Déclaration de M. Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, sur les relations franco-israéliennes, à Paris le 14 février 2005.

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Circonstance : Visite en France de M. Silvan Shalom, ministre israélien des affaires étrangères-inauguration de l'ambassade d'Israël en France le 14 février 2005

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, bonsoir à chacune et chacun d'entre vous.
Votre attention a été quelque peu sollicitée, mais Silvan Shalom comme moi-même sommes responsables du retard avec lequel nous vous avons rejoint, au terme d'une longue journée pour lui, où il a été reçu successivement par le chef de l'Etat, Jacques Chirac et, à nouveau au quai d'Orsay.
Pardonnez-nous ce retard et cela expliquera que je ne veuille pas retarder le moment où nous allons découvrir cette belle ambassade, sans pour autant ne pas prendre le temps de penser - Bertrand Delanoë évoquait ce moment émouvant, douloureux, comme vous l'avez fait vous-même - à cet incendie qui a ravagé l'ambassade d'Israël il y a moins de deux ans. Elie Barnavi assistait, disait-il, "bouleversé, malheureux, fasciné" à cette tragédie. Les pierres ont été relevées, ce sont de belles pierres de Jérusalem et, m'a-t-on dit, on retrouvera des oliviers dans la cour. Nous sommes donc impatients de découvrir le talent et l'oeuvre des architectes et des ouvriers qui ont reconstruit cette ambassade.
C'est un moment important et émouvant et, à la place où je me trouve, je souhaite y associer Nicole Guedj, mais aussi mes prédécesseurs, Dominique de Villepin, Hubert Védrine qui était là à l'instant, beaucoup d'anciens Premiers ministres, de ministres d'aujourd'hui ou d'hier, qui participent à cette inauguration, cher Silvan Shalom, autour de vous.
Je voudrais simplement vous dire, sans lire de papier, du fond du coeur, ce que je ressens, car voilà maintenant presque un an que j'ai la chance d'animer la diplomatie française, sous l'autorité du président de la République.
Mesdames et Messieurs, j'ai mieux mesuré à quel point les relations entre Israël et la France étaient passionnantes et passionnées et je me suis fait trois promesses, trois "truma" (contributions) en quelque sorte. Et j'ai l'intention, aussi longtemps que je le pourrai, de tenir ces promesses, de ne pas me laisser décourager, même si j'entends quelquefois, des propos injustes et un peu désespérants.
La première promesse est que, de toutes mes forces, je m'attacherai à travailler à améliorer cette relation passionnante et passionnée entre le peuple d'Israël et le peuple français, entre nos deux sociétés, comme Dominique de Villepin l'avait voulu avec toi, Silvan, lorsqu'il a sollicité l'ambassadeur Lancry et le professeur Khayat pour travailler à cette relation entre nos deux sociétés. Cela a produit des résultats concrets et des échanges entre chercheurs, universitaires, journalistes, jeunes. Nous allons continuer, nous allons amplifier ces relations. C'est ainsi qu'il faut comprendre aussi les gestes ou les signaux, ou les visites : la belle visite du président Katsav il y a quelques mois, l'entretien que tu as eu aujourd'hui avec le président de la République, ma propre visite pendant trois journées formidables à Jérusalem et à Tel-aviv, sans parler de la semaine dernière, où je suis revenu pour te rencontrer et pour discuter longuement, franchement avec Ariel Sharon, avant d'aller à Ramallah pour travailler avec le président Mahmoud Abbas. Eh bien, nous allons continuer, sans nous laisser décourager, à améliorer ces relations entre le peuple de France et le peuple d'Israël.
Ma deuxième promesse, c'est d'ailleurs davantage qu'une promesse, c'est un engagement, et je le tiens, comme tous les autres ministres, sous la vigilance quotidienne de Jacques Chirac, c'est de lutter de toutes nos forces, par l'éducation, par la répression quand il le faut, contre toutes les formes d'antisémitisme. Nous avons décidé d'agir et, depuis de longues années, nous continuons. J'ai été heureux, Silvan, ici, comme dans d'autres circonstances - en rencontrant la communauté juive à New York il y a quelques semaines -, que l'on nous donne acte de cette détermination. A la tribune des Nations unies, au moment de cette émouvante commémoration de la libération des camps, j'ai parlé du devoir de mémoire et du devoir de vigilance, et rien ne nous détournera de ce devoir de mémoire et de vigilance.
Et puis, enfin, il y a la paix ; la paix et l'espoir fragile qui renaît avec ce dialogue direct de Charm el-Cheikh. Tu as parlé de ce dialogue, de cette rencontre renouvelée entre deux hommes courageux. Il y a la possibilité de rebâtir la paix et d'aboutir à ce que nous souhaitons tous, c'est-à-dire un Etat d'Israël vivant enfin dans la sécurité - et nous ne transigerons jamais, jamais avec la sécurité d'Israël -, et un Etat palestinien qui offre un espoir aux jeunes de Palestine.
Voilà mes trois promesses, voilà les trois "truma".
Vive l'amitié entre la France et Israël, entre Israël et la France, vive la paix !.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 février 2005)