Texte intégral
Le Quai d'Orsay n'a pas abandonné Haïti
M. Charles Najman a raison lorsqu'il écrit dans ces colonnes le 17 août, que la communauté internationale doit se mobiliser pour aider Haïti. Mais il a tort quand il dit qu'après "avoir joué un rôle non négligeable dans la résolution de la crise haïtienne, la France est malheureusement retombée dans un silence assourdissant". Je veux dire ici avec force que notre pays a conduit avec détermination une action en faveur d'Haïti qui ne s'est pas relâchée depuis le départ du président Aristide.
Tout d'abord, un fait qui en dit plus que de longs discours : alors qu'aucun ministre des Affaires étrangères français ne s'était rendu en Haïti depuis deux siècles, Mme Alliot-Marie puis moi-même avons fait, au cours des six derniers mois, le déplacement vers ce pays et mis ainsi un terme à une trop longue absence. Je me suis même rendu à deux reprises à Port-au-Prince, les 15 et 28 mai, en compagnie, notamment de l'écrivain René Depestre et, la deuxième fois, pour apporter le soutien de la France aux victimes des inondations qui ont touché Haïti comme la République voisine de Saint-Domingue.
Au-delà de ces déplacements, notre pays prend sa part dans le retour à la stabilité en Haïti. Le jour même de la démission de M. Aristide, la France, en étroite coopération avec les Etats-Unis, a fait adopter à l'unanimité par le Conseil de sécurité la décision de déployer dans ce pays une force intérimaire multinationale. Cette force, pour laquelle la France a mobilisé un millier de soldats pendant quatre mois, est parvenue à faire baisser considérablement le niveau des violences et des atteintes aux Droits de l'Homme.
Nos militaires ont accompli un travail remarquable, en apportant, en particulier, une aide immédiate aux populations sinistrées par les inondations. A présent, les casques bleus ont pris la relève de la force intérimaire pour poursuivre l'effort de retour à la sécurité dans le pays. Près de quatre-vingts de nos gendarmes et policiers présents dans cette force, encadrent la reconstruction de la police haïtienne.
Aujourd'hui, l'objectif est d'aider les citoyens haïtiens à reprendre confiance dans leur pays. C'est une tâche essentielle à laquelle nous prenons, là encore, toute notre part. Haïti, nous le savons tous, demeure l'un des pays les plus pauvres du monde : à une situation de profonde misère s'ajoute la terrible faiblesse de l'appareil d'Etat, marqué par de trop longues années de dictature. Dès ma prise de fonction en avril, j'ai fixé pour priorité à notre coopération avec Haïti la reconstruction des services de l'Etat dans des domaines clés comme la police, la justice, les finances publiques, le développement agricole ou encore l'éducation et la santé. La plupart de nos experts dans ces secteurs sont d'ores et déjà à pied d'oeuvre.
Je n'oublie pas l'accueil que m'ont fait les étudiants de l'université d'agronomie de Port-au-Prince et leurs professeurs, dans des bâtiments entièrement dévastés par les milices quelques semaines plus tôt.
Cette volonté de la France d'être aux côtés des Haïtiens dans leur entreprise de reconstruction se traduit encore par des actions ciblées vers les domaines les plus névralgiques. Aujourd'hui, ce qui fait le plus défaut en Haïti, c'est l'électricité. Chacun peut le constater en visitant Port-au-Prince, où, la nuit, les habitants de la ville se regroupent autour de bougies. Lorsqu'il est venu à Paris en mai, le Premier ministre, M. Gérard Latortue, a demandé au président qu'EDF puisse établir un audit de la société haïtienne d'électricité. L'audit est en cours, et j'ai personnellement obtenu qu'il soit financé par l'Agence française de développement. L'effort bilatéral de coopération engagé cette année par notre pays en faveur d'Haïti s'élève à 27 millions d'euros.
Un mot, enfin, de notre aide qui transite par l'Union européenne. L'Europe, qui avait pris des sanctions contre le gouvernement de M. Aristide, s'interdisait depuis deux ans toute coopération avec Haïti. Dès la formation du gouvernement de M. Latortue, la France a plaidé auprès de ses partenaires européens en faveur de la levée de ces sanctions. Nous avons été entendus : la Commission a annoncé, pour les quatre ans qui viennent, une contribution de 260 millions d'euros dont la France financera le quart. Dans quelques jours, Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, se rendra à ma demande en Haïti pour faire le point de l'ensemble de nos programmes bilatéraux avec nos partenaires haïtiens. Nous sommes à l'écoute, avec le souci d'aider à cette reconstruction politique et économique d'Haïti. Nous restons attentifs au travail des collectivités territoriales françaises - Suresnes, Strasbourg, la Savoie notamment - mais aussi des associations et fondations qui accompagnent au quotidien cette reconstruction.
