Texte intégral
(Déclaration de Michel Barnier lors d'un point de presse conjoint avec M. Idriss Deby, président de la République du Tchad, à Abéché le 27 juillet 2004) :
Nous venons d'avoir, avec le président Deby, un premier entretien. Nous allons continuer ce dialogue au cours d'un dîner. Je souhaite lui dire devant vous et aux Tchadiens qui nous écoutent que j'ai été touché par la qualité de son accueil amical, chez lui à Abéché où j'ai tenu à venir pour cette première rencontre.
Monsieur le Président, votre pays est un pays ami de la France depuis très longtemps. C'est pour cette raison que je vous transmets un message d'amitié et de fidélité du président de la République Jacques Chirac et du gouvernement auquel j'appartiens. Vous êtes un interlocuteur et un partenaire privilégié et j'ai été heureux, pour ce premier entretien, de venir vous le dire personnellement, en ma qualité de nouveau ministre français des Affaires étrangères, ici chez vous. Bien sûr, nous avons beaucoup parlé au cours de cet entretien de la situation du Soudan et du Tchad, dans cette région proche du Darfour, et j'ai pu dire au président Deby ce que j'ai pu voir tout à l'heure à El-Facher où je me suis rendu.
Cette crise grave peut, si on n'y prend garde, déboucher sur une tragédie humanitaire. Si elle concerne bien sûr la région du Darfour et le Soudan, elle concerne, de plusieurs côtés, gravement le Tchad et les Tchadiens.
Vous disiez, Monsieur le Président, que ce sont près de 200.000 personnes réfugiées qui ont passé la frontière. C'est plus de réfugiés venant de l'extérieur que la population locale qui les accueille, en faisant d'ailleurs beaucoup de sacrifices et en partageant le peu qu'elle a. Ce que j'ai mieux compris en venant vous rencontrer, Monsieur le Président, c'est qu'il faut s'occuper naturellement des réfugiés du Tchad, leur consacrer le temps nécessaire, dignement, comme il faut s'occuper à El-Facher et dans les autres camps du Soudan des personnes déplacées, mais il faut aussi s'occuper maintenant des Tchadiens qui souffrent et qui vivent les conséquences de ce drame. Cela, j'ai l'intention de le dire à mes collègues des pays européens pour que l'aide et l'appui européens se portent aussi, précisément sur votre pays. En attendant, dans l'urgence, en plus de ce que la France fait déjà, nous avons décidé de dégager 1 million d'euros d'aide humanitaire supplémentaire.
Je voudrais dire enfin qu'avec mes collègues de l'Union européenne, nous serons très attentifs aux demandes de l'Union africaine. Nous avons été très sensibles à la prise de responsabilité, à vos côtés et avec vous, de l'Union africaine dans ce travail d'observation du cessez-le-feu. Nous souhaitons dire que l'Union européenne et la France seront là encore dans les jours, les semaines qui viennent, pour accompagner les demandes de l'Union africaine sur le plan de la sécurité, de la stabilité et éventuellement également sur le plan de l'urgence humanitaire. Enfin, vous savez que des discussions sont en cours aux Nations unies sur le plan politique parce qu'en complément à la réponse humanitaire, il est aussi de notre responsabilité de dirigeants africains, de dirigeants européens, de membres du Conseil de sécurité, de trouver une réponse politique et, comme vous-même vous me l'avez dit avec beaucoup de force, ici à Abéché, de conduire tous ceux qui ont une responsabilité dans ce conflit à nouveau autour d'une table, les amener à retrouver le chemin de la discussion politique et à assumer la responsabilité de la paix et de la stabilité.
Voilà dans quel esprit nous allons travailler dans les jours qui viennent au Conseil de sécurité et aux Nations unies.
