Conférence de presse de M.Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, sur les relations franco - polonaises et la future adhésion de la Pologne à l'UE, Paris le 1er juillet 1998.

Prononcé le 1er juillet 1998

Intervenant(s) : 

Circonstance : Entretien avec M. Czarnecki, ministre polonais de l'intégration européenne, à Paris, le 1er juillet 1998

Texte intégral

Je vais vous dire quelques mots la fois sur les relations franco-polonaises, qui sont très fortes et très bonnes, de très grandes qualités, qui se déroulent sur un rythme assez intense, qui vont se poursuivre notamment avec la visite de M. Geremek à Paris, le 15 juillet. Il verra M. Védrine, mais aussi le Premier ministre, Lionel Jospin. Ce sont d'ailleurs des amis personnels.
Nous avons évoqué quelques questions commerciales, économiques, que nous souhaitons voir aboutir, dont M. Czarnecki a pris note. Mais l'essentiel de notre déjeuner, et c'est normal compte tenu de nos fonctions, était consacré aux questions européennes.
En quelques mots, nous sommes très heureux que la Pologne soit parmi les premiers pays admis à ouvrir des négociations avec l'Union européenne. Cela paraît tout à fait naturel compte tenu de sa taille, de son degré d'avancement, de sa maturité démocratique.
Nous ne ferons rien, bien au contraire, qui s'oppose au début concret de ces négociations sur certains chapitres de l'acquis communautaire. Nous aurions souhaité que le "screening" soit poussé jusqu'à son terme avant que les négociations commencent, mais nous comprenons que le temps que prend ce criblage et l'attente des pays candidats peut justifier qu'on commence par certains chapitres. Ce qui est la demande de nos amis polonais, notamment.
Ensuite, nous avons évoqué divers problèmes, dont le fonctionnement des relations entre la Pologne et l'Union européenne, et voulu lever certains malentendus qui se sont traduits, comme vous le savez, par la suspension partielle de certains crédits. A ce titre, j'ai eu l'occasion de dire à M. Czarnecki, que la France était très désireuse de participer davantage encore au jumelage institutionnel entre la Pologne et l'Union européenne, de renforcer encore sa présence administrative sur les sujets sensibles, comme les affaires intérieures, ou l'emploi, ou l'environnement, ou la préparation aux fonds structurels, et que nous étions tout à fait disponibles, et même candidats, à participer aux côtés de la Pologne à la préparation de l'adhésion.
Nous avons également évoqué le plan de restructuration de la sidérurgie polonaise, dont j'ai pu souligner, après M. Jean Vidal, secrétaire général du SGCI, qu'il était sans doute un test économique, politique, psychologique, dans la perspective des négociations d'adhésion. Nous comptons bien sur la volonté des autorités polonaises de le mener à bien, ce qui est à la fois une nécessité économique pour la Pologne et une nécessité politique pour l'Union européenne.
Ce plan de restructuration a été adressé hier, officiellement. Nous suivrons cela.
Au total, c'est une discussion positive que nous avons conclu en réaffirmant la très forte amitié entre la France et la Pologne, et la volonté que nous avions tous les deux que la France soit l'alliée de la Pologne dans la préparation des négociations d'adhésion, et qu'elle soit son partenaire stratégique en Europe après l'adhésion. Son alliée avant, son partenaire stratégique après : cela veut dire que nous souhaitons être son partenaire stratégique à tout moment.
Q - Après le Sommet de Cardiff, les Polonais étaient inquiets car ils ont cru qu'il y avait un manque d'enthousiasme. Quelle est la position française ?
R - C'est ce que j'ai voulu dire à M. Czarnecki de la manière la plus nette. Il ne faut pas du tout comprendre qu'à Cardiff, les Européens auraient décidé de ralentir, de freiner le processus d'élargissement ou de manifester des réticences nouvelles. Ce n'est pas le cas du tout. Ce que nous avons voulu dire à Cardiff, et je crois que c'est important pour l'élargissement, c'est notre volonté de réformer l'Europe avant l'élargissement. Il faut réformer nos politiques : c'est l'Agenda 2000 ; nos institutions : c'est tout le processus qui s'engage à partir de l'automne 1998, sous présidence autrichienne. C'est indispensable car tous les pays candidats à l'élargissement doivent être conscients que l'Europe, qui va devenir leur Europe, a besoin de fonctionner mieux, pour être accueillante et être à même de satisfaire la volonté des peuples. Donc, on peut très bien faire les deux en même temps. Je pense que c'est plutôt positif de savoir que l'Union européenne va résoudre ses problèmes.
Il n'y a aucune chute d'enthousiasme, ni d'attention. Au contraire, nous menons ces réformes pour être prêts à l'élargissement.
Q - Le postulat polonais est que les pays candidats puissent être associés à ce processus de réforme.
R - J'ai eu l'occasion aussi de traiter cette question avec M. Czarnecki. C'est un processus qui sera transparent. Il sera sur la place publique. Il sera parallèle à l'élargissement. Comment imaginer qu'on n'en parle pas ? Mais en même temps, c'est un processus terriblement complexe. Nous n'y parvenons pas à Quinze, ou difficilement jusqu'à présent. Nous avons échoué à Amsterdam. Alors, ce n'est de l'intérêt de personne de rajouter des difficultés. Nous demandons aux candidats de le comprendre. Dans leur intérêt propre, il vaut mieux que nous allions vite à quinze, plutôt que d'aller encore plus lentement à vingt et un.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 5 octobre 2001)