Texte intégral
Q- Vous allez rejoindre tout à l'heure l'université d'été du Front national, qui s'ouvre aujourd'hui, et pour trois jours à Enghien, près de Paris. En même temps, à Orange, dans le Vaucluse, une partie des élus et des militants organisent une autre université d'été du Front national, autour de J. Bompard, le maire de cette ville. Il y a une fracture interne au Front national en somme ?
R- "Non, ce n'est pas une fracture interne. Mais je crois que M. Bompard et M. Antony prennent un peu la responsabilité de cette petite division. Ils pensent peut être qu'on est assez fort pour se le permettre. Je ne le pense pas. J'aurais préféré que tout le monde vienne à l'université d'été du Front national."
Q- B. Antony, qui est avec J. Bompard, l'organisateur, présenté comme un catholique traditionaliste. Voyez-vous un courant d'idées autour d'eux qui vous séparerait
d'eux ?
R - "Non, très honnêtement, il ne me semble pas. Il me semble qu'il y a eu un certain nombre d'aigreurs à la suite des investitures aux élections européennes, et que c'est tout. Parce que sur le fond, il y a somme toute, très peu de différences. J'ai d'ailleurs toujours beaucoup de mal à savoir qu'est-ce que réellement, on me reproche, du coté des "orangistes" - c'est comme cela qu'on dit maintenant !? Je n'arrive pas à savoir."
Q- Ils disent par exemple qu'ils apportent une réponse à un désir de participation et de débats, alors que le Front national est sclérosé.
R - "Ah bon ? Depuis quand alors ? Depuis quinze jours ? Parce qu'ils sont au bureau politique depuis de très nombreuses années. Or, au bureau politique on peut toujours prendre la parole, encore faut-il y venir..."
Q- On a quand même l'impression que c'est vous qui êtes visée..
R - "Ah, ce n'est pas qu'une impression ! Manifestement, je fais les frais, encore une fois, de regrets, d'aigreurs, peut être d'une certaine impatience de leur part. Mais j'aimerais savoir qu'elles sont réellement, sur le fond, les critiques qui me sont formulées. Je crois avoir donné beaucoup de mon énergie au Front national depuis deux ans, avec au moins un peu de positif. On peut l'admettre. Donc, voilà. Qu'ils nous expliquent exactement ce qu'ils reprochent au Front national, ce qu'ils reprochent à sa tactique, ce qu'ils me reprochent à moi. Et nous pourrons engager un débat. Pour l'instant, je reçois des insultes, je reçois des injures. Et le débat s'arrête là."
Q- Ceci dit, ils pensent peut-être être fermes sur les thèmes traditionnels du Front national, alors que vous, vous êtes peut être dans une logique d'ouverture. Vous avez pris des positions : par exemple, vous ne vous êtes pas prononcée pour l'abolition de la loi sur l'avortement.
R - "Non, pas plus d'ailleurs que le groupe des députés à l'Assemblée nationale du Front national, entre 1986 et 88, qui avait déposé une proposition de loi tendant à voir supprimer le remboursement de l'avortement non thérapeutique - pas tendant à voir abroger la loi Weil. Je n'ai jamais entendu M. Antony ou M. Bompard critiquer vertement cette action, ni à l'époque, ni depuis. Donc, je crois que quand on veut éliminer son chien, on l'accuse de la rage."
Q- Comment le Front national doit-il réagir à votre avis ?
R - "Il ne doit pas réagir. Voilà, ils feront leur université d'été, c'est bien, nous verrons ce qu'il en sortira. Ce qui nous importe, c'est la nôtre. Et puis surtout, je vais vous dire, ce qui nous importe, ce sont les mois qui viennent dans lesquels nous allons engager de grands travaux en vue des présidentielles et des législatives, puisque ce sont ces deux enjeux politiques qui vont nous occuper dans les mois qui viennent."
Q- Est-ce la perspective de la succession de J.-M. Le Pen qui provoque tous ces remous ?
R - "Oui, probablement. C'est ce que je vous ai dit tout à l'heure : pour le moment, ils sont pressés, ils sont impatients. Ils pensent que si quelqu'un d'autre que J.-M. Le Pen était à la fête du Front national, ils auraient la place qu'ils croient devoir mériter. Il va falloir qu'ils attendent !"
Q- Vous pensez sans doute que le mieux, finalement, c'est que vous preniez la tête du Front national le moment venu, parce que les gens aigris, ce n'est pas le mieux non?
R - "Non, pas du tout. Je crois que "le mieux", c'est que tout le monde se mette au travail, comme je le fais depuis deux ans et comme nous allons encore le faire en vue des élections présidentielles. Et puis, eh bien, qu'ils prennent patience."
Q- Le ministre de l'intérieur, D. de Villepin, a écrit aux partis politiques pour les consulter sur les dates des présidentielles, parce qu'il y a beaucoup d'élections en 2007. On pourrait par exemple reporter les municipales en 2008. Le Front national est-il consulté là-dessus ?