Q - (Sur l'examen du projet américain de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies)
R - La France participe à une discussion qui a lieu en ce moment même sur un projet de résolution déposé par les Etats-Unis. Cette discussion va durer plusieurs jours et je suis très heureux de venir sur place pour comprendre, pour voir la réalité du problème des hommes et des femmes, saluer, je le dis en passant, le travail formidable des organisations non gouvernementales et des associations ici au Tchad comme au Soudan. En revenant jeudi, après ma visite en Afrique du Sud, je rapporterai ce que j'ai vu, notamment à mes collègues européens, et nous aboutirons à une résolution, je pense, équitable, qui dira ce qui doit être dit, le cas échéant, en évoquant la menace de sanctions. Cela peut être utile mais moi je préfère utiliser le mot "pressions". Il faut maintenir la pression sur tous ceux qui ont une responsabilité et qui ont accepté à Ndjamena, au mois d'avril, et dans l'esprit d'Addis Abeba, de dialoguer, de trouver une issue politique. Il faut que tous ceux-là reviennent autour d'une table. Il faut naturellement que le gouvernement du Soudan mette en oeuvre les engagements qui ont été pris, par le désarmement de tous les groupes ou de toutes les milices. Ce n'est pas par les armes qu'on mettra fin à ce drame. C'est par la négociation politique. S'agissant du Soudan qui est tellement concerné par ce qui se passe sur son territoire, ma conviction est que, pour sortir de cette crise, pour éviter une tragédie humaine, on ne le fera pas sans lui ou contre lui. On le fera avec lui.
Q - (Sur la Coopération française)
R - Je ne vais pas dire mieux que le président de la République sur la qualité de cette coopération bilatérale qui se traduit par des chiffres de 45 millions d'euros répartis sur des projets concrets mais aussi par notre part du Fonds européen de Développement, et nous permet de contribuer au développement économique et social du Tchad.
Il y a naturellement les efforts que nous faisons, et que nous voulons accentuer, pour tout ce qui touche à la dimension humaine, citoyenne de cette coopération. Ce n'est pas seulement la politique, la diplomatie. J'ai l'intention de développer une action de coopération à travers la culture, l'éducation, le développement rural, la vie des villages, l'intervention quotidienne ou citoyenne. Cette coopération est forte. Nous allons continuer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2004)
(Entretien de Michel Barnier avec Radio France internationale, à Abéché le 27 juillet 2004) :
Q - Pourquoi est-ce que la France paraît en retrait par rapport à certains de ses partenaires européens et par rapport aux Etats-Unis qui, eux, brandissent ouvertement la menace de sanctions ?
R - Nous ne sommes en retrait par rapport à aucun de nos partenaires européens. J'ai participé à la discussion des ministres des Affaires étrangères lundi à Bruxelles. Nous avons été unanimes dans notre appel à la responsabilité et à l'engagement de tous ceux qui doivent contribuer à trouver une solution politique. En même temps, nous avons été unanimes pour affirmer notre solidarité à l'égard de tous ces hommes, de toutes ces femmes et de tous ces enfants qui souffrent, déplacés ou réfugiés, plus d'un million du côté du Soudan, près de 200.000 du côté du Tchad. Nous sommes présents et solidaires. L'Union européenne a dégagé plus de 200 millions d'euros pour apporter, sur le plan de la nourriture et de la logistique, son soutien à ces populations.
Je pense qu'il est indispensable de poursuivre et d'intensifier les pressions sur tous ceux qui ont une responsabilité et qui doivent faire face à leurs responsabilités. A ce titre, la menace de sanctions peut être utile. Mais, au moment où je vous parle, ma conviction c'est qu'il faut sortir de cette crise et, si l'on veut éviter une catastrophe humanitaire qui est possible, on ne le fera pas sans le Soudan ou contre le Soudan qui est tellement concerné, sur le plan de son territoire en particulier. On le fera avec le Soudan. Donc il faut maintenir la pression pour que le gouvernement de Khartoum désarme les milices ou les groupes comme il s'y est engagé, et puis il faut également maintenir la pression sur les autres parties de ce conflit pour que tout le monde revienne à la table de négociations.
Q - Vous craignez que les sanctions soient contre-productives ?
R - Je pense qu'il faut faire pression, c'est le sujet d'aujourd'hui, pour que tout le monde assume ses responsabilités et mette en oeuvre ses engagements.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2004)
(Entretien de Michel Barnier avec la BBC, à Abéché le 27 juillet 2004) :
Q - Dans quelle mesure considérez-vous cette crise comme étant sérieuse ?
