Déclaration de M. Christian Poncelet, Président du Sénat, sur sur les relations politiques, économiques et culturelles entre la France et la Hongrie et sur les aides de l'Union européenne apportées à la Hongrie, Paris le 24 mars 2005.

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Circonstance : Colloque organisé avec UBIFRANCE, sur la Hongrie, à l'occasion de la rencontre inaugurale de "l'année économique de la Hongrie en France", au Sénat le 24 mars 2005

Texte intégral

Monsieur le Président,
Messieurs les Ministres,
Messieurs les Ambassadeurs,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,
Le Sénat est très fier et heureux d'accueillir aujourd'hui ce colloque sur la Hongrie, organisé en partenariat avec nos amis d'UBIFRANCE, d'autant qu'il s'agit aussi de la rencontre inaugurale de " l'année économique de la Hongrie en France ".
Je sais l'importance que nos amis hongrois attachent à cette manifestation, au point que plusieurs membres de leur Gouvernement sont spécialement venus en France pour y participer : je leur adresse mes plus vifs remerciements pour cette marque d'amitié, à laquelle le Sénat dans son ensemble est très sensible.
Laissez-moi exprimer un salut particulier à M. Peter Medgyessy, représentant spécial du Premier ministre hongrois, et que j'avais eu l'honneur de recevoir à la Présidence il y a tout juste un an, alors que lui-même était encore à la tête du Gouvernement de son pays. C'est dire la densité et la constance des liens qui, de longue date, unissent notre assemblée à la Hongrie.
Comme vous le savez, la Hongrie, qui a rejoint l'Union européenne en mai 2004, avance à pas rapides sur la voie d'une pleine intégration économique. A tel point qu'elle pourrait, d'abord, entrer dans l'espace Schengen, ensuite, adopter l'Euro d'ici quelques années.
Autant dire qu'aujourd'hui, nous n'allons pas traiter d'un pays étranger parmi d'autres, mais d'un vrai partenaire qui, bientôt, sera complètement associé à notre paysage économique.
Avant d'aborder le thème de la matinée, je tiens à saluer la contribution du groupe d'amitié France-Hongrie, sous l'autorité éclairée de son Président, Robert Del Picchia. Il uvre sans relâche au resserrement des liens franco-hongrois, et son groupe s'est investi avec beaucoup d'efficacité dans la préparation de cette rencontre.
Une délégation du groupe devrait d'ailleurs se rendre en Hongrie en avril, pour y faire le point de nos relations économiques un an après son entrée dans l'Union européenne.
Elle précédera de peu ma venue à Budapest, où se tiendra les 7 et 8 mai la conférence annuelle des présidents de parlement des pays membres de l'Union européenne.
Pour ce qui me concerne, je ne crois pas nécessaire d'insister sur les excellentes relations politiques franco-hongroises, notamment depuis les années 90, lorsque cet ancien " pays de l'Est ", qui avait su très tôt marquer son indépendance d'esprit, a confirmé son choix de la libéralisation économique.
La visite officielle à Budapest du Président Jacques Chirac en février dernier a bien montré l'unité de vues entre nos deux pays sur toutes les grandes questions, même si de légitimes différences d'appréciation peuvent apparaître sur tel ou tel sujet.
Pour reprendre les propos du Chef de l'État devant le Parlement hongrois, " le partenariat entre la Hongrie et la France sert l'ambition européenne ".
Je partage ce point de vue et je suis, moi aussi, convaincu que la Hongrie représente une réelle " valeur ajoutée à l'Europe ", comme titrait récemment un magazine économique proche d'UBIFRANCE et que - je le sais - beaucoup d'entre vous lisent régulièrement...
Ce climat confiant trouve évidemment sa traduction en termes économiques, puisque les échanges franco-hongrois ne cessent de croître depuis une dizaine d'années.
Je laisse aux spécialistes qui vont se succéder à la tribune toute la matinée le soin d'en détailler les contours, en rappelant seulement que le volume de nos exportations a été multiplié par 5 en moins de 10 ans et que nous arrivons désormais en 5ème position parmi les investisseurs étrangers en Hongrie.
Notre présence couvre tous les grands secteurs du marché hongrois, en particulier ceux où nos entreprises font traditionnellement preuve d'une forte compétitivité : l'industrie automobile, les transports ferroviaires, l'aéronautique, l'eau, la grande distribution ou l'hôtellerie, pour m'en tenir aux principaux.
Nous devons une bonne part de ces succès à l'action persévérante de nos chambres de commerce - en particulier la dynamique Chambre de commerce franco-hongroise, dont plusieurs représentants sont parmi nous ce matin. Nous les devons aussi à l'implication enthousiaste de la communauté française en Hongrie.
Le Président Chirac lui a d'ailleurs rendu un hommage appuyé auquel je m'associe d'autant plus volontiers que le Sénat est aussi le représentant des Français de l'Etranger. C'est une mission à laquelle M. Del Picchia et ses onze collègues sénateurs des Français établis hors de France s'emploient avec une énergie peu commune.
Reste que malgré de belles réussites, la France pourrait faire encore beaucoup plus et beaucoup mieux si l'on compare notre position avec celle, par exemple, de nos voisins allemands ou italiens.
Je constate, à cet égard, qu'à la différence des grands groupes, les PMI et les PME françaises sont encore très loin d'avoir pénétré un marché où, pourtant, elles disposent d'atouts précieux et où les opportunités d'affaires sont nombreuses.
J'ajoute que la Hongrie va bénéficier pendant encore une dizaine d'années de financements communautaires et internationaux considérables, faisant d'elle un client non seulement attractif, mais surtout éminemment solvable !
Voilà un argument auquel nos entreprises ne devraient pas rester insensibles, dans le contexte encore incertain de la nouvelle donne économique qui va résulter de l'Europe à 25...
Certes, bien des questions demeurent en suspens, tant sur le plan politique que sur le plan économique.
On pense, en particulier, aux conséquences encore mal mesurées d'une éventuelle libéralisation du marché des prestations de services, face à laquelle les pays de l'ancienne Europe de l'Est sont beaucoup mieux armés que nous.
Par ailleurs, les tensions aux marches de l'Europe communautaire soulèvent de légitimes inquiétudes : nos nouveaux partenaires seront-ils capables de contenir la pression migratoire en provenance de l'Est et les trafics de toutes sortes ? La Hongrie, pour ne citer qu'elle, a-t-elle les moyens d'assurer pour le compte de tous une vigilance renforcée aux frontières de l'Union européenne ?
Je forme le vu que des rencontres comme celle-ci se multiplient, car elles permettent d'élaborer de concert des réponses appropriées à toutes ces questions.
Avant de conclure, je voudrais insister sur l'affinité culturelle profonde qui unit de longue date nos deux peuples.
Si les aléas de l'Histoire ont un peu distendu nos liens pendant la période communiste, nos échanges culturels ont repris avec intensité depuis, avec l'ouverture de l'Institut français de Budapest, l'implantation de 5 Alliances françaises, le Lycée français de Budapest ou encore l'organisation de filières francophones dans l'enseignement supérieur hongrois.
Dans ce domaine aussi, la France dispose en Hongrie d'un réel capital d'intérêt et d'amitié, dont l'ensemble de nos échanges devrait pouvoir bénéficier. Soyez convaincus que le Sénat soutiendra toutes les initiatives dans ce sens.
Je souhaite à tous un excellent, studieux et fructueux colloque, en espérant que vous garderez de votre passage au Sénat un bon souvenir, qui vous incitera à y revenir.
(Source http://www.senat.fr, le 8 avril 2005)