Déclaration de M. François Bayrou, président de l'UDF, en réaction au résultat du référendum sur la constitution européenne, Paris le 29 mai 2005.

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Texte intégral

Je veux d'abord vous dire la tristesse que nous ressentons d'avoir vu aujourd'hui la France voter non à la constitution européenne.
Et je veux vous dire notre fierté d'avoir défendu sans relâche et jusqu'au bout cette grande et juste idée.
Ce vote ouvre une période de grandes difficultés européennes et sanctionne une gravissime crise française.
Ce texte que les Français ont rejeté, et qui avait été adopté par dix pays avant nous, va continuer à être examiné par les autres pays européens. Mais le non français va peser lourd devant les autres peuples.
En même temps, on va découvrir, dans les mois qui viennent, la véritable portée, et la vacuité des arguments qui ont été utilisés pour emporter la décision des Français.
Dans quelques mois, on verra aussi les dégâts.
Pour l'UDF, en tout cas, le combat ne s'arrête pas. Pour la France, sans une Europe forte, politique, organisée, et démocratisée, aucune influence, aucun redressement ne sont crédibles. De toutes façons, l'avenir est là.
Mais ce vote sanctionne d'abord et avant tout une gravissime crise française.
Après le 21 avril 2002, après le refus de prendre en compte le résultat des régionales et des européennes, la crise de confiance a gonflé et est devenue un raz-de-marée, une vague de fond. Elle sanctionne aujourd'hui ensemble tous les partis de gouvernement, après les avoir sanctionnés l'un après l'autre.
Inlassablement, depuis des années, l'UDF dénonce et désigne les différents visages de la crise française, crise morale, crise des institutions, crise économique et crise sociale.
Cela ne peut plus continuer comme cela, d'échec et échec, de rejet en rejet.
La réponse à une crise de cette ampleur ne peut pas être habituelle. Elle exige une démarche nouvelle, une rupture avec ce qui s'est fait jusqu'à ce jour.
La question d'un changement du gouvernement, en termes de personnes, n'est pas à l'échelle de ce qui vient de se passer.
Il s'agit de changer les orientations fondamentales, mais cela il faut le discuter avant les décisions.
M'étant opposé inlassablement depuis trois ans aux erreurs qui nous ont conduit où nous sommes, je demande au président de la République, avant qu'il ne prenne les décisions qui s'imposent, d'organiser la consultation nécessaire, la confrontation des forces vives, pour aider notre pays à sortir de sa crise.
Les maux désormais sont trop grands pour que l'on accepte de petits remèdes. Il faut tout mettre sur la table, après un désaveu aussi brutal que celui-là. Et ce n'est pas de trop.
Nous ne pouvons pas continuer comme cela. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une refondation de la République et de la démocratie française. C'est sur cette refondation, quelles que soient les échéances, qu'il convient maintenant d'ouvrir le débat national.
(Source http://www.udf-europe.net, le 30 mai 2005)