Texte intégral
Bonjour à toutes et à tous, nous avons le plaisir d'accueillir Christian Jacob, ministre délégué à la Famille, Marcel Rufo, pédopsychiatre, président du groupe de travail "Adolescence, famille et santé" et Yannick Noah, chanteur et sportif, co-fondateur de l'Association "les enfants de la Terre" !
Bonjour à tous et à toutes.
Bonequeshia : Quel doit être le rôle du gouvernement dans cette problématique de l'adolescence ? Comment peut-il aider les jeunes à cette période difficile de leur vie ? Merci de votre réponse.
Christian Jacob : Le rôle du gouvernement est de mettre à disposition certains moyens pour ouvrir un maximum de possibilités et d'équipement, mais il ne doit pas se mettre à la place des adolescents. Il doit accompagner l'ouverture d'esprit et donner accès à la culture : cinéma, danse, peinture... Quand on parle de santé (drogue, alcool, tabac), il faut des lieux d'écoute et de ressources.
Yannick Noah : C'est ce qui devrait être fait, mais il n'y a pas assez de moyens mis en place dans les quartiers difficiles.
JNicolas : Ma question la voici pourquoi Yannick en tant que sportif et chanteur tu te sens, on va dire impliquer, dans ce t'chat ? D'ailleurs tu fais des belles choses pour les jeunes, c'est cool de ta part, avec l'association les Enfants de la Terre
YN : J'ai du temps, je suis là à travers mon association "Faites le mur", je le fais car cela me fait plaisir de participer à ce dialogue. Je viens parler et écouter.
Iscariot-Judas : Docteur, qu'appelle-t-on l'adolescence exactement ?
Marcel Rufo : C'est une période que l'on a tous vécu et dont on ne se souvient pas, c'est un triple changement organique, psychologique et social.
Ramsi: A l'age de l'adolescence, les jeunes ont envie de prendre des risques (vitesse) et de tenter de nouvelles expériences (cigarettes, drogues, alcool..), pourquoi et comment faut-il faire face, en contrôlant ou en interdisant ?
CJ : C'est la période de tous les risques et de toutes les chances. Le tout est d'être capable de mesurer le risque.
MR : Prendre un risque, c'est comme devenir propriétaire de soi. La " petite " conduite à risque est comme une conduite normale pour les adolescents.
YN : Il faut garder le dialogue et éviter au maximum la répression.
bernard : Salut Yannick, je voudrais savoir comment toi, tu as vécu ton enfance et ton adolescence ?
YN : J'ai passé mon adolescence à Nice en pension en rêvant de devenir joueur de tennis. Je passais mon temps à jouer au tennis, c'était une période difficile, je n'avais pas les moyens de rentrer à la maison, il y avait une grande solitude et j'ai dû me responsabiliser.
Stéphanie : Bonsoir, comment vous avez vécu l'adolescence de vos enfants ?
CJ : Plutôt bien, j'ai un garçon de 19 ans et une fille de 16 ans. J'ai eu la chance de passer au travers des crises difficiles. C'est plus facile à gérer de par mes nombreux déplacements politiques. Quand je reviens, j'ai plus de recul et donc d'autorité. L'échange est plus facile.
YN : C'est un peu la même chose. L'écoute de la part des enfants est plus importante quand on n'est pas toujours là. Mes enfants ont beaucoup de tentations, ce n'est pas toujours simple (alcool, drogue...). C'est assez difficile à gérer en tant que parents.
MR : Plus difficile pour moi. Ma fille a eu une adolescence tardive. C'est un passage compliqué : un enfant qui pose des problèmes va bien, les adolescences les plus lisses sont souvent les plus compliquées. En tant que psy, je ne m'attendais pas à rencontrer ce genre de difficultés, je pensais pouvoir faire face plus facilement.
alvin : Que pensez-vous du mouvement Ni Putes ni Soumises et plus généralement de la condition des jeunes filles dans les banlieues et les quartiers difficiles ?
MR : Il y a plus de respect pour les filles qu'il y a trente ans, c'est une évidence, elles sont globalement mieux traitées. Par contre le problème ce sont les quartiers difficiles, pas particulièrement plus pour une fille que pour un garçon. Ni Putes Ni Soumises, c'est un mouvement avec un beau slogan, mais je ne comprends pas l'association de ces deux adjectifs différents.
YN : Les filles ont peu le droit à la parole, c'est un moyen pour elles de pouvoir s'exprimer, c'est un moyen d'être entendu, de pouvoir parler, de pouvoir revendiquer autre chose.
CJ : Il nous oblige à regarder ce qui va mal. Je rejoins ce que dit Marcel sur la compréhension des quartiers difficiles où il y a moins de possibilité d'aller vers certaines activités (sport, culture...).
alexandre-fanYannick : Que pensez-vous du port du voile en classe ? Etes-vous d'accord avec les futures décisions prises pour la rentrée prochaine ? Je peux avoir un autographe Yannick STP ? Depuis le temps que je rêve de te parler
YN : Je suis pour la liberté, il y a des tensions actuellement. Les adolescentes sont manipulées parfois et il me semble que l'interdiction va apporter quelques problèmes supplémentaires. Je suis contre l'interdiction.
