Texte intégral
Q- A. Hausser-. Vous recevez, demain, le Président chinois à déjeuner au Sénat, pas dans l'hémicycle. Il n'y a pas eu de protestations dans votre Maison ?
R- "Non, nous avons d'excellentes relations avec la République chinoise. J'ai eu l'occasion de recevoir son prédécesseur, M. Jiang Zemin, qui d'ailleurs à l'époque, m'avait présenté celui qui apparaissait comme son successeur, M. Hu Jintao. Hu Jintao vient en France, je le reçois à déjeuner. Déjeuner auquel sont invités tous les représentants des groupes parlementaires siégeant au Sénat. "
Q- Ils ont tous répondu favorablement ?
R- "Oui. Au cours de ce déjeuner, un dialogue s'engagera, et on pourra très librement échanger nos appréciations sur tel ou tel sujet."
Q- Vous-même, vous lui parlerez des droits de l'homme ?
R- "J'y ferai allusion, bien évidemment. Je crois que, dans le cadre d'une relation comme celle-ci, et entre personnes qui se respectent, il faut dire la vérité. Par conséquent, c'est vrai qu'il y a des efforts à faire. Mais je n'oublie pas que la Chine est un grand pays, un pays fascinant, un pays qui se développe économiquement, avec lequel nous ne pouvons pas ne pas avoir d'excellentes relations. Quand je regarde l'attitude d'autres pays, qui se déclarent très démocratiques, les efforts qu'ils font en direction de la Chine ne me laissent pas indifférents."
Q- Vous parlez d'échanges économiques. Hier, s'est tenu au Sénat, un colloque franco-américain, avec des chefs d'entreprise des deux pays. Vous avez l'ambition de faire du Sénat, la Maison des entrepreneurs, alors qu'on pense plutôt à La Maison des collectivités locales. C'est une transformation ?
R- "C'est la volonté exprimée, lorsque j'ai été porté par la confiance de mes collègues à la présidence du Sénat, j'ai souhaité que cette institution, envers laquelle on avait eu auparavant des propos inélégants, s'ouvre vers l'extérieur, et s'ouvre vers l'économie. De nombreux sénateurs, de toutes tendances, vont en stage dans les industries - entreprises grandes, moyennes et petites - afin de bien connaître ce milieu, afin de bien connaître les difficultés que peuvent rencontrer les entreprises..."
Q- C'est une minorité quand même.
R- "Non, il y en a 200/250 qui sont déjà allés en stage, et d'autres renouvellent leur stage. C'est extrêmement important. Je crois, de cette manière, on appréhende parfaitement les difficultés, la situation de nos entreprises, et on est à même de mieux légiférer. Hier, que s'est-il passé ? Il y avait dans l'hémicycle plus de 500 entrepreneurs - 500 ! de toutes régions de France. Le Premier ministre et quelques membres du Gouvernement ..."
Q- Combien d'Américains ?
R- "Il y avait une vingtaine, mais je vais revenir sur les Américains..."
Q- Oui, mais je voudrais qu'on parle des relations franco-américaines.
R- "Oui, je vais y revenir mais vous m'avez interrogé, c'est important. Il y avait une vingtaine d'Américains qui étaient présents et 500 entrepreneurs ont pu interroger directement le Premier ministre et ses ministres. C'est exceptionnel, c'est la première fois qu'au sein de l'hémicycle, les entrepreneurs viennent siéger. Alors, je reviens maintenant à nos amis américains. Cet après-midi, nous aurons une rencontre avec 20 entrepreneurs américains et 20 entrepreneurs français et la présence du secrétaire d'Etat au Commerce international. C'est une volonté de travailler à l'apaisement des tensions qui pouvaient exister, sur différents sujets, entre les Etats-Unis et la France. Nous sommes des alliés depuis très longtemps, nous partageons les mêmes valeurs, nous avons combattu. Donc, par conséquent, il faut essayer - et l'entreprise me paraît un lieu bien choisi - de rapprocher les points de vue."
Q- Les réactions commerciales ont-elles vraiment souffert ? Parce que les statistiques ne le montrent pas. Cela s'est-il passé au niveau épidermique avec des petits boycotts par ci, par là, mais ce qui ne s'est pas vraiment traduit dans les faits.
R- "Cela ne s'est pas traduit dans les faits, mais il était nécessaire de procéder à ce rapprochement. Et j'ai été heureux que de nombreux industriels américains - il fallait limiter le nombre - répondent positivement à cette invitation, qu'un membre du gouvernement américain vienne y participer, lequel a d'ailleurs été particulièrement intéressé, hier, aux travaux qui se sont passés dans l'hémicycle. Il nous a même demandé si nous pouvions accepter d'aller chez lui pour pouvoir y créer, bien sûr, un débat identique à celui qui a eu lieu hier au sein de l'hémicycle du Sénat."
