'amitié au bon avancement des négociations qui ne se termineront pas sous notre présidence, mais nous ferons en sorte qu'elles avancent le mieux possible et le plus utilement possible. Mais n'oubliez pas non plus que cela veut dire aussi un gros travail du côté de la Roumanie, les choses ne se passent pas que de notre côté.
Q - Y a-t-il de réels avantages à l'élargissement ?
R - Notre réponse est dans les conclusions d'Helsinki, nous n'aurions pas décidé ce que nous avons décidé si nous ne pensions pas que c'était bon pour tout le monde.
Q - En cas de participation de l'extrême droite au gouvernement autrichien, quelle serait votre position ?
R - Je suis obligé d'aller un peu vite. J'ai rappelé ce matin que dès le mois d'octobre, j'avais dit que l'Autriche se placerait dans une position déplorable si cette hypothèse se concrétisait. J'ai souligné l'aversion qui s'est exprimée en Europe de la part des plus grands dirigeants face au programme que l'on connaît de cette formation d'extrême droite et la réprobation à l'égard des combinaisons politiques qui permettraient à cet éventuel gouvernement de s'installer. Cela a été dit très clairement par tous les principaux dirigeants européens. J'ai ajouté que si ce gouvernement se concrétisait, bien entendu les relations bilatérales entre les différents pays et l'Autriche seraient affectées, et c'est à ce sujet qu'il y a à l'heure actuelle une concertation animée par la présidence portugaise à partir de différentes propositions, notamment françaises après un long entretien entre le président Chirac et le Premier ministre. Ces propositions ont été communiquées à la présidence portugaise, il y a eu des suggestions belges, puis d'autres, la concertation est en cours. C'est à la présidence portugaise de faire connaître les résultats. En tout cas, il est clair que nous ne pourrions pas avoir sur le plan bilatéral des relations identiques à ce qu'elles seraient avec tout autre gouvernement d'Europe. Concernant l'Union européenne, il y a des dispositions précises dans les traités qui indiquent que les pays membres s'engagent à respecter la démocratie, les Droits de l'Homme et toute une série de valeurs européennes que l'on connaît bien. Il y a même des dispositions prévues face à des Etats qui violeraient ces règles et ces engagements et l'Autriche est engagée par cela, comme tous les pays membres de l'Union européenne. Ce qui fait que j'ai indiqué ce matin que, si malheureusement cette hypothèse se concrétise et que ce gouvernement voit le jour, le gouvernement autrichien serait placé sous une sorte de surveillance de tous les instants, comme aucun pays membre de l'Union ne l'a jamais été jusqu'ici, et que le respect de ces règles de base de la démocratie européenne serait constamment surveillé et contrôlé. Et je conclus aussi, dans le même esprit que ce qu'a dit le président Prodi en disant que je crois que c'est une crise pour l'Autriche, mais que ce n'est pas une crise de l'Europe car l'Europe est suffisamment forte, l'Europe avec ses nombreux membres et les pays candidats qui sont là précisément pour rejoindre la grande famille de la démocratie européenne, l'Europe par sa construction politique, par sa construction juridique, par les interdépendances, par les mécanismes de décisions, je la crois suffisamment forte pour affronter cette épreuve que traverse l'Autriche et pour montrer que les populistes extrémistes n'ont pas d'avenir en Europe et n'apportent aucune solution à rien.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 février 2000)
Nous avons d'abord examiné méthodiquement l'état des relations bilatérales qui sont excellentes, dynamiques et confiantes dans le domaine politique. Nous avons également fait le point des relations économiques et regardé un certain nombre de dossiers auxquels nous devons donner des impulsions. Nous avons également travaillé sur le volet culturel, par exemple, sur les questions d'équivalence de diplômes, ou sur le futur lycée français de Bucarest. Nous avons beaucoup travaillé bien sûr sur la question européenne qui est centrale aujourd'hui on le comprend dans la politique étrangère de la Roumanie. Nous avons donc parlé des négociations, de la façon dont elles allaient se dérouler et nous avons regardé, point par point, les domaines dans lesquels la France pouvait apporter son aide, sa coopération, soit dans le cadre de jumelage, soit à travers d'autres formes de coopérations avec la Roumanie, dans tous les domaines où ceci intéresse la Roumanie. Nous partons de ce que la Roumanie peut souhaiter. Cela peut concerner soit des chapitres précis de la négociation d'adhésion, soit d'autres domaines comme le secteur social ou la question connue et difficile des orphelinats. Sur tous ces points, nous avons donc consacré notre séance pour voir ce que nous pouvions faire de plus utile pour renforcer et consolider cette marche de la Roumanie à travers les négociations qui s'ouvrent, vers l'Union européenne. Nous avons même trouvé le temps d'échanger nos vues sur les Balkans, sur la situation de la Serbie et celle de la Tchétchénie.
Tout ceci en peu de temps mais nous nous connaissons bien, nous nous comprenons, nous allons vite. Nous avons, je crois, parlé de tous les sujets, c'était une séance très utile, très concrète et très intéressante qui se prolongera par un déjeuner offert par M. Moscovici à M. Petre Roman puisque de mon côté, je reçois dans quelques minutes le ministre australien des Affaires étrangères.
Q - Avez-vous parlé de la Tchétchénie et de la négociation d'adhésion à l'Union européenne ?