CJ : On est sur un sujet qui n'est pas nouveau. On est arrivé à un point où les pouvoirs publics ont du trancher, accepter que des filles viennent en classe voilées et aient des attitudes de provocation. Venir voilée à 7 ans, on ne peut pas dire que c'est un choix, on s'en sert comme un outil de provocation pour défendre autre chose.
MR : Il y a deux cas de figures. L'appartenance à un "corporatisme" d'adolescence, un signe d'appartenance à un groupe, ce qui peut paraître légitime. L'autre aspect, c'est une pathologie qui couvre, soit une soumission, soit une façon de se protèger, parce que l'on a pas confiance en soi, une fragilité. Ce qui me plait dans cette loi, c'est le très large débat qu'elle a occasionné, plus que l'interdiction.
samia : Comment expliquez-vous la démobilisation des jeunes sur le plan politique ? Faites vous le même constat et quelles solutions souhaitez vous y apporter ?
CJ : Je viens d'une autre forme de militantisme : le syndicalisme. Les jeunes se révèlent au moment de l'action. Les jeunes se mobilisent par exemple à la fin d'une campagne, quand cela devient concret. Toutes les figures imposées les "emmerdent". On retrouve cela dans la politique. On ne peut pas dire que ça ne les intéresse pas. Au contraire. Quand ça devient concret, premier job, équipements sportifs... Il y a aussi des questions d'emploi du temps : on est pris par les études, puis par son premier job. Il y a aussi des périodes dans l'engagement, à l'adolescence, on se mobilise plus sur l'humanitaire ou le caritatif, le politique vient après. La réflexion dominante c'est que nous ne sommes pas bons, nous politiques pour mobiliser les jeunes aujourd'hui.
YN : Il y a un scepticisme qui vient d'une désillusion, même s'ils sont capables de se mobiliser, c'est surtout le cas quand on vient vers eux et là ils ont le sentiment d'êtres délaissés.
MR : J'ai l'impression que d'autres choses se passent : un sentiment européen plus marqué chez les adolescents. Ils sont moins politiques parce qu'ils sont les politiques de demain, ils ne le sont pas au sens "pouvoir " du terme, ils sont politiques du futur. Leur goût humanitaire et écologique me frappe, c'est un véritable changement par rapport au passé. Ils doivent changer quelque chose.
marouan : Faut-il abaisser l'age de la majorité ?
MR : Majorité sexuée ou pas ? C'est la vraie question. La majorité politique je ne sais pas si ça les intéresse, en revanche pouvoir sortir, pouvoir conduire, pouvoir être autonome, c'est ça qui les intéresse.
CJ : Ce n'est plus le débat. Avant la majorité à 21 ans c'était l'autonomie, aujourd'hui certains jeunes se sentent bien chez leurs parents même tard, il n'y a plus cette recherche d'autonomie. L'élément important qui reste, c'est le pouvoir du vote et le permis de conduire, mais il n'y a plus un sentiment aussi fort.
YN : 18 ans, ça me paraît très bien.
rédillon : A propos d'age de la majorité : ça rime à quoi en 2004 des ages de majorité sexuelle différents pour les garçons et les filles ?
MR : La sexualité des filles et des garçons, ce n'est pas pareil. Plus que l'âge, ce sont les différences des deux sexes qui fondent la sexualité. Les filles partent toujours à la recherche du prince charmant et font croire aux garçons qu'il le devient. C'est en fait plus long de devenir un prince que de le chercher.
CJ : J'étais sur le vieil adage que les filles sont mures plus tôt que les garçons. Mon expérience de père me prouve plutôt le contraire.
alexandre-fanYannick : Pourquoi ne peut-on pas travailler avant ses 16 ans? J'ai 15 ans et j'adorerais gagner un peu d'argent. En Angleterre, ils peuvent travailler alors pourquoi pas nous ? CJ : Cela fait partie de nos préoccupations dans nos groupes de travail sur l'adolescence. C'est important pour un jeune de découvrir l'entreprise. On peut avoir envie de gagner un peu de sous, c'est le début de l'autonomie, mais on est en butte à un problème important : le droit du travail et éviter le travail des enfants. On essaie de voir comment éviter l'exploitation tout en donnant aux adolescents la possibilité d'avoir un job d'été et de gagner un peu d'argent. Mais nous n'avons pas encore trouvé le moyen juridique de résoudre cette question.
YN : Pour détourner la loi, on peut jouer au tennis :-).
MR : Ce qui compte c'est d'avoir confiance en soi : tout ce qui peut aider à renforcer l'image de soi qu'à l'adolescent va dans le bon sens. Valoriser les réussites avec l'école et en dehors de l'école, ce serait plutôt pas mal.
antonin : Ne pouvons-nous pas proposer à nos jeunes d'autres modèles de réussite que des sportifs, des chanteurs, des vedettes de cinéma Pourquoi notre société ne valorise t'elle pas les études, la réussite scolaire, le travail ?
YN : On valorise ces modèles à travers les médias. Dans les familles, je ne le pense pas, au contraire, je n'ai pas ce sentiment là. Beaucoup de jeunes ont du recul par rapport à tout ça.