Q- Ils ont besoin des Français pour ça ! S'agissant du capitalisme français et des entreprises françaises, il y a cette OPA de Sanofi-Synthelabo sur Aventis. C'est un signe de vitalité pour vous, alors que l'on dit par ailleurs que plus de 10 000 emplois seraient menacés ?
R- "Je ne sais pas, je ne connais pas le sujet dans le détail. Pour l'instant, l'OPA n'a pas encore eu lieu, elle est lancée. Et je pense que c'est une bonne initiative que de créer un grand groupe pharmaceutique français. Par conséquent, il est nécessaire que nous soyons présents dans ce domaine industriel."
Q- Ce matin, tous les partis de gauche, qui ont été au gouvernement, lancent un appel au Gouvernement dans les journaux régionaux, contre la régression sociale que dénonçait justement L. Fabius, hier. Ils demandent que l'on rejette le rapport Virville qui prévoit la création de "contrats de mission". Que pensez-vous de cet appel ?
R- "L'opposition est dans son rôle en agissant ainsi. Mais je crois que là, on brandit un chiffon rouge, alors même qu'il n'y a encore pas eu de négociations, de dialogue engagé avec les représentants du monde du travail. Une étude a été faite, des orientations sont données. Laissons aux ministres et aux organisations syndicales..."
Q- Vous approuvez ces orientations personnellement ?
R- "Je n'ai pas approuvé, moi, les emplois-jeunes qui étaient des emplois précaires, d'autant plus que ces emplois-jeunes n'étaient pas accompagnés d'une formation. Et aujourd'hui, au bout de cinq ans, ces jeunes se trouvent, ayant pris de l'âge, sans activité. Je crois que ce n'était pas une bonne formule. Alors, si cela peut permettre à des personnes, après une période déterminée, d'entrer de manière définitive dans l'activité, c'est une bonne formule. D'ailleurs, cette formule je l'ai moi-même expérimentée dans le département des Vosges."
Q- Et cela a marché ?
R- "Et ça a marché."
Q- Les contrats de mission, vous êtes pour, contre ?
R- "Je ne connais pas suffisamment le sujet pour porter un jugement de valeur."
Q- Le débat sur la laïcité : l'Assemblée nationale va être saisie du texte la semaine prochaine, avec une formule de débat originale. D'abord, vous êtes toujours favorable à la loi ?
R- "Oui. Ecoutez, trêve un peu de toutes ces petites phrases, de ces caricatures, de cas fantasmes ! Revenons au départ. Le départ, ce sont les conclusions de la mission Stasi, qui, je le rappelle, a siégé au Sénat. Par conséquent, il faut donner un coup d'arrêt à cette dérive communautariste. La France n'est pas une fédération de communautés ! La France est une communauté de citoyens. Par conséquent, il est nécessaire et indispensable de protéger la neutralité de l'école, du collège et du lycée, là où les jeunes font l'apprentissage d'être citoyens démocrates demain."
Q- Lorsque la loi viendra au Sénat, avez-vous aussi l'intention de donner la parole à tout le monde, comme on le fera à l'Assemblée la semaine prochaine ? Tout le monde pourra s'exprimer, il n'y aura pas de comptage par groupe.
R- "Non, je ne pense pas que... Pourquoi voulez-vous qu'on limite l'intervention du Sénat ? A ce jour, je n'ai entendu aucune intention de cette nature, à savoir qu'on limiterait le temps de parole. Chacun pourra s'exprimer. Le débat sera organisé, bien évidemment. Le débat se déroulera, je pense, dans une grande sérénité. Les sénateurs sont sages, ils ont pu dialoguer avec les membres de la Commission Stasi puisque, je l'ai rappelé, celle-ci a siégé au Sénat. Ils se rendent bien compte qu'il est temps de donner un coup d'arrêt à cette dérive."
Q- Ils veulent amender le texte ?
R- "Je ne sais pas. Pour l'instant, il n'y a pas d'amendement. Je ne sais pas si le Gouvernement acceptera les amendements. Pour ma part, je souhaite qu'on n'ouvre pas la boîte de Pandore."
Q- J.-P. Raffarin gère-t-il bien le pays ?
R - "Oui. Je pense que J.-P. Raffarin donne l'exemple de la volonté, de la persévérance. Il veut réformer ce pays. C'est difficile de réformer ce pays, parce qu'il y a des pesanteurs sociologiques qui sont très fortes. Il y a les corporatismes qui sont très forts. Il avance, lentement, c'est vrai, mais il progresse. Les retraites ; il s'engage, aujourd'hui, dans une réforme de la Sécurité sociale... qui ont été sans cesse remises. Alors il faut bien qu'à un moment donné on traite le problème."
