Déclaration de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, sur le maquis de la forêt de Freteval pendant la Deuxième guerre mondiale, Villebout le 9 juillet 2004.

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Circonstance : Commémoration du 60ème anniversaire du camp de résistants de la forêt de Freteval, Villebout (Loir-et-Cher) le 9 juillet 2004

Texte intégral

Monsieur le préfet,
Monsieur le président du conseil général,
Monsieur le maire,
Mesdames et messieurs les élus,
Mesdames et messieurs les présidents d'association,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureux de me retrouver aujourd'hui parmi vous, à l'occasion de ce 60ème anniversaire du camp de la résistance de la forêt de Fréteval.
Vous m'avez fait un grand plaisir, cher Maurice Leroy, en me conviant à participer à la commémoration de l'épopée du maquis de Bellande.
L'histoire de l'installation clandestine, dans la forêt de Freteval, d'aviateurs alliés abattus par l'ennemi et recueillis et cachés par la Résistance, est en effet à proprement parler, épique.
Vous avez relaté, Monsieur le Président du Conseil général, et Monsieur le Maire, les circonstances à l'origine de ce fait d'armes unique dans les annales de la deuxième guerre mondiale, et son déroulement sur la période qui va d'avril à août 1944.
Vous avez montré, comment, quelques mois avant le débarquement allié, une page extraordinaire de la Résistance française s'est écrite, à la limite des deux départements de l'Eure et Loir et du Loir et Cher, avant de prendre fin peu de temps avant la libération de Paris.
Vous avez rappelé la somme de courage, de risques, et d'audaces inouïes qu'a représenté cette entreprise, dans laquelle, sans hésitation, les membres de la Résistance du Loir et Cher et de l'Eure et Loir se sont lancés.
Cette histoire, votre histoire, est l'incarnation de l'esprit de la Résistance, dans ce qu'il a de plus simple, de plus héroïque, et de plus grand.
C'est l'histoire d'un maquis français, situé entre Châteaudun et Vendôme, qui s'est constitué, comme tous les autres, avec ceux qui, souvent forts de leur seul courage et de leur foi, se sont engagés dans une lutte, au départ bien incertaine, contre l'occupant nazi.
Soldats sans uniforme, ils sont " une élite jaillie spontanément des profondeurs de la Nation " comme l'écrira le Général de Gaulle, qui se bat dans l'ombre pour la libération de la France, au prix d'immenses sacrifices.
C'est l'histoire du courage de ces quelque cent cinquante aviateurs alliés, Américains, Anglais, Canadiens, Australiens, Sud-Africains, Néo-zélandais et Belges.
Ils risquaient leur vie pour libérer l'Europe de l'implacable domination nazie.
Ils ont trouvé dans cette forêt un abri sûr, et la solidarité et bien souvent l'amitié des habitants de votre région, réunis avant l'heure dans une même armée alliée.
C'est aussi et surtout la belle histoire d'un succès : que tous ces aviateurs et les nombreux membres de la Résistance qui participaient à cette opération aient réussi à vivre pendant plusieurs mois sans que leur présence ne soie décelée, et sans que puisse être déplorée la perte d'une seule vie humaine, reste un exploit.
Il est des mystères douloureux, et Dieu sait combien de souffrances l'époque que nous évoquons, et votre région, ont connues.
Le camp de Freteval reste un mystère glorieux, et à ce titre un souvenir heureux.
Que sa mémoire reste gravée en nos esprits comme le symbole d'une espérance accomplie.
Que son exemple soit un encouragement pour nos plus jeunes, à croire en leur avenir et dans les efforts qu'ils entreprendront pour le forger, au nom des valeurs de liberté, de courage et de solidarité.
La ferveur populaire qui s'est manifestée durant les commémorations du 60éme anniversaire du débarquement de Normandie, a montré que jeunes et anciens ont su, à cette occasion, communier dans ces mêmes valeurs.
C'est pour moi, qui suis chargé de cette mission prioritaire de la transmission de la mémoire, extrêmement émouvant.
C'est aussi un formidable encouragement à poursuivre cette tâche à laquelle je me suis attelé, à mon arrivée au ministère des Anciens combattants il y a deux ans, avec une absolue conviction et une grande détermination.
Voir ces valeurs et les mérites de ceux qui les ont incarnés, aussi spontanément et pleinement reconnus, par cette jeunesse même à qui nous voulons transmettre cet héritage, est un magnifique hommage au sacrifice de ceux que nous honorons aujourd'hui.
Nous sommes entrés, le 6 juin dernier, avec les cérémonies du 60éme anniversaire du débarquement allié en Normandie, dans une année de commémorations de l'irrésistible avancée de la liberté sur le territoire français.
Elles nous feront passer de la Provence, à Paris, en août prochain, puis en Alsace, en novembre, dans les Ardennes, début 2005.
De nombreuses manifestations attesteront de notre détermination à ne pas oublier ces pages essentielles de notre histoire.
Non seulement pour exprimer notre reconnaissance à ceux qui se sont engagés et ont sacrifié leur jeunesse pour défendre les valeurs auxquelles ils croyaient : la liberté, la dignité, l'honneur, mais aussi pour convaincre les jeunes générations de la modernité des principes qui guidaient leur action.
Notre manifestation d'aujourd'hui est un de ces moments forts.
Elle veut rappeler, à jamais, que les hommes et les femmes qui ont agi dans la clandestinité, s'exposant à la mort en cas d'arrestation, ont mené le plus noble et le plus difficile des combats.
Honneur aux héros de la forêt de Freteval !
Honneur aux martyrs de la Résistance de l'Eure et Loir et du Loir et Cher !
Je vous remercie.
(Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 juillet 2004)