CJ : Chacun a la liberté de choisir ses propres héros. Il ne faut pas confondre modèle et effet médiatique. Les caméras vont plus être braquées sur un sportif que sur un ouvrier. Mais le modèle c'est bien souvent son père, sa mère ou quelqu'un de vraiment proche de lui. La difficulté est de ne pas être "bouffé" par l'aspect médiatique. Je pense que les jeunes ont du recul par rapport à ça. On peut regarder la télé sans en faire un modèle de société. Les jeunes font la part des choses.
MR : Ces médias représentent une deuxième chance de réussite pour les enfants en difficulté. Un enfant inhibé rêve naturellement de devenir une vedette du spectacle. On a tous fait ça. La vedette s'expose, le modèle est plus intime, je crois qu'il faut les deux. Des images identificatoires et des modèles concrets. Je ne trouve pas ça très toxique.
Stéphanie : Les ados sont fragiles, ils ont besoin de repères et d'adultes cohérents. Mais nos discours sont contraires à nos actes. Les médias montrent des adultes irresponsables, des responsables, chef d'état, passant entre les mains de la loi. Comment peut on être crédible ?
CJ : Il n'y a pas que des irresponsables. On a les politiques que l'on mérite, ceux qu'on a élus. C'est facile d'être politique, il suffit d'être candidat et d'être élu. Moi j'ai plaqué mes études à 17 ans avec un BEP agricole. L'important c'est l'engagement et la volonté de faire bouger les choses. Rien n'est pire de regarder passer la vie comme les vaches le train. Il faut essayer de tenir un morceau de l'aiguillage, à ce moment là on est sauvé.
YN : Ce n'est pas simple en tant que père d'expliquer que parfois la justice n'est pas la même pour tout le monde. C'est assez compliqué vers 19/20 ans, par rapport à l'autorité, les hommes politiques ont un statut respecté; il y a parfois des discussions pas simples avec les grands ados.
MR : Il faut essayer de ne pas être démagogue. Statistiquement les jeunes adhèrent aux mêmes partis ou idées que leurs parents, mais il faut que le débat fonctionne en famille. Dès qu'ils sentent les parents fragiles, ils insistent. L'adolescence, c'est souvent dire non. La résistance était par exemple une attitude d'adolescent. Savoir accepter cette contradiction, c'est ça le vrai rôle d'un adulte et ce n'est pas facile.
JNicolas : Moi je suis révolté avec tout ces problèmes de drogues et de tabac qui en plus peut détruire une adolescence, je souhaiterai savoir s'il y a des moyens pour lutter contre ce fléau ? Et enfin faire impasse à ces dealers !
CJ : Dire aux adolescent qu'une fille sur 5 va mourir du cancer du poumon à 35 ans, c'est un message difficile à faire passer. Après, il faut qu'ils aient un budget tabac. Il y a une vraie question dans les familles notamment quand les parents fument.
YN : 1 sur 5, je ne savais pas, je vais en parler à ma fille.
jeannot : Surtout que j'ai entendu dire que l'usage du cannabis deviendrait peut-être légal !
CJ : Ce n'est pas prévu pour tout de suite Pour ma part je suis complètement opposé à la légalisation de l'usage des drogues douces. Parce qu'il n'y a pas de limite et de frontière entre drogue dure et drogue douce. Aujourd'hui ce n'est pas à l'ordre du jour.
YN : Il me semble que le cannabis légalisé permettrait d'éliminer les dealers de cannabis, je ne pense que la consommation serait plus forte. Cela ne pourrait être que positif. Je ne parle que du cannabis. En trouver est une chose très facile aujourd'hui.
MR : De ce que je vois en psychiatrie, l'herbe peut être un facteur aggravant sur des sujets sensibles. C'est un puissant révélateur des fragilités. Il faudrait une label "je ne suis pas fragile" pour autoriser. Il faut distinguer les fumeurs occasionnels et ceux qui en ont besoin pour être eux-mêmes. C'est là qu'est la difficulté.
CJ : Ceux qui deviennent "accros" sont passés par ce stade de fumeurs occasionnels.
MR : 1 sur 100 heureusement.
dov : Pourquoi ne pas interdire les cigarettes ?
Yanlep : Pourquoi le tabac est-t-il en vente libre alors ? CJ : Il est certes en vente libre. On voit bien l'effet indiscutable de l'augmentation des prix. Ca marche, on voit bien qu'on arrive à l'enrayer de cette manière là et que les résultats sont sans précédent. Il semble que les conséquences neurologiques entre les drogues douces et le tabac.
Guest2 : Et l'alcool. C'est également une drogue !
MR : L'alcool est encore pire que le cannabis, c'est terriblement dévastateur. Se démolir, se tuer à la vodka par exemple. Je serai ravi personnellement que les adolescents ne se tuent pas en buvant. L'accident de circulation est la première cause de décès des adolescents, s'il y a une drogue mortelle c'est l'alcool.
YN : Il semble que l'alcool créé beaucoup plus de dégâts que le cannabis. Dans certains pays, il faut avoir plus de 21 ans pour s'en procurer pas ici.
dov : L'alcool devrait être interdit dans les bars comme ça, il y aura moins d'accidents de la route.
YN : Je ne pensais pas que les Français allaient être aussi réactifs pour l'alcool et les limitations de vitesse au volant. Il y a une vraie prise de conscience.