(Source : premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 janvier 2004)
R- "Non, nous avons d'excellentes relations avec la République chinoise. J'ai eu l'occasion de recevoir son prédécesseur, M. Jiang Zemin, qui d'ailleurs à l'époque, m'avait présenté celui qui apparaissait comme son successeur, M. Hu Jintao. Hu Jintao vient en France, je le reçois à déjeuner. Déjeuner auquel sont invités tous les représentants des groupes parlementaires siégeant au Sénat. "
Q- Ils ont tous répondu favorablement ?
R- "Oui. Au cours de ce déjeuner, un dialogue s'engagera, et on pourra très librement échanger nos appréciations sur tel ou tel sujet."
Q- Vous-même, vous lui parlerez des droits de l'homme ?
R- "J'y ferai allusion, bien évidemment. Je crois que, dans le cadre d'une relation comme celle-ci, et entre personnes qui se respectent, il faut dire la vérité. Par conséquent, c'est vrai qu'il y a des efforts à faire. Mais je n'oublie pas que la Chine est un grand pays, un pays fascinant, un pays qui se développe économiquement, avec lequel nous ne pouvons pas ne pas avoir d'excellentes relations. Quand je regarde l'attitude d'autres pays, qui se déclarent très démocratiques, les efforts qu'ils font en direction de la Chine ne me laissent pas indifférents."
Q- Vous parlez d'échanges économiques. Hier, s'est tenu au Sénat, un colloque franco-américain, avec des chefs d'entreprise des deux pays. Vous avez l'ambition de faire du Sénat, la Maison des entrepreneurs, alors qu'on pense plutôt à La Maison des collectivités locales. C'est une transformation ?
R- "C'est la volonté exprimée, lorsque j'ai été porté par la confiance de mes collègues à la présidence du Sénat, j'ai souhaité que cette institution, envers laquelle on avait eu auparavant des propos inélégants, s'ouvre vers l'extérieur, et s'ouvre vers l'économie. De nombreux sénateurs, de toutes tendances, vont en stage dans les industries - entreprises grandes, moyennes et petites - afin de bien connaître ce milieu, afin de bien connaître les difficultés que peuvent rencontrer les entreprises..."
Q- C'est une minorité quand même.
R- "Non, il y en a 200/250 qui sont déjà allés en stage, et d'autres renouvellent leur stage. C'est extrêmement important. Je crois, de cette manière, on appréhende parfaitement les difficultés, la situation de nos entreprises, et on est à même de mieux légiférer. Hier, que s'est-il passé ? Il y avait dans l'hémicycle plus de 500 entrepreneurs - 500 ! de toutes régions de France. Le Premier ministre et quelques membres du Gouvernement ..."
Q- Combien d'Américains ?
R- "Il y avait une vingtaine, mais je vais revenir sur les Américains..."
Q- Oui, mais je voudrais qu'on parle des relations franco-américaines.
R- "Oui, je vais y revenir mais vous m'avez interrogé, c'est important. Il y avait une vingtaine d'Américains qui étaient présents et 500 entrepreneurs ont pu interroger directement le Premier ministre et ses ministres. C'est exceptionnel, c'est la première fois qu'au sein de l'hémicycle, les entrepreneurs viennent siéger. Alors, je reviens maintenant à nos amis américains. Cet après-midi, nous aurons une rencontre avec 20 entrepreneurs américains et 20 entrepreneurs français et la présence du secrétaire d'Etat au Commerce international. C'est une volonté de travailler à l'apaisement des tensions qui pouvaient exister, sur différents sujets, entre les Etats-Unis et la France. Nous sommes des alliés depuis très longtemps, nous partageons les mêmes valeurs, nous avons combattu. Donc, par conséquent, il faut essayer - et l'entreprise me paraît un lieu bien choisi - de rapprocher les points de vue."
Q- Les réactions commerciales ont-elles vraiment souffert ? Parce que les statistiques ne le montrent pas. Cela s'est-il passé au niveau épidermique avec des petits boycotts par ci, par là, mais ce qui ne s'est pas vraiment traduit dans les faits.
R- "Cela ne s'est pas traduit dans les faits, mais il était nécessaire de procéder à ce rapprochement. Et j'ai été heureux que de nombreux industriels américains - il fallait limiter le nombre - répondent positivement à cette invitation, qu'un membre du gouvernement américain vienne y participer, lequel a d'ailleurs été particulièrement intéressé, hier, aux travaux qui se sont passés dans l'hémicycle. Il nous a même demandé si nous pouvions accepter d'aller chez lui pour pouvoir y créer, bien sûr, un débat identique à celui qui a eu lieu hier au sein de l'hémicycle du Sénat."