Non, la France n'est ni silencieuse ni immobile ; elle est mobilisée aux côtés des Haïtiens pour assurer le succès d'une phase cruciale de l'histoire de ce pays et lui permettre de sortir d'une trop longue période d'instabilité et de misère.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 août 2004)
M. Charles Najman a raison lorsqu'il écrit dans ces colonnes le 17 août, que la communauté internationale doit se mobiliser pour aider Haïti. Mais il a tort quand il dit qu'après "avoir joué un rôle non négligeable dans la résolution de la crise haïtienne, la France est malheureusement retombée dans un silence assourdissant". Je veux dire ici avec force que notre pays a conduit avec détermination une action en faveur d'Haïti qui ne s'est pas relâchée depuis le départ du président Aristide.
Tout d'abord, un fait qui en dit plus que de longs discours : alors qu'aucun ministre des Affaires étrangères français ne s'était rendu en Haïti depuis deux siècles, Mme Alliot-Marie puis moi-même avons fait, au cours des six derniers mois, le déplacement vers ce pays et mis ainsi un terme à une trop longue absence. Je me suis même rendu à deux reprises à Port-au-Prince, les 15 et 28 mai, en compagnie, notamment de l'écrivain René Depestre et, la deuxième fois, pour apporter le soutien de la France aux victimes des inondations qui ont touché Haïti comme la République voisine de Saint-Domingue.
Au-delà de ces déplacements, notre pays prend sa part dans le retour à la stabilité en Haïti. Le jour même de la démission de M. Aristide, la France, en étroite coopération avec les Etats-Unis, a fait adopter à l'unanimité par le Conseil de sécurité la décision de déployer dans ce pays une force intérimaire multinationale. Cette force, pour laquelle la France a mobilisé un millier de soldats pendant quatre mois, est parvenue à faire baisser considérablement le niveau des violences et des atteintes aux Droits de l'Homme.
Nos militaires ont accompli un travail remarquable, en apportant, en particulier, une aide immédiate aux populations sinistrées par les inondations. A présent, les casques bleus ont pris la relève de la force intérimaire pour poursuivre l'effort de retour à la sécurité dans le pays. Près de quatre-vingts de nos gendarmes et policiers présents dans cette force, encadrent la reconstruction de la police haïtienne.
Aujourd'hui, l'objectif est d'aider les citoyens haïtiens à reprendre confiance dans leur pays. C'est une tâche essentielle à laquelle nous prenons, là encore, toute notre part. Haïti, nous le savons tous, demeure l'un des pays les plus pauvres du monde : à une situation de profonde misère s'ajoute la terrible faiblesse de l'appareil d'Etat, marqué par de trop longues années de dictature. Dès ma prise de fonction en avril, j'ai fixé pour priorité à notre coopération avec Haïti la reconstruction des services de l'Etat dans des domaines clés comme la police, la justice, les finances publiques, le développement agricole ou encore l'éducation et la santé. La plupart de nos experts dans ces secteurs sont d'ores et déjà à pied d'oeuvre.
Je n'oublie pas l'accueil que m'ont fait les étudiants de l'université d'agronomie de Port-au-Prince et leurs professeurs, dans des bâtiments entièrement dévastés par les milices quelques semaines plus tôt.
Cette volonté de la France d'être aux côtés des Haïtiens dans leur entreprise de reconstruction se traduit encore par des actions ciblées vers les domaines les plus névralgiques. Aujourd'hui, ce qui fait le plus défaut en Haïti, c'est l'électricité. Chacun peut le constater en visitant Port-au-Prince, où, la nuit, les habitants de la ville se regroupent autour de bougies. Lorsqu'il est venu à Paris en mai, le Premier ministre, M. Gérard Latortue, a demandé au président qu'EDF puisse établir un audit de la société haïtienne d'électricité. L'audit est en cours, et j'ai personnellement obtenu qu'il soit financé par l'Agence française de développement. L'effort bilatéral de coopération engagé cette année par notre pays en faveur d'Haïti s'élève à 27 millions d'euros.
Un mot, enfin, de notre aide qui transite par l'Union européenne. L'Europe, qui avait pris des sanctions contre le gouvernement de M. Aristide, s'interdisait depuis deux ans toute coopération avec Haïti. Dès la formation du gouvernement de M. Latortue, la France a plaidé auprès de ses partenaires européens en faveur de la levée de ces sanctions. Nous avons été entendus : la Commission a annoncé, pour les quatre ans qui viennent, une contribution de 260 millions d'euros dont la France financera le quart. Dans quelques jours, Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, se rendra à ma demande en Haïti pour faire le point de l'ensemble de nos programmes bilatéraux avec nos partenaires haïtiens. Nous sommes à l'écoute, avec le souci d'aider à cette reconstruction politique et économique d'Haïti. Nous restons attentifs au travail des collectivités territoriales françaises - Suresnes, Strasbourg, la Savoie notamment - mais aussi des associations et fondations qui accompagnent au quotidien cette reconstruction.
Non, la France n'est ni silencieuse ni immobile ; elle est mobilisée aux côtés des Haïtiens pour assurer le succès d'une phase cruciale de l'histoire de ce pays et lui permettre de sortir d'une trop longue période d'instabilité et de misère.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 août 2004)