MR : Il serait donc permis d'interdire.
CJ : Les opérations "capitaine de soirée", ça fonctionne chez les jeunes. Il y a une vraie prise de conscience, ils savent aussi mesurer le risque. Il y a heureusement une forte majorité de jeunes qui ne fument pas, ne picolent pas, et tant mieux :-). Ils peuvent cela dit rapidement passer d'un stade à l'autre, il suffit de pas grand chose pour que ça dérape, les pouvoirs publics doivent mettre un maximum d'outils pour éviter que cela ne dérape.
diarré : Je crois que l'état devrait plus nous aider plutôt que de nous enfoncer, et les " jeunes " seront mieux vus et ils ne seront pas tous pris pour des drogués.
MR : C'est une belle remarque : 90% des adolescents vont bien et les 10 % sont souvent dans une période transitoire. Il y en a 5% dont il faut s'occuper.
dov : Les politique font des délits énormes et il ne sont pas punis par la loi, nous on tag un mur et on se fait tuer, pourquoi ?
CJ : Moi je ne vais pas "tager" des lycées !!! La critique sur les élus est due au fait qu'ils sont plus sous les projecteurs.
Si on trouve qu'ils ne conviennent pas, il faut en élire d'autres. Expliquer à quelqu'un qu'il ne faut pas fumer quand on fume, c'est difficile, et bien là c'est pareil.
MR : Vous parlez de transgression, on ne vous tue pas pour avoir tager. Le tag c'est quelque chose d'antique : parler de soi, laisser sa signature, c'est une évidence et c'est une transgression parce que c'est illégal. C'est le début de la conscience civique paradoxalement.
YN : Continue à tager mais ne te fais pas prendre !!!
Eloise : Aux enfants de la terre, de quels maux souffrent les adolescents que vous aidez ?
Ils sont envoyés par l'aide sociale à l'enfance ou les hôpitaux de Paris. Ce sont des enfants qui pour certains ont des problèmes d'urgence : parents arrêtés, malades ou disparus, ou les enfants sont eux-mêmes malades et ont besoin de récupérer dans des maisons, des enfants malades en général. Dans l'autre association que j'anime "Faites le mur", il y a une implantation dans 19 quartiers avec des cours de tennis et on y organise des cours de tennis pour qu'ils puissent jouer tout en étant encadrer, faire des déplacements, etc.
marc : Quels vont être les grands projets de loi proposés à l'occasion de la Conférence de la Famille ?
CJ : La prochaine conférence va porter sur l'adolescence autour de trois sujets :
- santé avec les pathologies spécifiques (suicide par exemple).
- autour de l'engagement : comment faciliter l'engagements des jeunes dans la vie associative. Il faut souvent être majeur pour animer une association, il faut faciliter ces engagements.
- sur tout ce qui concerne l'ouverture d'esprit : accès à la culture aux sports. On a beaucoup travaillé avec Jean-François Lamour sur cette question.
En ce moment, tout cela doit être rendu au Premier ministre courant février pour des décisions qui interviendront entre avril et juin.
alex et flo : Ne croyez-vous pas qu'il y a déficit en matière de lieux de rencontre ("sécurisés") où seraient mis à disposition table de ping-pong, cartes, ordinateurs, livres cela pourrait peut être permettre de résoudre les clivages filles/garçons dans les banlieues ou le problème d'isolement de nombreux jeunes... l'accès aux loisirs pour les jeunes semble en effet assez restreint (sauf en ce qui concerne les activités sportives).
CJ : Je suis tout à fait d'accord, dans le milieu sportif il y a des encadrants, des éducateurs, ce qui n'est pas le cas dans d'autres activités. Il faut en effet des adultes encadrants. Les communes ont fait beaucoup d'efforts, il reste beaucoup de choses à faire.
MR : Je suis frappé par les adolescents qui changent d'endroits qui inventent des lieux parce qu'ils n'ont rien. Ils font la conquête de territoires, mais il faut leur donner quelques moyens, et, en particulier, des lieux. C'est de la responsabilité des maires et des élus locaux.
Y.Noah : Il y a très peu de lieux, l'encadrement est très important voire plus important que le lieu car le matériel n'est pas entretenu, ce qui devait être un lieu riche, se dégrade. Avoir la structure ne suffit pas, il faut le référant, le grand frère.
Merci Christian Jacob, Marcel Rufo, et Yannick Noah, le mot de la fin ?
MR : Il faut considérer l'adolescence comme une deuxième chance de réussite. J'ai une très grande confiance en eux, y compris dans ceux que je vois en consultation. L'adolescence est une belle promesse d'avenir.
YN : Même s'il faut terminer sur une note positive, je pense qu'il faut plus que jamais aider les jeunes adolescents des quartiers qui me semble avoir de plus en plus de problèmes. J'ai été ravi de participer, j'ai bu de l'eau et je n'ai pas fumé, j'ai appris des choses et c'était un vrai plaisir.
CJ : L'adolescence est l'âge de toutes les passions et la passion a toujours raison. Un jeune qui est passionné peut regarder l'avenir sous les meilleurs auspices, le rôle des pouvoirs publics est de faciliter la réalisation de ces passions.