Q- Ils ont besoin des Français pour ça ! S'agissant du capitalisme français et des entreprises françaises, il y a cette OPA de Sanofi-Synthelabo sur Aventis. C'est un signe de vitalité pour vous, alors que l'on dit par ailleurs que plus de 10 000 emplois seraient menacés ?
R- "Je ne sais pas, je ne connais pas le sujet dans le détail. Pour l'instant, l'OPA n'a pas encore eu lieu, elle est lancée. Et je pense que c'est une bonne initiative que de créer un grand groupe pharmaceutique français. Par conséquent, il est nécessaire que nous soyons présents dans ce domaine industriel."
Q- Ce matin, tous les partis de gauche, qui ont été au gouvernement, lancent un appel au Gouvernement dans les journaux régionaux, contre la régression sociale que dénonçait justement L. Fabius, hier. Ils demandent que l'on rejette le rapport Virville qui prévoit la création de "contrats de mission". Que pensez-vous de cet appel ?
R- "L'opposition est dans son rôle en agissant ainsi. Mais je crois que là, on brandit un chiffon rouge, alors même qu'il n'y a encore pas eu de négociations, de dialogue engagé avec les représentants du monde du travail. Une étude a été faite, des orientations sont données. Laissons aux ministres et aux organisations syndicales..."
Q- Vous approuvez ces orientations personnellement ?
R- "Je n'ai pas approuvé, moi, les emplois-jeunes qui étaient des emplois précaires, d'autant plus que ces emplois-jeunes n'étaient pas accompagnés d'une formation. Et aujourd'hui, au bout de cinq ans, ces jeunes se trouvent, ayant pris de l'âge, sans activité. Je crois que ce n'était pas une bonne formule. Alors, si cela peut permettre à des personnes, après une période déterminée, d'entrer de manière définitive dans l'activité, c'est une bonne formule. D'ailleurs, cette formule je l'ai moi-même expérimentée dans le département des Vosges."
Q- Et cela a marché ?
R- "Et ça a marché."
Q- Les contrats de mission, vous êtes pour, contre ?
R- "Je ne connais pas suffisamment le sujet pour porter un jugement de valeur."
Q- Le débat sur la laïcité : l'Assemblée nationale va être saisie du texte la semaine prochaine, avec une formule de débat originale. D'abord, vous êtes toujours favorable à la loi ?
R- "Oui. Ecoutez, trêve un peu de toutes ces petites phrases, de ces caricatures, de cas fantasmes ! Revenons au départ. Le départ, ce sont les conclusions de la mission Stasi, qui, je le rappelle, a siégé au Sénat. Par conséquent, il faut donner un coup d'arrêt à cette dérive communautariste. La France n'est pas une fédération de communautés ! La France est une communauté de citoyens. Par conséquent, il est nécessaire et indispensable de protéger la neutralité de l'école, du collège et du lycée, là où les jeunes font l'apprentissage d'être citoyens démocrates demain."
Q- Lorsque la loi viendra au Sénat, avez-vous aussi l'intention de donner la parole à tout le monde, comme on le fera à l'Assemblée la semaine prochaine ? Tout le monde pourra s'exprimer, il n'y aura pas de comptage par groupe.
R- "Non, je ne pense pas que... Pourquoi voulez-vous qu'on limite l'intervention du Sénat ? A ce jour, je n'ai entendu aucune intention de cette nature, à savoir qu'on limiterait le temps de parole. Chacun pourra s'exprimer. Le débat sera organisé, bien évidemment. Le débat se déroulera, je pense, dans une grande sérénité. Les sénateurs sont sages, ils ont pu dialoguer avec les membres de la Commission Stasi puisque, je l'ai rappelé, celle-ci a siégé au Sénat. Ils se rendent bien compte qu'il est temps de donner un coup d'arrêt à cette dérive."
Q- Ils veulent amender le texte ?
R- "Je ne sais pas. Pour l'instant, il n'y a pas d'amendement. Je ne sais pas si le Gouvernement acceptera les amendements. Pour ma part, je souhaite qu'on n'ouvre pas la boîte de Pandore."
Q- J.-P. Raffarin gère-t-il bien le pays ?
R - "Oui. Je pense que J.-P. Raffarin donne l'exemple de la volonté, de la persévérance. Il veut réformer ce pays. C'est difficile de réformer ce pays, parce qu'il y a des pesanteurs sociologiques qui sont très fortes. Il y a les corporatismes qui sont très forts. Il avance, lentement, c'est vrai, mais il progresse. Les retraites ; il s'engage, aujourd'hui, dans une réforme de la Sécurité sociale... qui ont été sans cesse remises. Alors il faut bien qu'à un moment donné on traite le problème."
(Source : premier ministre, Service d'information du gouvernement, le 28 janvier 2004)