Entretien de M. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération, au développement et à la francophonie, avec Europe 1 le 6 janvier 2005, sur l'aide apportée par la France aux pays touchés par le raz de marée en Asie du Sud.

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Circonstance : Raz de marée en Asie du Sud, le 26 décembre 2004, consécutif à un séisme sous-marin et responsable du décès ou de la disparition de plusieurs dizaines de milliers de personnes

Média : Europe 1

Texte intégral

Q - Vous êtes le représentant de la France à Jakarta. Quelles sont vos premières impressions ?
R - D'abord, nous avons vu des films et entendu des témoignages bouleversants de la part des pays qui ont été les victimes au premier chef : je pense au Sri Lanka, à la Thaïlande, aux Maldives, à l'Indonésie. Et quelle que soit l'habitude qu'on ait des horreurs de ce monde, ce que nous avons vu était quand même très impressionnant. Colin Powell, qui n'était pas loin de moi, disait lui-même, alors qu'il a quand même connu d'autres situations plus périlleuses encore, plus terribles, qu'il n'avait jamais vu une chose pareille. Il y avait cet aspect qui était nécessaire pour que tous les délégués prennent conscience des enjeux. Ensuite, les Nations unies se sont beaucoup engagées. Kofi Annan a estimé à 977 millions de dollars l'aide immédiate d'urgence nécessaire qu'il faut collecter, sans compter ce qu'il faudra ensuite trouver pour reconstruire à moyen terme.
Q - Il y a un vrai souci de Kofi Annan : c'est toujours l'écart entre les promesses et la réalité des dons. Est-ce que la France va tenir ses promesses ?
R - Evidemment, la France va tenir ses promesses. La France s'est déjà engagée immédiatement à verser 48,8 millions d'euros, environ 50 millions d'euros. Et comme l'a dit hier le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, il est question de trouver à peu près la même somme - 50 millions d'euros de plus - à moyen terme, pour la reconstruction, pour les projets de reconstruction dont ces pays vont avoir besoin. Mais pour l'instant, on est encore dans l'urgence ; il faut bien que les gens en aient conscience. Ce qui se pose ici, ce sont encore des problèmes tout à fait immédiats d'adduction d'eau, de lutte contre les maladies endémiques, de récupération des corps, de mettre à l'abri des familles qui sont totalement sinistrées. Bref, nous sommes encore dans l'urgence.
Q - Est-ce qu'il n'y a pas quelque part, une compétition un peu macabre entre certains pays ? On a l'impression qu'il y a une course, presque une surenchère...
R - Ce qui est certain, c'est que l'émotion est gigantesque et qu'aucun pays ne veut donner l'impression qu'il traîne les pieds. Du coup, on a des chiffres qui circulent qui paraissent très élevés. Mais ces chiffres recouvrent soit l'aide immédiate, soit du travail à très long terme. Par exemple, j'ai entendu que les Allemands parlaient de 500 millions d'euros. Il est clair que ce n'est pas une somme qui va être débloquée tout de suite ; c'est une somme qui va être utilisée dans les mois ou dans les années qui viennent. Donc, il faut éviter en effet cette surenchère, il faut simplement dire ce que l'on peut faire tout de suite pour éviter que la catastrophe humanitaire ne s'aggrave, et ensuite discuter très calmement de la manière dont nous allons reconstruire les pays concernés. C'est d'ailleurs ce qui va se passer vendredi, dès demain après-midi, à Bruxelles, puisque les ministres des Affaires étrangères, dont Michel Barnier, les ministres de la Santé, les ministres de la Coopération, se verront au niveau européen pour éviter précisément cette surenchère que vous évoquez
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 janvier 2005)