R - Le gouvernement français considère que cette crise est extrêmement sérieuse. Une catastrophe humanitaire est possible même si, jusqu'à présent, grâce au travail formidable des organisations non gouvernementales, le pire a été évité.
J'ai visité le camp d'El-Facher qui réunit 45.000 réfugiés. Grâce à la Croix Rouge, à Action Contre la Faim, à d'autres organisations, le pire est évité jusqu'à maintenant. Mais qu'est-ce qui va se passer si d'autres réfugiés, ou déplacés arrivent, si la saison des pluies s'aggrave ? Personne ne peut le dire.
Oui, c'est une crise très sérieuse. Il faut donc une réponse humanitaire plus forte dans les semaines qui viennent. Il faut surtout une réponse politique.
Q - Certaines ONG, ici, affirment que la France pourrait faire davantage étant donné qu'elle dispose d'une base militaire à proximité et des équipements. Même si l'armée française n'a pas de mandat, est-ce que la France envisage de faire mieux pour soutenir l'action humanitaire sur le terrain.
R - J'ai vu aujourd'hui beaucoup d'associations mais je n'ai pas entendu de reproches à l'égard de mon pays qui est très engagé depuis le début, qui a apporté sa propre contribution nationale comme d'autres pays européens qui participent au sein de l'Union européenne à un effort commun. J'ai même décidé de dégager deux millions d'euros supplémentaires pour payer la rotation d'un avion pendant 3 mois, demandant à mes collègues européens de prendre en charge des hélicoptères, puisque ce sont des hélicoptères qui sont nécessaires plus que des avions. D'ailleurs, dans les prochaines semaines, en raison de la saison des pluies, nous sommes prêts à faire davantage, autant que l'Union africaine, autant que les autorités locales nous le demanderont.
Q - Serait-il possible d'utiliser l'armée française de façon active pour la crise humanitaire ?
R - Nous sommes prêts à utiliser les moyens dont nous disposons en fonction des demandes qui nous serons présentées, en fonction de l'étude concrète de ces besoins et si l'étude et les besoins justifient l'engagement de moyens militaires.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2004)
Nous venons d'avoir, avec le président Deby, un premier entretien. Nous allons continuer ce dialogue au cours d'un dîner. Je souhaite lui dire devant vous et aux Tchadiens qui nous écoutent que j'ai été touché par la qualité de son accueil amical, chez lui à Abéché où j'ai tenu à venir pour cette première rencontre.
Monsieur le Président, votre pays est un pays ami de la France depuis très longtemps. C'est pour cette raison que je vous transmets un message d'amitié et de fidélité du président de la République Jacques Chirac et du gouvernement auquel j'appartiens. Vous êtes un interlocuteur et un partenaire privilégié et j'ai été heureux, pour ce premier entretien, de venir vous le dire personnellement, en ma qualité de nouveau ministre français des Affaires étrangères, ici chez vous. Bien sûr, nous avons beaucoup parlé au cours de cet entretien de la situation du Soudan et du Tchad, dans cette région proche du Darfour, et j'ai pu dire au président Deby ce que j'ai pu voir tout à l'heure à El-Facher où je me suis rendu.
Cette crise grave peut, si on n'y prend garde, déboucher sur une tragédie humanitaire. Si elle concerne bien sûr la région du Darfour et le Soudan, elle concerne, de plusieurs côtés, gravement le Tchad et les Tchadiens.
Vous disiez, Monsieur le Président, que ce sont près de 200.000 personnes réfugiées qui ont passé la frontière. C'est plus de réfugiés venant de l'extérieur que la population locale qui les accueille, en faisant d'ailleurs beaucoup de sacrifices et en partageant le peu qu'elle a. Ce que j'ai mieux compris en venant vous rencontrer, Monsieur le Président, c'est qu'il faut s'occuper naturellement des réfugiés du Tchad, leur consacrer le temps nécessaire, dignement, comme il faut s'occuper à El-Facher et dans les autres camps du Soudan des personnes déplacées, mais il faut aussi s'occuper maintenant des Tchadiens qui souffrent et qui vivent les conséquences de ce drame. Cela, j'ai l'intention de le dire à mes collègues des pays européens pour que l'aide et l'appui européens se portent aussi, précisément sur votre pays. En attendant, dans l'urgence, en plus de ce que la France fait déjà, nous avons décidé de dégager 1 million d'euros d'aide humanitaire supplémentaire.