R - "Oui, le Front national est consulté. Il va rencontrer M. de Villepin. Je m'en félicite, même si, somme toute, il s'agit là de la normalité. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Nous n'avons pas toujours été consultés, nous avons souvent été écartés de ce type de consultation, ce qui était extrêmement méprisant pour les millions d'électeurs du Front national."
Q- Et vous apporterez des idées sur ce calendrier électoral ?
R - "Bien sûr !"
Q- Les 35 heures sont à l'ordre du jour. Le Gouvernement entame aujourd'hui les conversations avec les partenaires sociaux. Etes-vous pour un assouplissement, au minimum, de cette loi des 35 heures ?
R - "Je crois qu'il faut arrêter de faire de la politique au minimum justement. Je pense que quand une loi est mauvaise, eh bien, il faut revenir sur cette loi. Il faut la supprimer. C'est d'ailleurs ce qu'avait promis l'UMP lors des élections législatives dernières. C'était une promesse électorale de l'UMP. Enfin, les promesses électorales de l'UMP, on sait ce que ça vaut. Donc on n'en attendait pas plus. Mais il est évident que cette loi est mauvaise, que manifestement, elle a été un point très négatif, notamment pour beaucoup d'ouvriers, qui, je le lisais encore dans un quotidien ce matin, disent qu'ils veulent travailler plus pour gagner plus. Il faut leur permettre de travailler plus pour gagner plus. Nous sommes, nous, résolument pour la liberté du travail."
Q- Quelles impressions vous font les cérémonies d'anniversaire de la Libération, soixante ans après ? Avez-vous été tentée d'aller danser habillée à la mode de
1944 ?
R - "J'aurais bien aimé, voyez-vous ! Si je ne m'étais pas levée aussi tôt pour venir vous voir ce matin peut être je serais allée faire un tour ! J'ai vu les images ce matin à la télévision, cela me paraissait très sympathique. Cela s'est fait dans la liesse. C'est dommage que le temps d'ailleurs n'ait pas été au rendez-vous. Ce que je regrette un peu, c'est l'utilisation idéologique de ces commémorations par un certain nombre d'élus de gauche qui, me paraît-il, et notamment M. Delanoë, rendent systématiquement hommage à leurs amis communistes, en tentant de faire croire aux Français, notamment aux jeunes générations, que la Résistance, c'était uniquement les communistes."
Q- Vous ne pouvez pas gommer le rôle dans la Libération, des communistes en
1944 ?
R- "Vous savez, je ne suis pas quelqu'un d'excès. Par conséquent, ce n'est pas ou tout l'un ou tout l'autre. Je crois qu'on peut parfaitement indiquer quel a été le rôle d'un certain nombre. On peut aussi rappeler que, dans une très grande majorité de cas, les communistes ne se sont engagés contre les nazis que lorsque les nazis se sont attaqués aux soviétiques..."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2004)
R- "Non, ce n'est pas une fracture interne. Mais je crois que M. Bompard et M. Antony prennent un peu la responsabilité de cette petite division. Ils pensent peut être qu'on est assez fort pour se le permettre. Je ne le pense pas. J'aurais préféré que tout le monde vienne à l'université d'été du Front national."
Q- B. Antony, qui est avec J. Bompard, l'organisateur, présenté comme un catholique traditionaliste. Voyez-vous un courant d'idées autour d'eux qui vous séparerait
d'eux ?
R - "Non, très honnêtement, il ne me semble pas. Il me semble qu'il y a eu un certain nombre d'aigreurs à la suite des investitures aux élections européennes, et que c'est tout. Parce que sur le fond, il y a somme toute, très peu de différences. J'ai d'ailleurs toujours beaucoup de mal à savoir qu'est-ce que réellement, on me reproche, du coté des "orangistes" - c'est comme cela qu'on dit maintenant !? Je n'arrive pas à savoir."
Q- Ils disent par exemple qu'ils apportent une réponse à un désir de participation et de débats, alors que le Front national est sclérosé.
R - "Ah bon ? Depuis quand alors ? Depuis quinze jours ? Parce qu'ils sont au bureau politique depuis de très nombreuses années. Or, au bureau politique on peut toujours prendre la parole, encore faut-il y venir..."
Q- On a quand même l'impression que c'est vous qui êtes visée..
R - "Ah, ce n'est pas qu'une impression ! Manifestement, je fais les frais, encore une fois, de regrets, d'aigreurs, peut être d'une certaine impatience de leur part. Mais j'aimerais savoir qu'elles sont réellement, sur le fond, les critiques qui me sont formulées. Je crois avoir donné beaucoup de mon énergie au Front national depuis deux ans, avec au moins un peu de positif. On peut l'admettre. Donc, voilà. Qu'ils nous expliquent exactement ce qu'ils reprochent au Front national, ce qu'ils reprochent à sa tactique, ce qu'ils me reprochent à moi. Et nous pourrons engager un débat. Pour l'instant, je reçois des insultes, je reçois des injures. Et le débat s'arrête là."
Q- Ceci dit, ils pensent peut-être être fermes sur les thèmes traditionnels du Front national, alors que vous, vous êtes peut être dans une logique d'ouverture. Vous avez pris des positions : par exemple, vous ne vous êtes pas prononcée pour l'abolition de la loi sur l'avortement.
