Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des solidarités, de la santé et de la famille, sur la création et les missions de l'Institut du cerveau et de la moëlle épinière (IMC), Paris le 5 décembre 2004.

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Circonstance : Signature de la Convention pour la création de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, Paris le 5 décembre 2004

Texte intégral

Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris, Monsieur le Maire,
Madame la Directrice générale de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris,
Monsieur le Doyen,
Chers Confrères,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir ici, dans cette maison, avec François d'Aubert, Ministre de la Recherche, pour signer la convention pour la création de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, devant des hommes tout aussi exceptionnels par leur talent, que par leur générosité.
Je voudrais avant tout bien sûr - vous le comprendrez - saluer Michael Schumacher. C'est certainement la première fois que ce ministère accueille un champion du monde de formule 1, et qui plus est, l'a été à sept reprises. Je voudrais lui dire notre admiration et le remercier de venir ici. Je voudrais saluer également Jean Todt, patron d'une entreprise automobile mythique, et lui dire mon admiration et mon affectueuse amitié.
Votre présence, cher Michael Schumacher et cher Jean Todt, n'est pas due à un simple désir de descendre les Champs-Élysées en monoplace de Formule 1, elle résulte de votre implication personnelle en tant que membres fondateurs de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière. Vous avez souhaité non seulement aider financièrement cet institut, mais aussi mettre votre notoriété à son service. C'est la façon la plus noble de servir la cause des malades et des blessés souffrant d'une atteinte neurologique.
Je salue également la présence d'un grand cinéaste, à la fois producteur, réalisateur et scénariste, Luc Besson, que j'ai rencontré dans d'autres fonctions, lorsque j'étais ministre de la Culture.
Je voudrais enfin remercier Max Mosley, président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), et lui dire que nous sommes très honorés de sa présence puisque ce que nous allons vivre aujourd'hui pour la médecine, mais aussi pour toutes les valeurs que le sport transmet aux jeunes générations.
Mais comment l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière, l'ICM, a-t-il vu le jour ? Ce projet d'envergure internationale et unique en Europe est né de l'association de trois professeurs de renommée mondiale du centre hospitalier universitaire Pitié-Salpêtrière : les Professeurs Gérard Saillant, orthopédiste et traumatologue, Yves Agid et Olivier Lyon-Caen, tous deux neurologues - que je salue.
L'idée de ces trois scientifiques est de faire bénéficier les malades des découvertes les plus récentes dans le domaine de la neurologie, en appliquant, sans délai, des traitements innovants et de haut niveau, de concevoir et de développer les traitements sur le lieu même où ils seront prescrits, en réunissant les meilleurs groupes de recherche français et étrangers entourés de nombreuses équipes médicales dans un lieu unique de recherche et de traitement.
Pour réaliser leur rêve, ils se sont entourés de plusieurs personnalités aux compétences variées, venant du monde du sport, de la haute finance, de la politique, de la communication ou encore des arts et de la culture - qui ont décidé de mettre leur savoir-faire en commun. Leur maillon fort s'appelle Jean Todt. Ce fils de médecin, qui admirait son père et son dévouement à ses malades, s'est lié d'amitié depuis de nombreuses années avec ce grand chirurgien qu'est le Pr. Gérard Saillant. C'est ainsi qu'ils ont ensemble fondé l'Association pour le Développement de la Recherche sur le Cerveau et la Moelle Epinière, l'ADREC.
Comme c'est à l'hôpital de la Salpêtrière qu'est née la neurologie - Jean-Martin Charcot y créa la première chaire de neurologie en 1882 - c'est tout naturellement en ce lieu que sera situé l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière.
Cette tradition médicale dans cet hôpital demeure, à tel point que l'activité de soins pour les disciplines de neurologie, de psychiatrie, de neurochirurgie, de chirurgie de la colonne vertébrale et de la moelle épinière - notamment dans le service de Gérard Saillant -, et de rééducation neurologique est de l'ordre de celle d'un hôpital entier.