Nigel Mansell qui avait gagné un grand prix en utilisant un carburant à base de betteraves. Seul lui y croyait et il y est parvenu.
(source http://www.forum.gouv.fr, le 12 février 2004)
Bonjour à tous et à toutes.
Bonequeshia : Quel doit être le rôle du gouvernement dans cette problématique de l'adolescence ? Comment peut-il aider les jeunes à cette période difficile de leur vie ? Merci de votre réponse.
Christian Jacob : Le rôle du gouvernement est de mettre à disposition certains moyens pour ouvrir un maximum de possibilités et d'équipement, mais il ne doit pas se mettre à la place des adolescents. Il doit accompagner l'ouverture d'esprit et donner accès à la culture : cinéma, danse, peinture... Quand on parle de santé (drogue, alcool, tabac), il faut des lieux d'écoute et de ressources.
Yannick Noah : C'est ce qui devrait être fait, mais il n'y a pas assez de moyens mis en place dans les quartiers difficiles.
JNicolas : Ma question la voici pourquoi Yannick en tant que sportif et chanteur tu te sens, on va dire impliquer, dans ce t'chat ? D'ailleurs tu fais des belles choses pour les jeunes, c'est cool de ta part, avec l'association les Enfants de la Terre
YN : J'ai du temps, je suis là à travers mon association "Faites le mur", je le fais car cela me fait plaisir de participer à ce dialogue. Je viens parler et écouter.
Iscariot-Judas : Docteur, qu'appelle-t-on l'adolescence exactement ?
Marcel Rufo : C'est une période que l'on a tous vécu et dont on ne se souvient pas, c'est un triple changement organique, psychologique et social.
Ramsi: A l'age de l'adolescence, les jeunes ont envie de prendre des risques (vitesse) et de tenter de nouvelles expériences (cigarettes, drogues, alcool..), pourquoi et comment faut-il faire face, en contrôlant ou en interdisant ?
CJ : C'est la période de tous les risques et de toutes les chances. Le tout est d'être capable de mesurer le risque.
MR : Prendre un risque, c'est comme devenir propriétaire de soi. La " petite " conduite à risque est comme une conduite normale pour les adolescents.
YN : Il faut garder le dialogue et éviter au maximum la répression.
bernard : Salut Yannick, je voudrais savoir comment toi, tu as vécu ton enfance et ton adolescence ?
YN : J'ai passé mon adolescence à Nice en pension en rêvant de devenir joueur de tennis. Je passais mon temps à jouer au tennis, c'était une période difficile, je n'avais pas les moyens de rentrer à la maison, il y avait une grande solitude et j'ai dû me responsabiliser.
Stéphanie : Bonsoir, comment vous avez vécu l'adolescence de vos enfants ?
CJ : Plutôt bien, j'ai un garçon de 19 ans et une fille de 16 ans. J'ai eu la chance de passer au travers des crises difficiles. C'est plus facile à gérer de par mes nombreux déplacements politiques. Quand je reviens, j'ai plus de recul et donc d'autorité. L'échange est plus facile.
YN : C'est un peu la même chose. L'écoute de la part des enfants est plus importante quand on n'est pas toujours là. Mes enfants ont beaucoup de tentations, ce n'est pas toujours simple (alcool, drogue...). C'est assez difficile à gérer en tant que parents.
MR : Plus difficile pour moi. Ma fille a eu une adolescence tardive. C'est un passage compliqué : un enfant qui pose des problèmes va bien, les adolescences les plus lisses sont souvent les plus compliquées. En tant que psy, je ne m'attendais pas à rencontrer ce genre de difficultés, je pensais pouvoir faire face plus facilement.
alvin : Que pensez-vous du mouvement Ni Putes ni Soumises et plus généralement de la condition des jeunes filles dans les banlieues et les quartiers difficiles ?
MR : Il y a plus de respect pour les filles qu'il y a trente ans, c'est une évidence, elles sont globalement mieux traitées. Par contre le problème ce sont les quartiers difficiles, pas particulièrement plus pour une fille que pour un garçon. Ni Putes Ni Soumises, c'est un mouvement avec un beau slogan, mais je ne comprends pas l'association de ces deux adjectifs différents.
YN : Les filles ont peu le droit à la parole, c'est un moyen pour elles de pouvoir s'exprimer, c'est un moyen d'être entendu, de pouvoir parler, de pouvoir revendiquer autre chose.
CJ : Il nous oblige à regarder ce qui va mal. Je rejoins ce que dit Marcel sur la compréhension des quartiers difficiles où il y a moins de possibilité d'aller vers certaines activités (sport, culture...).
alexandre-fanYannick : Que pensez-vous du port du voile en classe ? Etes-vous d'accord avec les futures décisions prises pour la rentrée prochaine ? Je peux avoir un autographe Yannick STP ? Depuis le temps que je rêve de te parler
YN : Je suis pour la liberté, il y a des tensions actuellement. Les adolescentes sont manipulées parfois et il me semble que l'interdiction va apporter quelques problèmes supplémentaires. Je suis contre l'interdiction.
CJ : On est sur un sujet qui n'est pas nouveau. On est arrivé à un point où les pouvoirs publics ont du trancher, accepter que des filles viennent en classe voilées et aient des attitudes de provocation. Venir voilée à 7 ans, on ne peut pas dire que c'est un choix, on s'en sert comme un outil de provocation pour défendre autre chose.