Je voudrais dire enfin qu'avec mes collègues de l'Union européenne, nous serons très attentifs aux demandes de l'Union africaine. Nous avons été très sensibles à la prise de responsabilité, à vos côtés et avec vous, de l'Union africaine dans ce travail d'observation du cessez-le-feu. Nous souhaitons dire que l'Union européenne et la France seront là encore dans les jours, les semaines qui viennent, pour accompagner les demandes de l'Union africaine sur le plan de la sécurité, de la stabilité et éventuellement également sur le plan de l'urgence humanitaire. Enfin, vous savez que des discussions sont en cours aux Nations unies sur le plan politique parce qu'en complément à la réponse humanitaire, il est aussi de notre responsabilité de dirigeants africains, de dirigeants européens, de membres du Conseil de sécurité, de trouver une réponse politique et, comme vous-même vous me l'avez dit avec beaucoup de force, ici à Abéché, de conduire tous ceux qui ont une responsabilité dans ce conflit à nouveau autour d'une table, les amener à retrouver le chemin de la discussion politique et à assumer la responsabilité de la paix et de la stabilité.
Voilà dans quel esprit nous allons travailler dans les jours qui viennent au Conseil de sécurité et aux Nations unies.
Q - (Sur l'examen du projet américain de résolution au Conseil de sécurité des Nations unies)
R - La France participe à une discussion qui a lieu en ce moment même sur un projet de résolution déposé par les Etats-Unis. Cette discussion va durer plusieurs jours et je suis très heureux de venir sur place pour comprendre, pour voir la réalité du problème des hommes et des femmes, saluer, je le dis en passant, le travail formidable des organisations non gouvernementales et des associations ici au Tchad comme au Soudan. En revenant jeudi, après ma visite en Afrique du Sud, je rapporterai ce que j'ai vu, notamment à mes collègues européens, et nous aboutirons à une résolution, je pense, équitable, qui dira ce qui doit être dit, le cas échéant, en évoquant la menace de sanctions. Cela peut être utile mais moi je préfère utiliser le mot "pressions". Il faut maintenir la pression sur tous ceux qui ont une responsabilité et qui ont accepté à Ndjamena, au mois d'avril, et dans l'esprit d'Addis Abeba, de dialoguer, de trouver une issue politique. Il faut que tous ceux-là reviennent autour d'une table. Il faut naturellement que le gouvernement du Soudan mette en oeuvre les engagements qui ont été pris, par le désarmement de tous les groupes ou de toutes les milices. Ce n'est pas par les armes qu'on mettra fin à ce drame. C'est par la négociation politique. S'agissant du Soudan qui est tellement concerné par ce qui se passe sur son territoire, ma conviction est que, pour sortir de cette crise, pour éviter une tragédie humaine, on ne le fera pas sans lui ou contre lui. On le fera avec lui.
Q - (Sur la Coopération française)
R - Je ne vais pas dire mieux que le président de la République sur la qualité de cette coopération bilatérale qui se traduit par des chiffres de 45 millions d'euros répartis sur des projets concrets mais aussi par notre part du Fonds européen de Développement, et nous permet de contribuer au développement économique et social du Tchad.
Il y a naturellement les efforts que nous faisons, et que nous voulons accentuer, pour tout ce qui touche à la dimension humaine, citoyenne de cette coopération. Ce n'est pas seulement la politique, la diplomatie. J'ai l'intention de développer une action de coopération à travers la culture, l'éducation, le développement rural, la vie des villages, l'intervention quotidienne ou citoyenne. Cette coopération est forte. Nous allons continuer.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2004)
(Entretien de Michel Barnier avec Radio France internationale, à Abéché le 27 juillet 2004) :
Q - Pourquoi est-ce que la France paraît en retrait par rapport à certains de ses partenaires européens et par rapport aux Etats-Unis qui, eux, brandissent ouvertement la menace de sanctions ?