Ces équipes de cliniciens sont intégrées dans un site universitaire (Paris VI), incluant un fort potentiel d'activité d'enseignement et de recherche, en partenariat avec les grands organismes de recherche, dont l'INSERM et le CNRS - et c'est l'occasion pour moi de saluer les chercheurs.
L'ICM sera donc situé au cur du groupe hospitalier la Pitié-Salpêtrière, sur un terrain de 7 000 m2, mis à disposition par l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris. Ce sera un bâtiment de 28 000 m2 dont 19 000 m2 seront consacrés à des laboratoires. Il comprendra aussi un centre de recherche clinique destiné aux malades qui souhaiteraient participer à des recherches ou à des essais thérapeutiques. Je tiens à remercier et saluer Alain Lhostis, président du Conseil d'administration de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), représentant le Maire de Paris, et Rose-Marie Van Lerberghe, directrice générale de l'AP-HP, qui ont généreusement donné ce terrain, ce qui est l'objet de la convention que nous allons signer aujourd'hui. Je voudrais transmettre au Maire Paris tous nos remerciements et notre reconnaissance
Cet institut bénéficiera d'un financement mi-public, mi-privé, avec l'aide de la région Ile-de-France, de la mairie de Paris, de l'INSERM, de l'Université Paris VI, de la Caisse des Dépôts, des entreprises publiques et privées, des industriels, intéressés par les maladies du système nerveux.
La longévité de la population française, comme celle des autres pays d'Europe - vous le savez - s'accroît régulièrement. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, quatre, voire cinq générations viennent ainsi de s'engager ensemble dans le nouveau millénaire. C'est une chance et un défi pour chacun d'entre nous tout comme pour la société dans son ensemble. Mais ce vieillissement de la population s'accompagne aussi du développement des maladies neurodégénératives.
La dégénérescence nerveuse peut toucher le cortex cérébral, comme dans la maladie d'Alzheimer, qui atteint aujourd'hui 800 000 personnes en France, les structures profondes du cerveau, comme dans la maladie de Parkinson, ou encore la moelle épinière, comme dans la sclérose latérale amyotrophique. Mais ces maladies concernent aussi des sujets jeunes et sont encore plus dramatiques.
La sclérose en plaques et les maladies inflammatoires du système nerveux débutent quant à elles chez l'adulte jeune et bouleversent donc sa vie future. Je salue le Pr. Olivier Lyon-Caen qui consacre sa vie à lutter contre ces maladies, et dont les travaux font honneur à la recherche française.
De même, les accidents vasculaires cérébraux, qu'il s'agisse d'hémorragies ou surtout d'infarctus, constituent la première cause de handicap.
N'oublions pas les maladies du développement, les affections métaboliques, les maladies héréditaires du système nerveux, comme la chorée de Huntington ou les myopathies - dont on a beaucoup parlé ces derniers jours à l'occasion du Téléthon.
Toutes ces pathologies sont lourdes par leurs conséquences immédiates, car elles s'accompagnent souvent de douleurs, et parfois de paralysie, de perte de la vision, et pire encore d'altération des fonctions intellectuelles. Les handicaps, qu'elles peuvent engendrer dans un second temps, sont souvent à l'origine d'une perte d'autonomie et d'une dépendance dont les conséquences familiales et sociétales sont considérables.
Enfin, rappelons que les accidents de la route tuent, chaque année en Europe, 60 000 personnes et font plus de 1 500 000 blessés. C'est la première cause de handicap acquis chez les jeunes de moins de 24 ans, par traumatisme crânien ou par blessure de la moelle épinière. C'est pourquoi le Président de la République a tenu de faire de la lutte contre la violence routière et de la prise en charge du handicap deux priorités de son quinquennat.
C'est à tous ces malades et blessés qu'est destiné l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière. L'amélioration de la qualité de leurs soins et de leurs traitements ne peut s'obtenir qu'en faisant travailler ensemble toutes les disciplines médicales concernées.
Je connais votre engagement, je suis persuadé que nous partageons tous ici cette même conviction et que tous ensemble nous nous réussirons.
Je remercie encore François d'Aubert, le ministre de la Recherche, qui avec toute son équipe travaille sur ces sujets. Je voudrais me retourner vers Michael Schumacher et Jean Todt et encore remercier ce couple gagnant à la fois pour la course automobile, mais aussi pour l'espoir des malades.
Je vous remercie et vous invite, Madame la directrice générale et Monsieur Saillant, à venir signer la convention.

(Source http://www.sante.gouv.fr, le 8 décembre 2004)