Texte intégral
Q - A trois jours de cette réunion décisive des chefs d'État et de gouvernement, où en est le dossier turc ?
R - Nous sommes dans des discussions difficiles pour déterminer dans quelles conditions, avec quelles précautions, avec quelles garanties, ces négociations d'adhésion pourraient être ouvertes vendredi, par les chefs d'État et de gouvernement. Des négociations d'adhésion peuvent durer très longtemps, 10 ou 15 ans, et elles ne sont pas une décision d'adhésion, il s'en faut de beaucoup.
Ce que nous souhaitons, c'est bien sûr que ces négociations, si elles sont ouvertes, réussissent. Nous avons l'objectif de la réussite, le moment venu, de ces négociations et donc de l'adhésion de la Turquie. Cela voudra dire qu'elle respectera totalement, définitivement, tous les critères, démocratique, politique, économique qui sont ceux des membres de l'Union européenne. Mais ce processus n'est pas écrit d'avance, cette issue-là, que nous souhaitons, n'est pas garantie et si nous ne parvenons pas à cette décision le moment venu, alors peut-être, il faudra prévoir un autre lien, une autre forme de lien, entre la Turquie et l'Union européenne.
C'est tout cela qui est en discussion. Et les citoyens qui sont inquiets, qui se posent des questions, même ceux qui y sont favorables, doivent se dire que nous faisons les choses sérieusement, rigoureusement, que ce processus sera très long et, au terme de ce processus, comme l'a proposé Jacques Chirac, ce sont les Français qui décideront par un référendum finalement.
Q - Mais, les sondages récents donnent à penser qu'une très grande majorité des citoyens d'Europe sont opposés, pas seulement en France, à cette adhésion ?
R - Oui, nous entendons ces sondages. Les mêmes sondages, par exemple en France il y a quelques jours, disaient qu'en étant inquiets ou opposés à l'adhésion de la Turquie, une majorité de Français était favorable à des négociations d'adhésion, voilà la différence.
Il faut prendre le temps de mener ce processus et aussi remettre les choses en perspective. Quel est notre intérêt ? La Turquie est là, au sud-est de l'Union européenne. C'est un grand pays, à la charnière entre notre continent et celui qui est en face, de l'autre côté du Bosphore.
Ce serait une frontière définitive de l'Union européenne. Notons que cette frontière peut être faite à l'intérieur de l'Union européenne ou à l'extérieur. Si elle est à l'intérieur, la Turquie sera plus stable, plus démocratique, elle sera engagée avec nous. Si elle est à l'extérieur, nous ne sommes sûrs de rien, elle peut choisir un autre modèle, elle peut être moins démocratique et plus instable. Quel est notre intérêt ? Je souhaite vraiment que l'on se pose cette question, simplement, comme je la pose, et que l'on apporte la réponse la plus sereine et la plus objective possible.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 décembre 2004)
R - Nous sommes dans des discussions difficiles pour déterminer dans quelles conditions, avec quelles précautions, avec quelles garanties, ces négociations d'adhésion pourraient être ouvertes vendredi, par les chefs d'État et de gouvernement. Des négociations d'adhésion peuvent durer très longtemps, 10 ou 15 ans, et elles ne sont pas une décision d'adhésion, il s'en faut de beaucoup.
Ce que nous souhaitons, c'est bien sûr que ces négociations, si elles sont ouvertes, réussissent. Nous avons l'objectif de la réussite, le moment venu, de ces négociations et donc de l'adhésion de la Turquie. Cela voudra dire qu'elle respectera totalement, définitivement, tous les critères, démocratique, politique, économique qui sont ceux des membres de l'Union européenne. Mais ce processus n'est pas écrit d'avance, cette issue-là, que nous souhaitons, n'est pas garantie et si nous ne parvenons pas à cette décision le moment venu, alors peut-être, il faudra prévoir un autre lien, une autre forme de lien, entre la Turquie et l'Union européenne.
C'est tout cela qui est en discussion. Et les citoyens qui sont inquiets, qui se posent des questions, même ceux qui y sont favorables, doivent se dire que nous faisons les choses sérieusement, rigoureusement, que ce processus sera très long et, au terme de ce processus, comme l'a proposé Jacques Chirac, ce sont les Français qui décideront par un référendum finalement.
Q - Mais, les sondages récents donnent à penser qu'une très grande majorité des citoyens d'Europe sont opposés, pas seulement en France, à cette adhésion ?
R - Oui, nous entendons ces sondages. Les mêmes sondages, par exemple en France il y a quelques jours, disaient qu'en étant inquiets ou opposés à l'adhésion de la Turquie, une majorité de Français était favorable à des négociations d'adhésion, voilà la différence.
Il faut prendre le temps de mener ce processus et aussi remettre les choses en perspective. Quel est notre intérêt ? La Turquie est là, au sud-est de l'Union européenne. C'est un grand pays, à la charnière entre notre continent et celui qui est en face, de l'autre côté du Bosphore.
Ce serait une frontière définitive de l'Union européenne. Notons que cette frontière peut être faite à l'intérieur de l'Union européenne ou à l'extérieur. Si elle est à l'intérieur, la Turquie sera plus stable, plus démocratique, elle sera engagée avec nous. Si elle est à l'extérieur, nous ne sommes sûrs de rien, elle peut choisir un autre modèle, elle peut être moins démocratique et plus instable. Quel est notre intérêt ? Je souhaite vraiment que l'on se pose cette question, simplement, comme je la pose, et que l'on apporte la réponse la plus sereine et la plus objective possible.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 décembre 2004)