MR : Il y a deux cas de figures. L'appartenance à un "corporatisme" d'adolescence, un signe d'appartenance à un groupe, ce qui peut paraître légitime. L'autre aspect, c'est une pathologie qui couvre, soit une soumission, soit une façon de se protèger, parce que l'on a pas confiance en soi, une fragilité. Ce qui me plait dans cette loi, c'est le très large débat qu'elle a occasionné, plus que l'interdiction.
samia : Comment expliquez-vous la démobilisation des jeunes sur le plan politique ? Faites vous le même constat et quelles solutions souhaitez vous y apporter ?
CJ : Je viens d'une autre forme de militantisme : le syndicalisme. Les jeunes se révèlent au moment de l'action. Les jeunes se mobilisent par exemple à la fin d'une campagne, quand cela devient concret. Toutes les figures imposées les "emmerdent". On retrouve cela dans la politique. On ne peut pas dire que ça ne les intéresse pas. Au contraire. Quand ça devient concret, premier job, équipements sportifs... Il y a aussi des questions d'emploi du temps : on est pris par les études, puis par son premier job. Il y a aussi des périodes dans l'engagement, à l'adolescence, on se mobilise plus sur l'humanitaire ou le caritatif, le politique vient après. La réflexion dominante c'est que nous ne sommes pas bons, nous politiques pour mobiliser les jeunes aujourd'hui.
YN : Il y a un scepticisme qui vient d'une désillusion, même s'ils sont capables de se mobiliser, c'est surtout le cas quand on vient vers eux et là ils ont le sentiment d'êtres délaissés.
MR : J'ai l'impression que d'autres choses se passent : un sentiment européen plus marqué chez les adolescents. Ils sont moins politiques parce qu'ils sont les politiques de demain, ils ne le sont pas au sens "pouvoir " du terme, ils sont politiques du futur. Leur goût humanitaire et écologique me frappe, c'est un véritable changement par rapport au passé. Ils doivent changer quelque chose.
marouan : Faut-il abaisser l'age de la majorité ?
MR : Majorité sexuée ou pas ? C'est la vraie question. La majorité politique je ne sais pas si ça les intéresse, en revanche pouvoir sortir, pouvoir conduire, pouvoir être autonome, c'est ça qui les intéresse.
CJ : Ce n'est plus le débat. Avant la majorité à 21 ans c'était l'autonomie, aujourd'hui certains jeunes se sentent bien chez leurs parents même tard, il n'y a plus cette recherche d'autonomie. L'élément important qui reste, c'est le pouvoir du vote et le permis de conduire, mais il n'y a plus un sentiment aussi fort.
YN : 18 ans, ça me paraît très bien.
rédillon : A propos d'age de la majorité : ça rime à quoi en 2004 des ages de majorité sexuelle différents pour les garçons et les filles ?
MR : La sexualité des filles et des garçons, ce n'est pas pareil. Plus que l'âge, ce sont les différences des deux sexes qui fondent la sexualité. Les filles partent toujours à la recherche du prince charmant et font croire aux garçons qu'il le devient. C'est en fait plus long de devenir un prince que de le chercher.
CJ : J'étais sur le vieil adage que les filles sont mures plus tôt que les garçons. Mon expérience de père me prouve plutôt le contraire.
alexandre-fanYannick : Pourquoi ne peut-on pas travailler avant ses 16 ans? J'ai 15 ans et j'adorerais gagner un peu d'argent. En Angleterre, ils peuvent travailler alors pourquoi pas nous ? CJ : Cela fait partie de nos préoccupations dans nos groupes de travail sur l'adolescence. C'est important pour un jeune de découvrir l'entreprise. On peut avoir envie de gagner un peu de sous, c'est le début de l'autonomie, mais on est en butte à un problème important : le droit du travail et éviter le travail des enfants. On essaie de voir comment éviter l'exploitation tout en donnant aux adolescents la possibilité d'avoir un job d'été et de gagner un peu d'argent. Mais nous n'avons pas encore trouvé le moyen juridique de résoudre cette question.
YN : Pour détourner la loi, on peut jouer au tennis :-).
MR : Ce qui compte c'est d'avoir confiance en soi : tout ce qui peut aider à renforcer l'image de soi qu'à l'adolescent va dans le bon sens. Valoriser les réussites avec l'école et en dehors de l'école, ce serait plutôt pas mal.
antonin : Ne pouvons-nous pas proposer à nos jeunes d'autres modèles de réussite que des sportifs, des chanteurs, des vedettes de cinéma Pourquoi notre société ne valorise t'elle pas les études, la réussite scolaire, le travail ?
YN : On valorise ces modèles à travers les médias. Dans les familles, je ne le pense pas, au contraire, je n'ai pas ce sentiment là. Beaucoup de jeunes ont du recul par rapport à tout ça.
CJ : Chacun a la liberté de choisir ses propres héros. Il ne faut pas confondre modèle et effet médiatique. Les caméras vont plus être braquées sur un sportif que sur un ouvrier. Mais le modèle c'est bien souvent son père, sa mère ou quelqu'un de vraiment proche de lui. La difficulté est de ne pas être "bouffé" par l'aspect médiatique. Je pense que les jeunes ont du recul par rapport à ça. On peut regarder la télé sans en faire un modèle de société. Les jeunes font la part des choses.