R - Oui, nous l'avons évoqué. Sur ce point, c'est tout à fait convergent, nous sommes convaincus que les Russes n'arriveront jamais à régler ce problème sur une base purement militaire et qu'ils doivent, d'urgence, comme cela leur a été dit depuis des semaines, trouver une solution politique, qu'ils se fourvoient et qu'ils sont dans une voie sans issue.
Concernant les Serbes, j'ajoute simplement que la position de la France est connue. Nous pensons que les différentes sanctions aujourd'hui profitent plus au régime qu'à l'opposition, qu'elles pénalisent, comme malheureusement trop souvent, la population et nous plaidons, au sein de l'Union européenne, pour une adaptation de la politique des sanctions qui prenne mieux en compte justement les demandes de l'opposition démocratique qui le demande avec de plus en plus de netteté, pour aller dans un sens plus efficace. La politique menée jusqu'ici n'a pas entraîné le changement que nous souhaitons.
C'est pour cela que, ce qui est envisagé par les Quinze, est envisagé à la demande de l'opposition. C'est une sorte de signal montrant que nous avons pris note du fait que l'opposition avait commencé à s'unifier véritablement, sur un vrai programme de changement et c'est en réponse à cela qu'à notre avis, l'Europe devrait envoyer un signal d'encouragement. Dans ce contexte, ce signal ne pourrait pas être mal interprété et encore moins récupéré par les autorités actuelles.
Sur le régime des visas, nous soutenons la proposition de la Commission. D'ailleurs, avant que la Commission fasse cette nouvelle proposition, nous avions demandé qu'il y ait une nouvelle proposition de la Commission. Nous allons la soutenir et je pense que nous trouverons une majorité pour soutenir cette proposition.
Dans le cadre de notre présidence, - je pense que vous posez la question par rapport à la Roumanie en particulier - il est clair que Pierre Moscovici et moi-même veillerons avec beaucoup de soin et d'amitié au bon avancement des négociations qui ne se termineront pas sous notre présidence, mais nous ferons en sorte qu'elles avancent le mieux possible et le plus utilement possible. Mais n'oubliez pas non plus que cela veut dire aussi un gros travail du côté de la Roumanie, les choses ne se passent pas que de notre côté.
Q - Y a-t-il de réels avantages à l'élargissement ?
R - Notre réponse est dans les conclusions d'Helsinki, nous n'aurions pas décidé ce que nous avons décidé si nous ne pensions pas que c'était bon pour tout le monde.
Q - En cas de participation de l'extrême droite au gouvernement autrichien, quelle serait votre position ?
R - Je suis obligé d'aller un peu vite. J'ai rappelé ce matin que dès le mois d'octobre, j'avais dit que l'Autriche se placerait dans une position déplorable si cette hypothèse se concrétisait. J'ai souligné l'aversion qui s'est exprimée en Europe de la part des plus grands dirigeants face au programme que l'on connaît de cette formation d'extrême droite et la réprobation à l'égard des combinaisons politiques qui permettraient à cet éventuel gouvernement de s'installer. Cela a été dit très clairement par tous les principaux dirigeants européens. J'ai ajouté que si ce gouvernement se concrétisait, bien entendu les relations bilatérales entre les différents pays et l'Autriche seraient affectées, et c'est à ce sujet qu'il y a à l'heure actuelle une concertation animée par la présidence portugaise à partir de différentes propositions, notamment françaises après un long entretien entre le président Chirac et le Premier ministre. Ces propositions ont été communiquées à la présidence portugaise, il y a eu des suggestions belges, puis d'autres, la concertation est en cours. C'est à la présidence portugaise de faire connaître les résultats. En tout cas, il est clair que nous ne pourrions pas avoir sur le plan bilatéral des relations identiques à ce qu'elles seraient avec tout autre gouvernement d'Europe. Concernant l'Union européenne, il y a des dispositions précises dans les traités qui indiquent que les pays membres s'engagent à respecter la démocratie, les Droits de l'Homme et toute une série de valeurs européennes que l'on connaît bien. Il y a même des dispositions prévues face à des Etats qui violeraient ces règles et ces engagements et l'Autriche est engagée par cela, comme tous les pays membres de l'Union européenne. Ce qui fait que j'ai indiqué ce matin que, si malheureusement cette hypothèse se concrétise et que ce gouvernement voit le jour, le gouvernement autrichien serait placé sous une sorte de surveillance de tous les instants, comme aucun pays membre de l'Union ne l'a jamais été jusqu'ici, et que le respect de ces règles de base de la démocratie européenne serait constamment surveillé et contrôlé. Et je conclus aussi, dans le même esprit que ce qu'a dit le président Prodi en disant que je crois que c'est une crise pour l'Autriche, mais que ce n'est pas une crise de l'Europe car l'Europe est suffisamment forte, l'Europe avec ses nombreux membres et les pays candidats qui sont là précisément pour rejoindre la grande famille de la démocratie européenne, l'Europe par sa construction politique, par sa construction juridique, par les interdépendances, par les mécanismes de décisions, je la crois suffisamment forte pour affronter cette épreuve que traverse l'Autriche et pour montrer que les populistes extrémistes n'ont pas d'avenir en Europe et n'apportent aucune solution à rien.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 février 2000)