R - Nous ne sommes en retrait par rapport à aucun de nos partenaires européens. J'ai participé à la discussion des ministres des Affaires étrangères lundi à Bruxelles. Nous avons été unanimes dans notre appel à la responsabilité et à l'engagement de tous ceux qui doivent contribuer à trouver une solution politique. En même temps, nous avons été unanimes pour affirmer notre solidarité à l'égard de tous ces hommes, de toutes ces femmes et de tous ces enfants qui souffrent, déplacés ou réfugiés, plus d'un million du côté du Soudan, près de 200.000 du côté du Tchad. Nous sommes présents et solidaires. L'Union européenne a dégagé plus de 200 millions d'euros pour apporter, sur le plan de la nourriture et de la logistique, son soutien à ces populations.
Je pense qu'il est indispensable de poursuivre et d'intensifier les pressions sur tous ceux qui ont une responsabilité et qui doivent faire face à leurs responsabilités. A ce titre, la menace de sanctions peut être utile. Mais, au moment où je vous parle, ma conviction c'est qu'il faut sortir de cette crise et, si l'on veut éviter une catastrophe humanitaire qui est possible, on ne le fera pas sans le Soudan ou contre le Soudan qui est tellement concerné, sur le plan de son territoire en particulier. On le fera avec le Soudan. Donc il faut maintenir la pression pour que le gouvernement de Khartoum désarme les milices ou les groupes comme il s'y est engagé, et puis il faut également maintenir la pression sur les autres parties de ce conflit pour que tout le monde revienne à la table de négociations.
Q - Vous craignez que les sanctions soient contre-productives ?
R - Je pense qu'il faut faire pression, c'est le sujet d'aujourd'hui, pour que tout le monde assume ses responsabilités et mette en oeuvre ses engagements.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2004)
(Entretien de Michel Barnier avec la BBC, à Abéché le 27 juillet 2004) :
Q - Dans quelle mesure considérez-vous cette crise comme étant sérieuse ?
R - Le gouvernement français considère que cette crise est extrêmement sérieuse. Une catastrophe humanitaire est possible même si, jusqu'à présent, grâce au travail formidable des organisations non gouvernementales, le pire a été évité.
J'ai visité le camp d'El-Facher qui réunit 45.000 réfugiés. Grâce à la Croix Rouge, à Action Contre la Faim, à d'autres organisations, le pire est évité jusqu'à maintenant. Mais qu'est-ce qui va se passer si d'autres réfugiés, ou déplacés arrivent, si la saison des pluies s'aggrave ? Personne ne peut le dire.
Oui, c'est une crise très sérieuse. Il faut donc une réponse humanitaire plus forte dans les semaines qui viennent. Il faut surtout une réponse politique.
Q - Certaines ONG, ici, affirment que la France pourrait faire davantage étant donné qu'elle dispose d'une base militaire à proximité et des équipements. Même si l'armée française n'a pas de mandat, est-ce que la France envisage de faire mieux pour soutenir l'action humanitaire sur le terrain.
R - J'ai vu aujourd'hui beaucoup d'associations mais je n'ai pas entendu de reproches à l'égard de mon pays qui est très engagé depuis le début, qui a apporté sa propre contribution nationale comme d'autres pays européens qui participent au sein de l'Union européenne à un effort commun. J'ai même décidé de dégager deux millions d'euros supplémentaires pour payer la rotation d'un avion pendant 3 mois, demandant à mes collègues européens de prendre en charge des hélicoptères, puisque ce sont des hélicoptères qui sont nécessaires plus que des avions. D'ailleurs, dans les prochaines semaines, en raison de la saison des pluies, nous sommes prêts à faire davantage, autant que l'Union africaine, autant que les autorités locales nous le demanderont.
Q - Serait-il possible d'utiliser l'armée française de façon active pour la crise humanitaire ?
R - Nous sommes prêts à utiliser les moyens dont nous disposons en fonction des demandes qui nous serons présentées, en fonction de l'étude concrète de ces besoins et si l'étude et les besoins justifient l'engagement de moyens militaires.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 juillet 2004)