MR : Ces médias représentent une deuxième chance de réussite pour les enfants en difficulté. Un enfant inhibé rêve naturellement de devenir une vedette du spectacle. On a tous fait ça. La vedette s'expose, le modèle est plus intime, je crois qu'il faut les deux. Des images identificatoires et des modèles concrets. Je ne trouve pas ça très toxique.
Stéphanie : Les ados sont fragiles, ils ont besoin de repères et d'adultes cohérents. Mais nos discours sont contraires à nos actes. Les médias montrent des adultes irresponsables, des responsables, chef d'état, passant entre les mains de la loi. Comment peut on être crédible ?
CJ : Il n'y a pas que des irresponsables. On a les politiques que l'on mérite, ceux qu'on a élus. C'est facile d'être politique, il suffit d'être candidat et d'être élu. Moi j'ai plaqué mes études à 17 ans avec un BEP agricole. L'important c'est l'engagement et la volonté de faire bouger les choses. Rien n'est pire de regarder passer la vie comme les vaches le train. Il faut essayer de tenir un morceau de l'aiguillage, à ce moment là on est sauvé.
YN : Ce n'est pas simple en tant que père d'expliquer que parfois la justice n'est pas la même pour tout le monde. C'est assez compliqué vers 19/20 ans, par rapport à l'autorité, les hommes politiques ont un statut respecté; il y a parfois des discussions pas simples avec les grands ados.
MR : Il faut essayer de ne pas être démagogue. Statistiquement les jeunes adhèrent aux mêmes partis ou idées que leurs parents, mais il faut que le débat fonctionne en famille. Dès qu'ils sentent les parents fragiles, ils insistent. L'adolescence, c'est souvent dire non. La résistance était par exemple une attitude d'adolescent. Savoir accepter cette contradiction, c'est ça le vrai rôle d'un adulte et ce n'est pas facile.
JNicolas : Moi je suis révolté avec tout ces problèmes de drogues et de tabac qui en plus peut détruire une adolescence, je souhaiterai savoir s'il y a des moyens pour lutter contre ce fléau ? Et enfin faire impasse à ces dealers !
CJ : Dire aux adolescent qu'une fille sur 5 va mourir du cancer du poumon à 35 ans, c'est un message difficile à faire passer. Après, il faut qu'ils aient un budget tabac. Il y a une vraie question dans les familles notamment quand les parents fument.
YN : 1 sur 5, je ne savais pas, je vais en parler à ma fille.
jeannot : Surtout que j'ai entendu dire que l'usage du cannabis deviendrait peut-être légal !
CJ : Ce n'est pas prévu pour tout de suite Pour ma part je suis complètement opposé à la légalisation de l'usage des drogues douces. Parce qu'il n'y a pas de limite et de frontière entre drogue dure et drogue douce. Aujourd'hui ce n'est pas à l'ordre du jour.
YN : Il me semble que le cannabis légalisé permettrait d'éliminer les dealers de cannabis, je ne pense que la consommation serait plus forte. Cela ne pourrait être que positif. Je ne parle que du cannabis. En trouver est une chose très facile aujourd'hui.
MR : De ce que je vois en psychiatrie, l'herbe peut être un facteur aggravant sur des sujets sensibles. C'est un puissant révélateur des fragilités. Il faudrait une label "je ne suis pas fragile" pour autoriser. Il faut distinguer les fumeurs occasionnels et ceux qui en ont besoin pour être eux-mêmes. C'est là qu'est la difficulté.
CJ : Ceux qui deviennent "accros" sont passés par ce stade de fumeurs occasionnels.
MR : 1 sur 100 heureusement.
dov : Pourquoi ne pas interdire les cigarettes ?
Yanlep : Pourquoi le tabac est-t-il en vente libre alors ? CJ : Il est certes en vente libre. On voit bien l'effet indiscutable de l'augmentation des prix. Ca marche, on voit bien qu'on arrive à l'enrayer de cette manière là et que les résultats sont sans précédent. Il semble que les conséquences neurologiques entre les drogues douces et le tabac.
Guest2 : Et l'alcool. C'est également une drogue !
MR : L'alcool est encore pire que le cannabis, c'est terriblement dévastateur. Se démolir, se tuer à la vodka par exemple. Je serai ravi personnellement que les adolescents ne se tuent pas en buvant. L'accident de circulation est la première cause de décès des adolescents, s'il y a une drogue mortelle c'est l'alcool.
YN : Il semble que l'alcool créé beaucoup plus de dégâts que le cannabis. Dans certains pays, il faut avoir plus de 21 ans pour s'en procurer pas ici.
dov : L'alcool devrait être interdit dans les bars comme ça, il y aura moins d'accidents de la route.
YN : Je ne pensais pas que les Français allaient être aussi réactifs pour l'alcool et les limitations de vitesse au volant. Il y a une vraie prise de conscience.
MR : Il serait donc permis d'interdire.