R - "Non, pas plus d'ailleurs que le groupe des députés à l'Assemblée nationale du Front national, entre 1986 et 88, qui avait déposé une proposition de loi tendant à voir supprimer le remboursement de l'avortement non thérapeutique - pas tendant à voir abroger la loi Weil. Je n'ai jamais entendu M. Antony ou M. Bompard critiquer vertement cette action, ni à l'époque, ni depuis. Donc, je crois que quand on veut éliminer son chien, on l'accuse de la rage."
Q- Comment le Front national doit-il réagir à votre avis ?
R - "Il ne doit pas réagir. Voilà, ils feront leur université d'été, c'est bien, nous verrons ce qu'il en sortira. Ce qui nous importe, c'est la nôtre. Et puis surtout, je vais vous dire, ce qui nous importe, ce sont les mois qui viennent dans lesquels nous allons engager de grands travaux en vue des présidentielles et des législatives, puisque ce sont ces deux enjeux politiques qui vont nous occuper dans les mois qui viennent."
Q- Est-ce la perspective de la succession de J.-M. Le Pen qui provoque tous ces remous ?
R - "Oui, probablement. C'est ce que je vous ai dit tout à l'heure : pour le moment, ils sont pressés, ils sont impatients. Ils pensent que si quelqu'un d'autre que J.-M. Le Pen était à la fête du Front national, ils auraient la place qu'ils croient devoir mériter. Il va falloir qu'ils attendent !"
Q- Vous pensez sans doute que le mieux, finalement, c'est que vous preniez la tête du Front national le moment venu, parce que les gens aigris, ce n'est pas le mieux non?
R - "Non, pas du tout. Je crois que "le mieux", c'est que tout le monde se mette au travail, comme je le fais depuis deux ans et comme nous allons encore le faire en vue des élections présidentielles. Et puis, eh bien, qu'ils prennent patience."
Q- Le ministre de l'intérieur, D. de Villepin, a écrit aux partis politiques pour les consulter sur les dates des présidentielles, parce qu'il y a beaucoup d'élections en 2007. On pourrait par exemple reporter les municipales en 2008. Le Front national est-il consulté là-dessus ?
R - "Oui, le Front national est consulté. Il va rencontrer M. de Villepin. Je m'en félicite, même si, somme toute, il s'agit là de la normalité. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Nous n'avons pas toujours été consultés, nous avons souvent été écartés de ce type de consultation, ce qui était extrêmement méprisant pour les millions d'électeurs du Front national."
Q- Et vous apporterez des idées sur ce calendrier électoral ?
R - "Bien sûr !"
Q- Les 35 heures sont à l'ordre du jour. Le Gouvernement entame aujourd'hui les conversations avec les partenaires sociaux. Etes-vous pour un assouplissement, au minimum, de cette loi des 35 heures ?
R - "Je crois qu'il faut arrêter de faire de la politique au minimum justement. Je pense que quand une loi est mauvaise, eh bien, il faut revenir sur cette loi. Il faut la supprimer. C'est d'ailleurs ce qu'avait promis l'UMP lors des élections législatives dernières. C'était une promesse électorale de l'UMP. Enfin, les promesses électorales de l'UMP, on sait ce que ça vaut. Donc on n'en attendait pas plus. Mais il est évident que cette loi est mauvaise, que manifestement, elle a été un point très négatif, notamment pour beaucoup d'ouvriers, qui, je le lisais encore dans un quotidien ce matin, disent qu'ils veulent travailler plus pour gagner plus. Il faut leur permettre de travailler plus pour gagner plus. Nous sommes, nous, résolument pour la liberté du travail."
Q- Quelles impressions vous font les cérémonies d'anniversaire de la Libération, soixante ans après ? Avez-vous été tentée d'aller danser habillée à la mode de
1944 ?
R - "J'aurais bien aimé, voyez-vous ! Si je ne m'étais pas levée aussi tôt pour venir vous voir ce matin peut être je serais allée faire un tour ! J'ai vu les images ce matin à la télévision, cela me paraissait très sympathique. Cela s'est fait dans la liesse. C'est dommage que le temps d'ailleurs n'ait pas été au rendez-vous. Ce que je regrette un peu, c'est l'utilisation idéologique de ces commémorations par un certain nombre d'élus de gauche qui, me paraît-il, et notamment M. Delanoë, rendent systématiquement hommage à leurs amis communistes, en tentant de faire croire aux Français, notamment aux jeunes générations, que la Résistance, c'était uniquement les communistes."
Q- Vous ne pouvez pas gommer le rôle dans la Libération, des communistes en
1944 ?
R- "Vous savez, je ne suis pas quelqu'un d'excès. Par conséquent, ce n'est pas ou tout l'un ou tout l'autre. Je crois qu'on peut parfaitement indiquer quel a été le rôle d'un certain nombre. On peut aussi rappeler que, dans une très grande majorité de cas, les communistes ne se sont engagés contre les nazis que lorsque les nazis se sont attaqués aux soviétiques..."
(Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 26 août 2004)