CJ : Les opérations "capitaine de soirée", ça fonctionne chez les jeunes. Il y a une vraie prise de conscience, ils savent aussi mesurer le risque. Il y a heureusement une forte majorité de jeunes qui ne fument pas, ne picolent pas, et tant mieux :-). Ils peuvent cela dit rapidement passer d'un stade à l'autre, il suffit de pas grand chose pour que ça dérape, les pouvoirs publics doivent mettre un maximum d'outils pour éviter que cela ne dérape.
diarré : Je crois que l'état devrait plus nous aider plutôt que de nous enfoncer, et les " jeunes " seront mieux vus et ils ne seront pas tous pris pour des drogués.
MR : C'est une belle remarque : 90% des adolescents vont bien et les 10 % sont souvent dans une période transitoire. Il y en a 5% dont il faut s'occuper.
dov : Les politique font des délits énormes et il ne sont pas punis par la loi, nous on tag un mur et on se fait tuer, pourquoi ?
CJ : Moi je ne vais pas "tager" des lycées !!! La critique sur les élus est due au fait qu'ils sont plus sous les projecteurs.
Si on trouve qu'ils ne conviennent pas, il faut en élire d'autres. Expliquer à quelqu'un qu'il ne faut pas fumer quand on fume, c'est difficile, et bien là c'est pareil.
MR : Vous parlez de transgression, on ne vous tue pas pour avoir tager. Le tag c'est quelque chose d'antique : parler de soi, laisser sa signature, c'est une évidence et c'est une transgression parce que c'est illégal. C'est le début de la conscience civique paradoxalement.
YN : Continue à tager mais ne te fais pas prendre !!!
Eloise : Aux enfants de la terre, de quels maux souffrent les adolescents que vous aidez ?
Ils sont envoyés par l'aide sociale à l'enfance ou les hôpitaux de Paris. Ce sont des enfants qui pour certains ont des problèmes d'urgence : parents arrêtés, malades ou disparus, ou les enfants sont eux-mêmes malades et ont besoin de récupérer dans des maisons, des enfants malades en général. Dans l'autre association que j'anime "Faites le mur", il y a une implantation dans 19 quartiers avec des cours de tennis et on y organise des cours de tennis pour qu'ils puissent jouer tout en étant encadrer, faire des déplacements, etc.
marc : Quels vont être les grands projets de loi proposés à l'occasion de la Conférence de la Famille ?
CJ : La prochaine conférence va porter sur l'adolescence autour de trois sujets :
- santé avec les pathologies spécifiques (suicide par exemple).
- autour de l'engagement : comment faciliter l'engagements des jeunes dans la vie associative. Il faut souvent être majeur pour animer une association, il faut faciliter ces engagements.
- sur tout ce qui concerne l'ouverture d'esprit : accès à la culture aux sports. On a beaucoup travaillé avec Jean-François Lamour sur cette question.
En ce moment, tout cela doit être rendu au Premier ministre courant février pour des décisions qui interviendront entre avril et juin.
alex et flo : Ne croyez-vous pas qu'il y a déficit en matière de lieux de rencontre ("sécurisés") où seraient mis à disposition table de ping-pong, cartes, ordinateurs, livres cela pourrait peut être permettre de résoudre les clivages filles/garçons dans les banlieues ou le problème d'isolement de nombreux jeunes... l'accès aux loisirs pour les jeunes semble en effet assez restreint (sauf en ce qui concerne les activités sportives).
CJ : Je suis tout à fait d'accord, dans le milieu sportif il y a des encadrants, des éducateurs, ce qui n'est pas le cas dans d'autres activités. Il faut en effet des adultes encadrants. Les communes ont fait beaucoup d'efforts, il reste beaucoup de choses à faire.
MR : Je suis frappé par les adolescents qui changent d'endroits qui inventent des lieux parce qu'ils n'ont rien. Ils font la conquête de territoires, mais il faut leur donner quelques moyens, et, en particulier, des lieux. C'est de la responsabilité des maires et des élus locaux.
Y.Noah : Il y a très peu de lieux, l'encadrement est très important voire plus important que le lieu car le matériel n'est pas entretenu, ce qui devait être un lieu riche, se dégrade. Avoir la structure ne suffit pas, il faut le référant, le grand frère.
Merci Christian Jacob, Marcel Rufo, et Yannick Noah, le mot de la fin ?
MR : Il faut considérer l'adolescence comme une deuxième chance de réussite. J'ai une très grande confiance en eux, y compris dans ceux que je vois en consultation. L'adolescence est une belle promesse d'avenir.
YN : Même s'il faut terminer sur une note positive, je pense qu'il faut plus que jamais aider les jeunes adolescents des quartiers qui me semble avoir de plus en plus de problèmes. J'ai été ravi de participer, j'ai bu de l'eau et je n'ai pas fumé, j'ai appris des choses et c'était un vrai plaisir.
CJ : L'adolescence est l'âge de toutes les passions et la passion a toujours raison. Un jeune qui est passionné peut regarder l'avenir sous les meilleurs auspices, le rôle des pouvoirs publics est de faciliter la réalisation de ces passions.
Nigel Mansell qui avait gagné un grand prix en utilisant un carburant à base de betteraves. Seul lui y croyait et il y est parvenu.
(source http://www.forum.gouv.fr, le 12 février 2004)